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Mozambique : l’autre Al-Shabaab

Les événements récents dans le nord du Mozambique ont attiré l'attention du monde sur une crise qui couvait depuis plusieurs…

Les Ă©vĂ©nements rĂ©cents dans le nord du Mozambique ont attirĂ© l’attention du monde sur une crise qui couvait depuis plusieurs annĂ©es.Des militants djihadistes affiliĂ©s Ă  l’Etat islamique ont envahi une ville cĂ´tière stratĂ©gique de la province mozambicaine de Cabo Delgado, riche en minĂ©raux, Ă  la fin du mois de mars, tuant des dizaines d’habitants et d’expatriĂ©s, dont plusieurs ont Ă©tĂ© dĂ©capitĂ©s et brĂ»lĂ©s.

Les attaques contre la ville de Palma (et plusieurs autres avants elle) ont déclenché une crise humanitaire à Cabo Delgado, avec plus de 700.000 personnes déplacées depuis octobre 2017.

Elles ont Ă©galement attirĂ© l’attention du monde entier sur une crise qui mijote et qui pourrait se transformer en un dĂ©fi sĂ©curitaire rĂ©gional majeur.

Le monde a observĂ© avec intĂ©rĂŞt les dirigeants de la CommunautĂ© de dĂ©veloppement de l’Afrique australe (SADC) s’engager dans une navette diplomatique, Ă  la recherche d’une solution Ă  cette insurrection armĂ©e.

Mais qui sont ces insurgĂ©s qui causent des nuits blanches aussi bien au gouvernement du Mozambique qu’Ă  la SADC ?

Ils ont choisi de s’appeler eux-mĂŞmes al-Shabaab (jeunes hommes en arabe), mais ne doivent pas ĂŞtre confondus avec le groupe Ă©ponyme somalien.

La diffĂ©rence c’est que le groupe terroriste somalien est affiliĂ© Ă  Al-QaĂŻda tandis que le groupe mozambicain a promis une alliance avec le groupe rival Etat islamique basĂ© en Irak et en Syrie. Il a adoptĂ© le titre de province de l’Etat islamique en Afrique centrale.

Au Mozambique, al-Shabaab est composé de jeunes hommes prétendument mécontents de la répartition inégale des richesses dans leur région.

Certains analystes pensent que les raisons profondes de l’insurrection reposent sur des griefs socio-Ă©conomiques, de nombreux habitants de Cabo Delgado se plaignant de n’avoir pas profitĂ© des industries du rubis et du gaz de la province.

« Nous occupons (les villes) pour montrer que le gouvernement en place est injuste. Il humilie les pauvres et donne le profit aux patrons », avait déclaré en 2019, un dirigeant local du groupe dans une vidéo.

L’homme en question a Ă©galement parlĂ© de l’islam et de son dĂ©sir d’un « gouvernement islamique, pas d’un gouvernement d’incroyants », mais il a en mĂŞme temps citĂ© des abus prĂ©sumĂ©s de l’armĂ©e mozambicaine, se plaignant Ă  plusieurs reprises du fait que le gouvernement Ă©tait « injuste ».

MĂŞme si certains soutiennent que les attaques Ă  Cabo Delgado ont commencĂ© en octobre 2017, l’existence de ce groupe serait antĂ©rieure Ă  2017.

Selon une Ă©tude de l’Institut d’Ă©tudes de sĂ©curitĂ© basĂ© en Afrique du Sud, les dirigeants islamiques locaux affirment que le groupe existe depuis 2014, dernière annĂ©e du règne de dix ans de l’ancien prĂ©sident mozambicain, Armando Guebuza.

Des responsables islamiques affirment que les premiers signes d’extrĂ©misme sont apparus entre 2014 et 2015 dans le district de Mocimboa da Praia, lorsque les jeunes des mosquĂ©es locales ont commencĂ© Ă  se rebeller contre les mosquĂ©es existantes et Ă  ouvrir leurs propres mosquĂ©es.

Certains membres du groupe ont Ă©tĂ© recrutĂ©s localement avec des promesses d’emplois et de bourses d’Ă©tudes. Il y a aussi des indications que certains d’entre eux venaient d’autres pays, notamment de la Tanzanie, de l’Ouganda, du Kenya et de la RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo.

Cabo Delgado est la province la plus septentrionale du Mozambique. Elle est limitĂ©e au nord par la Tanzanie, Ă  l’ouest par la province de Niassa, au sud par la province de Nampula et par l’ocĂ©an Indien Ă  l’est.

Les insurgĂ©s parlent les langues locales, ainsi que le kiswahili et l’arabe. Ils prĂ´nent un islam qui est Ă  la fois rejetĂ© et dĂ©noncĂ© par les autoritĂ©s islamiques de la rĂ©gion.