Mauritanie: le trafic internet perturbé par un incident sur un câble sous-marin

Le réseau internet est fortement perturbé en Mauritanie en raison d’un « incident » survenu jeudi au large de ce pays d’Afrique de l’Ouest sur un câble sous-marin en fibre optique de 17.000 km reliant l’Afrique du Sud à l’Europe, a indiqué vendredi l’autorité de régulation mauritanienne des télécommunications.

« Un incident est survenu sur le câble sous-marin à fibres ACE (Africa Coast to Europe) le 27 février à 08H40 (GMT et locales), provoquant des perturbations sur le trafic internet des (trois) opérateurs de communications électroniques », a-t-elle précisé dans un communiqué.

Des « démarches sont en cours pour le rétablissement du câble dans les meilleurs délais », assure l’autorité de régulation, en rappelant qu’un incident similaire s’était déjà produit sur ce câble en mars 2018.

Les connexions terrestres et via le wifi sont presque à l’arrêt au sein des entreprises, banques et administrations et chez les particuliers, ont constaté des correspondants de l’AFP. Les services par téléphones mobiles (3G) fonctionnent, mais à vitesse réduite, selon la même source.

Le problème a été localisé à 25 km au large de Nouakchott et sa résolution devrait prendre quelques jours, a confié à l’AFP une source proche de l’autorité de régulation.

L’ACE, opérationnel depuis 2012, relie Le Cap, en Afrique du Sud, à la pointe de la Bretagne (ouest de la France), en longeant la côte atlantique de l’Afrique, dont il dessert une vingtaine de pays.

Le Kenya interdit l’abattage controversé d’ânes

Le Kenya a décidé d’interdire l’abattage d’ânes destinés à être utilisés pour la médecine chinoise, une pratique condamnée par les défenseurs des animaux qui la jugent cruelle, inutile et dévastatrice pour les populations d’ânes en Afrique, a-t-on appris de source officielle.

L’interdiction, entrée en vigueur cette semaine, intervient après que « des gens ont adressé une pétition (en ce sens) à mes services (…) parce que le vol d’ânes pour les vendre a augmenté », a déclaré jeudi le ministre de l’Agriculture Peter Munya à l’AFP.

La multiplication des vols d’ânes porte préjudice aux agriculteurs qui les utilisent pour transporter des produits agricoles et de l’eau, et provoque « un chômage massif », a déclaré le ministère dans un communiqué.

Quatre abattoirs d’ânes ont un mois pour mettre un terme à leur activité.

L’organisation de défense des animaux Peta a salué la décision du Kenya de « rompre les liens avec un commerce cruel qui condamne par millions de doux ânes à une mort lamentable ». « Personne n’a besoin de peau d’âne, sauf l’animal né avec elle », a déclaré un responsable des campagnes de Peta, Jason Baker.

Les peaux d’âne sont exportées en Chine pour fabriquer un remède traditionnel connu sous le nom d’ejiao, utilisé pour améliorer la circulation sanguine, ralentir le vieillissement, et stimuler la libido et la fertilité. Autrefois réservé aux empereurs, ce produit est désormais prisé de la classe moyenne.

Une enquête de Peta avait montré l’année dernière que les ânes étaient cruellement battus par les travailleurs ou mouraient après de longs voyages en camion en provenance de pays voisins.

L’organisation de défense des animaux The Donkey Sanctuary, basée en grande-Bretagne, avait alors déclaré à l’AFP que selon certaines informations, les animaux étaient rassemblés et tués à la mitrailleuse ou matraqués à mort.

La Chine se tourne de plus en plus vers l’Afrique pour satisfaire sa demande, sa propre population d’ânes ayant diminué de près de la moitié ces dernières années.

Plusieurs pays africains ont cependant interdit les abattoirs financés par des Chinois ou ont mis en oeuvre des politiques visant à mettre un terme à l’exportation de peaux d’âne vers la Chine.

Les ânes se reproduisant lentement et résistant mal au stress, les défenseurs des animaux redoutent qu’ils disparaissent de l’Afrique de l’Est d’ici à quelques années.

RDC: décès d’un haut responsable sécuritaire sous sanctions internationales (famille, sources sécuritaires)

Le chef du renseignement militaire de la République démocratique du Congo, Delphin Kahimbi, nommé à l’époque de l’ex-président Joseph Kabila, est décédé vendredi, a appris l’AFP auprès de son épouse, alors que, selon plusieurs sources, il venait tout juste d’être démis de ses fonctions.

M. Kahimbi, dont l’âge n’a pas été précisé, est décédé « d’une crise cardiaque » à son domicile, a indiqué à l’AFP son épouse jointe par téléphone dans un hôpital de Kinshasa. Son décès a été confirmé par des sources militaires jointes par l’AFP.

M. Kahimbi était un des officiels congolais sous sanction de l’Union européenne (UE). L’annonce de son décès intervient alors que l’ambassadeur des Etats-Unis à Kinshasa s’était félicité jeudi de l’annonce, par des médias congolais, de sa suspension et de son remplacement.

Cette suspension n’avait pas été formellement confirmée par les autorités congolaises, extrêmement discrètes voire gênées. Interrogée par l’AFP, une source gouvernementale a renvoyé vendredi au Conseil des ministres prévu dans la journée.

M. Kahimbi faisait partie des douze officiels congolais toujours sous sanctions de l’UE pour des atteintes aux droits de l’homme et entrave aux élections dans les dernières années du régime Kabila (2015-2018).

Même non confirmée, sa suspension avait été largement commentée.

« Comme nous l’avons déclaré constamment, ceux qui sont corrompus, commettent des violations des droits de l’homme ou qui perturbent le processus démocratique doivent être tenus pour responsables », a tweeté jeudi l’ambassadeur américain Mike Hammer, en reproduisant un article de politico.cd annonçant la suspension de M. Kahimbi.

Cette suspension est une « opportunité importante pour la justice », avait réagi jeudi sur Twitter la responsable adjointe pour l’Afrique de Human Right Watch.

« Nous exigeons la transparence totale de la part des autorités sur les faits ou soupçons pour lesquels le Général Delphin Kahimbi aurait été suspendu ainsi que sur d’éventuelles poursuites pénales ouvertes à son encontre », avait indiqué le mouvement citoyen congolais Lutte pour le changement.

M. Kahimbi avait été entendu par le Conseil national de sécurité (CNS) ces derniers jours, avaient rapporté plusieurs médias congolais.

Il aurait été empêché de voyager la semaine dernière pour l’Afrique du Sud par les autorités douanières.

Plusieurs officiels sous sanctions internationales, tout-puissants à l’époque du régime Kabila, ont été très affaiblis depuis l’investiture du président Félix Tshisekedi en janvier 2019.

L’ancien patron des renseignements civils, Kalev Mutond, a été démis de ses fonctions dès mars 2019.

Il y a quelques semaines, il a été interpellé à sa descente d’avion de retour de l’étranger, officiellement pour avoir voyagé avec un passeport diplomatique, ce dont il n’a plus le droit.

L’ex-ministre de l’Intérieur et actuel chef du parti de M. Kabila, Emmanuel Ramazani Shadary, avait été empêché de voyager vers le Burundi fin janvier.

Enfin, l’homme d’affaires Albert Yuma serait retenu à Kinshasa pour les besoins d’une enquête sur un prêt consenti à son entreprise, la Gécamines, par l’homme d’affaires israélien sous sanctions américaine Dan Gertler.

Les Algériens mobilisés au 1er vendredi de « l’An II » du « Hirak »

Les protestataires défilent nombreux à Alger pour le premier vendredi de « l’An II » de la contestation qui agite l’Algérie depuis le 22 février 2019, une mobilisation toutefois moins importante que celle de la semaine précédente à l’occasion du premier anniversaire du mouvement.

Les slogans ont à nouveau détourné avec humour l’actualité, mettant à l’honneur le nouveau coronavirus, dont un premier cas en Algérie –un Italien– a été annoncé mardi par les autorités.

« Ramenez corona(virus) ou la BRI (unité d’élite de la police), on ne s’arrêtera pas! » ou « Vous ne nous faites pas peur avec votre corona(virus), on ne va pas s’arrêter! ».

Certains manifestants arborent néanmoins des masques.

« La pluie, le froid, la chaleur, le jeûne du ramadan: rien ne nous a arrêtés » depuis un an, « alors ce n’est pas un virus qui va le faire. Ce virus n’est pas pire que le régime en place », assure à l’AFP Ahlem, bibliothécaire de 50 ans, le nez et la bouche couverts d’un masque chirurgical.

Enseignant de 58 ans, Ahmed Bouziane, qui porte un masque antipoussière acheté chez le quincailler, estime qu’il « faut rester vigilants face au coronavirus ».

« Mais cela ne nous empêchera pas de marcher », s’empresse-t-il d’ajouter.

Pour Sid Ali, biologiste de 45 ans, les médias « affolent » les gens avec le coronavirus: « la grippe saisonnière tue bien plus de monde » que « ce nouveau virus. On va marcher jusqu’à ce que ce régime tombe ».

« Algérie libre et démocratique », « Etat civil et non militaire », « les généraux, à la poubelle et le pays aura son indépendance », scandent aussi les manifestants, reprenant des slogans plus habituels du « Hirak » qui a provoqué la démission du président Abdelaziz Bouteflika le 4 avril 2019 et continue de demander le changement du « système » au pouvoir depuis l’indépendance en 1962.

Comme chaque semaine depuis le début du mouvement, de nombreux manifestants arborent des portraits de héros de la révolution algérienne (la guerre d’indépendance contre la France de 1954 à 1962) ou ceux de « détenus du Hirak », arrêtés dans le cadre de la contestation.

« Où es-tu Justice? Les militants en prison et le fils de Tebboune acquitté », scandent-ils en référence à l’acquittement mercredi, dans une affaire de corruption, du fils du président Abdelmadjid Tebboune –élu en décembre lors d’un scrutin boycotté par le Hirak et marqué par une abstention record.

Deux ans de prison ferme avaient été requis contre Khaled Tebboune, arrêté en juin 2018 alors que son père n’avait plus de fonctions officielles et détenu depuis.

Cameroun: le parti de Biya conserve sans surprise sa majorité écrasante à l’Assemblée

Le parti du président camerounais Paul Biya, au pouvoir depuis 37 ans, a remporté vendredi sans surprise une majorité écrasante aux législatives du 9 février, marquées par le boycott d’une partie de l’opposition dans un pays en proie à des conflits meurtriers.

Le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) a ravi 139 sièges sur 180, selon des résultats partiels rendus publics vendredi par le Conseil constitutionnel.

La participation a été « modérée », à 45,98%, a affirmé le président du Conseil, Clément Atangana.

Il a présenté des résultats pour 167 des 180 sièges de l’Assemblée, puisque les scrutins pour 13 députés dans onze circonscriptions des deux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, avaient été annulés.

Les électeurs de ces zones ravagées par un sanglant conflit séparatiste, qui avaient complètement boudé les urnes, soit par sympathie pour les indépendantistes anglophones, soit par crainte des représailles de leurs groupes armés, seront de nouveau appelés à voter dans un délai de 20 à 40 jours.

A l’annonce de la tenue du scrutin, reporté à deux reprises depuis 2017, une partie de l’opposition avait choisi de le boycotter, invoquant notamment les combats impitoyables entre l’armée et les groupes sécessionnistes dans ces zones habitées par la minorité anglophone, mais aussi les exactions et crimes commis, selon les ONG internationales, par les deux camps.

Plus de 3.000 personnes y ont été tuées et plus de 700.000 forcés de fuir leurs domiciles en trois ans, selon les ONG.

Les élections partielles à venir ne remettront en aucun cas en cause l’archi-domination du RDPC et de ses alliés. Le parti de M. Biya, 87 ans, devance déjà largement tous ses concurrents réunis, raflant 139 sièges, contre 148 dans l’Assemblée sortante, élue en 2013.

Il est suivi d’un de ses alliés, l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP), qui remporte 7 sièges.

Principal parti d’opposition représenté dans l’Assemblée sortante jusqu’à présent, le Social Democratic Front (SDF) n’obtient que 5 sièges, contre 18 en 2013.

Malgré cet net recul, le SDF pourrait améliorer son score lors des partielles dans ses fiefs traditionnels du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Il partage pour le moment la troisième place avec le Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN) de Cabral Libii, 39 ans, qui fait son entrée à l’Assemblée avec 5 députés.

Arrivé troisième à la présidentielle d’octobre 2018, M. Libii est lui-même élu député.

– Municipales sans suspense –

En tout, seuls 16 députés d’opposition ont été élus.

Signe de la force du parti de Paul Biya, Cavaye Yeguie Djibril, président de l’Assemblée nationale depuis 1992, a conservé son siège, et devrait être confirmé à son poste.

En même temps que les législatives se sont tenues les élections municipales, où la majorité présidentielle a triomphé de la même manière.

Le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) de Maurice Kamto, arrivé deuxième à la présidentielle de 2018, avait appelé à boycotter le scrutin, et n’est donc plus représenté à l’Assemblée ni dans les conseils municipaux.

Le MRC avait mis en avant le risque de violences dans les régions anglophones.

Les séparatistes avaient appelé les populations des Nord-Ouest et Sud-Ouest à ne pas se rendre aux urnes et menacé ceux qui le feraient, et le gouvernement avait renforcé sa présence armée pour protéger les électeurs.

Selon Amnesty International, une « hausse des homicides » avait été enregistrée « à l’approche des élections », même si, à l’exception d’un incident dans le Nord-Ouest, le jour du scrutin s’est déroulé sans violence.

Depuis le vote, les violences ont continué, de part et d’autre.

Le 14 février, 23 civils, dont au moins 15 enfants, ont été tués à Ntumbo, un village du Nord-Ouest, selon l’ONU.

Diverses ONG en accusent les militaires et des supplétifs, à l’instar de Human Rights Watch (HRW) qui parle de « massacre » délibéré par « 10 à 15 militaires » et au moins 30 miliciens peuls.

Le gouvernement, lui, dénonce des accusations « totalement infondées » et l’armée reconnaît seulement 5 civils tués dans un « accident malheureux »: des échanges de tirs entre 6 militaires et des « terroristes » ayant abouti à l’explosion de conteneurs de carburants ou d’explosifs stockés par les séparatistes.

Covid-19: Pékin muscle ses mesures contre les rassemblements

Si l’épidémie de coronavirus semble se résorber à Pékin, la ville s’inquiète d’une réapparition trop rapide des foules, qui viendrait enrayer la tendance. Sa solution: limiter le nombre de personnes dans les parcs, supermarchés et cinémas.

En Chine, où la maladie Covid-19 a tué près de 2.800 personnes, le nombre quotidien de nouvelles contaminations est en forte baisse, car la plupart des commerces restent fermés et les gens sont encouragés à rester chez eux.

Mais Pékin n’entend pas relâcher la pression. Car un nouveau foyer d’infection a encore été détecté cette semaine dans la capitale, et deux décès supplémentaires enregistrés vendredi.

