Wanindara, épicentre de la contestation anti-Condé dans la banlieue de Conakry

L’ami de Mamadou Diallo n’est jamais venu au rendez-vous convenu pour regarder la Ligue des champions de foot après la prière du soir. Il est mort ici à Wanindara, banlieue de Conakry et bastion de l’opposition guinéenne au président Alpha Condé.

C’était en novembre 2018, avant le début de la mobilisation dirigée aujourd’hui contre un éventuel troisième mandat de M. Condé.

L’opposition multipliait alors les journées ville morte et les manifestations autour d’enjeux municipaux. Mamadou Bella Baldé, 30 ans, était tombé en sortant de chez lui sur des militaires, qui avaient « ouvert le feu », avait à l’époque expliqué à l’AFP un membre de sa famille.

Son ami se souvient avoir fondu en larmes en voyant son corps. Il est toujours très ému alors que la Guinée est à nouveau le théâtre de manifestations, parfois durement réprimées, contre le projet prêté au président Condé de chercher à se succéder à lui-même fin 2020.

Depuis mi-octobre, au moins 30 civils et un gendarme ont été tués au cours de ces événements qui inquiètent la communauté internationale, selon un décompte de l’AFP.

Une fois de plus, Wanindara est au coeur de la contestation, à l’approche d’un référendum constitutionnel et de législatives que l’opposition entend boycotter et même empêcher dimanche, faisant craindre de nouvelles violences.

« On tire sur les gens, on arrête les gens, on frappe les vieux, on utilise une femme comme bouclier humain. Dans quel pays cela se passe-t-il ? Il n’y a qu’en Guinée que cela arrive », se lamente Mamadou Diallo.

– Image de la Guinée –

Le quartier qui a vu le jour à la fin des années 1970, pauvre mais pas plus qu’un autre selon les standards guinéens, a des airs de village. Ses petites rues en sable parsemées de nids-de-poule mènent à des maisons aux murs sales. Du linge pend aux fenêtres et des vaches fouillent des tas d’ordures à la recherche de nourriture, pendant que des chiens errants s’abritent du soleil sous les camions. En pagne de wax, des femmes vont puiser de l’eau dans un forage collectif.

Wanindara est un des fiefs les plus turbulents de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), le principal parti d’opposition. Ses habitants dénoncent la persistance de violences policières et de disparitions sous le régime d’Alpha Condé.

« La police vient et tire à balles réelles », dit Ibrahim Barry, en expliquant que son fils a été tué le 13 février en allant jouer au football.

Le gouvernement accuse l’opposition d’être à l’origine des violences, à Wanindara comme ailleurs, et lui reproche d’instrumentaliser les victimes pour « salir l’image la Guinée et de la police ».

Assis dans son bureau climatisé sous un portrait d’Alpha Condé, le ministre de la Sécurité, Albert Damantang Camara, évoque une « guérilla urbaine ». « A qui profitent ces morts-là? Qui a intérêt à ce qu’il y ait des morts et qu’on les mette sur le dos des forces de sécurité ? », déclare-t-il à l’AFP.

Même si les partis s’affirment pluralistes, les affiliations se font largement en fonction de l’origine ethnique. Le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) d’Alpha Condé recrute largement parmi les Malinkés, deuxième ethnie du pays, tandis que l’UFDG est soutenue par de nombreux Peuls, qui se sentent abandonnés par le pouvoir, selon l’analyste Kabinet Fofana.

– Axe du mal ou de la démocratie –

Initialement quartier militaire, Wanindara a connu un afflux de population, principalement peule, à la fin des années 1990, selon un chef de quartier, Abou Bangoura. Son activisme politique a vu le jour sous le régime autoritaire de Lansana Conté (1984-2008) et s’est poursuivi sous la présidence Condé, premier président démocratiquement élu en 2010 après un demi-siècle de régimes autoritaires.

La voie rapide qui jouxte le quartier, la route Le Prince, est surnommée, selon les camps, « l’axe de la démocratie » ou « l’axe du mal ».

Un adolescent a encore été tué la semaine dernière pendant des heurts.

Toutes les manifestations n’ont pas été paisibles, reconnaît le chef de quartier Abou Bangoura. Mais de nombreux jeunes expliquent que, s’ils sont descendus dans la rue et ont lancé des projectiles sur les forces de sécurité, c’est pour empêcher qu’elles « fassent du mal » à leurs parents.

Le ministre de la Sécurité affirme qu’il n’y a pas de preuve de la responsabilité des forces de l’ordre et que des enquêtes sont « systématiquement ouvertes ». Douze membres des forces de sécurité ont également été tués dans les heurts, dit-il, un chiffre que l’AFP n’a pas pu vérifier de source indépendante.

Le comportement des policiers, gendarmes et militaires guinéens est dénoncé de longue date par les défenseurs des droits humains. « Tout pointe vers leur responsabilité », estime François Patuel, d’Amnesty International, en invoquant l’existence d’un nombre « incalculable » de témoins.

Nigeria: un soldat tue quatre de ses collègues avant de se suicider

Un soldat stationné dans le nord-est du Nigeria, région au coeur de l’insurrection jihadiste où de nombreux soldats ont perdu la vie au cours des dernières années, a tué quatre de ses collègues avant de se suicider, a annoncé l’armée.

« Le caporal est devenu fou furieux et a tué quatre de ses collègues avant de retourner l’arme contre lui », a déclaré le porte-parole de l’armée Sagir Musa, dans un communiqué publié mercredi soir.

Deux autres soldats grièvement blessés ont été transportés à l’hôpital de Maiduguri, la capitale de l’Etat du Borno, à plus de 200 km de leur base de Malam Fatori, à la frontière avec le Niger.

Les circonstances du drame n’ont pas encore été déterminées, mais M. Musa a affirmé qu’une enquête a été ouverte.

Le quotidien des soldats nigérians stationnés dans le nord-est du pays est particulièrement difficile.

Les troupes se plaignent régulièrement sur les réseaux sociaux de ne pas recevoir leur solde, du manque de moyens mis à leur disposition ou d’absence de permissions pour aller visiter leur famille.

