La ConfĂ©dĂ©ration africaine de football (Caf) a dĂ©voilĂ© aujourd’hui les contours de la nouvelle compĂ©tition interclubs.Une Superligue, ça ne vous dit rien ? Bien sĂ»r que oui ! En avril 2021, l’idĂ©e a Ă©tĂ© agitĂ©e en Europe par douze grands clubs parmi lesquels le Real Madrid, le FC Barcelone, Manchester United, Liverpool ou encore la Juventus.
Pour tirer davantage profit du foot business, ces grosses Ă©curies ambitionnaient d’organiser une Superligue dont elles contrĂŽleraient absolument tout. Mais l’Union des associations europĂ©ennes de football (Uefa) a freinĂ© des quatre fers pour Ă©viter la mort assurĂ©e de sa compĂ©tition interclubs phare : la Ligue europĂ©enne des champions.
« Si certains choisissent la mauvaise voie, ils devront en supporter les consĂ©quences », avait averti Gianni Infantino, le prĂ©sident de la FĂ©dĂ©ration internationale de football association (Fifa), en soutien Ă Aleksander Ceferin, le patron de l’Uefa.
Face Ă une pression terrible, les initiateurs du projet rĂ©volutionnaire ont finalement lĂąchĂ© prise sans totalement y renoncer. Paradoxalement, M. Infantino a lancĂ© en Afrique la rĂ©flexion sur la crĂ©ation d’une Superligue. C’Ă©tait en novembre 2019 Ă Lubumbashi, en RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo, Ă l’occasion du 80e anniversaire du Tout-Puissant Mazembe.
«âL’idĂ©e serait de rĂ©unir les vingt meilleurs clubs africains capables d’engendrer des revenus Ă hauteur de 2,5 milliards d’euros sur cinq ansâ» , a expliquĂ© le boss de la Fifa. Deux ans plus tard, la ConfĂ©dĂ©ration africaine de football (Caf), rĂ©unie au Caire (Ăgypte) en AssemblĂ©e GĂ©nĂ©rale extraordinaire, se prononce en faveur de la Superligue puisque les 54 associations membres ont soutenu Ă l’unanimitĂ© la proposition.
Ce mercredi 10 aoĂ»t Ă Arusha, en Tanzanie, la Superligue africaine a Ă©tĂ© approuvĂ©e par le ComitĂ© exĂ©cutif de l’instance faĂźtiĂšre du foot continental lors de son 44e AssemblĂ©e GĂ©nĂ©rale ordinaire en prĂ©sence de Gianni Infantino.
En principe, la premiĂšre Ă©dition se dĂ©roulera d’aoĂ»t 2023 Ă mai 2024. Le tournoi, de 197 matchs au total, mettrait aux prises 24 clubs de 16 pays. Les Ă©quipes participantes Ă la Superligue africaine se partageront 100 millions de dollars et le vainqueur recevra 11,5 millions de dollars.
« GrĂące aux fonds de la Superligue africaine, nous avons l’intention de verser Ă chaque association membre un million de dollars par an. Nous allons Ă©galement dĂ©caisser 50 millions de dollars pour le dĂ©veloppement du foot des jeunes et des femmes et pour toutes les autres compĂ©titions, afin de s’assurer qu’elles soient compĂ©titives au niveau mondial », a dĂ©clarĂ© Patrice Motsepe, prĂ©sident de la Caf.
L’enthousiasme prĂ©domine du cĂŽtĂ© des clubs cibles. « Le football est une affaire de business et chaque fois qu’il y a plus d’argent, c’est trĂšs positif. Nous sommes trĂšs heureux que la Superligue africaine ait Ă©tĂ© lancĂ©e et nous avons hĂąte qu’elle commence l’annĂ©e prochaine », a rĂ©agi Barbara Jaime Gonzalez, Directrice GĂ©nĂ©rale de Simba Sports Club (Tanzanie). Jessica Motaung, Directrice marketing de Kaizer Chiefs (Afrique du Sud), trouve « excellente » la Superligue, mais attend « d’avoir plus de dĂ©tails » surtout par rapport au mĂ©canisme de financement d’une telle joute.
La Caf, convaincue que la Superligue « changera le visage et la compĂ©titivitĂ© du football africain », s’engage « Ă adhĂ©rer et Ă se conformer aux meilleures pratiques mondiales en matiĂšre de gouvernance, d’audit, d’Ă©thique, de transparence, de finances et de gestion ».
Sur le continent noir, les doutes subsistent comme en atteste le communiquĂ© du Syndicat des footballeurs professionnels d’Afrique du Sud (Safpu, sigle anglais) : « il n’y a aucune preuve que la Superligue bĂ©nĂ©ficiera au foot en Afrique, à moins qu’elle ne profite Ă un trĂšs petit nombre et tout en diluant la valeur des ligues professionnelles considĂ©rĂ©es comme bĂ©nĂ©fiques ».
En plus, il est Ă craindre que le fossĂ© abyssal se creuse entre l’Afrique subsaharienne et l’Afrique du Nord oĂč les clubs sont plus structurĂ©s et riches. DĂšs lors, ceux-ci dictent gĂ©nĂ©ralement leur loi en Ligue africaine des champions et en Coupe de la Caf.