Les autorités viennent ainsi d’annoncer de nouvelles règles pour éviter les rassemblements ou les concentrations de gens dans la ville de 21 millions d’habitants.

A commencer par les supermarchés: ceux-ci doivent désormais garantir une surface moyenne minimale de deux mètres carrés par client. En clair, un magasin de 100 mètres carrés pourra en accueillir 50.

Une mesure qui impose aux acheteurs de faire la queue à l’entrée. Et aux commerces de compter les personnes à l’intérieur.

« Ceux qui veulent acheter quelque chose en vitesse, ça peut les refroidir », explique Jia Hongye, employée d’un supermarché de la chaîne locale Jingkelong.

Dans son magasin, seules 12 à 13 personnes sont autorisées à faire leurs courses en même temps, précise-t-elle à l’AFP.

Devant les caisses, des employés ont posé sur le sol des bandes adhésives, espacées d’un mètre, pour rappeler aux clients de garder leurs distances.

– Masques et crachats –

A l’entrée d’un autre supermarché, le personnel distribue aux acheteurs des badges d’accès, qu’ils doivent remettre à la sortie. Ces passes sont ensuite trempés dans du désinfectant et remis aux consommateurs suivants.

« Seul un tout petit nombre de personnes » se plaignent, car la plupart des clients sont désormais « très sensibilisés » aux règles d’hygiène après un mois d’épidémie, explique à l’AFP une employée.

Pour éviter la formation de foules, les autorités de Pékin ont par ailleurs durci l’admission dans les parcs, notamment avec la douceur printanière qui revient.

Jeudi, celui de Beihai, juste à côté de la célèbre Cité interdite, était ainsi pratiquement désert.

« D’habitude, c’est très animé ici », explique Shang Lihua, une dame de 70 ans, qui d’ordinaire retrouve ici d’autres personnes âgées pour chanter et danser.

Avec « la situation qui s’améliore », elle a voulu venir jeter un oeil et se dégourdir les jambes, une première depuis le début de l’épidémie.

Les restrictions sont « nécessaires », estime un peu plus loin M. Li, 62 ans. Il peste contre la poignée de visiteurs ne portant pas de masques ou crachant par terre.

– ‘Aucun bénéfice’ –

Les entreprises, elles, sont sous pression pour prévenir toute nouvelle contamination, tout en reprenant progressivement le travail.

Les cinémas sont ainsi autorisés à rouvrir. Mais ils ne pourront vendre que des places espacées les unes des autres.

Certains immeubles de bureaux ou d’habitation, eux, limitent désormais à cinq ou six le nombre de personnes pouvant emprunter les ascenseurs.

« Nos coûts ont augmenté », se plaint de son côté Zhi Yuan, le patron d’un salon de coiffure.

Pour assurer la sécurité des clients, il utilise des serviettes jetables, désinfecte les lieux toutes les deux heures, et porte un masque chirurgical.

Des dépenses supplémentaires consenties alors que le nombre de clients quotidiens, lui, est en baisse: il est passé de 100 en temps normal à moins de 50 actuellement.

« On ne fait aucun bénéfice », déplore Zhi Yuan.

De nombreux commerces doivent également limiter leurs horaires d’ouverture, comme au marché de produits frais de Sanyuanli.

« Dans notre secteur, on se retrouve en première ligne », explique à l’AFP M. Wu, le directeur, expliquant que les vendeurs sont au contact de clients potentiellement infectés.

« On a pas mal de pression. Mais ça reste supportable car les horaires de travail ont été réduits de trois heures. »

A Lagos, le coronavirus rappelle les peurs de l’épidémie d’Ebola

Lorsque Joyce Alali a entendu que le premier cas de coronavirus en Afrique sub-saharienne avait été déclaré dans sa ville, Lagos, capitale économique du Nigeria, elle a su tout de suite quoi faire.

Étudiante-infirmière, elle a fouillé dans ses affaires pour retrouver toutes les protections qu’elle utilisait en 2014, lorsque l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest avait gagné la mégalopole tentaculaire créant un vent de panique au sein de ses 20 millions d’habitants.

« Dès que j’ai entendu la nouvelle d’une contamination à Lagos, j’ai pensé +Oh mon dieu, c’est pas possible+ », raconte la jeune fille de 25 ans. « J’ai cherché mon masque et mon désinfectant pour les mains… ceux que j’utilisais déjà pour Ebola, je ne les avais pas ressortis depuis! ».

L’Afrique de l’Ouest a déjà dû faire face à l’épidémie dévastatrice d’Ebola qui a fait quelque 11.000 morts entre 2013 et 2016.

Au premier cas d’Ebola signalé à Lagos, un vent de panique s’était propagé dans la ville, mais finalement, seules sept personnes étaient décédées, sur 19 contaminées.

Vendredi, le spectre d’une « épidémie urbaine apocalyptique », comme l’avait décrit l’OMS au sujet d’Ebola, a refait surface.

– Marché surpeuplé –

Les habitants de Lagos ont commencé à traquer les produits de protection, après qu’un ressortissant italien, de retour de Milan, ait été déclaré contaminé par le nouveau coronavirus dans un hôpital de Lagos.

Dans le marché multicolore de Balogun, au coeur de Lagos Island, les étals des vendeurs se suivent dans un chaos organisé. Dans ce temple de la débrouille et des bonnes affaires, on se bouscule, on échange des nairas (la monnaie locale) de mains en mains et on zigzague entre les ruelles et les vendeurs à la sauvette.

C’est l’un des quartiers les plus densément peuplés de l’immense mégalopole, avec plus de 12.000 personnes au km2, selon une étude de l’Etat de Lagos.

« J’ai entendu parler de ce virus il y a à peine deux heures », raconte une vendeuse de boissons fraîches et beignets d’une cinquantaine d’année. « Nous prions pour qu’il ne s’agisse que d’une seule personne, et que Dieu l’aide à guérir. Je suis inquiète, mais je ne veux pas paniquer », philosophe la vendeuse.

Aisha, 29 ans, est parée contre la maladie. Elle traverse les allées du marché avec un masque noir en coton, et ne se sépare plus de son désinfectant pour les mains. « Toute ma famille, mes amis m’ont appelée ce matin pour me dire d’être vigilante. Ca m’inquiète pour ma santé », confie la jeune fille à l’AFP.

Hassan Hafeez aussi est « très, très inquiet ». « Oh j’ai peur, j’ai peur, je ne veux pas mourir, j’ai encore plein de choses à faire dans le futur ».

Mais en attendant, le trentenaire vend des savons, du détergent, des produits pharmaceutiques dans une minuscule échoppe surchargée qu’il tient avec sa mère. Et pour l’instant, la crise est plutôt positive pour ses finances: il a vendu 20 flacons de désinfectant en quelques heures.

« Avant on le vendait pour 400 nairas (1 euro), mais maintenant c’est 600 nairas », explique-t-il. « Ce n’est pas moi qui augmente les prix, ce sont les fournisseurs! », assure-t-il. « Mais même à ce prix là, les gens achètent, ils ne veulent pas mourir ».

– Pénurie –

Dans le quartier huppé et voisin d’Ikoyi, les pharmacies étaient prises d’assaut.

« Il y a une pénurie de masques en ville, nous en avons commandé mais nous n’en avons pas trouvé, donc nous conseillons aux gens d’utiliser des mouchoirs », déclare calmement une pharmacienne.

Ce cas de contamination à Lagos, est le premier confirmé et officiel en Afrique subsaharienne. Le faible nombre de cas jusque-là enregistré sur le continent – un en Egypte et un en Algérie -, qui entretient des liens économiques étroits avec la Chine, a intrigué les spécialistes de la santé, qui suggéraient que le continent n’avait sans doute pas les moyens de détecter le virus.

Mais le responsable de la Santé de l’Etat de Lagos, Akin Abayomi, s’est voulu rassurant: « Nous menons une campagne très agressive de sensibilisation. Nous avons suivi une formation approfondie », a-t-il affirmé vendredi.

Les autorités ont mis en place des centres de quarantaine à Lagos et Abuja et trois laboratoires du pays sont capables de de diagnostiquer le virus.

A La Mecque, les pèlerins se protègent du coronavirus et s’en remettent à Dieu

« Nous sommes entre les mains de Dieu »: en pèlerinage à La Mecque, Nadia Bitam dit ne pas avoir peur du coronavirus. Comme les autres fidèles arrivés dans la ville sainte juste avant la suspension jeudi des visas par les autorités saoudiennes, elle prend toutefois ses précautions.

Arrivée d’Algérie cinq jours avant la décision de Ryad de suspendre l’octroi de visas pour la Omra, le petit pèlerinage, Nadia, la cinquantaine, se considère « chanceuse ».

Elle se trouve à quelques mètres du sanctuaire le plus saint de l’islam, la Kaaba, une structure cubique enveloppée dans une étoffe noire brodée d’or et vers laquelle les musulmans du monde entier se tournent pour prier.

« Je n’ai pas peur (…) Nous prenons des précautions », dit-elle en désignant les masques blancs couvrant le bas de son visage et celui de sa soeur qui l’accompagne.

Le royaume qui n’a pas encore été touché par l’épidémie de coronavirus, a annoncé jeudi suspendre « temporairement » l’entrée des pèlerins se rendant dans la ville sainte, une décision d’une ampleur sans précédent destinée à prévenir « l’arrivée » du nouveau coronavirus qui s’est propagé dans le Golfe, affectant particulièrement des personnes revenant d’Iran, pays le plus lourdement touché après la Chine.

Les sols de la Grande mosquée sacrée sont lavés quatre fois par jour, quelque 13.500 tapis de prière ont été retirés, d’autres ont été désinfectés, selon les autorités. Chaque année, La Mecque accueille des millions de fidèles pour la Omra.

Parmi eux, Hossam Eldin Ali, un jeune Turc de 21 ans qui étudie la loi islamique -la charia-, à l’université d’Al-Azhar au Caire. « Comment pourrait-on avoir peur dans la maison de Dieu? », s’interroge-t-il. « Même si j’étais infecté, je mourrais en martyr ici. »

– « Pertes importantes » –

Robina Mahmoud guide un groupe d’une centaine de pèlerins venus des Pays-Bas. Elle dit s’assurer en permanence que tous portent un masque, boivent de l’eau et se lavent les mains régulièrement.

« Cela nous protégera certainement, mais le reste est entre les mains de Dieu », lance la jeune femme qui, sous ses lunettes, porte elle-même un masque.

Avec des centaines de milliers de fidèles en pèlerinage, les masques ont été pris d’assaut dans les pharmacies adjacentes à la Grande mosquée.

« La demande au cours des deux derniers jours est sans précédent. J’ai vendu 200 boîtes en trois jours, notre stock pour tout le mois », indique un pharmacien syrien.

Les affaires sont en revanche moins bonnes pour les hôteliers. « Des groupes entiers (de pèlerins) ont annulé leurs réservations à cause de la suspension des visas », déplore Mahfouz, un expatrié égyptien qui loue des chambres dans plusieurs hôtels de la ville sainte.

« Je compte toujours mes pertes, elles sont importantes », se désole-t-il.

« Au moins 20 chambres sont annulées quotidiennement. Malheureusement, cela se produit pendant la saison haute de la Omra », confirme un employé d’un hôtel près de la Kaaba.

– « Sécurité des personnes » –

Les autorités saoudiennes, appuyées par les plus grandes institutions musulmanes comme l’Université al-Azhar, martèlent que leur décision est justifiée.

« Nous avons chaque mois des centaines de milliers de pèlerins de toutes les régions du monde. Si (le virus) arrive ici et se propage, ce sera une épidémie mondiale », explique un responsable saoudien qui a requis l’anonymat.

Pour le royaume, qui observe une application très strict de l’islam, « la sécurité des personnes est plus importante que la pratique de la Omra », assure-t-il.

En 2003, l’Arabie saoudite avait suspendu l’octroi de visas pour la Omra mais seulement à certains pays d’Asie, en raison du syndrome respiratoire aigu sévère (Sras), qui avait fait 774 morts dans le monde, bilan largement dépassé par le nouveau coronavirus.

En plus du visa pour le petit pèlerinage, Ryad a décidé de suspendre l’octroi de visas touristiques au ressortissants de sept pays, dont ceux particulièrement touchés par le virus, tels que la Chine, l’Italie et la Corée du Sud.

Les autorités saoudiennes ne se sont pas encore exprimées sur d’éventuelles mesures de précaution dans l’organisation du hajj, le grand pèlerinage de La Mecque qui doit avoir lieu cette année entre fin juillet et début août. Il avait rassemblé quelque 2,5 millions de fidèles en 2019.

L’ex-président angolais échappera-t-il au grand ménage anticorruption ?

Son fils Jose Filomeno pointe depuis deux mois dans le box des accusés d’un tribunal pour avoir vidé 500 millions de dollars des caisses de l’Angola. Et sa milliardaire de fille Isabel vient d’être inculpée pour en avoir détourné au moins le double.

Mais, loin de ce fracas politico-judiciaire, l’ex-président Jose Eduardo dos Santos, 77 ans, coule une retraite paisible en Espagne.

S’il est accusé d’avoir largement livré les ressources nationales à la cupidité d’une poignée de proches, le maître absolu du pays pendant trente-huit ans a échappé à l’opération « mains propres » menée par son successeur Joao Lourenço.

Au moins provisoirement.

« S’attaquer à dos Santos lui-même serait politiquement très risqué », explique l’analyste Paula Cristina Roque, de l’université britannique d’Oxford. « Ses enfants ne disposent que de peu de soutien au sein du MPLA (le parti au pouvoir) », note-t-elle, « mais c’est une toute autre histoire avec lui ».

A son arrivée au pouvoir en 2017, la volonté manifestée par Joao Lourenço d’éradiquer la corruption qui gangrène le deuxième producteur de pétrole du continent africain n’a guère suscité que des haussements d’épaules.

Le MPLA au pouvoir, l’opposition et la population n’ont alors vu dans les propos de l’ex-ministre de la Défense que des promesses de campagne sans importance.

Alors c’est peu de dire que le limogeage systématique des patrons d’entreprises publiques, hauts fonctionnaires ou militaires proches de l’ancien régime a déstabilisé l’establishment angolais.

Symboles du système népotique reproché au père dos Santos, ses enfants n’ont pas été épargnés.

– « Persécution » –

Un temps patron du puissant fonds souverain du pays, Jose Filomeno a été arrêté et emprisonné six mois. Il risque désormais plusieurs années de prison.

Première femme milliardaire d’Afrique, sa demi-sœur Isabel a été débarquée de la tête de la compagnie pétrolière nationale Sonangol, ses avoirs angolais ont été gelés et elle vient d’être inculpée d’une flopée de crimes financiers.

Le mois dernier, une enquête du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) a enfoncé le clou en accusant Mme dos Santos, preuve de ses montages financiers à l’appui, d’avoir « siphonné les caisses » du pays.

De son exil forcé de Londres et Dubaï, celle que les Angolais ont baptisée la « Princesse » nie et crie à la « persécution » politique.