Le groupe de l’Etat Islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap), branche de Boko Haram qui a prêté allégeance à l’EI en 2016, mène des attaques ciblées et très régulières contre les troupes stationnées dans le nord-est, qui ont fait des dizaines voire des centaines de morts dans les rangs de l’armée depuis ces dernières années.

En août 2018, des centaines de soldats ont manifesté à l’aéroport de Maiduguri pendant plusieurs heures, réclamant le droit de pouvoir visiter leur famille.

Le conflit entre les forces armées nigérianes et Boko Haram a fait 35.000 morts depuis 2009. Deux millions de personnes ne peuvent toujours pas regagner leurs foyers.

Ce conflit s’est étendu au Niger, au Tchad et au Cameroun voisins.

Bissau: un candidat à la présidentielle se fait investir malgré la contestation

L’un des candidats à la présidentielle en Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embalo, a prévu de se faire investir président jeudi dans un hôtel de luxe de Bissau, malgré la contestation persistante autour du résultat de l’élection dans ce pays à l’histoire tumultueuse.

M. Embalo compte se faire introniser dans un établissement placé sous bonne garde militaire, alors que la Cour suprême est toujours saisie d’un recours de son adversaire au second tour de la présidentielle du 29 décembre.

Le Premier ministre en exercice, Aristides Gomes, reconnu par la communauté internationale, a dénoncé une tentative de « coup d’Etat » de la part de M. Embalo, dans un pays qui en est coutumier.

M. Embalo, ancien général, ex-Premier ministre et candidat de l’opposition au parti historique PAIGC, a été donné vainqueur par la commission nationale électorale avec 53,55% des voix.

La commission crédite de 46,45% des votes son adversaire Domingos Simoes Pereira, président du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap Vert (PAIGC), la formation qui domine la politique de cette ancienne colonie portugaise depuis son indépendance en 1974.

M. Pereira et le PAIGC dénoncent des fraudes, réclament qu’on recompte les bulletins et s’en remettent à la Cour suprême d’une décision finale. La Guinée-Bissau se retrouve ainsi en proie depuis deux mois à un imbroglio post-électoral dont n’a pas besoin ce petit pays pauvre d’environ 1,8 million d’habitants confronté à une multitude de défis.

M. Embalo, 47 ans, qui a fait campagne sur le thème de la rupture avec le PAIGC, dit que la décision n’appartient pas à la Cour suprême et fait valoir que la commission électorale, sommée par la Cour suprême de vérifier les résultats, les a confirmés à plusieurs reprises.

– L’inconnue internationale –

Il a choisi de passer outre l’arrêt attendu de la Cour suprême, mais aussi l’approbation du président en exercice du Parlement. Le déploiement d’un dispositif militaire important dans et autour de l’hôtel où a lieu la cérémonie indique que l’armée, acteur de bien des crises bissau-guinéennes, a choisi de laisser faire.

On ignore la réaction de la communauté internationale. La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédeao), partenaire et médiatrice historique dans le pays, a félicité M. Embalo en janvier. Sollicitée à plusieurs reprises pour savoir si M. Embalo serait à présent considéré officiellement comme le président, elle n’a pas répondu.

Egalement interrogé par l’AFP, le département d’Etat américain a renvoyé mercredi aux félicitations adressées en janvier à M. Embalo par les Etats-Unis.

Cet imbroglio est le dernier épisode en date d’une histoire contemporaine chaotique. Depuis l’indépendance, la Guinée-Bissau a connu quatre coups d’Etat et seize tentatives plus ou moins avancées, plus qu’aucun pays dans le monde en dehors de la Somalie, selon un centre de recherche.

Le dernier putsch remonte à 2012. Depuis la présidentielle de 2014, le pays s’est engagé sur la voie d’un retour à l’ordre constitutionnel, ce qui ne l’a pas préservé de turbulences à répétition, mais sans violence, entre le camp du chef de l’Etat sortant José Mario Vaz et celui du chef du PAIGC.

La stabilité est pourtant un enjeu majeur. Le pays est l’un des plus démunis du monde. L’instabilité et la pauvreté y ont favorisé l’implantation de narcotrafiquants, qui utilisent le territoire pour faire transiter la cocaïne d’Amérique latine vers l’Europe, avec la complicité suspectée de cadres de l’armée.

La Guinée-Bissau était classée 172e sur 180 pays en 2018 par Transparency International, ONG spécialisée dans la lutte contre la corruption.

Face à ses maux, le pays a un pressant besoin de réformes auxquelles la paralysie des dernières années ne s’est pas prêtée.

Niger: importantes surfacturations dans des achats d’équipements pour l’armée

Un audit demandé par le président nigérien Mahamadou Issoufou révèle des surfacturations ainsi que des livraisons non-effectuées dans des achats d’équipements pour l’armée, qui combat depuis 2015 les jihadistes dans le sud-est et l’ouest du pays, indique jeudi un communiqué du gouvernement.

Cet audit a relevé « des insuffisances dans les procédures de passation des marchés » ainsi que « dans le suivi de leur exécution », souligne un communiqué lu à la radio publique par le porte-parole du gouvernement, Zakaria Abdourahamane.

« Le gouvernement a décidé de faire rembourser les montants indûment perçus, soit en raison de surfacturation, soit au titre de paiement de services et livraisons non effectuées ou partiellement effectuées », affirme le texte qui ne précise pas les montants concernés, ni les personnalités mises en cause.

Il a également décidé de « transmettre aux tribunaux compétents les dossiers des fournisseurs qui refuseraient de s’exécuter » et « de prendre les sanctions administratives appropriées à l’endroit des agents publics incriminés ».

L’audit a été mené sous la supervision du ministre de la Défense Issoufou Katambé, un proche du chef de l’Etat, nommé à ce poste en septembre 2019. Dès sa prise de service, M. Katambé avait entrepris une tournée d’inspection de plusieurs positions de l’armée, notamment sur les front sud-est, proche du Niger, et ouest, frontalier du Mali et du Burkina.

