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Moura : Amadou Koufa remet en cause la version de Bamako

Quatre mois après les accusations d'exactions de l'armée malienne à Moura (centre), le Groupe de soutien à l'Islam et aux…

Quatre mois après les accusations d’exactions de l’armĂ©e malienne Ă  Moura (centre), le Groupe de soutien Ă  l’Islam et aux musulmans (GSIM) donne sa version des faits.Un autre son de cloche a rĂ©sonnĂ© sur les Ă©vènements controversĂ©s de Moura, un village du centre malien. Du 27 au 31 mars, plusieurs dizaines de personnes prĂ©sentĂ©es comme des jihadistes y ont Ă©tĂ© tuĂ©es dans une opĂ©ration des Forces armĂ©es maliennes (Fama), accompagnĂ©es d’Ă©lĂ©ments de la compagnie militaire privĂ©e controversĂ©e, Wagner.

Dans une vidĂ©o de 2 minutes 50 secondes diffusĂ©e par « Az Zallaqa », l’organe mĂ©diatique du GSIM, une fĂ©dĂ©ration d’organisations jihadistes affiliĂ©es Ă  Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI), Amadou Kouffa, chef de la Katiba du Macina, dĂ©clare que, contrairement aux informations fournies par les autoritĂ©s maliennes, les jihadistes qui Ă©taient prĂ©sents dans ce village du cercle de DjennĂ© (centre) Ă©taient au nombre de trente.

Au lendemain de cette opĂ©ration, l’Ă©tat-major gĂ©nĂ©ral des armĂ©es maliennes (EMGA) avait affirmĂ© avoir neutralisĂ© « 203 combattants des GAT (Groupes armĂ©s terroristes) et interpellĂ© 51 personnes ». « A cela, s’ajoute le bilan matĂ©riel de 200 motos brĂ»lĂ©es et saisies », rapportait l’EMGA.

S’exprimant en arabe, le chef jihadiste, apparu sous un turban noir, accuse l’armĂ©e malienne et Wagner d’avoir tuĂ© « des centaines de civils musulmans » avec la complicitĂ© de certains habitants de Moura.

Des organisations de dĂ©fense des droits de l’homme comme Human Right Watch avaient rĂ©clamĂ© l’ouverture d’une enquĂŞte sur des allĂ©gations de meurtre de 300 civils ou suspects imputables aux Fama et Ă  Wagner.

Quid de l’enquĂŞte de la Minusma ?

En rĂ©ponse, l’armĂ©e malienne a qualifiĂ© ces allĂ©gations d’exactions sur les populations civiles d’« infondĂ©es ». L’État-major est ensuite revenu en dĂ©tails sur l’opĂ©ration, prĂ©cisant que les militaires ont mobilisĂ© des drones de surveillance et des hĂ©licoptères pour d’abord « cerner la zone ».

L’armĂ©e soutient que les jihadistes qui tentaient de fuir la localitĂ© ont Ă©tĂ© interceptĂ©s et neutralisĂ©s par un Mi5, un de ses moyens aĂ©riens acquis rĂ©cemment grâce au renforcement de sa coopĂ©ration avec la Russie..

« Le contrĂ´le total de la localitĂ© a permis de faire le tri, rechercher, identifier des terroristes dĂ©guisĂ©s et dissimulĂ©s parmi les populations civiles », tentait de dĂ©montrer l’armĂ©e malienne, reconnaissant dans la foulĂ©e avoir perdu des soldats sans en prĂ©ciser le nombre.

La division des droits de l’homme de la Mission multidimensionnelle intĂ©grĂ©e des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) avait dĂ©cidĂ© de mener une « investigation » pour faire la lumière sur ce qui s’est passĂ© Ă  Moura. Mais Ă  la date de la publication de la note trimestrielle (1er janvier au 31 mars) sur les tendances des violations et atteintes aux droits de l’homme au Mali, « la Minusma n’avait pas pu conduire une enquĂŞte in situ Ă  Moura ».

Évoquant des raisons sĂ©curitaires, les autoritĂ©s maliennes se sont opposĂ©es Ă  ce qu’une mission d’enquĂŞte de la Minusma se rende Ă  Moura. Des discussions sont en cours pour lever cette « restriction » qui intervient dans un contexte de tension entre le Mali et ses partenaires internationaux.

Les militaires, qui avaient renversĂ© Ibrahim Boubacar Keita en aoĂ»t 2020 et Ă©vincĂ© le prĂ©sident de la transition et son Premier ministre neuf mois plus tard, ont fait appel Ă  la compagnie russe controversĂ©e Wagner pour « reprendre l’initiative » dans les zones contrĂ´lĂ©es par les jihadistes, mĂŞme s’ils parlent, jusque-lĂ , d’ « instructeurs russes ». Ce choix est justifiĂ© par la recherche d’une alternative au retrait de Barkhane dĂ©cidĂ© par le prĂ©sident français Emmanuel Macron et qualifiĂ© comme « un abandon en plein vol » par Bamako.