Avec elle, les critiques de Joao Lourenço ont relevé que certains proches de l’actuel chef de l’Etat, à commencer par l’ancien vice-président Manuel Vicente, avaient été opportunément oubliés par les juges.

Le porte-parole du procureur général, Alvaro Joao, dément toutefois tout traitement de faveur.

« Le parquet s’intéresse à ces deux enfants (…) car il a mis au jour leur mauvaise gestion des deniers publics », justifie M. Joao, en rappelant que bien d’autres potentats ont eux aussi subi les foudres de la justice angolaise.

Sélectif ou pas, le grand nettoyage opéré par Joao Lourenço bénéficie en tout cas d’un large soutien dans le pays.

– Son heure viendra –

« La corruption est un mal qui corrompt la société angolaise depuis la mise en place du régime (du MPLA en 1975) », rappelle l’avocat Salvador dos Santos, à la tête d’une ONG. « Au plus haut niveau (de l’Etat), personne ne vit de son salaire ou de revenus légaux, tout n’est que triche et fraude ».

Dans ce pays resté un des plus pauvres de la planète malgré sa manne pétrolière, la rue non plus ne cache pas sa satisfaction de voir tomber la famille dos Santos.

« Je n’ai pas de mots pour qualifier Isabel », lâche le mécanicien Tayson Madrugada, 20 ans, dans son garage de la capitale. « Elle s’est servie de notre pays et a fait des affaires qui n’ont pas créé d’emplois pour les jeunes d’ici ».

Le parquet affirme aujourd’hui ne pas envisager de s’attaquer à Jose Eduardo dos Santos.

« A l’heure actuelle, il n’existe pas de preuve suggérant que l’ex-président ait commis d’infraction », assure Alvaro Joao. En rappelant que M. dos Santos reste constitutionnellement protégé de toute poursuite criminelle par son statut jusqu’en 2022 – cinq ans après la fin de son mandat.

Inlassable pourfendeur des turpitudes de l’ex-famille régnante, le journaliste Rafael Marques veut croire que, passée cette date, le chef tombera lui aussi dans les mailles du filet.

« Beaucoup de ceux qui ont déjà été inculpés l’ont cité », détaille-t-il, « des enquêtes sont en cours (…) il va devoir répondre à certaines questions ».

C’est ainsi le cas dans « l’affaire » Jose Filomeno, où l’ancien gouverneur de la Banque centrale Valter Filipe da Silva, lui aussi sur le banc des accusés, a expliqué avoir utilisé les fonds détournés sur ordre de l’ancien chef de l’Etat.

« Dos Santos n’échappera pas à la justice, son heure viendra », assure Rafael Marques, « la seule question est de savoir si sa santé ne le trahira pas d’ici à 2022 ».

Handicap: des Centrafricains de la clinique au terrain de basket

Soudain, les joueurs s’élancent. Passe. Esquive. Feinte. Ce pourrait être un entraînement de basket comme un autre, mais ici, le bruit des chaussures de sport est remplacé par le glissement des roues sur l’asphalte brûlant.

Autour du ballon, se livre un ballet de fauteuils virevoltants emmenés par les bras d’acier de leurs propriétaires. Demi-tour à pleine vitesse, en équilibre sur une roue…

En Centrafrique, le basket est un sport national. Malgré le manque de moyens dans un des pays les plus pauvres du monde, l’équipe handisport n’est pas en reste: elle est même devenue vice-championne d’Afrique de basket handisport en 2001.

Idriss Feissal, membre de l’équipe nationale depuis 2003, coache les cinq sportifs à l’entraînement sur ce petit terrain égaré dans la capitale.

« Allez ! Plus long! » harangue ce quadragénaire aux biceps d’haltérophile, cloué à son fauteuil depuis qu’il a cinq ans. Ses élèves redoublent d’efforts. « Quand tu travailles le physique, ton handicap change », insiste-t-il.

Un handicap particulièrement difficile à vivre dans ce pays où les infrastructures manquent. Pour se rendre à l’entraînement, les joueurs et joueuses doivent parcourir plusieurs kilomètres sur des avenues constellées de crevasses et des allées de terre défoncée, sous un soleil écrasant.

« Parfois, ils finissent par abandonner », déplore Idriss, qui a lui-même conçu un tricycle à pédales spécialement adapté aux handicapés. Mais bien peu d’habitants ont les moyens de s’offrir un de ces appareils.

– Handicapé par la guerre –

A Bangui, toutefois, existe une clinique discrète où les personnes atteintes de handicaps moteurs peuvent trouver du secours: le centre de l’Association Nationale de Rééducation et d’Appareillage de Centrafrique (Anrac), fondée en 1997. Une structure unique dans un pays ravagé par trois guerres civiles, où des milliers de personnes ont été victimes de séquelles post-conflit.

Assis sur un banc de bois à l’entrée de ce petit bâtiment, Eddy Ngalikossi, 40 ans, exhibe avec satisfaction la prothèse qui lui a sauvé la vie.

Ce commerçant en informatique s’apprêtait à quitter son magasin quand les rebelles de la Séléka, la coalition à dominante musulmane qui venait de s’emparer de la capitale en 2013, lui ont tiré dessus. Transporté à l’hôpital et amputé, il s’est retrouvé sans emploi pour nourrir ses enfants.

« Quand c’est arrivé, je savais que pour moi, c’était fini », assure-t-il.

A l’époque, le pays est plongé dans le chaos, et ses infrastructures de santé embryonnaires sont dépassées.

Mais depuis 2013, l’Anrac bénéficie du soutien du Comité international de la croix rouge (CICR), qui finance les équipements et la formation des personnels.

Juste derrière la salle d’accueil, se cache un atelier enveloppé de poussière blanche où une dizaine de techniciens poncent, découpent, et fixent des prothèses sur mesure pour les patients.

– Isolés par le handicap –

Vient ensuite le temps de l’apprentissage : marcher sur un terrain plat, accidenté, à monter un escalier, à s’assoir dans les minibus toujours bondés… « Aujourd’hui, je peux marcher avec une canne », se réjouit Eddy.

Mais ce travail de fabrication et de rééducation demande du temps. Et les 339 patients accueillis par le centre en 2019 sont une goutte d’eau au regard du nombre souffrant de handicaps ou de séquelles post-conflit identifiés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans le pays : environ 30.000 personnes chaque année. Un chiffre qui pourrait encore être sous-estimé selon le docteur Godefroy Bombaïda, directeur du centre.

« Depuis la crise, le nombre de personnes amputées a triplé », assure-t-il.

Les problèmes d’infrastructures limitent la prise en charge des patients en province. Et à Bangui, rares sont les personnels assez formés pour assurer la construction des prothèses et le suivi des patients.

La construction d’un nouveau centre, avec une capacité d’accueil de 1.700 personnes, est prévue pour le mois de mai 2020. Celui-ci devrait aussi permettre d’assurer une prise en charge psychologique pour ces personnes souvent isolées socialement.

« La famille, c’est pas facile. Si tu as les moyens, ça va. Mais si tu en es dépourvu, qui s’approchera de toi? », s’agace Eddy. « Quand j’ai perdu ma jambe, j’ai pensé à me suicider. Et je connais plusieurs handicapés qui se sont suicidés, à cause de ce manque de soutien ».

Idriss, lui aussi, a vécu cet isolement. « Dans le quartier, tout le monde me négligeait. C’est grâce aux compétitions que j’ai rencontré ma femme, et fondé une famille », explique-t-il. « Maintenant, je voyage. Ceux qui me négligeaient, ils sont encore au quartier! »

Changer la Constitution pour rester au pouvoir, une pratique courante en Afrique

Le président Alpha Condé, qui soumet dimanche une nouvelle Constitution aux Guinéens par référendum, est accusé de manœuvrer pour briguer un troisième mandat. Il entretient le flou sur ses intentions personnelles. Mais de nombreux chefs d’Etat africains ont tenté – et très souvent réussi – de se maintenir au pouvoir en modifiant la Constitution.

– Tentatives réussies

– COMORES: Un référendum constitutionnel renforce en 2018 les pouvoirs d’Azali Assoumani, lui permettant de briguer deux mandats au lieu d’un. Celui-ci est réélu en 2019 lors d’un scrutin entaché de fraudes.

– RWANDA: Une réforme de la Constitution adoptée fin 2015 permet à Paul Kagame de se présenter pour un nouveau mandat en 2017 et de potentiellement diriger le pays jusqu’en 2034.

– CONGO: Une nouvelle Constitution adoptée par référendum en 2015 fait sauter les verrous qui interdisaient à Denis Sassou Nguesso de briguer un 3e mandat: la limite d’âge et celle du nombre des mandats. Il est réélu en 2016.

– BURUNDI: La candidature de Pierre Nkurunziza à un 3e mandat plonge le pays en 2015 dans une grave crise (au moins 1.200 morts). M. Nkurunziza, au pouvoir depuis 2005, a annoncé en 2018 qu’il ne se présenterait pas à sa succession en 2020, alors que la nouvelle Constitution adoptée par référendum le lui permet.

– ZIMBABWE: Une nouvelle Constitution adoptée en 2013 permet à Robert Mugabe de se porter candidat à la présidentielle. Mais celui-ci est contraint à la démission en 2017, après 37 ans de règne. Il est décédé en 2019.

– DJIBOUTI: Le Parlement, entièrement acquis à la cause d’Ismaël Omar Guelleh, adopte en 2010 une révision constitutionnelle supprimant toute limitation du nombre de mandats présidentiels. Au pouvoir depuis 1999, Omar Guelleh a pu briguer de nouveaux mandats en 2011 et 2016.

– ALGERIE: Le Parlement adopte en 2008 une révision de la Constitution supprimant la limitation à deux du nombre de mandats présidentiels. Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 1999, est réélu en 2009 puis en 2014. Il est poussé à la démission en avril 2019 sous la pression d’une contestation inédite.

– CAMEROUN: Une révision constitutionnelle en 2008 supprime la limitation des mandats présidentiels. Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, est réélu pour un 7e mandat en 2018.

– OUGANDA: Une réforme de la Constitution supprime en 2005 toute restriction du nombre de mandats pour le chef de l’Etat. En 2019, la Cour suprême valide la suppression de la limite d’âge pour la présidence, permettant à Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 1986, de se représenter en 2021.

– TCHAD: Une révision constitutionnelle adoptée lors d’un référendum controversé en 2005 supprime la limitation à deux quinquennats présidentiels. Idriss Deby Itno, au pouvoir depuis 1990, est réélu en 2016 pour un 5e mandat.

– TOGO: Un amendement à la Constitution fait disparaître fin 2002 la limite de deux mandats présidentiels, permettant à Gnassingbé Eyadéma, au pouvoir depuis 1967, de briguer un nouveau mandat en 2003. Son fils, Faure Gnassingbé, qui lui a succédé après son décès en 2005, a été depuis réélu lors de scrutins contestés par l’opposition.

– Tentatives avortées

Au BURKINA FASO, la volonté de Blaise Compaoré de modifier la Constitution afin de briguer un nouveau mandat après plus de 27 ans de pouvoir est à l’origine du soulèvement populaire qui le contraint à l’exil en 2014.

En ZAMBIE, Frederick Chiluba a dû y renoncer en 2001 sous la pression populaire, et au MALAWI, le Parlement s’est opposé en 2002 à ce que Bakili Muluzi brigue un 3e mandat en 2004.

Des samouraïs aux Jedi, mille déclinaisons de kimono s’exposent à Londres

Yves Saint Laurent, George Lucas, David Bowie: tous ont été séduits par le charme du kimono, cet habit traditionnel japonais dont les multiples déclinaisons, du costume de Jedi à la version design, sont célébrées dans une exposition à Londres.

« Quand on pense à la mode, le kimono n’est peut-être pas la première chose qui nous vient en tête », concède le directeur du musée Tristram Hunt. Mais le but de l’exposition « Kimono: de Kyoto aux podiums », qui s’ouvre samedi au Victoria and Albert Museum et dure jusqu’au 21 juin, est justement de « remettre en cause cette perception ».

Dès l’entrée, sont juxtaposés un kimono traditionnel datant de 1800, une création moderne du styliste japonais Jotaro Saito et une pièce d’exception du Britannique John Galliano pour Dior.

Pour M. Hunt, ce triptyque « montre comment la mode du kimono n’a cessé d’être traduite au-delà les frontières culturelles et géographiques ».

Son influence s’est même étendue jusqu’à des galaxies lointaines, très lointaines, inspirant la tenue de maître Jedi portée par Alec Guinness lorsqu’il incarne dans « Star Wars » le vénérable Obi-Wan Kenobi.

Au total, plus de 100 pièces sont exposées. La plus ancienne, datant d’environ 1660-1680, séduit par ses sobres motifs de feuilles d’érable brodées sur un tissu aquatique. Le plus récent est un long manteau à capuche de style streetwear, fabriqué en 2019 par le jeune styliste Milligan Beaumont.

– Unisexe –

« C’est l’extrême simplicité de la forme du kimono qui permet de le déconstruire et de le reconstruire de multiples façons », explique à l’AFP la commissaire d’exposition, Anna Jackson, vantant aussi « sa fluidité ».

Pour Mme Jackson, « beaucoup sont séduits par le drapé tombant sur les épaules », pour d’autres, « c’est la ceinture centrale » (obi) ou encore « les tissus somptueux, les motifs extraordinaires et la façon inhabituelle dont ces deux éléments sont combinés ».

Le kimono, une pièce portée à la fois par les hommes et les femmes depuis le Moyen-Age japonais, a fait son apparition en Europe au cours de l’ère Edo (1615-1868), lorsque la Compagnie néerlandaise des Indes orientales est autorisée à commercer avec le Japon, malgré sa politique fortement isolationniste.

Au XIXe siècle, le Japon s’est mis à fabriquer des kimonos avec de la soie française, et l’Europe à imiter l’habit traditionnel à partir de tissus japonais. Depuis lors, cette pièce iconique n’a cessé d’influencer la mode internationale.

– Élégance et performance –

Au fil du temps, les broderies traditionnelles – roseaux, cerisiers, nénuphars, oiseaux ou dragons- ont cédé la place à des formes géométriques sophistiquées, voire des motifs psychédéliques.

Le styliste français Jean-Paul Gaultier raccourcit le kimono à mi-jambe dans une création rouge feu, en 1998, destinée à la pop star Madonna. En 1997, Alexander McQueen crée pour la chanteuse Björk une version élargie au cou et aux manches raccourcies, lui offrant ainsi un look expérimental et avant-gardiste à sa hauteur.

En 2005, Yohji Yamamoto réinterprète le kimono dans une version en crêpe de soie qui capture toute son ambiguïté vis-à-vis du genre, comme avait déjà su le faire Freddie Mercury dans les années 1970, lorsqu’il portait ce vêtement sur scène après une tournée de Queen au Japon.

« C’est un vêtement non-sexué. Fondamentalement, sa forme ne change pas, que vous soyez un homme ou une femme », analyse Anna Jackson, pour qui cette pièce a « le sens de la performance ».