L’audit a porté sur « la dilapidation » de milliards de FCFA (millions d’euros) « destinés à l’armement et à l’équipement des forces armées nigériennes », impliquant des hommes d’affaires et des responsables gouvernementaux, selon des journaux privés nigériens. Des investigations ont été menées en Russie, en Israël et en Chine et portent sur des achats « de munitions et matériels défectueux » , d’après les journaux.

Entre décembre 2019 et janvier 2020, près de 200 soldats nigériens ont été tués dans des attaques revendiquées par l’Etat islamique (EI) dans la région de Tillabéri, vaste région instable de près de 100.000 km2, riveraine de la zone des trois frontières (Niger, Burkina Faso et Mali).

Tout le Sahel – en particulier le Mali, le Niger et le Burkina – est visé par les assauts de plus en plus audacieux de groupes islamistes, en dépit du renforcement des armées locales et de la présence de 4.500 militaires français de la force antiterroriste Barkhane. Selon l’ONU, les attaques jihadistes au Mali, au Niger et au Burkina ont fait 4.000 morts en 2019.

L’Union africaine compte déployer 3.000 soldats au Sahel

L’Union africaine (UA) a annoncé jeudi qu’elle comptait envoyer 3.000 soldats au Sahel, pour tenter d’enrayer la progression du jihadisme et la dégradation de la sécurité dans la région, sans toutefois préciser les modalités et le calendrier exact de ce déploiement.

La décision, prise lors du sommet de l’UA début février, n’avait pas encore été rendue publique. Elle a été annoncée en conférence de presse à Addis Abeba par le commissaire de l’UA à la paix et la sécurité, Smaïl Chergui, dans le cadre d’un sommet UA/UE.

« Sur la décision du sommet de travailler au déploiement d’une force de 3.000 hommes pour aider les pays du Sahel à affaiblir les groupes terroristes, je pense que c’est une décision sur laquelle nous allons travailler avec le G5 Sahel et la Cédéao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest) », a déclaré M. Chergui.

« Cette décision a été prise parce que, comme vous le voyez (…), la menace progresse et devient plus complexe », a-t-il ajouté.

Le G5 Sahel, basé à Nouakchott, et composé de la Mauritanie, du Mali, du Burkina Faso, du Niger et du Tchad, fournit depuis 2014 un cadre de coopération pour la sécurité et le développement de ces cinq pays sahéliens d’Afrique de l’Ouest.

En 2017, face à la poussée des attaques jihadistes et à la sévère dégradation de la sécurité dans le centre du Mali, ainsi qu’au Burkina Faso et au Niger voisins, le G5 Sahel a réactivé son projet de force conjointe, initialement lancé en 2015.

Cette force, qui doit compter à terme 5.000 hommes pour lutter contre les jihadistes dans les zones frontalières entre les pays membres, peine à monter en puissance.

Les conclusions finales du sommet de l’UA n’ont toujours pas été publiées, mais les diplomates ont confirmé le déploiement prévu.

« Le sommet a décidé de déployer environ 3.000 hommes pour une période de six mois pour aider les pays du Sahel à affronter la menace à laquelle ils font face », a déclaré à l’AFP Edward Xolisa Makaya, l’ambassadeur sud-africain auprès de l’UA.

« C’est juste un signe ou un geste de solidarité avec les peuples du Sahel », a-t-il ajouté, disant espérer que ce déploiement aurait lieu « dans le cours de l’année ».

– Appel à contributions –

Mais certaines modalités restent à régler. Aucun pays ne s’est encore officiellement dit prêt à envoyer des troupes, et le mode de financement du projet n’est pas non plus connu.

« Bien entendu, les États membres ont été incités à faire une offre de contribution, et certains l’ont fait durant les discussions. Mais nous n’avons pas le droit de donner leur nom pour le moment », a précisé M. Makaya.

L’Afrique du Sud a pris lors du dernier sommet la présidence tournante de l’UA et envisage d’accueillir un sommet extraordinaire de l’organisation panafricaine sur les questions sécuritaires en mai.

Elissa Jobson, experte auprès de l’International Crisis group (ICG), a exprimé des doutes sur l’efficacité de l’initiative de l’UA.

« Même si c’est bien de voir que les dirigeants de l’Union africaine montrent un réel intérêt pour le conflit au Sahel et sentent qu’ils doivent faire quelque chose, le déploiement de soldats n’est pas forcément la réponse adéquate », a-t-elle estimé.

Ce déploiement devrait « s’inscrire dans une stratégie politique bien conçue, qui devrait aussi inclure le dialogue avec les groupes jihadistes dans la région », a-t-elle ajouté.

Les violences jihadistes – souvent entremêlées à des conflits intercommunautaires -, ont fait 4.000 morts en 2019 au Burkina Faso, au Mali et au Niger, cinq fois plus qu’en 2016, selon l’ONU, malgré la présence de forces africaines, onusiennes et internationales.

Lors de la même conférence de presse, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a toutefois considéré que la mesure était « très bienvenue ».

« Je pense que nous avons suffisamment de capacité de coordination logistique pour tout gérer ensemble », a-t-il fait valoir.

L’UE et ses États membres ont débloqué quelque 155 millions d’euros pour soutenir la Force conjointe du G5 Sahel depuis sa création, dont près de 70% ont déjà été décaissés.

L’UE a en outre décidé d’un financement additionnel de 138 millions d’euros, confirmé par M. Borrell lors du sommet de Pau entre la France et le G5 Sahel le 13 janvier.

Nigeria: 24 bébés et des adolescentes enceintes libérées d’une « usine à bébés »

La police nigériane a libéré 24 bébés et quatre adolescentes enceintes d’une maternité illégale dans la ville pétrolière de Port-Harcourt dans le sud du Nigeria, a annoncé mardi un porte-parole de la police.

« Lors d’une opération d’infiltration menée mardi, nos hommes ont découvert une organisation s’adonnant à la traite d’enfants à Woji à Port-Harcourt où 24 bébés âgés entre un et deux ans et quatre adolescentes enceintes ont été secourus », a précisé à l’AFP Nnamdi Omoni.

Il a ajouté que les victimes « fragiles et mal nourries » ont été hospitalisées. Des enquêtes sont en cours pour retrouver les personnes qui ont dirigé cet établissement.

