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Guinée: deux morts dans des heurts entre manifestants et forces de l’ordre

Deux jeunes hommes ont été tués dans des heurts lundi entre manifestants et forces de l'ordre en Guinée, où se…

Deux jeunes hommes ont été tués dans des heurts lundi entre manifestants et forces de l’ordre en Guinée, où se combinaient des protestations liées aux résultats des élections locales du 4 février et à la reprise d’une grève des enseignants.

« Il y a eu deux morts aujourd’hui (lundi) dans des circonstances non encore élucidées », a déclaré le porte-parole du gouvernement, Albert Damantang Camara.

Dans un communiqué dans la soirée, le gouvernement a fait état de deux morts dans des violences en banlieue de Conakry.

« L’une des victimes est décédée des suites d’une blessure par balle alors que la deuxième a été victime d’un accident de la circulation dans des circonstances qui restent à déterminer », précise le gouvernement.

« Ces malheureux événements interviennent pendant que des syndicalistes dissidents ont lancé une nouvelle grève qui a entraîné des perturbations dans le système éducatif », selon le texte.

Des manifestants, dont des jeunes d’âge scolaire, ont brûlé des pneus et érigé des barricades sur l’une des principales artères de la capitale, vite démantelées par les forces de l’ordre, a rapporté un correspondant de l’AFP.

« Les deux jeunes gens ont été tués par les forces de l’ordre dans des heurts avec des jeunes dans le quartier de Hamdallaye », fief de l’opposition dans la banlieue de Conakry, avait auparavant indiqué à l’AFP une source de sécurité.

« La première victime est tombée sous les balles d’une patrouille de la police », a ajouté cette source, sans donner d’indication sur les circonstances du second décès.

Ces troubles viennent s’ajouter aux manifestations de jeunes à Conakry depuis les élections locales pour exiger la « vérité des urnes », l’opposition ayant mis en garde le pouvoir contre la tentation d’une « fraude massive ».

Après avoir publié le 9 février de premiers résultats très partiels, portant sur 18 des 342 communes guinéennes, la Commission électorale nationale indépendante (Céni) a indiqué lundi avoir proclamé ceux de quelque 150 communes.

Selon ces résultats partiels, le parti du président Alpha Condé était au coude-à-coude avec celui du chef de l’opposition, l’ex-Premier ministre Cellou Dalein Diallo.

– Violence électorale meurtrière –

La semaine dernière, les violences post-électorales avaient déjà fait sept morts, dont quatre mineurs.

Le représentant pour l’Afrique de l’Ouest du secrétaire général de l’ONU, Mohamed Ibn Chambas, qui a achevé dimanche une visite de cinq jours à Conakry, a estimé lundi « fondamental que la Céni puisse accomplir son travail dans le calme et la sérénité ».

Il a en conséquence exhorté les parties prenantes à « s’unir pour endiguer les discours de haine, les actes de violence et les violations des libertés et des droits fondamentaux ».

La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a également appelé dimanche les protagonistes à « s’abstenir de tout recours à la violence ».

La grève dans l’enseignement a été assez suivie à Conakry et dans plusieurs villes de province, selon des enseignants et des témoins interrogés par l’AFP.

Selon le gouvernement, « les cours se sont normalement déroulés dans les établissements d’enseignement Supérieur et d’enseignement technique et professionnel. En revanche, la fréquentation des classes a été disparate au niveau du primaire et du secondaire, où les cours ont été perturbés dans plusieurs établissements ».

« Nous demandons à tous les enseignants de reprendre le chemin de l’école », a déclaré à la presse le ministre de l’Education nationale, Ibrahima Kalil Konaté.

Début décembre, après trois semaines de grève pour réclamer des augmentations de salaires, le Syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée (SLECG) avait suspendu pour deux mois le mouvement pour laisser le temps à la négociation.

Mais le 1er février, le syndicaliste Aboubacar Soumah, dissident de cette organisation, avait promis une « grève générale illimitée » à partir du 12 février, considérant que les revendications salariales à l’origine de la mobilisation n’avaient pas été satisfaites.