Un attrait dont a notamment su se saisir le chanteur David Bowie pour construire son alter-égo futuriste Ziggy Stardust.

« Toute mode est dans un certain sens une performance », ajoute la commissaire d’exposition, « mais dans un kimono, c’est très facile de le faire avec élégance ».

Dieselgate: Volkswagen trouve un accord pour boucler son méga-procès en Allemagne

Dénouement en vue pour le plus grand procès « dieselgate » en Allemagne: Volkswagen et une association représentant quelque 400.000 clients sont parvenus vendredi à un accord, qui pourrait voir le constructeur débourser près d’un milliard d’euros.

« A l’issue de plusieurs jours de négociation », les deux parties « ont conclu un accord » a annoncé vendredi le tribunal de Brunswick, où s’était ouverte fin septembre cette méga-audience sur le scandale des moteurs truqués.

Comme ces discussions se sont tenues hors de tout cadre judiciaire, le procès ne peut prendre fin que si les requêtes visant Volkswagen sont retirées.

Les requérants, rassemblés dans cette première « procédure modèle » allemande, similaire à une « class action » à l’américaine, demandent réparation pour leurs voitures équipées de moteurs diesels truqués.

Le groupe automobile est accusé d’avoir délibérément nui à ses clients en installant à leur insu un logiciel faisant paraître les véhicules moins polluants qu’ils ne l’étaient en réalité.

En attendant les détails donnés par les deux parties à 12H00 GMT, l’accord pourrait voir Volkswagen rembourser ses clients à hauteur de 830 millions d’euros.

– 30 milliards d’euros –

Telle était en tout cas la substance d’un accord initialement négocié, mais qui a échoué il y a deux semaines en raison d’un désaccord sur la rémunération des avocats et les modalités de versement des dédommagements.

Le groupe automobile et la VZBV s’étaient alors accusés mutuellement d’être responsables de « l’échec » des pourparlers. Mais le constructeur a proposé des remboursements à ses clients même sans le soutien de l’association.

Ce scandale à tiroir remonte à septembre 2015, quand le géant automobile allemand a avoué avoir équipé 11 millions de véhicules de logiciels truqueurs, et hante depuis l’industrie automobile allemande.

Sans résolution amiable, ce premier grand procès de consommateurs en Allemagne devait durer au moins jusqu’en 2023.

Le montant de 830 millions d’euros peut paraître relativement modeste comparé aux 30 milliards d’euros qu’a déjà coûté le dieselgate au constructeur allemand.

L’essentiel de cette somme — frais juridiques, amendes et dédommagements — a pour l’heure été déboursé aux Etats-Unis, notamment pour indemniser les clients pour la reprise de leurs véhicules.

En Allemagne, le constructeur n’a payé jusqu’ici que trois amendes d’un total de 2,3 milliards d’euros et conteste avoir causé des dommages aux automobilistes.

– Cascade de procédures –

Il reste cependant sous la menace d’une cascade de procédures à la fois civiles et pénales, notamment les requêtes individuelles en indemnisation, dont une partie a abouti à des règlements amiables.

Plusieurs dirigeants du groupe, dont l’actuel PDG Herbert Diess et le président du conseil de surveillance, Hans Dieter Pötsch, ainsi que l’ancien patron Martin Winterkorn et l’ancien patron de la marque Audi Rupert Stadler, sont visés par des enquêtes.

La semaine dernière, les bureaux de Porsche ont une nouvelle fois été perquisitionnés par les enquêteurs, selon l’hebdomadaire Der Spiegel.

Dans un procès engagé il y a un an, des investisseurs réclament un dédommagement pour la chute spectaculaire du cours en Bourse de l’action dans les jours qui ont suivi les révélations.

En France, une fondation néerlandaise a lancé fin janvier une action collective contre Volkswagen.

Au-delà du front judiciaire, le scandale a accéléré le déclin du diesel et les voitures diesel risquent d’être bannies de plusieurs villes allemandes en raison de leur niveau de pollution en oxyde d’azote (NOx).

Volkswagen tente, lui, de tourner la page en investissant plus de 30 milliards d’euros dans la voiture électrique dans la course pour respecter de strictes normes européennes d’émissions de CO2.

En Bosnie, l’immense désarroi des parents d’enfants handicapés

Des photos montrant des enfants handicapés attachés au radiateur ont choqué récemment la Bosnie mais surtout mis en lumière le désarroi de familles abandonnées par l’Etat, contraintes de se débrouiller seules ou de les placer dans des établissements indignes.

Après la publication en novembre par Sabina Cudic, députée de l’opposition, de clichés d’enfants aux mains ligotées dans un centre spécialisé proche de Sarajevo, le parquet a ouvert une enquête et son directeur a été limogé.

Dans ce pays de 3,5 millions d’habitants, l’un des plus pauvres d’Europe, environ 3.000 mineurs vivent dans ce genre d’établissements, selon l’ONG Sumero, spécialisée dans l’inclusion. Ils sont « l’ultime solution » pour des parents à bout, livrés à eux mêmes.

Le frère de Muamer Kulelija souffre de problèmes mentaux et habite dans l’établissement incriminé depuis une vingtaine d’années. L’enquête du parquet, qui porte aussi sur les présumés détournements de fonds, n’est pas terminée mais pour Muamer, les problèmes du centre tiennent en particulier au manque de personnel compétent.

« Quand je réagissais, mettant en cause la compétence du personnel, on menaçait de mettre mon frère à la porte », raconte Muamer, 41 ans, à l’AFP.

D’après la presse locale, seule une trentaine d’employés, sur 150 au total, travaillaient directement auprès des 350 enfants du centre.

En Bosnie, les enfants souffrant de troubles du développement « naissent, grandissent, vivent et meurent isolés, en marge » de la société, dénonce Aleksandra Ivankovic, experte judiciaire pour les droits des personnes handicapées.

– Pas de chiffres –

Il n’existe aucune estimation officielle du nombre d’enfants handicapés en Bosnie mais les autorités ont promis un registre.

Les parents voudraient que l’Etat partage le fardeau afin de pouvoir garder leur enfant auprès d’eux.

Mirsada Begovic, 52 ans, lutte depuis des années, avec d’autres mères, pour l’ouverture de centres de jour où les enfants pourraient être admis durant leurs heures de travail. Aucune structure de ce type n’existe à Sarajevo.

Cette mère passe 24 heures sur 24 avec son fils Ilhan, 17 ans, atteint de graves troubles moteurs et cognitifs.

Ilhan n’a jamais parlé. S’il parvient aujourd’hui à faire quelques pas, c’est grâce à la détermination de sa mère et à des heures d’exercices quotidiens.

« Nous n’avons aucun soutien public. Personne ne vient en aide aux parents et ils finissent par sombrer », dit Mme Begovic.

Son mari gère un petit magasin de batteries de voiture et ils ont pu financer des traitements pour Ilhan.

– « Entraînés à dire +non+ » –

Mais beaucoup de parents n’ont pour survivre qu’une allocation mensuelle d’enfant handicapé allant de 150 à 400 marks bosniens (75 à 200 euros).

« L’épuisement mental, physique et financier » des parents « délaissés par l’Etat » a pour conséquence la séparation de plus de 70% des couples concernés, constate Ines Kavalec, présidente de l’association « Donnez-nous une chance ».

Son association fournit un soutien psychologique et une aide concrète à 600 familles.

« Les parents ont la possibilité de nous confier leur enfant le temps d’une consultation médicale, pour aller au cinéma, voir un ami, faire du sport », dit cette mère d’un adolescent atteint de paralysie cérébrale.

Après le choc subi en apprenant l’autisme de son fils, Saudin Hrnjic a rapidement compris les limites du système public. Il « ne vous propose rien » sinon un diagnostic, résume cet homme de 49 ans.

Il a délaissé sa carrière de designer industriel pour s’occuper d’Anur, sept ans.

« Le manque de personnel hospitalier compétent est effarant ». Très vite les parents « commencent à devenir fous » en côtoyant le personnel administratif entraîné à dire +non+ », raconte-t-il.

– « Un peu de charité »-

Muamer Kulelija explique qu’il se bat « sur deux fronts », pour son frère mais aussi sa fille de 10 ans, qui souffre d’une déficience auditive.

Il a fallu plus deux ans après la naissance pour poser un diagnostic: « Les médecins nous disaient qu’elle entendait bien mais qu’elle était paresseuse ».

Aleena a droit tous les trois ans à 550 marks bosniens (280 euros) pour l’achat d’un appareil auditif alors qu’un appareil adapté coûte au moins 1.300 euros, raconte son père, employé de supermarché.

Les associations tentent de combler les carences, comme « Colibri », fondée par Saudin Hrnjic et son épouse Aida.

Ils organisent des ateliers pour une centaine d’enfants. C’est aussi un lieu d’échanges pour les parents.

En attendant son fils, une jeune maman, amère, explique avoir obtenu un rendez-vous pour une IRM (imagerie à résonance magnétique) mais dans six mois seulement.

Pour toute la Bosnie, il n’y a que deux neuropédiatres, souligne Aida Hrnjic.

« Pour le système, nos enfants méritent un peu de charité et c’est tout. Il ne compte pas sur eux », constate, amer, son mari.

Coronavirus en Corée du Sud: BTS annule ses concerts, les cas se multiplient

Les mégastars de la K-pop BTS ont annoncé vendredi l’annulation de concerts géants prévus en avril à Séoul, alors que la Corée du Sud vient d’enregistrer près de 600 nouveaux cas de coronavirus soit bien plus en 24 heures qu’en Chine où était apparue l’épidémie.

Le boys band, à l’heure actuelle l’un des plus grands phénomènes musicaux au monde, avait quatre dates programmées au Stade olympique de Séoul pour promouvoir son dernier album, « Map of the Soul: 7 ».

Au total, plus de 200.000 groupies auraient dû se masser sur quatre soirs dans l’enceinte qui avait accueilli les Jeux de 1988, a indiqué dans un communiqué Big Hit Entertainement, l’agent des sept garçons au look tellement soigné.

Big Hit Entertainement a expliqué que cette annulation était « inévitable » car il est « impossible à ce stade de prédire l’ampleur de l’épidémie » qui génère beaucoup d’incertitude logistique pour l’organisation des concerts, mais aussi pour les spectateurs.

« Nous devons prendre en compte la santé et la sécurité des centaines de milliers de spectateurs et des artistes », a poursuivi Big Hit.

De nombreux événements culturels et sportifs ont été annulés ou reportés en Corée du Sud à cause de l’épidémie, parmi lesquels des matches du championnat national de football ou encore les Mondiaux de tennis de table par équipes.

– Usine Hyundai à l’arrêt –

La reprise des cours après les vacances a été différée et les Etats-Unis, dont 28.500 soldats sont stationnés sur la péninsule, ont ajourné avec leur allié sud-coréen leurs prochains exercices militaires conjoints.

Hyundai Motor, cinquième constructeur automobile mondial en incluant sa filiale Kia, a suspendu l’activité d’une de ses usines d’Ulsan (sud-est), dont un des employés avait été testé positif au coronavirus, rapporte l’agence sud-coréenne Yonhap.

Le groupe avait déjà suspendu la production il y a quelques semaines en raison d’une pénurie de pièces détachées chinoises, conséquence, déjà, de l’épidémie.

Vendredi, Séoul a fait état de 571 nouveaux cas, ce qui porte son total de personnes contaminées à 2.337 –le bilan le plus élevé pour un seul pays, après la Chine.

Pour le deuxième jour consécutif, cette augmentation journalière est en outre supérieure à celle annoncée par la Chine. Cette dernière a fait état vendredi de 327 nouveaux cas.

Treize personnes infectées ont péri en Corée du Sud.

Plus de 90% des nouveaux cas ont été enregistrés à Daegu, la quatrième ville du pays, et dans la province voisine de Gyeongsang du Nord.

Ce bilan devrait continuer de grimper car les autorités ont commencé à effectuer des tests sur au total plus de 275.000 fidèles de l’Eglise Shincheonji de Jésus, une organisation qualifiée de secte par ses détracteurs et qui est directement liée à la moitié des cas de contamination répertoriés dans le pays.

L’épidémie de coronavirus s’est répandue comme une traînée de poudre dans les rangs de ce mouvement à partir d’une de ses fidèles, une femme de 61 ans identifiée comme le patient 31.

Elle a commencé à souffrir de fièvre le 10 février et assisté à au moins quatre offices de Shincheonji à Daegu avant d’être diagnostiquée comme porteuse du virus.

– 68.000 personnes testées –

Le maire de Daegu, Kwon Young-jin, a déclaré que le total des cas dans son agglomération pourrait atteindre les 3.000, selon Yonhap.

Voilà plusieurs jours que les artères de cette ville de 2,5 millions d’habitants sont désertées, beaucoup de magasins et de restaurants ayant fermé leurs portes. Vendredi, les masques de protection étaient à nouveau largement disponibles, selon des journalistes de l’AFP.

Les autorités ont multiplié les consignes, exhortant les habitants à rester chez eux s’ils développaient des symptômes. Mais la 12e économie mondiale n’envisage pas de cordon sanitaire autour de la ville, comme la Chine a pu le faire pour Wuhan d’où est partie l’épidémie en décembre.

La Corée du Sud possède un système médical de pointe, une presse libre et une très forte culture de la transparence, ce qui, selon les observateurs, explique aussi le caractère élevé des chiffres des contaminations. Plus de 68.000 personnes ont déjà été testées.

BTS (abréviation de Bangtan Sonyeondan, qui signifie « Boy scouts résistants aux balles ») est un phénomène musical planétaire.

Il est le premier groupe de K-pop à avoir atteint le sommet des ventes aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne et a enchaîné les concerts à guichets fermés à Los Angeles, Chicago ou Londres, ou encore enflammé en juin un Stade de France plein à craquer.

« Map of the Soul: 7 » est l’album sud-coréen qui a été le plus commandé en préventes, puisque quatre millions de copies avaient été achetées avant sa sortie dans les bacs la semaine dernière.

Mais où est Obama? Le grand absent omniprésent face à l’ascension de Sanders

Pour un grand absent, Barack Obama pourrait difficilement être plus présent dans l’âpre bataille que se livrent les candidats à l’investiture démocrate pour la présidentielle.

Cité des dizaines de fois lors des débats, mis en vedette (non consentante) dans des spots de campagne, lui s’en tient strictement à son silence malgré ses avertissements, en coulisses, contre le coup de barre à gauche promis par le favori Bernie Sanders.

« L’establishment panique » ou « Présenter Bernie Sanders contre Trump serait un acte de folie »: les gros titres des médias américains reflètent le désarroi de certains démocrates modérés, qui revendiquent leur filiation avec Obama.

Ils s’inquiètent de voir ce « socialiste » autoproclamé affronter en leur nom le président républicain Donald Trump lors de la présidentielle de novembre.

Après ses bons résultats dans les premiers Etats ayant voté, le sénateur indépendant est, à 78 ans, le grand favori des primaires démocrates.