Plusieurs autres « usines à bébés » du même type ont été découvertes ces dernières années par la police nigériane. Dans certains cas, les bébés pourraient faire l’objet de rituels de magie noire.

Les opérations de police visant à fermer ces « usines » sont relativement fréquentes au Nigeria, notamment dans le sud. Des jeunes filles piégées avec des promesses d’emplois se retouvent enceintes et forcées d’accoucher des enfants à « vendre ».

Les bébés garçons sont généralement vendus pour 500.000 nairas (1.400 USD, 1.250 euros) tandis que les filles sont « vendues » pour 300.000 nairas, a indiqué la police dans des cas précédents.

Riche en pétrole, le Nigeria possède une des plus grandes économies d’Afrique, mais il est un des pays au monde qui compte le plus d’habitants vivant dans une pauvreté extrême.

L’Unesco a classé le trafic d’êtres humains en troisième place des crimes les plus fréquents commis au Nigeria, après la corruption et le trafic de drogue.

L’UA voit des divergences avec l’UE sur l’homosexualité et la CPI

Le président de la commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a pointé du doigt jeudi les « différences » entre Africains et Européens sur les questions de justice internationale ou de droits des homosexuels, lors d’un sommet destiné à renforcer les liens entre les deux continents.

« Certainement, nous avons nos différences: la justice criminelle internationale, l’orientation et l’identité sexuelle, la peine de mort, la centralité de l’Union africaine dans certaines crises, etc… », a déclaré M. Faki lors d’une conférence de presse marquant l’ouverture à Addis Abeba d’un sommet UA/UE.

Qualifiant ces différences de « normales », il a estimé qu’Africains et Européens devaient les reconnaître et les accepter pour les surmonter.

Le sommet de jeudi marque la deuxième visite de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, au quartier général de l’UA à Addis Abeba, depuis sa prise de fonction le 1er décembre.

Une semaine après avoir commencé à occuper son poste, elle avait choisi la capitale éthiopienne pour son premier déplacement hors de l’UE, afin de lancer un « fort message politique » sur la force du partenariat entre l’Europe et l’Afrique.

Mme von der Leyen travaille actuellement à l’élaboration d’une nouvelle « stratégie africaine » pour l’UE, qui devrait être dévoilée en mars.

Lors de son discours d’ouverture, elle a affirmé que les deux continents étaient des « partenaires naturels », et a mis l’accent sur les secteurs de coopération potentiels pour eux comme le commerce et la lutte contre le réchauffement climatique.

Puis lors de la conférence de presse, elle a estimé que les deux blocs devraient être en mesure de travailler ensemble malgré les divergences mises en exergue par M. Faki.

« C’est l’essence même d’un bon partenariat et d’une bonne amitié », a-t-elle déclaré. « Vous bâtissez sur des fondations solides avec des projets sur lesquels vous pouvez travailler, et vous êtes capables de dire très clairement quelles sont vos différences ».

« Nous essayons de convaincre, mais nous reconnaissons qu’il y a des positions différentes », a-t-elle ajouté. « Nous ne devons pas nous attendre à ce que l’Union africaine s’adapte à l’Union européenne. »

La majorité des pays africains disposent de législations interdisant ou réprimant l’homosexualité, parfois punie de la peine de mort.

Et plusieurs pays africains ont résisté aux efforts de la Cour pénale internationale (CPI) pour juger des dirigeants du continent, le Burundi devenant même en 2017 le premier pays au monde à s’en retirer.

L’UE cherchera à utiliser le sommet de jeudi pour promouvoir le commerce et la coopération économique, afin de répondre « au flot d’investissements chinois sur le continent », a estimé Mikaela Gavas, experte auprès du Center for Global Development (CGD).

Mais la question des droits de l’homme reste un sujet potentiel de confrontation, a-t-elle mis en garde. « Les pays africains ne voudront pas qu’on leur donne des leçons sur la gouvernance et les droits de l’homme. »

La guerre d’une religion fait rage au Monténégro

Serti dans une falaise verticale au coeur du Monténégro, le monastère d’Ostrog, réputé pour ses pouvoirs miraculeux, est un aimant pour les pèlerins orthodoxes. Mais guérisons et exorcismes suffiront-ils à apaiser les querelles religieuses qui secouent le petit pays des Balkans?

Car une bataille rangée fait rage. D’un côté, des prêtres qui accusent le gouvernement « néo-communiste » de vouloir faire main basse sur leurs monastères et leurs « saintes reliques », les fidèles protestant par dizaines de milliers dans la rue.

De l’autre, des autorités qui soupçonnent la principale Eglise du pays de servir des intérêts venus de la Serbie voisine, et réclament pour le Monténégro une Eglise « autonome ».

L’Eglise orthodoxe serbe (SPC), dont le siège est à Belgrade, représente la grande majorité des orthodoxes du Monténégro, malgré son divorce d’avec la Serbie en 2006 après quasi 90 ans de vie commune.

Parallèlement, une petite Eglise du Monténégro, très minoritaire, non reconnue par le monde orthodoxe, tente une « renaissance » depuis le début des années 1990.

Les deux institutions se renvoient à la figure des siècles d’histoire pour arguer être la seule authentique dans le petit pays de 620.000 habitants.

Le gouvernement du président Milo Djukanovic, aux commandes depuis trois décennies, a mis le feu aux poudres fin décembre avec une loi sur la liberté religieuse qui pourrait transférer à l’Etat la propriété d’une bonne partie des centaines de monastères aux mains de la SPC.

La SPC dénonce « l’héritage du fonctionnement communiste où les autorités veulent illégalement éliminer l’Eglise de la vie publique », selon les termes de Gojko Perovic, doyen du séminaire de Cetinje, l’ancienne capitale royale. « Elles veulent contrôler les activités de l’Eglise, ses propriétés et même son nom », dit-il.

– « Beaucoup d’argent » –

Parmi les biens susceptibles d’être concernés, le monastère d’Ostrog, édifice du XVIIe siècle fiché dans la montagne. Il abrite les reliques de Saint-Basile, réputées guérir les malades et exorciser les possédés.

