OpinionsTribune




L’anniversaire d’un grand président

La Guinée des villes et des campagnes fête, chacun en sa manière, ce lundi 4 mars 2019, la date de…

La Guinée des villes et des campagnes fête, chacun en sa manière, ce lundi 4 mars 2019, la date de naissance de l’un de ses fils les plus prestigieux, le patriote Alpha Condé, le président bâtisseur qui est une gratification divine en faveur du peuple pour sauver le pays d’Ahmed Sékou Touré.

Né le 4 mars 1938 à Boké, une ville située à 300 km de Conakry, en Basse-Guinée, Alpa Condé est fils de Mamadou Condé, cadre dans l’administration française et de Saran Camara. Le couple aura six enfants, trois filles et trois garçons : Aminata, Sékou, Yaba, N’Sira, Alpha et Malick.

Après plusieurs postes dans l’intérieur du pays, la famille s’installe à Conakry dans le quartier de Madina, en 1947. Scolarisés à l’école primaire du centre, puis au collège (séminaire) des pères, à Dixxin, Alpha Condé, ses frères et sœurs sont des élèves méritants que leurs parents encouragent dans la poursuite d’études secondaires à l’étranger. A l’âge de 15 ans, muni de son brevet, Alpha Condé devient l’élève en classe de seconde au lycée Gambette (Pierre de Ferrat) de Toulouse, en France. Il poursuit son cursus à Louviers, où des relations de son père le confient au maire Pierre Mendes-France qui devient son tuteur pendant les deux ans de ses classes de première et de la première partie du bac. Alpha Condé passe ensuite son baccalauréat à  Paris, au lycée Turgot, où il se lie d’amitié avec Bernard Kouchner, l’actuel ministre français des Affaires Etrangères.

Très jeune, il endosse d’importantes responsabilités familiales lorsque l’évolution  du régime du président Ahmed Sékou Touré impose une coupure entre la Guinée et la France. Il assume les responsabilités de tuteur pour ses parents arrivés progressivement en France pour y poursuivre des études. Jeune bachelier inscrit à la Sorbonne, Alpha Condé décroche une License en sociologie avant de passer le concours d’entrée à l’Institut d’études politiques de Paris (Sciences Po, section service public), en 1963. Dans ces célèbres murs, il a, entre autres pour camarades de promotion et amis : Pierre-André Wiltzer (futur ministre français de la Coopération) ; François Polge de Combret (future Secrétaire général de l’Elysée, sous le président Valery Giscard d’Estaing) ; un des futurs dirigeants  de la Banque Lazard à New York, Jean-Paul Dessertine (de la Banque européenne) ; Jean-Pierre Chevènement ( qui deviendra  plusieurs fois ministre) ; les futurs patrons de presse André Larquié , Dominique Wallon, Etienne Mougeotte…  Avant d’obtenir successivement, un diplôme d’études supérieures, un doctorat d’Etat en droit public à la faculté de droit de Paris-Panthéon.  Là, le natif de Boké a pour camarades de promotion : Michelle Alliot-Marie ancienne  ministre française de la justice. André Santini (député-maire d’Issy-les-Moulineaux), Theodore Pangolos (vice-Premier ministre grec).

Alpha Condé est aussi un homme de la plume. Il s’initie très tôt à la rédaction politique à travers le journal L’étudiant guinéen’ avant d’écrire pour d’autres journaux et des ouvrages universitaires. Il participe à des projets pour l’organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) et exprime une vision politique par le biais d’un ouvrage politique intitulé, Albanie d’Afrique ou néo colonie américaine, paru aux éditions Git-le-cœur, en 1972.

Il poursuit à travers différentes publications de brochures :

-Quel avenir pour la Guinée, en mai 1984 ;
-Propositions pour la Guinée, décembre 1984 ;
-Pour que l’espoir ne meure en 1985 ;
-Où  allons-nous, trois ans après, le poisson pourri par la tête.

Dans des journaux comme le patriote créé en janvier 1985 et interdit trois ans après, Sèguèti et Malanyi.
Sur le plan professionnel, Alpha se lance dans la carrière d’enseignant. Il dispense des cours à la faculté de droit et de sciences économiques (Paris I-Panthéon Sorbonne) pendant 10 ans, puis à l’école supérieure des PTT.

Avec l’accession de la Guinée à l’indépendance, en 1958, la jeunesse scolaire et étudiante guinéenne se retrouve incorporée à la Jeunesse du Rassemblement Démocratique Africain (JRDA). Alpha Condé qui milite au sein de l’Association des Etudiants Guinéens en France (AEGF) se retrouve alors membre de cette plus large organisation au sein de laquelle il développe une vision de l’importance de l’intégration régionale comme solution aux problèmes du continent. Dans la fièvre de l’Afrique nouvellement indépendante, le Guinéen qu’il est, ne manque pas quelques années plus tard de s’inscrire dans l’aile progressiste  des forces politiques  alors opposés  au président Ahmed Sékou Touré. Pendant que l’opposition guinéenne plus proche des milieux conservateurs français est prête, elle, à toutes les compromissions, Alpha Condé refuse de devenir l’instrument d’une ancienne métropole alors en rupture avec la jeune République indépendante.