Et l’avalanche de scrutins prévue mardi pour le « Super Tuesday » pourrait lui offrir une avance pratiquement imparable pour remporter l’investiture du parti.

« La plupart des démocrates initiés sont convaincus qu’il n’y a qu’une façon d’arrêter, ou du moins de freiner, Sanders »: que Barack et Michelle Obama « se rallient derrière un autre candidat »… Et de préférence avant le « Super Tuesday », avançait mardi un éditorialiste de CNN, Chris Cillizza.

En novembre, Barack Obama avait affirmé devant des donateurs démocrates que la bataille électorale se remporterait au centre.

Les Américains ne pensent pas « que nous devons détruire complètement le système et tout recommencer », avait-il déclaré, soulignant que les Etats-Unis n’étaient pas un pays « révolutionnaire ».

S’il ne citait personne, tous avaient pensé à Bernie Sanders, qui prône une « révolution » politique.

A l’automne toujours, le site Politico affirmait que l’ex-président comptait s’exprimer publiquement si le sénateur prenait une nette avance dans les primaires, « afin de l’empêcher d’être investi ».

– Comme « Obama l’a dit » –

Barack Obama reste « extrêmement populaire au sein du parti démocrate », souligne Kyle Kondik, politologue à l’université de Virginie.

Sa voix résonnerait donc avec force s’il prenait parti. Mais il y a peu de chances qu’on l’entende.

S’il a « plusieurs amis en lice, y compris, bien entendu, son propre vice-président » Joe Biden, Barack Obama « a dit qu’il ne prévoyait pas de soutenir quelqu’un pendant les primaires », a rappelé mercredi sa directrice de communication, Katie Hill.

« Car il estime que pour que les démocrates gagnent à l’automne, ce sont les électeurs qui doivent choisir leur candidat ».

En 2016, il n’avait ainsi déclaré son soutien à Hillary Clinton qu’une fois qu’elle fut assurée de décrocher l’investiture démocrate.

Mais il s’est impliqué dans des élections à l’étranger, en annonçant son soutien à Emmanuel Macron, en France, et à Justin Trudeau, au Canada, pendant leurs campagnes.

Le rare commentaire de sa directrice de communication venait dénoncer un groupe de soutien à Donald Trump qui a diffusé une « publicité ignoble », dans laquelle d’anciens propos de Barack Obama ont été utilisés « hors de contexte » pour nuire à Joe Biden.

L’ex-président reste en revanche muet sur les nombreux spots de campagne des candidats à l’investiture démocrate qui utilisent ses anciens discours pour laisser entendre qu’ils ont son soutien.

– Sanders privé de discours? –

Joe Biden, mais aussi le milliardaire Michael Bloomberg, la sénatrice progressiste Elizabeth Warren, l’ex-maire Pete Buttigieg: c’est à qui proclamera la meilleure relation, l’entente la plus ancienne, l’héritage le plus évident…

Et tous le citent à l’envi pour appuyer leurs positions.

« Comme Barack Obama l’a dit, nous devons prendre en compte la position des électeurs de ce pays. Or dépenser près de 60.000 milliards de dollars, ce n’est pas ce qu’ils veulent », a ainsi tweeté Amy Klobuchar jeudi pour dénoncer le programme de Bernie Sanders.

A l’exception notable de Bill Clinton, qui avait soutenu son épouse Hillary lors des primaires de 2008 et 2016, « de nombreux ex-présidents ont tenté de rester au-dessus de la mêlée politique », explique Kyle Kondik.

Et il n’y a pour l’heure « aucune indication » que Barack Obama s’apprête à rompre avec la tradition. « Il est peut-être, comme de nombreux autres démocrates, sincèrement indécis », poursuit le politologue.

Mais si Bernie Sanders décrochait l’investiture, « je me demande vraiment si Obama ferait un discours à la convention » démocrate qui officialiserait en juillet la victoire du socialiste.

Boom des colonies israéliennes sous le règne de « Bibi »

« La personne la plus vieille ici a 37 ans! », blague Ifat Lev devant la crèche d’une nouvelle colonie israélienne. Au cours de la « décennie Netanyahu », la population a bondi de moitié dans ces colonies qui s’ancrent en Territoires palestiniens.

Début 2017, le président américain Donald Trump, grand allié du Premier ministre Benjamin Netanyahu, s’installe à la Maison Blanche. A plus de 10.000 km de là, des familles de colons plantent leurs caravanes sur un terrain abandonné près de la mer Morte, en Cisjordanie occupée, donnant naissance à Kedem Arava.

Trois ans plus tard, leurs enfants y courent pieds nus, glissent sur un toboggan, se promènent en vélo entre des maisonnettes aux airs de containers.

Dans les Territoires palestiniens, existent deux types de colonies, toutes illégales aux yeux du droit international: celles reconnues par Israël et les autres, nommées « outpost » ou « colonies sauvages » comme Kedem Arava, la première de ce type fondée sous l’ère Trump.

Sans la reconnaissance du gouvernement, la quarantaine de familles sur place ne peut construire de maisons avec des fondations.

Ce jour-là, des ouvriers arabes équipés de mini-pelleteuses enrobent le bas des maisons temporaires de ciment pour leur donner un air pérenne tandis que l’un d’eux, la barbe charbonneuse, se tourne vers La Mecque pour prier.

Les colons de Kedem Arava ne se considèrent pas comme des « extrémistes », mais comme les résidents d’une nouvelle banlieue-dortoir à une trentaine de km de Jérusalem.

« Ici, c’est un paradis pour les enfants », dit Ifat, mère de 32 ans.

Un appartement de trois chambres lui coûte environ 1.400 shekels par mois (450 euros), trois fois moins environ qu’à Jérusalem.

– « C’est chez nous » –

Employé d’une firme high-tech, Ptachia Rechel fait l’aller-retour chaque jour, pour profiter des salaires plus élevés à Jérusalem sans tirer un trait sur la nature.

« Nous ne sommes pas ici par choix idéologique, mais parce que nous aimons le sentiment de communauté », dit ce grand gaillard, en sciant du bois pour ajouter une terrasse à sa modeste maison.

« Cette implantation est nouvelle, mais elle sera grande », assure Israël Rosenfeld, qui gère la colonie.

« C’est chez nous ici, nous n’avons pas d’autre endroit où vivre, c’est ici que j’ai grandi (dans les colonies) et que mes enfants sont venus au monde », dit ce jeune père qui ne voit « aucune différence » entre les colonies et Israël.

« C’est pourquoi nous devons être partie intégrante d’Israël », dit-il, plaidant pour l’annexion des quelque 130 colonies de Cisjordanie proposée par le plan Trump pour le Proche-Orient en janvier et défendue par M. Netanyahu.

Pour les législatives de lundi, ce dernier multiplie les annonces de constructions de logements dans les colonies, courtisant ainsi un électorat dont il a participé à l’essor.

Selon les autorités, plus de 450.000 Israéliens –dont la moitié a moins de 18 ans– vivent dans les colonies en Cisjordanie occupée parmi 2,7 millions de Palestiniens, soit une hausse de 48% en 10 ans.

Environ 20.000 unités de logements ont été construites pendant la décennie Netanyahu.

Le nombre d’unités approuvées à la construction a bondi de 90% sous l’ère Trump, selon les données de l’ONG israélienne anticolonisation « La Paix Maintenant », le gouvernement visant le million d’habitants dans les colonies d’ici la fin de la prochaine décennie.

« Nous ne donnerons pas un centimètre de la terre d’Israël aux Arabes, mais pour cela il faut y construire », a martelé jeudi le ministère de la Défense Naftali Bennett.

– « Ma patrie » –

Les petites colonies comme Kedem Arava deviendront peut-être un jour des villes comme Ariel, colonie disposant de centres commerciaux et d’une université, ou des mini-régions comme le Goush Etzion et son chapelet de colonies pavillonnaires, dans lesquelles naît une troisième, voire une quatrième génération de colons.

« Ici, ce n’est pas une colonie, c’est ma patrie. (…) Nous ne nous posons pas la question de savoir si nous devrions être ici. Nous sommes ici, point », lance Yehuda Leuchter, musicien à la barbe broussailleuse, qui a grandi et vit avec sa femme et ses cinq enfants dans le Goush Etzion.

Pour les Palestiniens, des pays européens et des ONG, la multiplication et l’ancrage des colonies complique, voire empêche, la création d’un Etat palestinien viable avec une continuité territoriale.

Eliaz Cohen, travailleur social, se souvient lui d’une jeunesse dans les colonies marquée par la volonté d’apprendre l’arabe, de côtoyer des Palestiniens sans enceinte grillagée autour de son implantation.

« Les relations n’étaient pas chaleureuses, mais au moins il y en avait », soutient cet habitant du Goush Etzion, qui veut tisser des liens avec les villages arabes avoisinants.

Depuis la seconde Intifada (soulèvement palestinien) et la construction de la barrière de sécurité entre Israël et la Cisjordanie au début des années 2000, « c’est comme si une barrière avait été plantée dans nos coeurs et nos âmes. Et le défi de partager la terre côte à côte, ensemble, devient de plus en plus difficile… »

Benny Gantz, une main de fer dans un gant de velours

Ancien chef de l’armée israélienne, le centriste Benny Gantz affiche une image de « Monsieur Propre » de la politique face à son rival aux élections de lundi, Benjamin Netanyahu inculpé pour corruption, dont il partage toutefois une vision sécuritaire musclée.

A 60 ans, celui qui se veut pragmatique face aux idéologies radicales de la droite va tenter pour la troisième fois en moins d’un an d’obtenir suffisamment de voix pour former une coalition gouvernementale.

Ce père de quatre enfants, à l’attitude décontractée et abordable, n’avait aucune expérience politique lorsqu’il s’est jeté dans l’arène il y a un an pour former un nouveau parti centriste, Kahol Lavan, « Bleu-blanc » en français, les couleurs du drapeau israélien.

Mais en fédérant les opposants au Premier ministre, il a réussi, avec sa liste regroupant des personnalités de gauche et de droite, à terminer ex-aequo avec M. Netanyahu aux législatives d’avril et septembre 2019.

Son message est clair: le but est de chasser Benjamin Netanyahu, au pouvoir sans discontinuer depuis dix ans et dont le procès pour corruption doit s’ouvrir mi-mars.

« Le monde doit savoir que nous sommes pragmatiques et voyons uniquement le bien de l’Etat d’Israël sans se préoccuper d’intérêts personnels », estime celui qui veut restituer un sens de « l’honneur » à la fonction de Premier ministre.

– « Stabilité et honnêteté » –

Pur « sabra » –terme qui désigne les juifs nés en Israël–, ce fils d’immigrants rescapés de la Shoah est né le 9 juin 1959 à Kfar Ahim, un village du sud du pays.

Le jeune Gantz rejoint l’armée en tant que conscrit en 1977. Parachutiste, il gravit les échelons et obtient le grade de général en 2001 avant de devenir chef d’état-major de 2011 à 2015.

Dans un pays où l’armée est fédératrice, cet homme d’1m95 aux yeux bleus bénéficie d’une grande aura conférée par ses faits d’armes et son rang d’ancien commandant des armées.

« Il n’a pas laissé de traces indélébiles dans l’armée, mais a conservé une image de stabilité et d’honnêteté », selon Amos Harel, journaliste spécialiste des affaires militaires au quotidien Haaretz.

S’il propose une vision plus libérale de la société que M. Netanyahu, et souhaite mettre en place un gouvernement laïc favorable au mariage civil, ce qui n’est pas d’usage en Israël, il soigne, comme le Premier ministre, son image de faucon.

Il affirme vouloir conserver le contrôle militaire israélien sur la majeure partie de la Cisjordanie occupée, annexer la vallée du Jourdain et mettre fin aux attaques incessantes à partir de Gaza sur le territoire israélien.

Lors de la dernière guerre à Gaza (2014), c’est d’ailleurs lui qui était aux commandes et s’est targué du nombre de « terroristes » palestiniens tués durant cette guerre dans un clip de campagne, sans évoquer les victimes civiles.

Il a accusé le gouvernement actuel de « faire trop de concessions » et a promis d’imposer « une politique de dissuasion » contre le mouvement islamiste Hamas, à qui Israël a livré trois guerres depuis 2008.

Benny Gantz a fait alliance avec deux autres anciens chefs d’état-major, Moshe Yaalon et Gaby Ashkenazi.

– « Fréquentes bourdes » –

Cultivant son image de « dur à cuire », M. Gantz a multiplié les appels du pied en direction de l’électorat de droite, poussant M. Netanyahu à le qualifier de « pâle imitation » de sa personne.

« Soudain, tout le monde est de droite », a ironisé le Premier ministre.

Le Likoud a publié une vidéo avec des extraits d’interventions de Benny Gantz durant lesquelles il a commis des bourdes, confondant des noms ou bégayant lors de discours de campagne.

Interrogé par un journaliste sur ses « fréquentes bourdes », Benny Gantz a répondu que parfois « il pense plus vite qu’il ne parle ».

« Je ne fais pas carrière à la télévision, je ne suis pas présentateur au journal télévisé, je suis un leader avec derrière lui près de 40 ans de direction dans l’armée », a-t-il encore asséné.

Benny Gantz est titulaire d’une licence d’histoire de l’université de Tel-Aviv, d’un master en Sciences politiques de l’université de Haïfa et d’un master en gestion de ressources nationales de la National Defense University aux Etats-Unis.

Face au brillant orateur qu’est Benjamin Netanyahu, aura-t-il convaincu les électeurs de voter pour lui? La question reste ouverte.

Israël, puissance majeure au Proche-Orient

L’Etat d’Israël, où des élections législatives sont prévues le 2 mars, a été proclamé en mai 1948 à la suite d’un vote de l’ONU sur le partage de la Palestine, et il est depuis devenu une puissance majeure au Proche-Orient.

– Conflits –

Le pays a été confronté à sa première guerre face aux nations arabes dès le lendemain de sa proclamation par David Ben Gourion le 14 mai 1948.

Officiellement, Israël a livré huit guerres, dont celle dite des « Six Jours » en juin 1967, qui aboutit à l’occupation de Jérusalem-Est, de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, ainsi que du plateau syrien du Golan et du Sinaï égyptien.

Israël a ensuite unilatéralement annexé Jérusalem-Est, puis le Golan, des décisions dénoncées par la communauté internationale.

La dernière grande opération armée a été menée en 2014 à Gaza.

Deux traités de paix ont été signés avec des pays arabes voisins d’Israël: l’Egypte en 1979 –traité aux termes duquel ce pays a récupéré le Sinaï en 1982– et la Jordanie en 1994.

Israël est considéré comme la première puissance militaire du Proche-Orient et la seule de la région à détenir l’arme nucléaire. Il reçoit près de quatre milliards de dollars d’aide militaire annuelle des Etats-Unis.

– Colonisation –

Israël continue d’occuper la Cisjordanie mais a évacué unilatéralement en 2005 la bande de Gaza, contrôlée depuis 2007 par le mouvement islamiste Hamas.