« Le plus grand lieu saint des Balkans appartient à l’Eglise serbe, au peuple serbe et tous les peuples qui viennent ici avec la foi », tonne le prêtre Jovan Radovic, qui y officie de temps en temps.

La question a également des résonances financières du fait du grand nombre de touristes qui visitent les joyaux de la SPC disséminés à travers le pays.

Ostrog par exemple reçoit jusqu’à un million de visiteurs par an. Sans parler des « reliques » qui sont « inestimables », le « peuple laisse ici beaucoup d’argent », constate le père Radovic.

Le sujet déborde de la sphère religieuse et touche à la question de l’identité nationale dans un pays où un tiers des habitants s’identifient comme serbes.

Pour les autorités, le Monténégro a besoin de sa propre Eglise autonome, afin de consolider l’indépendance nationale, à l’instar de l’église ukrainienne séparée de l’église russe.

Les Serbes « n’ont aucun droit sur les églises qui nous appartiennent à nous Monténégrins, l’Eglise serbe est en Serbie et l’Eglise monténégrine est au Monténégro », martèle Ljubica Marinovic, une habitante de Cetinje.

C’est dans cette ville que se trouve le siège de la SPC mais aussi celui de l’Eglise du Monténégro. Le contraste entre les deux est saisissant.

– « Insatisfaction » –

La première est abritée dans un imposant monastère pluricentenaire quand le quartier général de la seconde est situé dans une simple maison.

La lumière peine à filtrer dans le minuscule bureau du patron de l’Eglise du Monténégro, l’évêque Mihajlo Dedeic, 82 ans. De son propre aveu, l’institution ne compte qu’une vingtaine de prêtres et une petite quarantaine de lieux saints.

Il espère que la situation va changer avec une loi décrite comme « positive ».

Le texte prévoit une cession à l’Etat des biens dont les Eglises ne peuvent prouver qu’ils leurs appartenaient avant 1918. Cette année-là, le Monténégro avait perdu son indépendance et été intégré au royaume des Serbes, Croates et Slovènes.

Une fois les églises dans le giron de l’Etat, le prêtre Mihajlo espère qu’il y aura moyen de « négocier » un « compromis » avec la SPC pour que les deux clergés puissent les utiliser.

En attendant, les orthodoxes de la SPC se désolent.

« Le premier problème avec la loi, c’est qu’un président d’un pays qui n’est pas baptisé va créer une nouvelle Eglise », soupire le père Radovic. « C’est incroyable », lâche-t-il.

A l’approche des législatives prévues à l’automne, les contempteurs du pouvoir l’accusent de vouloir se servir de la controverse pour détourner l’attention des gens de leurs problèmes.

Certains fidèles de la SPC sont dans la rue pour d’autres raisons que « l’injustice religieuse ». « Les gens sont ici à cause de l’insatisfaction massive face à l’économie et la démocratie », disait récemment Ljilkana Banjevic, manifestante de 62 ans.

Grèce: toujours des manifestations anti-migrants, appel au dialogue

Plus d’un millier d’habitants de Lesbos ont manifesté jeudi à Mytilène, chef-lieu de l’île, contre un nouveau camp de migrants, le gouvernement appelant au dialogue au lendemain de violents affrontements entre manifestants et policiers.

Plusieurs associations de commerçants de Lesbos et des syndicats proches du parti communiste grec, à l’origine de la manifestation, ont également appelé à la poursuite de la grève sur l’île. Les magasins étaient fermés jeudi pour la deuxième journée consécutive.

« Ni de camp fermé, ni de camp ouvert sur les îles », scandaient les manifestants qui ont marché pacifiquement.

Sur l’île proche de Chios, des centaines de personnes ont également manifesté jeudi et poursuivi la grève.

L’ambiance était plus calme sur ces îles jeudi après les violents incidents de mercredi ayant fait plus de 60 blessés dont la plupart des policiers des forces anti-émeutes.

Après des semaines de pourparlers infructueux avec les autorités locales, le gouvernement avait envoyé lundi par bateau des engins de chantier et la police anti-émeutes, provoquant l’indignation des insulaires et les critiques de l’opposition de gauche.

« L’écrasante majorité des forces anti-émeutes ont quitté jeudi matin les îles et rentreront en Grèce continentale », a confirmé jeudi à l’AFP un porte-parole de la police, Thodoros Chronopoulos.

« 43 policiers ont été blessés légèrement à Lesbos mercredi mais ils sont hors danger », a-t-il précisé.

Le porte-parole du gouvernement Stelios Petsas a indiqué que « la première phase des travaux de terrassement s’est achevée sur les sites de construction ( des camps à Lesbos et Chios) et que les forces policières devaient rentrer ».

– Face-à-face tendu –

La Grèce est redevenue en 2019 la première porte d’entrée en Europe des demandeurs d’asile. Devant l’augmentation du flux migratoire, le gouvernement conservateur avait annoncé en novembre que les camps surpeuplés de Lesbos, Samos et Chios en mer Egée seraient fermés cette année.

Ils seront remplacés par de nouvelles installations « fermées » d’une capacité d’au moins 5.000 personnes chacune, qui devraient être opérationnelles mi 2020, selon le gouvernement.

Plus de 38.000 demandeurs d’asile s’entassent dans des conditions sordides dans les camps actuels des îles de Lesbos, Samos, Chios, Leros et Kos, officiellement prévus pour 6.200 personnes.

Mais les habitants des îles s’opposent à la construction de nouveaux camps: vivant avec les migrants depuis 2015, année de la grande crise migratoire, ils réclament leur transfert en Grèce continentale et la construction de petits centres d’enregistrement d’un millier de personnes chacun.

« L’île est devenue une immense prison de migrants (…) nous avons exprimé notre solidarité toutes ces années, mais il faut décongestionner les îles », a indiqué Michael Hakas, 47 ans, employé à l’université de Mytilène, qui a manifesté jeudi.

Mercredi à Lesbos, le face-à-face tendu entre habitants et forces anti-émeutes a duré toute la journéei: des centaines de personnes rassemblées à Antamanides, un village proche du site de construction d’un nouveau camp, ont jeté des pierres vers la police, qui a riposté avec du gaz lacrymogène, des grenades assourdissantes, un canon à eau et des balles en plastique, selon un photographe de l’AFP.

