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Ibrahima Sory Cissé : « le ministre du budget est passé à côté… »

Le président de la ‘’Génération Sans Tabac’’ en Guinée, a réagi sur l’augmentation de la taxe sur les produits importés.…

Le président de la ‘’Génération Sans Tabac’’ en Guinée, a réagi sur l’augmentation de la taxe sur les produits importés. Ibrahima Sory Cissé, estime que le ministre du budget est passé à côté de la plaque, puisque, ces mesures n’incluent pas les produits de tabac et dérivés.
Ibrahima Sory Cissé est membre du conseil d’administration de l’ALIAM (l’Alliance des ligues francophones Africaines et Méditerranéennes contre le cancer et les maladies non transmissibles), membre de l’OTAF (l’Observatoire Tabac Afrique). Egalement, le président de la génération sans tabac en Guinée et lauréat du prix de la lutte contre le tabac décerné par l’OMS (Organisation mondiale de la santé)
Qu’est ce qui a motivé votre combat dans la lutte contre le tabagisme ?
Ibrahima Sory Cissé : Le combat est parti d’un constat amer, bien que nous soyons régis par des lois. Aujourd’hui en Guinée, les décideurs politiques et administratifs ne s’intéressent pas du tout à la lutte contre le tabac. Or, la lutte contre ce fléau concerne plusieurs départements, notamment, le ministère du budget, celui de la santé, du commerce, de la sécurité et celui des finances, qui ne font rien, malheureusement, pour éradiquer le phénomène.
En quoi l’augmentation de la taxe sur les produits tabagiques et dérivés pourrait-elle être bénéfique pour la Guinée ?
La Guinée est signataire de la convention cadre de l’OMS depuis près de 25 ans. Et, cette convention stipule que chaque pays signataire doit, par sa gouvernance, essayer de freiner le taux de consommation du tabac. La première mesure à prendre, c’est la taxe sur les produits du tabac et dérivés. Et, c’est cette taxe qui permettra à l’État d’avoir des recettes conséquentes. Ainsi, le prix de la cigarette sur le marché va augmenter et le nombre de consommateurs va diminuer. Mais, sur toutes les mesures annoncées par le ministre du budget, pour la sécurisation et l’augmentation des recettes de l’État, nulle part, il n’a parlé de l’augmentation sur la taxe des produits du tabac. C’est pourquoi je dis qu’il est passé à côté.
Quelles solutions pour la lutte contre le phénomène de contrebandes des produits tabagiques ?
La Guinée est le seul pays où on voit des marques de cigarettes qu’on ne trouve nulle part ailleurs. Quand les petites industries de tabac, à travers l’Afrique, fabriquent les marques de cigarettes, elles visent un seul pays, c’est la Guinée. Alors, que la solution relève des attributions du ministre du budget qui doit donner des instructions fermes à la douane, à partir de nos frontières. Cela pourra nous permettre d’avoir des recettes, malheureusement, ça passe inaperçu. Cela conduit à la fuite des recettes. Je ne vois pas, en quoi, le ministre du budget ne peut pas se mettre sur ce terrain.
Qu’est-ce que l’État devra donc mettre en place pour y parvenir ?
L’État, à travers les ministères du budget, de la santé, des finances et de la sécurité, doit essayer d’organiser l’importation des produits du tabac en Guinée. Cela va nous permettre de diminuer la contrebande et nous aider à accroître les recettes de l’État. Avec ça, même le salaire des fonctionnaires, peut être augmenté sans qu’on ne se rende compte.
Y-a-t-il des initiatives que nous pouvons mettre à l’actif de votre organisation ?
Au temps de Dadis (Camara, ancien chef de la junte, Ndlr), nous nous sommes battus, étant membre de la génération sans tabac, et nous avons eu l’aéroport sans tabac. Aujourd’hui, on ne fume pas à l’intérieur de l’aéroport. On est parvenu à avoir un arrêté à l’époque avec le ministère de la santé interdisant de fumer dans les espaces publics. Mais, avec le professeur Alpha Condé, on n’a eu aucune convention réelle pour lutter contre le tabagisme dans nos milieux publics.
Quel appel avez-vous à lancer à l’endroit des autorités gouvernementales ?
Je demande au gouvernement de passer par la sensibilisation pour informer les citoyens sur les conséquences sanitaires, économiques et environnementales du tabac qui sont préjudiciables à leur vie. Et cette sensibilisation passe par des organisations publiques et privées.