Plus de 600.000 colons israéliens mènent une coexistence souvent conflictuelle auprès d’environ trois millions de Palestiniens en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.

Israël considère Jérusalem comme sa capitale « unifiée et indivisible ». Mais la communauté internationale ne reconnaît pas l’annexion de la partie orientale occupée de la ville, dont les Palestiniens veulent faire la capitale de l’Etat auquel ils aspirent.

Israël a affronté en 1987 puis en 2000 deux soulèvements (Intifada) des Palestiniens des territoires occupés. Le premier s’est conclu par la signature en 1993 à Washington des accords d’Oslo sur l’autonomie dans les territoires.

– Tensions régionales –

Dès le début de la guerre en Syrie en 2011, Israël –officiellement en état de guerre avec Damas– a veillé à ne pas être aspiré dans le conflit, mais fait campagne contre la présence du mouvement libanais Hezbollah et de l’Iran, alliés du régime de Bachar al-Assad.

Israël a mené des centaines de frappes en Syrie, la plupart visant des cibles iraniennes ou du Hezbollah.

Il n’entretient de relations diplomatiques qu’avec l’Egypte et la Jordanie, mais tente de se rapprocher actuellement d’autres pays arabes comme les Emirats arabes unis et l’Arabie saoudite.

– Appui de Trump –

Dès sa prise de fonctions, le président américain Donald Trump a adopté une politique de soutien sans faille à Israël, rompant avec des décennies de diplomatie américaine.

Après la reconnaissance unilatérale en 2017 de Jérusalem comme capitale d’Israël et celle de la souveraineté de l’Etat hébreu sur le Golan syrien en 2019, il a dévoilé fin janvier un plan de paix controversé pour le Proche-Orient qui accorde de nombreuses concessions à Israël.

– Lois fondamentales –

Israël est régi par des lois fondamentales faisant office de Constitution.

En 2018, le Parlement a adopté une loi définissant le pays comme « l’Etat-nation du peuple juif ». La loi, qui confère aux Juifs le droit « unique » à l’autodétermination en Israël, est dénoncée comme « discriminatoire » notamment par l’opposition et l’importante communauté arabe israélienne.

Les Arabes israéliens sont les descendants des Palestiniens restés sur leurs terres après la création d’Israël.

– « Start-up » –

Avec neuf millions d’habitants, la population a décuplé depuis 1948. Le pays connaît un chômage très bas, une inflation quasi inexistante et une croissance de près de 3%, mais selon l’agence nationale de la sécurité sociale, près de 1,8 million d’habitants vivent sous le seuil de pauvreté.

Israël, qui se proclame la « start-up nation », est considéré comme un centre mondial de la haute technologie et dispose d’un terreau d’entreprises très actives dans les secteurs de la cyberdéfense, de l’informatique et des systèmes de surveillance. Le secteur de la high-tech représente plus de 40% des exportations.

Le pays, qui a peu de ressources naturelles, a découvert ces dernières années d’importants gisements de gaz naturel en Méditerranée.

Le tourisme constitue aussi une source de revenus.

La Guinée et son président au-devant d’un référendum sous tension

Le pouvoir en place à Conakry appelle les Guinéens à se prononcer dimanche sur une nouvelle Constitution, après des mois de protestations meurtrières contre ce que l’opposition considère comme une manoeuvre du président Alpha Condé pour rester au pouvoir.

M. Condé assure qu’il s’agit de doter son pays d’une Constitution « moderne ». Elle codifierait l’égalité des sexes, interdirait la circoncision féminine et le mariage des mineurs. Elle veillerait à une plus juste répartition des richesses en faveur des jeunes et des pauvres.

L’opposition n’en croit pas un mot. Pour elle, le projet est le subterfuge d’un ancien opposant historique devenu, à bientôt 82 ans, un autocrate qui entend plier la Constitution à son désir de briguer un troisième mandat à la fin de l’année quand celui en cours aura expiré.

Depuis mi-octobre, la mobilisation anti-Condé donne lieu à des manifestations massives à travers le pays, à des journées villes mortes qui impactent l’économie d’un des pays les plus pauvres de la planète, et à de sévères épisodes de brutalité policière.

Au moins 30 civils et un gendarme ont été tués depuis lors.

Ces tensions, les appels de l’opposition à non seulement boycotter mais empêcher la tenue du référendum et des législatives qui ont lieu aussi dimanche, ainsi que les attaques des derniers jours contre des bureaux ou du matériel de vote font craindre des accès de violence dans un pays coutumier des manifestations et des répressions brutales.

L’armée a été mise en d’alerte depuis mardi. Pure précaution selon les autorités.

Des années d’animosité politique, les soupçons pesant sur le vote, ainsi que le maintien envers et contre tout de ce rendez-vous malgré le boycott et les appels de la communauté internationale à tout faire pour associer l’opposition laissent la place à une campagne très éloignée d’un joyeux exercice démocratique.

– Mission avortée –

Les signes de la campagne étaient rares cette semaine dans la capitale Conakry, au bord de l’Atlantique. Des panneaux portant des slogans tels que « oui à l’égalité » ou « oui à l’investissement dans la jeunesse » surplombent les routes encombrées de voitures. Mais peu ou pas de rassemblements publics en vue.

« Vous ne verrez pas de campagne électorale », assure Sékou Condé, un cadre du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), le parti présidentiel. Les ministres ont fait campagne à l’intérieur du pays, ajoute-t-il.

Le projet soumis à référendum dimanche limite à deux le nombre de mandats présidentiels. Le président sortant en a déjà deux au compteur. Sauf, redoute l’opposition, que l’adoption d’une nouvelle Constitution lui permettrait de remettre ce compteur à zéro.

« Qui y a-t-il de mal à ça », demande Sékou Condé, le cadre du parti présidentiel. La plupart des Guinéens veulent que le président Condé reste pour développer le pays, assure-t-il.

M. Condé maintient un voile de moins en moins opaque sur ses intentions. C’est son parti qui décidera de son avenir et les Guinéens peuvent aussi bien dire non à la nouvelle Constitution, répète-t-il.

Mais « pourquoi en Guinée il serait impossible de faire trois mandats ? » demandait-il cette semaine dans le quotidien Le Figaro.

La Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a annulé « à la dernière minute » cette semaine une mission en Guinée, composée selon la presse de quatre chefs d’Etat, a indiqué une source officielle nigérienne, dans une possible admission de l’impossibilité d’infléchir le cours des évènements.

L’Organisation internationale de la francophonie (OIF), accompagnatrice du processus électoral en Guinée, a sévèrement remis en cause la crédibilité du vote en jugeant « problématiques » presque 2,5 millions de noms d’électeurs figurant sur les listes.

– Composantes ethniques –

L’OIF a parlé de doublons et de présence sur les listes de personnes décédées. La commission électorale nationale a minimisé les irrégularités.

M. Condé « obtiendra de toute façon le résultat qu’il veut », déplore le leader de l’opposition Cellou Dalein Diallo.

M. Diallo voyage avec une dizaine de militants costauds de son parti, pour sa sécurité. Il assure que la plupart des Guinéens sont contre la consultation et prédit une forte abstention.

Des électeurs interrogés par l’AFP semblent plus polarisés que cela.

Abdouramane Keita par exemple, étudiant en droit, déclare vouloir « voter dans le calme ». Il voudrait aussi voir les partis antagonistes se parler.

Un diplomate occidental, qui requiert l’anonymat pour s’exprimer, est cinglant: « Ce processus électoral, c’est quasiment une blague », n’était le risque de violence, qui est réel et pourrait suivre les lignes d’appartenance ethnique, entre les Malinkés, dont est issu M. Condé, et les Peuls, largement derrière M. Diallo.

Pour autant, ll ne croit pas à un déchaînement « majeur ». Car, pour lui, « le moment de vérité », cela devrait être la présidentielle à la fin de l’année.

Mexique: près de 15 ans de prison pour l’un des assassins du journaliste Javier Valdez

L’un des assassins d’un journaliste mexicain tué en 2017, Javier Valdez Cardenas, collaborateur de l’AFP, a été condamné jeudi à 14 ans et 8 mois de prison, une première dans le pays pour l’homicide d’un représentant de la presse.

Heriberto Picos Barraza, surnommé le Koala, avait été l’un des auteurs de ce crime commis à Cualiacan (nord-ouest), selon le parquet spécialisé dans les délits contre la liberté d’expression (Feadle).

Il avait servi de chauffeur à deux hommes, Juan Francisco Picos Barrueto et Luis Idelfonso Sanchez, qui avaient abattu l’homme le 15 mai 2017 à la sortie de son bureau.

Le meurtre du cofondateur de l’hebdomadaire Riodoce et collaborateur du quotidien La Jornada, salué pour ses enquêtes sur le trafic de drogue, avait provoqué une vague d’indignation internationale.

Le parquet a ordonné que le condamné paie 9 millions de pesos (environ 420.000 euros) à la famille du journaliste. La somme doit être versée par la Commission exécutive d’attention aux victimes (CEAV), une branche du ministère de l’Intérieur.

L’accusation estime que l’assassinat a été commandité par le fils d’un narcotrafiquant, Damaso Lopez Serrano, furieux d’avoir été critiqué dans un article de Riodoce, et aujourd’hui incarcéré aux Etats-Unis. Lopez Serrano, qui aurait versé 100.000 pesos (près de 4.700 euros) et fourni les armes, a toujours nié.

Juan Francisco Picos Barrueto ayant refusé de plaider coupable en échange d’une peine de 20 ans et 8 mois de prison, il doit être jugé en mars comme principal auteur de l’assassinat.

Nigeria: un cas de coronavirus recensé à Lagos, mégalopole économique de 20 millions d’habitants

Un cas de contamination au nouveau coronavirus a été confirmé à Lagos, la capitale économique du Nigeria, rappelant les peurs déclenchées pendant l’épidémie d’Ebola qui avait touché cette mégalopole tentaculaire de 20 millions d’habitants il y a six ans.

Le ministère fédéral de la Santé « confirme un cas de coronavirus (Covid-19) dans l’Etat de Lagos. Ce cas qui a été confirmé le 27 février 2020 est le premier à être recensé au Nigeria depuis le début de l’épidémie », a-t-il indiqué sur Twitter.

Le ministère précise qu’il s’agit d’un ressortissant italien travaillant au Nigeria et qui est revenu dans ce pays depuis la ville italienne de Milan le 25 février.

« Le patient est dans un état clinique stable et ne présente pas de symptômes inquiétants », a assuré le ministère, sans toutefois donner de précisions sur les lieux de son hospitalisation.

Il s’agit de la première contamination confirmée et officielle en Afrique subsaharienne, jusque là apparemment préservée de l’épidémie mondiale.

– Pays vulnérable –

Le Nigeria, pays le plus peuplé du continent avec près de 200 millions de personnes, est l’un des pays les plus vulnérables au monde avec un système de santé fragile et une densité de population extrêmement importante (près de 7.000 habitants au km2, selon World Population Review).

En 2014, lorsque le premier cas d’Ebola avait été signalé à Lagos, capitale économique du pays, le monde entier avait retenu son souffle et un vent de panique absolue s’était propagé dans la ville.

Finalement, seules sept personnes sont décédées, sur 19 contaminées, de cette maladie très contagieuse qui a fait plus de 11.000 morts en Afrique de l’Ouest entre fin 2013 et 2016.

L’OMS avait salué « le succès spectaculaire » face à ce qui aurait pu devenir « une épidémie urbaine apocalyptique »: les autorités de l’Etat de Lagos avaient réagi à temps, du personnel médical de fondations internationales en poste à Abuja a été déployé, et la maladie était restée confinée dans les quartiers huppés de la ville.

De nombreux Nigérians partent en Chine pour acheter des biens qu’ils revendent ensuite sur les marchés de ce hub économique qui dessert toute l’Afrique de l’Ouest, et les autorités sanitaires nigérianes s’étaient déjà préparées à faire face à une potentielle contamination.

« Nous avons des centres de quarantaine à Abuja (capitale fédérale), et aussi à Lagos », avait déclaré à la mi-février le ministre de la Santé Olorumibe Mamora, assurant que le pays était « sous surveillance » et que des laboratoires pour détecter le virus ont été ouverts dans plusieurs villes du pays.

– « Leçons d’Ebola » –

« Nous avons tiré des leçons d’Ebola », a, de son côté, assuré le directeur général de WAHO (West African Health Organization), Stanley Okolo.

« Tous nos pays membres contribuent à un fonds de sécurité sanitaire, appelé le « fonds Ebola, et nous avons des partenaires internationaux qui contribuent aussi. La dévastation d’une épidémie a des effets sur tout le monde », a-t-il déclaré la semaine dernière, invitant tous les pays de la zone a rendre un plan stratégique de préparation.

En effet, la « principale préoccupation » de l’OMS « continue d’être le potentiel de dissémination du Covid-19 dans les pays dont les systèmes de santé sont plus précaires », a déclaré son patron, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Situé dans un zone tropicale non loin de l’équateur, le Nigeria est un terrain propice aux virus et il a dû affronter des maladies aussi rares que dangereuses (Ebola, poliomyélite, méningite, fièvre de Lassa,…).

Il est mieux préparé à la gestion des épidémies que de nombreux autres pays de la région, selon les experts.

Dans un pays où la moindre ville « moyenne » frôle le million d’habitants et qui compte deux mégalopoles de plus de 10 millions d’habitants, la pression des partenaires internationaux, et notamment de l’OMS, est très importante.

Le Nigeria a prévu un montant de 427,3 milliards de nairas (800 millions d’euros) pour le secteur de la santé en 2020 (soit 4,1% de son budget, bien loin des recommandations de l’OMS qui s’élevaient à plus de 13% du budget).

Le manque d’infrastructures, la vétusté des équipements, mais aussi l’incapacité des patients à payer leurs traitements ou le départ massif de ses médecins vers l’étranger, font du premier exportateur de pétrole en Afrique l’un des plus mauvais élèves du continent en matière de santé.

Nigeria: un cas de coronavirus recensé à Lagos, mégalopole économique de 20 millions d’habitants

Un cas de contamination au nouveau coronavirus a été confirmé à Lagos, la capitale économique du Nigeria, rappelant les peurs déclenchées pendant l’épidémie d’Ebola qui avait touché cette mégalopole tentaculaire de 20 millions d’habitants il y a six ans.

Le ministère fédéral de la Santé « confirme un cas de coronavirus (Covid-19) dans l’Etat de Lagos. Ce cas qui a été confirmé le 27 février 2020 est le premier à être recensé au Nigeria depuis le début de l’épidémie », a-t-il indiqué sur Twitter.

Le ministère précise qu’il s’agit d’un ressortissant italien travaillant au Nigeria et qui est revenu dans ce pays depuis la ville italienne de Milan le 25 février.

« Le patient est dans un état clinique stable et ne présente pas de symptômes inquiétants », a assuré le ministère, sans toutefois donner de précisions sur les lieux de son hospitalisation.