– Appel au dialogue –

Mercredi soir, environ 2.000 personnes ont manifesté devant une caserne où se trouvaient les policiers avant de tenter d’y pénétrer. La police anti-émeutes a riposté avec du gaz lacrymogène tandis que certains habitants ont tiré avec leurs carabines de chasse, selon un photographe de l’AFP.

A Chios, 2.000 personnes ont aussi manifesté contre la construction d’un nouveau camp. Selon des médias locaux, un groupe de manifestants a fait irruption dans une chambre d’hôtel occupée par des policiers et les ont tabassés, en blessant huit.

Le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a indiqué jeudi lors d’un conseil des ministres qu’une enquête serait ouverte après les dénonciations sur « l’usage de violence disproportionnée » par des habitants des îles où, selon lui, « il faut isoler les éléments extrêmes ».

Il a appelé les maires des îles à participer à une réunion jeudi soir à Athènes en vue d’apaiser la situation.

« Il faut privilégier le dialogue, la guerre a besoin d’une trêve », a indiqué jeudi Stigmatisé Karmans, le maire de Chios, à la radio RealFm, soulignant qu’il allait se rendre à Athènes pour participer à la réunion avec le Premier ministre.

Macron à Naples pour un sommet avec l’Italie perturbé par le coronavirus

Le président français, Emmanuel Macron, et le Premier ministre italien, Giuseppe Conte, vont afficher jeudi l’entente retrouvée entre Paris et Rome à l’occasion d’un sommet franco-italien perturbé par la crise du coronavirus.

Les autorités italiennes ont maintenu cette réunion, prévue de longue date, en dépit de la propagation de l’épidémie de pneumonie virale partie de Chine en décembre, qui polarise l’attention des autorités à Rome comme à Paris.

L’Italie, où le nombre de contaminations a fait boule de neige depuis vendredi, est devenue le pays d’Europe le plus affecté avec plus de 400 cas et 12 décès, selon le dernier bilan des autorités.

Moins touchée, la France a recensé 17 cas et deux décès dont un premier mort Français, annoncé mercredi et qui n’avait pas du tout voyagé dans les zones à risque.

Pour Paris, « il est important d’être présent » aux côtés des Italiens et de « coopérer » dans ce « contexte difficile ».

Aucun sommet franco-italien n’a été organisé depuis celui de Lyon fin 2017, une absence qui témoigne de la période de tensions traversée par les relations entre les deux « soeurs latines » de l’Europe.

En effet, pendant plus d’un an, Paris et Rome se sont livrés à une guerre des mots, qui a culminé avec le rappel temporaire de l’ambassadeur français en Italie, la plus grave crise diplomatique transalpine depuis 1945.

L’ex-ministre de l’Intérieur italienn Matteo Salvini, patron du parti souverainiste de La Ligue, avait pris pour cible privilégiée Emmanuel Macron dont il avait fustigé l' »arrogance » et l' »hypocrisie » en matière d’immigration.

De son côté, Emmanuel Macron avait fait de Matteo Salvini son « opposant principal » en Europe et fustigé la « lèpre nationaliste ».

– Relations apaisées –

Les relations se sont progressivement apaisées depuis l’avènement, en septembre 2018 d’un nouveau gouvernement Conte de coalition entre le Mouvement 5 Etoiles (M5S, anti-establishment) et le Parti démocrate (centre gauche), Matteo Salvini retournant dans l’opposition.

« Nous pouvons bien travailler avec ce gouvernement », estime-t-on à l’Elysée, car « nous partageons de nombreuses convergences », notamment sur la politique européenne.

Ainsi, Paris et Rome sont désormais « sur la même ligne » sur l’accueil des migrants en Méditerranée, un dossier sur lequel les deux capitales s’étaient frontalement opposées.

Cette « nouvelle impulsion » des relations sera au menu des discussions entre MM. Macron et Conte, respectivement accompagnés de 11 et 12 ministres couvrant tous les domaines, de l’économie à la défense en passant par la culture.

Autre sujet de friction il y a peu, le dossier libyen fait désormais l’objet d’un « alignement », selon l’Elysée, entre Paris et Rome, qui travaillent à la relance de la mission navale Sophia, désormais centrée sur le contrôle de l’embargo sur les armes à destination de la Libye.

MM. Macron et Conte devraient affirmer leur volonté de signer dans les prochains mois le Traité du Quirinal (nom du siège de la présidence italienne), annoncé en 2017 pour donner « un cadre plus stable et ambitieux » à la coopération franco-italienne, sur le modèle du traité franco-allemand.

Le sommet se terminera par un dîner de gala en compagnie du président Sergio Mattarella.

L’Inde ébranlée par les violences intercommunautaires à Delhi

L’Inde était ébranlée jeudi par les violences intercommunautaires qui ont fait 33 morts à New Delhi, dans un contexte de polarisation croissante du géant d’Asie du Sud gouverné par les nationalistes hindous du Premier ministre Narendra Modi.

Des émeutiers armés de pierres, de sabres et parfois de pistolets ont semé le chaos et la terreur depuis dimanche dans des faubourgs populaires du nord-est de la capitale, éloignés d’une dizaine de kilomètres du centre. Des heurts autour d’une loi controversée sur la citoyenneté ont dégénéré en affrontements communautaires entre hindous et musulmans.

Quelques incidents isolés se sont produits dans la nuit de mercredi à jeudi dans la mégapole, mais aucune nouvelle flambée majeure n’est survenue. Les autorités ont déployé en nombre mercredi des policiers et paramilitaires en lourdes tenues antiémeute.

Sunil Kumar, directeur du principal hôpital de la zone, a indiqué à l’AFP avoir recensé 30 morts dans son établissement. Un autre hôpital a, lui, fait état de trois décès en lien avec ces affrontements.

Plus de 200 personnes ont aussi été blessées, beaucoup par balles. Cette flambée de violences intercommunautaires, pour laquelle la police a interpellé 100 personnes, est la pire à frapper la capitale depuis les massacres de Sikhs en 1984 en représailles à l’assassinat d’Indira Gandhi.

