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A Lesbos, les ONG prises pour cibles par des groupes « fascistes »

Plusieurs ONG ont annoncé mardi avoir suspendu leur travail auprès des réfugiés sur l'île grecque de Lesbos, et ont évacué…

Plusieurs ONG ont annoncé mardi avoir suspendu leur travail auprès des réfugiés sur l’île grecque de Lesbos, et ont évacué leurs équipes après la multiplication d’attaques et de menaces de la part de groupes qualifiés de « fascistes ».

L’île grecque du nord de la mer Égée, située proche des côtes turques, connaît une recrudescence des arrivées de migrants depuis que la Turquie a ouvert ses frontières en fin de semaine dernière.

La tension est montée d’un cran à Lesbos, où la situation avait déjà atteint un point de rupture depuis plusieurs mois avec plus de 19.000 personnes vivant dans des conditions misérables dans un camp prévu pour moins de 3.000 personnes.

Exaspérés de porter le fardeau d’un système d’asile qu’ils jugent défaillant, les insulaires protestent contre la présence de nombreux exilés débarquant sur leurs côtes, estimant qu’ils menacent la sécurité, la santé publique et le tourisme sur l’île.

Le mécontentement s’est transformé en violence ces derniers jours, ciblant souvent des travailleurs sociaux et perturbant leur capacité à aider les réfugiés, selon plusieurs ONG basées sur l’île.

« Quand la nuit tombe, il y a sans arrêt des attaques contre des membres d’ONG, des personnes venues ici en tant que bénévoles », a indiqué Douglas Herman, co-fondateur de l’organisation Refocus, qui donne des cours aux réfugiés.

La police, taxée d’inaction dans ces incidents, a ouvert une enquête après « plusieurs dénonciations d’attaques envers des individus et des voitures » sur l’île, a-t-on appris de source policière.

« La plupart des organisations ont décidé de suspendre leurs opérations, certaines indéfiniment. Plusieurs ONG ont demandé à leurs équipes de quitter l’île », a expliqué M. Herman à l’AFP, ajoutant que les six membres de son équipe étaient sur le départ.

La violence est le fait de mobilisations « fascistes », a-t-il fustigé, décrivant des routes coupées à travers l’île, avec des attaques ou des menaces d’automobilistes.

« Des personnes avec des chaînes frappent les véhicules et essayent d’atteindre les personnes à l’intérieur avec des les bouts de verre cassés », a indiqué M. Herman.

Lundi soir, l’équipage du Mare Liberum, un bateau observatoire des droits de l’homme qui navigue en mer Égée, a indiqué avoir été attaqué par « un groupe de fascistes », alors qu’il était amarré au port de l’île.

« Ils ont crié, nous ont menacés et ont balancé de l’essence sur notre pont ! », a écrit l’organisation sur Twitter.

Adrian Kok, président de Connect by Music, qui dispense des cours de musique aux réfugiés, a informé l’AFP que tous leurs bénévoles expatriés étaient renvoyés à Athènes tandis que les locaux avaient cessé de travailler.