Il s’agit de la première contamination confirmée et officielle en Afrique subsaharienne, jusque là apparemment préservée de l’épidémie mondiale.

– Pays vulnérable –

Le Nigeria, pays le plus peuplé du continent avec près de 200 millions de personnes, est l’un des pays les plus vulnérables au monde avec un système de santé fragile et une densité de population extrêmement importante (près de 7.000 habitants au km2, selon World Population Review).

En 2014, lorsque le premier cas d’Ebola avait été signalé à Lagos, capitale économique du pays, le monde entier avait retenu son souffle et un vent de panique absolue s’était propagé dans la ville.

Finalement, seules sept personnes sont décédées, sur 19 contaminées, de cette maladie très contagieuse qui a fait plus de 11.000 morts en Afrique de l’Ouest entre fin 2013 et 2016.

L’OMS avait salué « le succès spectaculaire » face à ce qui aurait pu devenir « une épidémie urbaine apocalyptique »: les autorités de l’Etat de Lagos avaient réagi à temps, du personnel médical de fondations internationales en poste à Abuja a été déployé, et la maladie était restée confinée dans les quartiers huppés de la ville.

De nombreux Nigérians partent en Chine pour acheter des biens qu’ils revendent ensuite sur les marchés de ce hub économique qui dessert toute l’Afrique de l’Ouest, et les autorités sanitaires nigérianes s’étaient déjà préparées à faire face à une potentielle contamination.

« Nous avons des centres de quarantaine à Abuja (capitale fédérale), et aussi à Lagos », avait déclaré à la mi-février le ministre de la Santé Olorumibe Mamora, assurant que le pays était « sous surveillance » et que des laboratoires pour détecter le virus ont été ouverts dans plusieurs villes du pays.

– « Leçons d’Ebola » –

« Nous avons tiré des leçons d’Ebola », a, de son côté, assuré le directeur général de WAHO (West African Health Organization), Stanley Okolo.

« Tous nos pays membres contribuent à un fonds de sécurité sanitaire, appelé le « fonds Ebola, et nous avons des partenaires internationaux qui contribuent aussi. La dévastation d’une épidémie a des effets sur tout le monde », a-t-il déclaré la semaine dernière, invitant tous les pays de la zone a rendre un plan stratégique de préparation.

En effet, la « principale préoccupation » de l’OMS « continue d’être le potentiel de dissémination du Covid-19 dans les pays dont les systèmes de santé sont plus précaires », a déclaré son patron, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Situé dans un zone tropicale non loin de l’équateur, le Nigeria est un terrain propice aux virus et il a dû affronter des maladies aussi rares que dangereuses (Ebola, poliomyélite, méningite, fièvre de Lassa,…).

Il est mieux préparé à la gestion des épidémies que de nombreux autres pays de la région, selon les experts.

Dans un pays où la moindre ville « moyenne » frôle le million d’habitants et qui compte deux mégalopoles de plus de 10 millions d’habitants, la pression des partenaires internationaux, et notamment de l’OMS, est très importante.

Le Nigeria a prévu un montant de 427,3 milliards de nairas (800 millions d’euros) pour le secteur de la santé en 2020 (soit 4,1% de son budget, bien loin des recommandations de l’OMS qui s’élevaient à plus de 13% du budget).

Le manque d’infrastructures, la vétusté des équipements, mais aussi l’incapacité des patients à payer leurs traitements ou le départ massif de ses médecins vers l’étranger, font du premier exportateur de pétrole en Afrique l’un des plus mauvais élèves du continent en matière de santé.

Incident diplomatique: l’ambassadeur malien en France rappelé à Bamako

Incident diplomatique entre Paris et Bamako: l’ambassadeur malien en France, qui a accusé mercredi des soldats français de « débordements » dans les quartiers chauds de Bamako, a été rappelé dans son pays après avoir provoqué l’ire des autorités françaises pour des propos « faux et inacceptables ».

Au lendemain des déclarations très mal reçues de l’ambassadeur Toumani Djimé Diallo au Sénat incriminant la Légion étrangère, le Mali a décidé jeudi de rappeler son diplomate et de dépêcher son ministre des Affaires étrangères en France pour arrondir les angles, selon des responsables maliens.

Le ministre malien des Affaires étrangères, Tiébilé Dramé, devait partir jeudi soir pour Paris « pour apaiser la situation », d’après une source proche de la présidence.

« Cette visite rentre dans le cadre du renforcement des relations d’amitié et de coopération entre les deux pays », renchérit un communiqué des Affaires étrangères maliennes.

L’ambassadeur malien avait été convoqué plus tôt jeudi au ministère français des Affaires étrangères, a appris l’AFP. « On lui a exprimé notre indignation devant ses propos sans fondement et choquants de la part d’un pays allié dans la lutte contre le terrorisme », a-t-on souligné au Quai d’Orsay.

La veille, l’ambassadeur du Mali en France avait dénoncé devant la commission Défense du Sénat français les « problèmes » posés selon lui par la Légion étrangère sur le sol malien.

« Par moments, dans les +Pigalle+ de Bamako, vous les retrouvez, tatoués sur tout le corps, en train de rendre une image qui n’est pas celle que nous connaissons de l’armée (française). Ça fait peur, ça intrigue », avait-il déclaré, mentionnant explicitement les légionnaires, pourtant absents de la capitale malienne selon l’état-major.

Des propos très mal vécus à Paris, alors que la force Barkhane fait face depuis de nombreux mois à la montée d’un sentiment anti-français au Sahel, et qu’elle redouble parallèlement d’efforts ces dernières semaines pour tenter d’enrayer la spirale de violences dans la région.

– Huile sur le feu –

Les militaires français, présents dans la région depuis 2013 pour lutter contre les jihadistes, viennent de voir leur nombre passer de 4.500 à 5.100 face à la recrudescence des attaques.

Ces violences – souvent entremêlées à des conflits intercommunautaires – ont fait 4.000 morts au Mali, au Niger et au Burkina Faso en 2019, cinq fois plus qu’en 2016, selon l’ONU.

La France a elle-même perdu 13 soldats dans un accident entre deux hélicoptères en opération au Mali, en novembre. Et Paris s’était ouvertement agacé, fin 2019, d’un soutien jugé trop timide de la part notamment des autorités sahéliennes, dont le Mali.

Au sommet du 13 janvier à Pau (sud de la France), réunissant le président français et les chefs d’Etat du G5 Sahel (Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad, Mauritanie), les chefs d’Etat africains avaient été ainsi priés par l’Elysée de « clarifier » leur position sur la présence française au Sahel.

Les propos de l’ambassadeur malien ont remis de l’huile sur le feu et provoqué une réaction épidermique jeudi du cabinet de la ministre des Armées, dans une déclaration transmise à l’AFP.

« Plutôt que de véhiculer et de propager de fausses accusations, nous attendons de l’ambassadeur du Mali qu’il mobilise toute son action pour la mise en œuvre des décisions du sommet de Pau et la réussite de tous », a sèchement asséné le cabinet de Florence Parly, rappelant qu’il n’y a « quasiment plus de soldats français stationnés à Bamako » depuis août 2014.

La veille, l’état-major français avait déjà objecté que les légionnaires n’étaient pas « stationnés à Bamako » et qu’il n’avaient pas vocation à y aller. Ils « n’ont ni quartier libre ni temps de repos hors des bases opérationnelles » de Barkhane, situées dans le nord du pays, avait assuré l’armée française.

Le jour de son audition, l’ambassadeur malien avait déjà essuyé un retour plutôt glacial du sénateur Jean-Marc Todeschini, membre de la commission Défense.

« Je ne peux que regretter vos propos. Vous avez stigmatisé l’armée française », avait-il répondu à l’ambassadeur, estimant que ses propos allaient précisément « contribuer » au sentiment anti-français que le Mali s’était engagé à contrer.

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Questions autour de l’apparente immunité de l’Afrique face au coronavirus

Détection défaillante, facteur climatique ou simple coup de chance ? Le très faible nombre de cas de coronavirus détectés dans les pays d’Afrique, aux systèmes de santé les plus fragiles, n’en finit pas d’interroger voire d’inquiéter les experts.

A ce jour, seules deux personnes ont été officiellement contaminées par le virus Covid-19 sur le continent, une en Egypte, l’autre en Algérie, pour aucun décès.

Une goutte d’eau dans l’océan des 80.000 cas et 2.800 morts recensés dans une cinquantaine de pays, pour l’essentiel en Chine, où le premier foyer de l’épidémie est apparu dans la ville de Wuhan, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Peu de temps après l’apparition du virus, les spécialistes ont pourtant pointé du doigt les risques de propagation de la maladie en Afrique. A cause de ses liens commerciaux étroits avec Pékin et des faiblesses de son réseau médical.

La semaine dernière, l’OMS a même averti que le continent était mal préparé pour faire face à l’épidémie.

« Notre principale préoccupation continue d’être le potentiel de dissémination du Covid-19 dans les pays dont les systèmes de santé sont plus précaires », a déclaré son patron, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Une modélisation publiée dans la revue médicale The Lancet a fait de l’Egypte, de l’Algérie et de l’Afrique du Sud, qui a annoncé jeudi le rapatriement de 132 de ses ressortissants de Wuhan, les trois pays du continent les plus menacés.

Ils sont aussi, selon l’étude, les moins vulnérables car les mieux préparés à repérer l’infection.

Mais malgré de nombreuses alertes, l’épidémie ne semble pas jusque-là se développer significativement sur le continent.

– Vulnérabilité –

Pourquoi ? Les épidémiologistes se perdent en conjectures.

« Personne ne sait », avoue le Pr Thumbi Ndung’u, de l’Institut africain de recherche sur la santé à Durban (Afrique du Sud). « Peut-être n’y a-t-il simplement pas tant de déplacements entre l’Afrique et la Chine », avance-t-il.

Ethiopian Airlines, la plus importante compagnie aérienne africaine, n’a toutefois jamais suspendu ses liaisons avec la Chine depuis le début de l’épidémie. Et China Southern vient de reprendre ses vols avec le Kenya.

Alors certains avancent la piste d’une possible protection climatique. « Peut-être que le virus ne pousse pas dans l’écosystème africain, on ne sait pas », esquisse le Pr Yazdan Yazdanpanah, chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Bichat à Paris.

Une hypothèse rejetée par Pr Rodney Adam, de l’hôpital universitaire Aga Khan de Nairobi (Kenya).

« Nous n’avons aucune preuve d’une quelconque influence du climat sur la transmission (du virus) », assure-t-il, « à l’heure actuelle, il semble que la vulnérabilité des Africains soit la même que celle des autres ailleurs ».

D’autres sont tentés d’attribuer le faible nombre de cas confirmés de coronavirus à de possibles ratés des systèmes de détection déployés dans les pays du continent.

« C’est vrai qu’il y a certains pays, certaines régions dont on n’est pas certain de la capacité, ne serait-ce que par faute de ressources, à mettre en oeuvre les modalités de diagnostic », dit le Dr Daniel Lévy-Bruhl, de l’agence sanitaire française Santé publique France.

– Systèmes en place –

« Il y a un risque que des chaînes de transmission méconnues existent aujourd’hui dans certains pays du monde », ajoute-t-il.

Les spécialistes écartent toutefois le risque d’erreurs de détection massives. « Mais s’il y avait des cas massifs en Afrique, je pense qu’on le saurait car l’OMS est en alerte et beaucoup de gens sont très attentifs », juge le Dr Amadou Alpha Sall, patron de l’Institut Pasteur de Dakar (Sénégal).

« Tous les systèmes sont en place », confirme le Dr Michel Yao, en charge des plans d’urgence pour l’OMS à Brazzaville (Congo).

Le nombre de pays africains disposant de laboratoires capables d’identifier le Covid-19 est passé en quelques semaines de deux (Afrique du Sud et Sénégal) à 29, se félicite le Dr Yao.

Le principe de précaution s’est en outre imposé. Jeudi, Madagascar a interdit son territoire, prisé des touristes, à tous les voyageurs ayant récemment séjourné en Iran, en Italie ou en Corée du Sud, foyers importants de l’épidémie. De son côté le gouvernement de l’archipel touristique du Cap-Vert a décidé jeudi d’interdire pendant trois semaines tous les vols en provenance d’Italie.

Un point faible persiste, souligne toutefois le Dr Yao, la capacité à contenir l’épidémie et à traiter ses victimes.

« La plupart des pays africains ne seraient pas capables de traiter des cas sévères nécessitant des soins intensifs », estime-t-il, « les capacités sont limitées dans les capitales (…) et en dehors, elles sont encore plus faibles… »

Mais plutôt que d’envisager un scénario catastrophe, les spécialistes préfèrent se satisfaire de leur bonne fortune actuelle.

« Il est difficile de dire pourquoi » si peu de cas ont été recensés jusque-là en Afrique, souligne le Pr Thumbi Ndung’u, « peut-être nous avons simplement de la chance ».

En Caroline du Sud, l’électorat noir a le destin des candidats démocrates en main

Will Jackson a suivi trois des candidats à l’investiture démocrate, mais il n’arrive pas à décider lequel sera capable de battre Donald Trump en novembre. Son vote samedi, comme celui de la communauté noire de Caroline du Sud, sera pourtant un tournant dans la course à la Maison Blanche.

« Mon principal objectif est de voter pour quelqu’un qui battra Trump », souvent perçu par les minorités comme un président raciste ayant libéré la parole des suprémacistes blancs, assure à l’AFP cet ancien combattant de 73 ans.

Après trois scrutins disputés dans des Etats majoritairement blancs (Iowa, New Hampshire) ou à forte minorité hispanique (Nevada), celui de Caroline du Sud est le premier où la communauté afro-américaine aura une influence décisive.

Dans cet Etat, 60% des Noirs votent démocrate et leur soutien est crucial pour devenir l’adversaire du milliardaire républicain à la présidentielle de novembre.

Casquette de l’armée vissée sur la tête, M. Jackson a successivement suivi Pete Buttigieg, premier homosexuel à avoir une réelle chance d’obtenir l’investiture, l’ancien vice-président Joe Biden lors d’une réunion à Georgetown, puis le milliardaire et philanthrope Tom Steyer à Myrtle Beach.

Mais il reste indécis, alors que le scrutin de Caroline du Sud pourrait en outre influencer les résultats du « Super mardi » le 3 mars, quand voteront 14 Etats dont plusieurs avec une démographie similaire.

La Caroline du Sud est « un bon baromètre du vote des électeurs noirs au niveau national », dit à l’AFP Robert Greene, professeur d’histoire à l’Université Claflin. Et historiquement, tous les vainqueurs de la primaire dans l’Etat ont emporté l’investiture, à une exception près en 2004.

– Un candidat qui a ses chances –

« Joe Biden serait un grand président et s’il gagne, cela lancera sa campagne », explique Will Jackson. L’ancien vice-président américain, très populaire parmi la minorité noire, compte sur le scrutin de samedi pour revenir dans la course après des débuts ratés.