Selon une liste de personnes décédées dans le principal hôpital, que l’AFP a consultée, les victimes semblaient à peu près autant hindoues que musulmanes, à en juger d’après leur nom.

Lors de multiples incidents, des groupes armés hindous s’en sont pris à des lieux et à des personnes identifiés comme musulmans, au cri du slogan religieux « Jai Shri Ram » (« Loué soit le dieu Ram »).

Plusieurs mosquées ont été brûlées dans la zone. Un drapeau hindou, représentant le dieu-singe Hanuman, a été hissé sur le minaret d’une mosquée mise à sac, ont constaté des journalistes de l’AFP.

« Je m’inquiète des informations faisant état d’inaction de la police devant les attaques contre les musulmans par d’autres groupes », a déclaré jeudi Michelle Bachelet, Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme.

– Communauté internationale silencieuse –

Sur place jeudi, la tension restait prégnante et la méfiance régnait. Une équipe de l’AFP a fait face à des réactions extrêmement hostiles de la part d’habitants.

Dans le quartier d’Ashok Nagar, principalement composé d’hindous, les émeutiers ont incendié les maisons des familles musulmanes.

« Personne (des autorités, ndlr) n’est venu nous aider. C’est nos voisins hindous qui nous ont aidés. Ils nous ont assistés pour arroser le feu. Ils ont apporté des seaux d’eau. Ils nous préparent du thé. Ils nous demandent sans cesse si nous avons besoin de quelque chose », a témoigné Bilkis, une mère de sept enfants dont le domicile a été en grande partie endommagé.

Les capitales mondiales sont restées globalement silencieuses sur ces violences, à l’exception d’Ankara. Se posant de longue date en défenseur des musulmans dans le monde, le président turc Recep Tayyip Erdogan a dénoncé jeudi les « massacres » commis selon lui par les hindous contre les musulmans.

En visite d’État en Inde au moment de l’embrasement, le président américain Donald Trump a esquivé en conférence de presse une question sur le sujet, disant ne pas avoir discuté de ces émeutes avec Narendra Modi.

Les violences ont éclaté dimanche soir lorsque des groupes hindous se sont opposés à une manifestation de musulmans contre une loi controversée sur la citoyenneté. Cette législation, jugée discriminatoire pour les musulmans par ses détracteurs, est à l’origine d’un vaste mouvement de contestation qui secoue l’Inde depuis décembre.

La loi controversée a cristallisé les craintes de la minorité musulmane – 200 millions du 1,3 milliard d’Indiens – d’être reléguée au rang de citoyens de seconde classe, dans cette nation où les hindous représentent 80% et sujette à une crispation politico-religieuse ces dernières années.

Les détracteurs de Narendra Modi l’accusent de vouloir transformer l’Inde laïque en un pays purement hindou. Le chef de gouvernement indien, au pouvoir depuis 2014 et largement réélu l’année dernière, a appelé mercredi ses concitoyens à « la paix et la fraternité ».

Ses adversaires politiques pointent toutefois du doigt les discours incendiaires tenus par des responsables de son parti, notamment lors de la campagne pour des élections locales à Delhi au début de l’année.

Des représentants du Bharatiya Janata Party (BJP), avaient assimilé les manifestants contre la loi sur la citoyenneté à des « jihadistes », certains appelant même à les incarcérer ou à les abattre.

Les émeutes de Delhi « étaient en germe depuis longtemps », a estimé l’éminent intellectuel Pratap Bhanu Mehta dans une tribune publiée jeudi par le quotidien Indian Express.

« Il ne fait aucun doute que l’État aurait pu stopper la violence plus rapidement s’il l’avait voulu », a-t-il affirmé, s’inquiétant que ces événements soient « un prélude à un possible pogrom, ou au moins une ghettoïsation » des musulmans en Inde.

Syrie: les rebelles contre-attaquent à Idleb, le régime avance malgré tout

Jihadistes et rebelles ont repris jeudi aux forces du régime une ville stratégique de la province d’Idleb, infligeant un revers au régime de Bachar al-Assad dans son offensive dévastatrice contre cette région du nord-ouest du pays en guerre.

Malgré la contre-attaque de leurs adversaires, les forces du régime, aidées de l’allié russe, ont repris 20 localités et villages ailleurs dans la province, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Le Conseil de sécurité de l’ONU doit discuter de la Syrie jeudi mais jusqu’à présent les puissances occidentales se sont montrées incapables de stopper l’offensive du régime contre l’ultime grand bastion jihadiste et rebelle du pays.

Depuis décembre, plus de 400 civils ont péri dans l’assaut selon l’OSDH et plus de 948.000 personnes, dont plus de la moitié sont des enfants, ont été déplacées d’après l’ONU.

Les rebelles sont entrés le matin dans Saraqeb, une ville de l’est de la province d’Idleb, selon un correspondant de l’AFP les accompagnant. La ville est totalement vidée de ses habitants et les destructions sont énormes.

Les insurgés se sont déployés en grand nombre dans les rues. De violentes explosions sont entendues en provenance de la périphérie de la ville, où des affrontements opposent insurgés et jihadistes aux prorégime.

La ville de Saraqeb, qui avait été reconquise le 8 février par le régime, se trouve à la jonction de deux autoroutes que le pouvoir veut sécuriser pour consolider son emprise dans le nord su pays. En reprenant Saraqeb, jihadistes et rebelles coupent l’autoroute M5 reliant la capitale Damas à la métropole d’Alep (nord).

– « Assaut contre les civils » –

L’OSDH a fait état également de la reprise « par les jihadistes et les rebelles » de Saraqeb. Des raids aériens russes sont menés aux abords de la ville, a ajouté l’ONG.

A Damas, l’agence de presse officielle Sana a rapporté « des affrontements violents » entre l’armée et « des groupes terroristes sur l’axe de Saraqeb ».

Sana a accusé des forces de la Turquie, qui soutient certains rebelles et déploie des troupes à Idleb, d’apporter aux insurgés un appui militaire.

L’OSDH a affirmé que l’artillerie turque appuyaient des groupes rebelles.

