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Mali : assassinat du chef des ex-rebelles de la CMA

Le chef de la coordination des ex-rebelles du nord a été assassiné à Bamako. Un coup dur pour le processus…

Le chef de la coordination des ex-rebelles du nord a Ă©tĂ© assassinĂ© Ă  Bamako. Un coup dur pour le processus de paix au Mali.C’est une mort qui risque de peser lourd sur le processus de paix en cours au Mali. Sidi Brahim Ould Sidati, prĂ©sident en exercice de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), a Ă©tĂ© assassinĂ© aujourd’hui, mardi 13 avril, devant son domicile Ă  Bamako.

« Nous venons de perdre notre prĂ©sident Sidi Brahim Ould Sidati assassinĂ© ce matin Ă  Bamako », a annoncĂ© sur les rĂ©seaux sociaux Almou Ag Mohamed, porte-parole de la CMA, une alliance des principaux groupes armĂ©s autonomistes arabes et indĂ©pendantistes touaregs qui s’Ă©taient insurgĂ©s en 2012 contre le gouvernement malien avant de conclure avec lui un accord de paix nĂ©gociĂ© Ă  Alger puis signĂ© Ă  Bamako en 2015.

Au nom de la CMA, Sidi Brahim Ould Sidati, la soixantaine, avait signĂ© cet accord paraphĂ© Ă  la fois par le gouvernement malien et une coalition de groupes armĂ©s loyalistes organisĂ©s dans le cadre d’une Plateforme rĂ©unissant divers mouvements menĂ©s par un ancien rebelle touareg devenu gĂ©nĂ©ral de l’armĂ©e rĂ©gulière, El Hadji Ag Hammou.

Cet accord, considĂ©rĂ© par la communautĂ© internationale comme la meilleure voie de sortie de crise au Mali, peine Ă  ĂŞtre entièrement appliquĂ© par les diffĂ©rentes parties signataires, alors qu’il est fortement malmenĂ© sur le terrain par les groupes jihadistes. Brièvement alliĂ©s aux rebelles nationalistes touaregs au moment du dĂ©clenchement de la rĂ©bellion en 2012, ces islamistes armĂ©s s’Ă©taient alors vite retournĂ©s contre eux, avant de les chasser des principales villes occupĂ©es Ă  l’Ă©poque.

Aujourd’hui, toujours très actifs dans le nord du Mali, les jihadistes ont largement Ă©tendu leur champ d’action dans le reste du pays, comme au centre, mais aussi dans les pays voisins comme le Niger ou le Burkina Faso. Les 5000 soldats de la force française Barkhane, aidĂ©s par l’armĂ©e malienne et plus de 12000 Casques bleus onusiens, ne parviennent pas Ă  endiguer ces insurgĂ©s islamistes, alors que le conflit a dĂ©jĂ  fait des milliers de morts et blessĂ©s et des centaines de milliers de dĂ©placĂ©s et rĂ©fugiĂ©s.

Ancien maire de la commune de Ber, petite localitĂ© situĂ©e dans la rĂ©gion de Tombouctou, Sidi Brahim Ould Sidati Ă©tait l’une des principales figures du Mouvement arabe de l’Azawad, (MAA), une organisation politico-militaire crĂ©Ă©e au lendemain de l’insurrection lancĂ©e en 2012 par les touaregs du Mouvement national de LibĂ©ration de l’Azawad.

BasĂ© essentiellement dans la rĂ©gion de Tombouctou, le MAA est membre fondateur de la CMA, la coordination des groupes armĂ©s du nord mise sur pied Ă  la veille du dĂ©marrage Ă  partir de 2013 des nĂ©gociations de paix, sous les auspices de la communautĂ© internationale menĂ©e par la France et l’AlgĂ©rie, entre Bamako et les anciens rebelles et alliĂ©s.

L’assassinat du chef de la CMA intervient dans un contexte malien d’une extrĂŞme fragilitĂ©. Une transition politique initiĂ©e par la junte qui a pris le pouvoir Ă  Bamako en aoĂ»t dernier, après avoir renversĂ© le prĂ©sident controversĂ© Ibrahim Boubacar KeĂŻta (IBK), est censĂ©e conduire dans les prochains mois Ă  des Ă©lections qui devraient dĂ©boucher sur un retour du pouvoir entre les mains de civils Ă  Bamako.

Sidi Brahim Ould Sidati « fut un acteur important du processus de paix », a déclaré le Premier ministre de la transition, Moctar Ouane qui devait recevoir dans la journée le leader nordiste pour évoquer le processus de paix en cours au Mali.

Evoquant un « acte abominable », le chef du gouvernement malien qui s’est exprimĂ© sur les rĂ©seaux sociaux a fait part de sa « stupeur » et promis une enquĂŞte pour identifier et juger les assassins.

Le chef de la Mission des Nations unies au Mali (Minsuma), le Tchadien Mahamat Saleh Annadif, s’est dit, lui aussi, « outrĂ© » par l’assassinat du leader de la CMA qui « faisait partie de ces Maliens qui croient et Ĺ“uvrent rĂ©ellement pour la paix et l’unitĂ© du Mali », selon ses propres mots.

Selon les spĂ©cialistes du Mali et des mouvements issus de l’ancienne rĂ©bellion, la mort du chef de la CMA est très vraisemblablement commanditĂ©e. Est-ce une action des jihadistes du Jnim, liĂ©s Ă  Al-QaĂŻda, destinĂ©e Ă  faire payer Ă  Ould Sidati son engagement dans le processus de paix avec Bamako ? Est-ce le rĂ©sultat d’un diffĂ©rend au sein de la CMA ? Sinon est-ce un règlement de compte intertribal issu d’un de ces antiques et insolubles conflits qui minent depuis toujours les communautĂ©s arabes de la rĂ©gion de Tombouctou dont Ould Sidati est originaire ?