Guinée : Le double scrutin reporté pour deux semaines (Alpha Condé)

Le Président de la République, Pr. Alpha Condé a dans une adresse à la nation vendredi,28 février, reporté de deux semaines le double scrutin législatif et référendaire au nom, dit-il, de la responsabilité nationale et sous-régionale.

« C’est par responsabilité nationale et sous régionale que nous avons accepté un report léger de la date des élections. Ce n’est ni une capitulation, ni une reculade, mais la fidélité à ce qu’était la Guinée hier, qu’elle est aujourd’hui et qu’elle sera demain. N’oubliez pas que dans la nouvelle constitution, nous avons écrit que la Guinée est prête à se fondre dans un ensemble plus vaste. Voilà donc pourquoi nous devons toujours rester dans le cadre de la CEDEAO et de l’Union Africaine » a-t-il indiqué avant de rappeler le rôle joué par la Guinée dans la libération du continent et le leadership du panafricanisme.

« Bien sûr, certains vont jubiler en disant que c’est de la capitulation (…), je sais que beaucoup d’entre vous vont être mécontents, déçus, révoltés, mais la Guinée qui a été la patrie du panafricanisme, peut-elle s’isoler de ses pays frères ? Nous disons non ! »

Pour le Chef de l’Etat, ce n’est pas une capitulation. Il a précisé que seuls les partis politiques en lice sont concernés par le double scrutin. « Ne sont concernés que les partis qui sont déjà en compétition. C’est-à-dire qui sont en règle devant la CENI ; je précise que ça ne concerne que les partis déjà engagés dans la compétition électorale ». a ajouté le Pr Alpha Condé
Alpha Condé a annoncé qu’une lettre a été envoyée déjà au président en exercice de la CEDEAO, Mahamadou Issouffou.

A l’approche du 1er mars, le FNDC répond à Alpha Condé

A quelques jours du 1er mars où se tiendra le double scrutin, les tensions sont de plus en plus vives en Guinée.

En effet, le président en tournée à l’intérieur du pays, aurait exhorté ses partisans à « frapper tous ceux qui s’attaqueront aux urnes« , rapporte la presse locale. Face à ces déclarations, l’opposition ne reste pas muette.

Alors qu’un communiqué du gouvernement fait état de 7 véhicules incendiés, des armes volés, et 17 détenus évadés, imputés au FNDC, celui ci répond. Le parti de l’opposition a partagé son ressenti par la voix de son chargé des opérations, qui s’est confié à nos confrères d’Africaguinee.

«Ce sont des déclarations irresponsables de la part d’un président de la République. Et nous rappelons qu’il n’est pas à sa première déclaration puisqu’en mars 2019, il a appelé à l’affrontement au siège de son parti. Donc, s’il vient aujourd’hui demander à ses militants de frapper des citoyens, ça veut dire tout simplement que le président Alpha Condé est dans  la logique de créer le chao en Guinée avant son départ du Pouvoir. Mais nous disons à nos militants et sympathisants de ne pas répondre à cette provocation du Chef de l’Etat et d’avoir à l’esprit que quiconque viole l’article 27 de la constitution doit dégager aussi du pouvoir» a t-il déclaré, selon le rapport du média.

Le 1er mars 2020 est sans doute la date la plus mentionnée en Guinée. La date du double scrutin inquiète plus d’un, et à raison.

Après le FMI, la Banque Mondiale suspend également ses activités en Guinée

Après le FMI, la Banque Mondiale suspend ses missions en Guinée.

La Banque Mondiale a officiellement annoncé, lundi 17 février 2020, la suspension de ses missions vers la Guinée. Les raisons évoquées étant les précautions de sécurité.
Cette mesure entrera en vigueur le 24 févier et s’étendra jusqu’au 08 mars 2020.

Alors que le régime au pouvoir entend soumettre un projet de nouvelle constitution à un référendum populaire, la société civile et l’opposition entendent plutôt l’empêcher afin d’éviter la possibilité d’un troisième mandat à Alpha Condé.

Compte tenu du double scrutin à venir le 1er mars prochain, l’institution financière a décidé de suspendre périodiquement ses missions en Guinée. La semaine dernière, le Fonds monétaire international (Fmi) avait également annoncé une suspension de ses missions en Guinée à cause du processus électoral en cours.

Projet de nouvelle constitution en Guinée : Un mandat de 6 ans renouvelable une seule fois

Le peuple guinéen se prononcera le 1er mars 2020 sur le projet de nouvelle constitution, soumis au référendum par le président de la République. L’agence de presse guinéenne a publié les points et nouveautés de cette nouvelle constitution.

Dans son article 40, la nouvelle constitution stipule que le Président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de six (6) ans, renouvelable une fois.

Autre nouveauté, Apres la cérémonie d’investiture et à la fin de son mandat, dans un délai de 48 heures, le président de la République remet au président de la Cour constitutionnelle la déclaration écrite sur l’honneur de ses biens. La déclaration initiale et celle de la fin de mandat ou de fonction sont publiées au journal officiel. La copie de la déclaration du président de la République est communiquée à la Cour des comptes et aux services fiscaux. Les écarts entre la déclaration initiale et celle de la fin de mandat ou de fonction doivent être justifiés.
Dans la foulée il y a un principe de base « Le président de la République est protégé contre les offenses, les injures et les calomnies dans les conditions que la loi détermine ». Il s’agit d’un rappel à l’ordre des tenants de propos déplacés et incongrus par voie de presse et dans les déclarations d’acteurs politiques.

