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Sénégal : pour un accès plus facile aux innovations agricoles

Les chercheurs doivent davantage communiquer sur les résultats de leurs travaux pour permettre à ceux qui en ont le plus…

Les chercheurs doivent davantage communiquer sur les résultats de leurs travaux pour permettre à ceux qui en ont le plus besoin de s’en procurer, selon Ndèye Amy Kébé, directrice de Jokalante.Le système alimentaire mondial doit encore surmonter des défis considérables pour fournir suffisamment d’aliments de bonne qualité et nourrir une population en expansion constante. Au Sénégal, la recherche a mis en place plusieurs innovations devant permettre aux producteurs d’augmenter leurs rendements. Ces résultats de recherche peinent cependant à sortir des laboratoires pour garantir une mise à l’échelle.

« Le chercheur ne communique pas trop. D’habitude, c’est l’article qu’il diffuse. De ce fait, il ne pense pas à ceux qui vont réellement utiliser ces innovations. La communauté de chercheurs sera au courant de ses résultats, mais celui qui va réellement utiliser et expérimenter ses trouvailles c’est le petit producteur qui est au niveau local qui ne sait ni lire ni écrire et qui parle sa langue locale », a souligné Ndèye Amy Kébé.

S’exprimant à l’occasion du Forum public du projet « Accélération des impacts de la recherche climatique du CGIAR pour l’Afrique » (AICCRA) Sénégal qui s’est tenu jeudi 1er décembre à Dakar, la directrice de la plate-forme Jokalante a ainsi plaidé pour « un accès plus facile à l’information ». Cela leur permettrait de jouer pleinement leur rôle de trait d’union entre les chercheurs et les utilisateurs.

Grâce aux technologies de l’information et de la communication, sa plate-forme informe le monde rural sur les technologies agricoles grâce à des spots publicitaires diffusés en langues locales : sérère, wolof, diola, mandingue et peul.

A travers un réseau d’une trentaine de radios communautaires, elle informe les paysans sur ce qui peut les aider à avancer. A l’en croire, plus de 200.000 personnes ont été sensibilisées à un ou plusieurs messages grâce à leur téléphone et plus d’un million d’auditeurs grâce à la radio.

« La mise à l’échelle consistera donc à prendre ces innovations et de customiser les messages pour pouvoir inciter les producteurs à s’y intéresser surtout dans ce contexte du changement climatique ; d’être formés, de pratiquer et donner leurs retours par rapport à leur expérience », a expliqué Mme Kébé, ajoutant que cela rendrait beaucoup plus inclusif le dispositif de ces innovations et les résultats de recherche et permettrait la mise à l’échelle en touchant beaucoup plus de producteurs grâce au numérique.

« L’utilisation des informations météorologiques et climatiques est aujourd’hui essentielle pour augmenter la productivité des exploitations agricoles et pastorales. Par conséquent, l’amélioration de l’accès des agriculteurs et des éleveurs aux services d’information climatiques est une nécessité. Le renforcement des capacités de gestion des risques climatiques est également important », a de son côté indiqué le Directeur de Cabinet du ministère de l’Élevage et des Productions Animales, Khalilou Sow.

Le projet AICCRA Sénégal vise à renforcer les capacités systémiques des partenaires nationaux et du secteur privé à promouvoir une agriculture plus résiliente face au changement climatique. Il se concentre sur les systèmes agricoles semi-arides et l’intégration agriculture-élevage pour développer des agro-conseils adaptés au climat et aux acteurs de la chaîne de valeur et pour évaluer et promouvoir les options d’Agriculture Intelligente face au Climat (AIC) pour la construction de systèmes agricoles plus résilients.

La mise en œuvre de ce projet financé par la Banque mondiale fait appel à des collaborations et partenariats avec différentes structures nationales dont l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacim), le Centre d’étude régional pour l’amélioration et l’adaptation à la sécheresse (Ceraas), l’Institut sénégalais de recherches agricoles (Isra), l’Agence nationale de conseil agricole et rural (Ancar) et bien d’autres incluant le secteur privé.