Pourtant après le débarquement armée du 22 novembre 1970, dans la capitale guinéenne, organisée par des opposants financés et soutenus par le Portugal, il est condamné à mort par contumace dans le procès qui s’en suit à Conakry, alors qu’il avait toujours gardé ses distances avec le Rassemblement des Guinéens de l’Extérieur très impliqué alors avec le pouvoir Gaulliste.

Il devient militant au sein du Syndicat de l’enseignement supérieur (Sne-sup), cumulant les fonctions de responsable au sein de l’Association des étudiants Guinéens en France (AEGF), le président de la Fédération des Etudiants d’Afrique noire en France (Féanf), dès 1963, puis de 1967 à 1975, responsable de la coordination de la direction des groupes nationaux africains, qui supervisent les activités  de la direction. C’est au sein de la Féanf que se développent son leadership et son influence parmi les cadres africains venus de toute l’Afrique francophone. La plupart de ses pairs y occupent d’importantes responsabilités une fois de retour dans leur pays respectif et restent des alliés  importants au sein  du réseau africain  d’Alpha Condé.

En 1977, dans la foulée de la réconciliation tripartite à Monrovia, au Liberia, entre les présidents guinéen Ahmed Sékou Touré, ivoirien Félix Houphouët-Boigny et sénégalais Léopold Cedar Senghor, Alpha Condé crée le Mouvement National Démocratique (MND) avec le professeur Alfa Ibrahima Sow, Bayo Khalifa et d’autres membres fondateurs. Le MND subira plusieurs mutations de la lutte clandestine à la lutte semi-clandestine et enfin la lutte légale depuis 1991.

Le MND se transforme d’abord en Unité, Justice, Partie (UJP), puis en Rassemblement des Patriotes Guinéens (RPG) et enfin en Rassemblement du Peuple de Guinée.

Hors de sa patrie, le président Alpha, occupera plusieurs  fonctions de cadre dirigeant d’entreprise dans le négoce international.

Une fois avoir pris congé  de l’enseignement en 1977, le futur leader du RPG part rejoindre la société de négoce  international Sucres et denrées, en tant que responsable Afrique. La position lui permet d’étendre considérablement la présence et l’influence  du groupe sur le Continent en créant plusieurs filiales (en Côte D’Ivoire, au Congo, au Cameroun, au Burundi, etc.).

En 1985, Alpha Condé crée Africonsul, un bureau d’études économiques et financières  dont il est le directeur général jusqu’en 2001. Il y offre du conseil économique, financier et social aux gouvernements africains aux entreprises internationales  désireuses de travailler en Afrique et pour le compte  d’institutions internationales. La société réalise des études pour les Nations Unies, des sociétés privées et des gouvernements (notamment celui du Congo). Alpha Condé est également missionné en tant que consultant dans le règlement de conflits politiques auprès de plusieurs chefs d’Etat de la région.

C’est après l’arrivée des militaires au pouvoir en 1984 à Conakry que l’opposant historique passera une longue période d’observation avant de prendre le chemin définitif du retour au pays, le 17 mai 1991 pour son célèbre meeting du stade de Coléah. Il y est accueilli par des centaines de milliers de sympathisants, tous vêtus de T-shirts à son effigie, et venus relever le défi d’interdiction de rassemblement populaire ordonné alors par le régime militaire en place.

Depuis lors, le Prof. Alpha Condé deviendra dans des circonstances difficiles,  le premier challenger du général Lansana Conté. Après la phase d’observation des premières consultations électorales de 1993, le président du RPG remporte les élections. Mais l’administration électorale annule la totalité des votes dans les grandes localités de la Haute-Guinée (Siguiri et Kankan). A cette occasion, le candidat présomptif, Alpha Condé, prône l’apaisement, demandant à ses militants  de ne pas descendre dans les rues et d’accepter ces résultats afin d’éviter une guerre civile.  Il déclare ceci: « Je ne suis pas venu en Guinée pour gouverner les cimetières ». L’homme refusera  de nombreuses sollicitations ministérielles, primature comprise pour son mouvement.

En 1998, il est arrêté  en plein processus électoral, puis emprisonné sans procès équitable. Il passera plusieurs mois en prison avant d’être libéré le 18 mai 2001 suite à une prétendue grâce présidentielle sous la pression internationale. Face aux différents tripatouillages de la constitution par le pouvoir en place, Alpha Condé au sein de la Codem boycotte la présidentielle de 2003.