Plus loin, « En cas de vacance de la présidence de la République par décès, démission ou par toute autre cause d’empêchement définitif dans les conditions prévues à l’article 54, l’intérim est assuré par le président de l’Assemblée nationale ou, en cas d’empêchement de celui-ci, par l’un des vices- présidents de l’Assemblée Nationale par ordre préséance ».

La durée maximale de l’intérim est de 90 jours. Un scrutin pour l’élection du président de la République a lieu, sauf cas de force majeure constaté par la Cour Constitutionnelle, trente-cinq (35) jours au moins et soixante (60) jours au plus après l’ouverture de la vacance.
Autre détail lié à la gestion de la vacance du pouvoir « L’intérim du président de la République s’étend à toutes les fonctions de celui-ci, sauf le droit de recourir au référendum, de prononcer la dissolution de l’Assemblée Nationale, de prendre l’initiative d’une révision de la constitution, d’exercer le droit de grâce, (articles 49, 50, 55) ».

Le FMI suspend ses activités en Guinée dès le 9 février

C’est une tradition ou un rituel au niveau du FMI qui gèle ou suspend généralement ses missions techniques sur les statistiques et autres domaines d’intervention, le temps des élections dans un pays.

Il s’agit d’une mesure traditionnelle de protection des agents chargés de l’exécution de ses missions techniques. La décision du FMI de suspendre ses activités à partir du 9 février relève de ce rituel qui consiste à geler toutes les missions techniques pendant la période électorale ; ce qui est loin d’un embargo contre la guinée.

Cette décision, selon les sources, n’a aucune incidence sur le déroulement du programme économique Guinée-FMI dont la troisième revue concluante du 26 juillet 2019 de l’Accord-FEC (Facilité élargie de crédit) devrait permettre à la Guinée de décaisser 17,213 millions de DTS soit 23,9 millions de dollars destinés à soutenir la balance des paiements de la guinée en vue du renforcement des réserves internationales de change et de la poursuite des réformes structurelles dans le domaine de la gestion des finances publiques et des secteurs-clé de la croissance.

Au titre de l’accord global-FEC, nous en sommes à un total de 88,849 millions de DTS, soit 95,7 millions de dollars. Par ailleurs un autre accord avec les services du FMI a été atteint entre octobre et décembre 2019 sur la 4e revue du programme de politique économique et de reformes appuyé une Facilité Elargie de Crédit de trois ans.

Le FMI est satisfait des performances de l’économie guinéenne, notamment du taux d’inflation globale ralentie à 9,4% en aout 2019, de la croissance réelle qui était à 6% en 2018 et du solde budgétaire de base qui a enregistré un surplus de 1,2% du PIB à fin 2019.
Donc la suspension momentanée des missions du FMI serait loin d’un quelconque embargo lié à la politique. Il s’agit d’une mesure de sécurité prise par le fonds après évaluation de la situation sécuritaire nationale et des contours d’une période électorale. Ça s’applique à tous les pays qui organise les consultations électorales.

Guinée : Début de la campagne référendaire le 15 février

La Campagne électorale pour le referendum du 1er mars sur la nouvelle constitution débutera samedi ,15 février et s’achèvera vendredi, 28 février 2020 à minuit sur toute l’étendue du territoire national. Soit 15 jours de campagne référendaire.

L’annonce a été faite à travers un décret du Chef de l’Etat publié vendredi, 7 février 2020 à la Télévision d’Etat. Le même décret du 7 février 020 donne des instructions aux médias du service public (RTG, AGP, Journal-Horoya et Radios Rurales de Guinée) en vue de présenter de façon équilibrée, les différents points de vue relatifs au « OUI » et au « NON ».

Avec la publication mercredi 29 janvier d’une Ordonnance promulguée de 4 chapitres et de plus d’une vingtaine d’articles sur les modalités pratiques relatives au referendum constitutionnel, il est à l’article 6 que « la campagne pour le referendum constitutionnel est ouverte 15 jours francs avant la date du scrutin et prend fin la veille du scrutin à 00 heures. »
Les autres articles de l’ordonnance traitent (comme rappelle le décret du 7 février) de la vulgarisation du projet de loi référendaire dans les organes de presse d’Etat, du rôle des médias du service public dans la présentation des divers points de vue relatifs au projet soumis à referendum, du respect du principe d’égalité entre les opinions, et surtout de l’interdiction du fonds public et des moyens de l’Etat aux fins d’achat de conscience ».

Par ailleurs, avec l’article 13, il est institué ou imprimé pour le referendum constitutionnel du 1er mars, « 2 Bulletins de vote sécurisés : le Bulletin blanc portant la mention OUI et le Bulletin rouge portant la mention NON ». Enfin dans un autre décret publié récemment à la Télévision Nationale, le Président de la République a fait coupler les législatives avec le Referendum constitutionnel pour dimanche 1er mars 2020.