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Stress hydrique: Le Maroc dans une situation critique

La situation des ressources hydriques au Maroc est alarmante. Lutter contre la pénurie d'eau dans le pays est d'ailleurs aujourd'hui…

La situation des ressources hydriques au Maroc est alarmante. Lutter contre la pĂ©nurie d’eau dans le pays est d’ailleurs aujourd’hui l’une des prioritĂ©s du gouvernement. En cause la situation est devenue critique. Eclairage.Le Maroc a vĂ©cu cette annĂ©e l’une des pires sĂ©cheresses de ces trois dernières dĂ©cennies. Ainsi, le stress hydrique s’accentue de plus en plus et les rĂ©serves en eau sont sous forte pression. La Banque mondiale a tirĂ© la sonnette d’alarme sur cette problĂ©matique, dans son dernier rapport sur la situation Ă©conomique du Maroc publiĂ© en juillet dernier.

L’institution mondiale a ainsi prĂ©cisĂ© que le Royaume s’approche du seuil des pays qui vivent en situation de pĂ©nurie d’eau.

Le directeur des opĂ©rations de la Banque mondiale pour le Maghreb et Malte, Jesko Hentschel a prĂ©conisĂ© de « mettre au point des mĂ©canismes efficaces d’allocation de l’eau, par exemple au moyen d’un système de quotas nĂ©gociables et de produire et de publier des donnĂ©es prĂ©cises et dĂ©taillĂ©es sur les ressources hydriques et leur utilisation ».

«Les Ă©vĂ©nements rĂ©cents ont montrĂ© que les solutions techniques ne suffisent plus Ă  protĂ©ger l’Ă©conomie contre les chocs climatiques et soulignent la nĂ©cessitĂ© d’adopter des politiques complĂ©mentaires, telles que celles dĂ©crites dans le nouveau modèle de dĂ©veloppement, qui permettraient de tenir compte de la vĂ©ritable valeur des ressources en eau et d’encourager des usages plus efficients et plus raisonnĂ©s», a ajoutĂ© Hentsche.

De son cĂ´tĂ©, le ministre de l’Equipement et de l’Eau, Nizar Baraka, expliquĂ© que le dĂ©ficit en eau est principalement dĂ» Ă  la baisse importante des ressources hydriques. Celles-ci ont diminuĂ© de 85% en raison des faibles prĂ©cipitations et Ă  la baisse du volume des chutes de neige (la superficie enneigĂ©e est passĂ©e de 45.000 km2 Ă  5.000 km2 ), en plus de la rĂ©duction du nombre de jours de chute de neige qui a atteint 14 jours cette annĂ©e contre 41 jours par an gĂ©nĂ©ralement.

Certes, le contexte hydrologique dans le Royaume est marquĂ© par une forte irrĂ©gularitĂ© Ă  cause de son climat aride Ă  semi-aride. Les ressources hydrauliques dont dispose le Maroc sont, en effet, limitĂ©es. Forte est de constater que cette rarĂ©faction est la consĂ©quence de plusieurs facteurs, notamment la sĂ©cheresse qui a sĂ©vit au Maroc depuis plusieurs annĂ©es, la situation gĂ©ographique du pays, mais aussi des besoins du dĂ©veloppement dĂ©mographique, la pollution et le gaspillage de l’eau, et la mauvaise gestion des ressources hydriques.

.Il faut Ă©galement noter qu’au Maroc, les caractĂ©ristiques climatiques conditionnent fortement la disponibilitĂ© des ressources en eau. Ces dernières dĂ©cennies, l’ensemble du pays a Ă©tĂ© affectĂ© par une augmentation des tempĂ©ratures. Cela s’est particulièrement caractĂ©risĂ© par une modification de l’intensitĂ© des prĂ©cipitations. Les apports pluviomĂ©triques sur l’ensemble du territoire sont Ă©valuĂ©s Ă  150 milliards de m3.

En effet, la pluie utile ne reprĂ©sente que 20%, soit 30 milliards de m3. Si l’on dĂ©duit les pertes par Ă©vaporation et les Ă©coulements non maĂ®trisables vers la mer, le potentiel hydraulique mobilisable, dans les conditions techniques et Ă©conomiques actuelles, est estimĂ© Ă  20 milliards de mÂł, dont 16 milliards Ă  partir des eaux superficielles et 4 milliards en provenance des eaux souterraines.

Avec seulement 600 mÂł d’eau, le Maroc n’est pas seulement en stress hydrique, mais il est confrontĂ© Ă  la raretĂ© de l’eau. Aussi, le pays ne bĂ©nĂ©ficie d’aucune des rivières transfrontalières.

Au Maroc, la politique des barrages lancée dès 1967, traduit la pertinence des choix stratégiques opérés en matière de développement économique et social.

En effet, celle-ci a permis au pays d’assurer la sĂ©curitĂ© hydrique et alimentaire et de promouvoir l’emploi en milieu rural.

C’est Ă  ce niveau qu’il faut mobiliser de nouvelles infrastructures pour Ă©conomiser cette eau. Le dessalement de l’eau de mer est une solution prĂ©conisĂ©e, surtout pour les rĂ©gions arides ou impactĂ©es par la sĂ©cheresse, mais encore faut-il assurer un coĂ»t compĂ©titif, d’autant plus que ses effets sont limitĂ©s pour combler le dĂ©ficit hydrique.

Il est aussi recommandĂ© de stocker les eaux des annĂ©es humides pour pouvoir faire face aux annĂ©es de sĂ©cheresse par la maĂ®trise des Ă©coulements des eaux pluviales en augmentant la capacitĂ© de stockage des barrages et de veiller Ă  planifier et rĂ©aliser des transferts d’eau entre bassins pour Ă©quilibrer la situation hydrique du pays.

A cela s’ajoute la nĂ©cessitĂ© de promouvoir le traitement des eaux usĂ©es domestiques et industrielles et soutenir sa rĂ©utilisation dans l’agriculture et dans l’arrosage des espaces verts, mais aussi d’encourager les nouvelles mĂ©thodes durables d’approvisionnement en eau et de planter des arbres et des plantes rĂ©sistants Ă  la sĂ©cheresse et arroser la pelouse avec Ă©conomie.

Ces recommandations restent des options parmi d’autres mais l’essentiel est d’inciter la population Ă  se comporter de manière civique et de s’abstenir Ă  tout acte de nature Ă  gaspiller cette denrĂ©e vitale.