Après le décès du général Lansana Conté en décembre 2008,  et la prise du pouvoir par la junte  militaire, Alpha Condé milite dans les forces vives constituées de l’opposition politique, des syndicats et des acteurs de la société civile, pour la tenue d’élections justes, transparentes et inclusives en 2010.

Ainsi sous le magistère du père de la démocratie guinéenne, le président de la transition, le général Sékouba Konaté Alpha Condé devient président de la 3e République le 21 décembre 2010.

Le professeur engage entre autres, les reformes macro-économiques, la mise en place de toutes les institutions républicaines, notamment la cour
constitutionnelle, la cour des comptes et le conseil constitutionnel.

Aussi la reforme de l’armée, le développement du secteur agricole, les états généraux de la justice et l’indépendance énergétique ne sont-ils pas en bonne voie.

Autant dire que la construction du barrage hydroélectrique de Kaléta a permis à la Guinée d’avoir son indépendance énergétique. En ce sens qu’aujourd’hui, l’électricité est fournie parfois pendant la saison pluvieuse 24 h/24 dans plusieurs villes de la Basse Guinée et de la Moyenne Guinée.

Outre la construction du plus grand barrage hydro-électrique de la sous-région Souapiti, il y aura des micros barrages dans les villes de l’intérieur. Farankonédou et Kogbédou à Kankan ; N’zébéla en forêt ; Koukoutamba à Tougué ; le Touba dans Gaoual et Daboya dans la préfecture de Kindia.

Sous la première République, comme susmentionné, la Guinée comptait plusieurs unités industrielles sur toute l’étendue du territoire national, force est de reconnaître que ces usines ont connu un sort déplorable au fil des ans. Le Président Alpha Condé s’est tourné vers la réhabilitation de certaines d’entre elles, c’est le cas de l’usine de jus de fruits de Kankan et l’huilerie de Dabola. Il y a aussi la GI Ciment, le CIMAF, Diamant Ciment, le Moulin de Conakry, et le Moulin d’Afrique.

A cela  s’ajoute la construction des 16 nouvelles unités industrielles parmi lesquelles figure une usine de transformation du fonio annoncée par le ministre, de l’Industrie et des PME Tibou Kamara à l’occasion d’une conférence de presse en parlant du bilan et perspectives de son département

Sur le plan diplomatique, le Président poursuit son ambition qui est celle de toujours marquer la présence de la Guinée au sein de la communauté internationale.

Autant dire que le grand retour de la Guinée sur la scène internationale est incontestablement l’œuvre de l’époux de Hadja Diènè Kaba. Le pays d’Ahmed Sékou Touré occupe désormais dans les organisations internationales la place qui était la sienne sous la première République.
C’est là justement qu’on retrouve tout le sens de la célèbre phrase du locataire de Sékoutouréya : « je reprendrai la Guinée là où Sékou Touré l’a laissée ».

Au regard du panafricanisme du président guinéen, du rayonnement actuel de la Guinée, des grandes reformes économiques et l’assainissement des finances publiques qui ont contribué à la normalisation des relations avec la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI), de l’obtention de ce grand contrat de 20 milliards de dollars avec les chinois, des reformes dans le secteur minier qui ont créé un cadre propice d’investissement, du partenariat public-privé qui se développe avec la réorganisation du secteur privé et l’évolution des activités du secteur informel, de la restructuration de l’économie rurale, et d’une manière générale au soutien au monde agricole en vue de consolider l’autosuffisance alimentaire, et du fait que des hôtels de haut standing poussent comme des champignons dans la capitale, on peut dire sans risque de se tromper qu’Alpha Condé est bel et bien un don de dieu pour le peuple de Guinée .

Comme quoi, il a fallu un président bâtisseur pour que le peuple de Guinée et le reste du monde sachent que malgré le retard, la Guinée reste un pays qui a encore ses 32 dents pour mordre dans la vie. L’anniversaire d’un tel président ne peut passer inaperçu. Tout le monde en parle. Dans les radios, les télévisions, les tabloïdes  et sur les réseaux sociaux l’événement est à la une. Ceci n’est pas fortuit, c’est la reconnaissance des efforts prométhéens d’un président  qui rêve d’une Guinée émergente et d’un havre de la paix  où tous les Guinéens vivront ensemble dans la fraternité et la convivialité.

A n’en pas douter,  ces acquis de la deuxième République empêchent l’opposition guinéenne de dormir qui redoute aujourd’hui que le peuple n’accorde un troisième mandat à  l’actuel locataire de Sékoutouréya.

Pour l’heure n’anticipons rien, souhaitons joyeux anniversaire à notre grand président. Puisse allah lui gratifier de plusieurs autres années encore à vivre  dans la santé pour le grand  bonheur du peuple de Guinée.