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Mali : la task force Takuba plie bagage

Les derniers soldats de cette force conjointe européenne ont quitté Bamako le 30 juin.Après la force française Barkhane, c'est au…

Les derniers soldats de cette force conjointe europĂ©enne ont quittĂ© Bamako le 30 juin.Après la force française Barkhane, c’est au tour du contingent europĂ©en de forces spĂ©ciales, Takuba, de se retirer du Mali. « La rĂ©organisation du dispositif militaire français au Sahel, dĂ©cidĂ©e en Ă©troite relation avec les partenaires europĂ©ens et nord-amĂ©ricains, a conduit Ă  la fin des opĂ©rations de la task force Takuba au Mali  », lit-on dans le communiquĂ© de l’État-Major des ArmĂ©es françaises diffusĂ© ce vendredi.

LancĂ©e le 27 mars 2020, la force Takuba a rĂ©uni jusqu’Ă  dix nations contributrices : Belgique, RĂ©publique tchèque, Danemark, Estonie, France, Hongrie, Italie, Pays-Bas, Portugal et Suède. La capacitĂ© opĂ©rationnelle initiale a Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©e le 15 juillet 2020 et la pleine capacitĂ© opĂ©rationnelle le 2 avril 2021.

Avec sa force d’intervention rapide motorisĂ©e et hĂ©liportĂ©e et son unitĂ© de protection fortes de 800 hommes, « Takuba a prouvĂ© son efficacitĂ© en apportant un soutien continu aux Forces armĂ©es maliennes (Fama) », souligne le document.

Selon l’État-Major français, la force conjointe europĂ©enne est un succès stratĂ©gique et tactique. Elle aurait notamment permis la formation d’unitĂ©s maliennes adaptĂ©es au combat contre les jihadistes, Ă©vitant ainsi la territorialisation des groupes armĂ©s terroristes en particulier de l’État Islamique au Grand Sahara (EIGS) dans la zone des trois frontières (Burkina, Mali et Niger).

Contrairement Ă  Barkhane qui a pris ses quartiers dans la capitale nigĂ©rienne Niamey, Takuba est quant Ă  elle vouĂ©e Ă  disparaĂ®tre. Car aucun pays sahĂ©lien n’a formulĂ© une demande pour l’accueillir.

L’opĂ©ration Barkhane avait Ă©tĂ© lancĂ©e le 1ᵉʳ aoĂ»t 2014 en remplacement de Serval dont l’objectif Ă©tait de lutter contre les groupes jihadistes qui menaçaient de prendre Bamako.

« Avant, tout n’allait pas bien. Mais avec ce dĂ©part de ces forces spĂ©ciales et la fin de la couverture aĂ©rienne, cela donne plus de libertĂ© aux jihadistes prĂ©sents dans la zone », a affirmĂ© Wassim Nasr, journaliste Ă  France 24 et spĂ©cialiste des groupes terroristes.

Sur Twitter, les internautes maliens sont partagĂ©s entre rĂ©jouissance et inquiĂ©tude d’un lendemain incertain. « La France officialise la fin de la force Takuba au Mali. Une organisation militaire (qui pouvait) agir sans l’aval du gouvernement malien. Une victoire pour notre peuple », se fĂ©licite Amir Nourdine Elbachir.

Du cĂ´tĂ© d’Ibn Zackarya, c’est l’anxiĂ©tĂ© qui prĂ©domine. Depuis l’annonce du retrait de la force Takuba, l’État Islamique au Grand Sahara (EIGS) et le Groupe de Soutien Ă  l’Islam et aux Musulmans (Jnim) s’affrontent pour le contrĂ´le de la zone des trois frontières, signale-t-il.

Suite au dĂ©part des soldats de Barkhane de la base de MĂ©naka, au Mali, l’EIGS a assiĂ©gĂ© des localitĂ©s en y commettant des massacres, poursuit-il, non sans ajouter que « ces forces (Barkhane et Takuba) empĂŞchaient la progression jihadiste ».

« Les populistes, avec des décisions irréfléchies dont le seul but était de se maintenir au pouvoir, ont condamné la population de ces zones tout en étant incapables de leur venir au secours », peste Ibn Zackarya.

De son cĂ´tĂ©, Sidha Sudarshan regrette qu’« aucune disposition » n’ait Ă©tĂ© prise avant de demander aux EuropĂ©ens de se retirer. « Tant que les rĂ©volutionnaires africains agiront sans planification stratĂ©gique, la domination Ă©trangère aura de beaux jours devant elle », soutient-il.

Enfin, Alhassane Tamesna estime que maintenant les militaires au pouvoir « devraient partir sur le terrain pour protéger les populations meurtries » au lieu de « rester dans des salons à Bamako ».