Ancien numéro deux de Barack Obama, premier président noir des Etats-Unis, Joe Biden s’est dit cette semaine sûr de sa victoire samedi grâce au soutien de cet électorat, son « pare-feu » comme le qualifie la presse locale.

« C’est la base de mon soutien, durant toute ma carrière. C’est l’une des raisons pour lesquelles Obama m’a choisi », a affirmé mardi M. Biden lors du dernier débat démocrate à Charleston.

A Georgetown, Ama Saran, retraitée d’une soixantaine d’années, fait la queue pour une réunion publique de M. Biden. Elle salue son « expérience » et voit en lui un « guerrier ».

Les autres candidats « ont toute une palette de choses qu’ils espèrent faire, mais qui ne se concrétiseront probablement pas », explique-t-elle.

« Je veux soutenir quelqu’un qui sait ce dont a besoin ce pays et qui a déjà montré qu’il sait comment lui fournir », dit Mme Saran.

La question est de savoir si, à 77 ans et après de multiples gaffes depuis le début de la campagne, M. Biden reste un candidat qui a des chances d’être élu face à Donald Trump.

Pour Kendall Deas, professeur de sciences politiques à l’Université de Charleston, Joe Biden « est connu des électeurs afro-américains (de l’Etat) et cela aide » mais « ils l’ont aussi vu trébucher » lors des premiers scrutins alors qu’il était en tête des sondages nationaux.

Il est donc normal que ces électeurs « considèrent les autres options et regardent qui sont les autres candidats ».

Bernie Sanders, qui fait désormais figure de grand favori malgré son étiquette « socialiste », attire les minorités en promettant un système de santé universel et gratuit.

Tom Steyer, qui finance sa campagne à coups de centaines de millions de dollars, veut lui indemniser les descendants d’esclaves.

La primaire de samedi est aussi cruciale pour Pete Buttigieg qui, à 38 ans, s’est fait critiquer pour sa gestion des problèmes raciaux à South Bend, ville moyenne de l’Indiana dont il a été maire de 2012 à 2020.

« Mayor Pete » a tenté de rassembler cette semaine en rencontrant le très respecté révérend Al Sharpton.

« Je suis conscient que je ne saurai jamais ce que ça fait de marcher dans la rue et de sentir les regards, d’être considéré dangereux à cause de ma couleur de peau », a-t-il déclaré. « Donc le mieux que je puisse faire est d’écouter ceux pour qui c’est le cas (…) et leur demander de construire une vision. »

Italie: scènes de vie quotidienne après cinq jours de quarantaine

Le banc de l’abribus sert de point de livraison. Ceux de « l’extérieur » viennent y déposer packs d’eau, cigarettes et papiers administratifs pour leurs proches coincés depuis maintenant cinq jours en « zone rouge », foyer d’infection du coronavirus dans le nord de l’Italie.

Une petite vie sociale s’est peu à peu organisée aux 35 checkpoints qui parsèment la plaine lombarde et ceinturent dix villes et villages, soit plusieurs dizaines de milliers de personnes.

Les quelque 400 militaires et policiers qui surveillent les checkpoints se relaient par équipes toutes les six heures. Quelque peu laxistes les premiers jours, les contrôles se sont durcis, et l’organisation semble désormais bien rodée.

Quant aux habitants de la zone rouge, les « pestiférés », comme se surnomme l’un d’entre eux en riant, ils viennent quotidiennement jusqu’au barrage discuter avec les militaires, respirer la vie de l’extérieur, prendre livraison de paquets divers.

Salvatore, habillé de la tête au pied en tenue de cycliste, plaisante avec les militaires du barrage. Lui-même est carabinier -et pour cette raison refuse de donner son nom de famille-, coincé à Bertonico en zone rouge, où il continue pourtant de patrouiller le soir.

« J’attends mes collègues de Lodi qui vont m’apporter des cigarettes. Dans la zone rouge, à part les magasins d’alimentation et les kiosques à journaux, tout est fermé », explique-t-il.

– « On marche » –

Arrivent ses deux collègues. Les « Ciao » fusent de part et d’autre de l’abribus, où sont déposées les cigarettes. Distance réglementaire de plusieurs mètres entre l’habitant de la zone rouge et les autres. Une fois ses amis éloignés, Salvatore va récupérer le paquet et laisse sur le banc des dizaines d’euros en liquide : « c’est pour la facture à payer à Lodi », explique-t-il.

Toute la matinée, ces scènes se répètent. Une dame vient apporter des provisions à sa belle-soeur et repart en lançant un sonore « Bonne journée à tous » en direction des militaires. Un vétérinaire récupère des médicaments pour ses bovins. Un comptable passe déposer ses factures et ses impôts à payer à Lodi, hors zone rouge.

Après cinq jours de quarantaine, une fois retombée l’adrénaline créée par une situation exceptionnelle, l’ennui pointe son nez. Alors « on marche ». Sous le soleil radieux, on aperçoit derrière le barrage des familles en promenade, des cyclistes, des joggeurs. « Il n’y a rien d’autre à faire. Heureusement que nous ne sommes pas confinés chez nous », raconte Pietro Mola, un jeune comptable venu au checkpoint pour confier à des amis ses factures à payer.

Mais l’inquiétude grandit – « pas à cause du virus, après tout c’est comme une mauvaise grippe, non ? » – mais en raison des répercussions économiques. Pietro Mola travaille pour 16 entreprises: restaurants, boutiques textiles, pierceur, tatoueurs… Tous dans la zone rouge, tous fermés.

« C’est une chaîne. S’ils ne gagnent pas, je ne gagne pas. Les entreprises qui n’ont pas les reins solides ne vont pas s’en sortir », s’inquiète le jeune comptable, en pensant aux dix jours de quarantaine durant lesquels il faut encore tenir.

Julian Assange: l’examen de sa demande d’extradition suspendue jusqu’à mai

La justice britannique a suspendu jeudi jusqu’au 18 mai l’examen de la demande d »extradition du fondateur de Wikileaks Julian Assange, réclamé par les Etats-Unis qui veulent le juger pour espionnage après la publication d’une masse de documents confidentiels.

Les audiences, qui ont commencé lundi et s’achèvent avec un jour d’avance sur le calendrier prévu, reprendront pour trois semaines à partir du 18 mai au tribunal de Woolwich (est de Londres) et la décision de la juge Vanessa Baraitser devrait être rendue à l’été.

L’Australien de 48 ans, qui comparaît dans un box vitré, et se plaint de ne pouvoir s’entretenir comme il l’entend avec ses avocats, s’est vu refuser jeudi de pouvoir prendre place à côté d’eux.

« Je ne peux pas leur donner de consignes », a déclaré jeudi Julian Assange.

« Il m’apparaît que vous n’avez aucun mal à attirer l’attention de vos avocats », a répliqué la magistrate, soulignant qu’il existait un éventail de possibilités, notes écrites et suspensions d’audience, qui pouvaient leur permettre de communiquer comme ils l’entendent.

Julian Assange est poursuivi aux Etats-Unis pour avoir diffusé à partir de 2010 plus de 700.000 documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques américaines, notamment en Irak et en Afghanistan. Il risque jusqu’à 175 ans de prison, en vertu des lois anti-espionnage de 1917 et pour piratage informatique.

Les Etats-Unis lui reprochent d’avoir mis en danger des sources des services américains. De leur côté, les avocats d’Assange dénoncent une procédure politique fondée sur des « mensonges ».

Pour statuer sur la demande d’extradition la justice britannique doit notamment s’assurer qu’elle n’est pas disproportionnée ou incompatible avec des droits de l’Homme.

Assange a été arrêté en avril 2019 après sept ans passés reclus à l’ambassade d’Equateur à Londres, où il s’était réfugié après avoir enfreint les conditions de sa liberté sous caution, craignant une extradition vers les Etats-Unis.

USA: la chef des démocrates au Congrès lance un avertissement à Bernie Sanders

La présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi a lancé jeudi un avertissement au favori des primaires démocrates Bernie Sanders, en martelant qu’un candidat devrait impérativement obtenir une majorité absolue des voix pour décrocher l’investiture du parti et défier Donald Trump.

Après ses bons résultats dans les trois premiers Etats qui ont voté, le sénateur indépendant est, à 78 ans, en excellente position dans la course à l’investiture démocrate pour représenter le parti lors de la présidentielle américaine de novembre.

Mais la route est encore longue jusqu’à la convention démocrate de juillet, où, selon les règles du parti, un candidat devra afficher une majorité absolue de délégués pour se déclarer vainqueur lors d’un premier tour, et non une majorité simple.

« La personne qui sera nommée sera la personne qui comptera sur une majorité plus un », a souligné la puissante chef des démocrates au Congrès, Nancy Pelosi, lors d’une conférence de presse.

Si elle a martelé que le leitmotiv du parti était « rassemblement, rassemblement, rassemblement » derrière celui ou celle qui sera choisi par le parti démocrate pour briguer la Maison Blanche, ses propos contredisent directement Bernie Sanders.

Ce dernier a en effet affirmé que le candidat « comptant le plus de voix » devrait être désigné pour porter les couleurs démocrates.

« La volonté du peuple devrait l’emporter, oui », a-t-il répondu lors d’un débat démocrate le 19 février, tandis que ses cinq rivaux sur le plateau défendaient les règles du parti, dont l’obligation d’obtenir une majorité absolue.

On dénombre 3.979 délégués qui sont « assignés » aux différents candidats selon leurs résultats dans les primaires.

Si personne n’obtenait la majorité lors d’un premier tour (1.991 voix), ces délégués deviendraient libres de voter pour quelqu’un d’autre. Et quelque 770 « superdélégués », des notables et élus du parti privés de vote au premier tour, entreraient en piste, avec le pouvoir de faire basculer le scrutin.

Les rivaux modérés de Bernie Sanders, qui est trop à gauche à leurs yeux, affirment que sa victoire aux primaires mènerait à un nouveau mandat de Donald Trump.

Les Etats-Unis, un « grand pays », sont assez résistants « pour supporter un mandat de Donald Trump. Mais deux mandats » feraient payer un trop lourd tribut, a mis en garde Nancy Pelosi.

« Il est donc absolument impératif que nous gagnions, et quel que soit notre candidat, il aura notre soutien sans réserve », a-t-elle affirmé.

A Naples, Macron et Conte affirment « la solidarité européenne » face au coronavirus

Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre italien Giuseppe Conte ont affirmé jeudi que la « solidarité européenne » était indispensable pour lutter contre le coronavirus tout en rejetant les appels à fermer les frontières, que ne « connaît pas le virus.

« L’Europe a montré qu’elle était mobilisée, elle doit continuer à l’être », a déclaré Emmanuel Macron à l’issue du 35e sommet franco-italien à Naples (sud). Car la lutte contre l’épidémie « ne pourra se régler qu’en parfaite coopération européenne et internationale », a-t-il ajouté en rappelant que les ministres de la Santé européens s’étaient réunis la veille à Rome.

« Notre responsabilité nous impose de travailler ensemble », a renchéri Giuseppe Conte, en soulignant que « cette urgence sanitaire affectera à terme des pays qui ne sont pas touchés actuellement ».

Pour les deux dirigeants, il faut surtout gérer cette crise avec « sang froid », en « gardant son calme » et en prenant les décisions « à la lumière de ce que les scientifiques et les médecins nous disent ». « Loin de toute polémique », a insisté Emmanuel Macron, interrogé par la presse sur les appels de certains responsables, dont Marine Le Pen en France, à renforcer les contrôles aux frontières, voire à les fermer.

« N’en déplaise à certains, le virus ne connaît pas ces limites administratives » que sont les frontières, a ironisé M. Macron.

Les pays voisins de l’Italie ont décidé cette semaine de maintenir ouvertes leurs frontières, alors que la péninsule est le pays européen le plus touché avec 650 cas de personnes positives au virus et 17 morts. Mais les cas avérés de contagion ont été ramenés à 282.

Pour limiter l’épidémie, Rome a pris des mesures drastiques en plaçant onze villes en quarantaine dans le Nord, en Lombardie et Vénétie.

En France, le nombre de personnes infectées a connu jeudi une « augmentation sensible » en passant à 38 cas confirmés « à 19 heures » contre 18 la veille.

Emmanuel Macron était arrivé en Italie après une visite organisée à la dernière minute à l’hôpital parisien où est décédé mercredi le premier Français victime du coronavirus. « On a devant nous une crise, une épidémie qui arrive (…) On va devoir l’affronter au mieux », a-t-il prévenu.

Avant le sommet, Giuseppe Conte et Emmanuel Macron ont déambulé, comme si de rien n’était, dans le centre historique de Naples sous un beau soleil de printemps. Aucun masque de protection dans leur entourage, pas plus que chez les habitants et les touristes croisés dans les rues.

Alors que les villes italiennes du Nord, comme Milan, sont désertées par les étrangers, le chef de la diplomatie italienne Luigi Di Maio a appelé « les touristes et les entrepreneurs » à revenir dans la péninsule puisque « les enfants vont à l’école », à part dans les régions les plus touchées.

– le sommet de la « relance » –

La crise du coronavirus a en bonne partie éclipsé les autres dossiers au menu du 35e sommet franco-italien, le premier depuis celui de Lyon (centre-est de la France) fin 2017.

Emmanuel Macron comme Giuseppe Conte en ont fait « le sommet de la relance » des relations bilatérales après les vives tensions ayant marqué l’arrivée d’un gouvernement populiste à Rome en 2018.

Pendant plus d’un an, une guerre des mots a opposé Rome et Paris, l’ex-ministre de l’Intérieur italien Matteo Salvini fustigeant « l’arrogance » et « l’hypocrisie » d’Emmanuel Macron, qui dénonçait en retour « la lèpre nationaliste » symbolisée par le leader d’extrême-droite.

Ces tensions se sont envolées depuis l’avènement, en septembre dernier, d’un gouvernement de coalition entre le Mouvement 5 Etoiles (M5S, anti-establishment) et le Parti démocrate (centre gauche), Matteo Salvini retournant dans l’opposition.

Le sommet – auquel ont participé 11 ministres français et 12 italiens – a acté la « convergence » franco-italienne sur de nombreux dossiers: l’accueil des migrants, l’avenir de la zone euro, la Libye ou les autres crises internationales comme celle en Syrie, Emmanuel Macron accusant de nouveau le régime de Bachar al-Assad et ses alliés de « scandale humanitaire » à Idleb.

Sur le plan bilatéral, Rome et Paris ont signé un accord de soutien à la coentreprise de construction navale militaire Naviris, récemment créée par l’italien Fincantieri et le français Naval Group. Et ils ont exprimé le souhait qu’avance le projet de ligne ferroviaire Lyon-Turin, qui devrait être financé à 50% par des fonds européens.

Emmanuel Macron a exprimé le souhait que cette « entente retrouvée » entre deux membres fondateurs de l’UE se concrétise par la finalisation, dans les prochains mois, du Traité du Quirinal (nom du siège de la présidence italienne), annoncé en 2017 pour donner « un cadre plus stable et ambitieux » à la coopération franco-italienne.