La Turquie continue d’envoyer des renforts dans le nord-ouest syrien, réclamant un arrêt de l’offensive du régime.

Les affrontements sont devenus quasi-routiniers entre soldats turcs et forces syriennes. Jeudi, le ministère turc de la Défense a annoncé la mort de deux soldats à Idleb, tués dans une frappe aérienne.

Même s’ils appuient des parties rivales, des discussions sont prévues jeudi à Ankara entre militaires et diplomates de Russie et de Turquie sur la Syrie.

Mardi encore, plusieurs écoles ont été touchées par des bombardements qui ont tué 20 civils, selon l’OSDH.

« Cette crise réclame l’attention urgente des dirigeants du monde », a plaidé jeudi le Comité international de Secours, réclamant une trêve à Idleb et une intervention concrète du Conseil de sécurité. « Les parties en conflit doivent ressentir la pression pour mettre fin à cet assaut contre les civils. »

– Progression du régime –

Ce sont les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d’Al-Qaïda) qui dominent encore la moitié de la province d’Idleb et des secteurs attenants dans celles d’Alep, de Hama et de Lattaquié.

A la faveur de son offensive, le régime a reconquis des dizaines de villes et localités de ce bastion.

Jeudi, il a poursuivi sa progression reprenant 20 localités et villages dans le sud d’Idleb, selon l’OSDH.

« Le régime contrôle tout le sud de la province d’Idleb, de Maaret al-Noomane jusqu’au sud de Jisr al-Choughour », a indiqué à l’AFP le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane.

« Cette progression rapproche le régime de Jisr al-Choughour, mais aussi d’une reconquête de tous les territoires rebelles de Hama », selon lui.

Néanmoins pour des experts, la bataille de Jisr al-Choughour risque de s’avérer ardue pour le régime.

La ville est dominée par les jihadistes du Parti islamique du Turkestan (TIP), dont les membres appartiennent majoritairement à la minorité musulmane ouïghoure de Chine.

Avec le soutien de l’allié russe, de l’Iran et du Hezbollah libanais dans le conflit, le pouvoir syrien a multiplié les victoires ces dernières années jusqu’à reprendre le contrôle de plus de 70% du pays.

Déclenchée en mars 2011 par la répression de manifestations pacifiques, la guerre en Syrie s’est complexifiée avec l’intervention d’acteurs régionaux et internationaux, outre celle de groupes jihadistes. Elle a fait plus de 380.000 morts.

Coronavirus: l’épidémie se propage, mesures drastiques en Arabie, au Japon et en Europe

Le coronavirus se propage désormais bien au-delà de la Chine et les mesures drastiques se multiplient dans le monde, l’Arabie saoudite décidant de suspendre l’entrée des pèlerins et le Japon de fermer ses écoles.

Si la Chine était jusqu’à peu l’unique foyer mondial de coronavirus, le risque s’est démultiplié avec l’émergence de nouveaux pays-sources comme la Corée du Sud, l’Italie et l’Iran.

Jeudi, le nombre de nouveaux cas quotidiens de Covid-19 enregistrés hors du territoire chinois a ainsi dépassé celui annoncé Chine (433), où le virus est apparu en décembre. La Corée du Sud a fait état à elle seule de plus de 500 contaminations supplémentaires.

Plus de 78.000 personnes ont jusqu’ici été contaminées en Chine, dont 2.744 mortellement. Le coronavirus touche également des dizaines d’autres pays, avec un bilan de quelque 3.600 contaminations et plus de 50 morts.

Par mesure de prévention, l’Arabie saoudite a suspendu « temporairement » l’entrée sur son territoire des pèlerins se rendant à La Mecque.

La mesure concerne l’Oumra, un pèlerinage qui attire chaque mois plusieurs dizaines de milliers de musulmans. Il peut être réalisé à n’importe quelle période de l’année, à la différence du Hajj, effectué à des dates précises du calendrier islamique.

Autre décision radicale, le Premier ministre japonais Shinzo Abe a demandé la fermeture temporaire des écoles publiques du pays à partir de lundi.

« Le gouvernement place la santé et la sécurité des enfants au-dessus de tout », a déclaré M. Abe devant la presse. « Nous demandons que toutes les écoles primaires, les collèges et les lycées (…) à travers le pays ferment temporairement à partir du 2 mars jusqu’aux vacances de printemps », a-t-il ajouté.

Relativement épargnés jusqu’ici avec 15 cas détectés, les Etats-Unis sont prêts à répondre à l’épidémie à « une échelle beaucoup plus grande », a assuré mercredi le président américain Donald Trump.

Il a évoqué la possibilité d’imposer « en temps voulu » des restrictions aux voyageurs en provenance d’Italie (plus de 400 cas, 12 morts) et de Corée du Sud (plus de 1.700 contaminations, 13 décès), le pays asiatique étant le principal foyer de la maladie hors de Chine.

Les Etats-Unis imposent déjà une interdiction d’entrée aux ressortissants étrangers s’étant rendus en Chine au cours des deux dernières semaines.

– Amélioration en Chine –

Autre foyer, l’Iran a rapporté jeudi sept nouveaux morts, portant le total à 26. Hors de Chine, c’est le plus lourd bilan en termes de décès.

Comme l’Arabie saoudite, la Chine, qui a pris des mesures de prévention drastiques sur son sol en confinant plus de 50 millions de personnes au Hubei (centre), s’inquiète désormais de cas « importés » d’autres pays.

La ville de Pékin a annoncé mercredi que les personnes arrivant en provenance d’Etats « gravement touchés » par le coronavirus devraient désormais se placer en quarantaine pendant 14 jours.

Le Covid-19 semble toutefois avoir déjà atteint un pic en Chine, où le nombre de nouveaux décès quotidiens continue à chuter. Les autorités ont annoncé jeudi seulement 29 morts supplémentaires — un chiffre au plus bas depuis près d’un mois.

– L’Italie nouveau foyer –

Mais d’autres pays inspirent davantage d’inquiétude. Notamment l’Italie, qui apparaît de plus en plus comme une plateforme de diffusion du Covid-19.

Le virus est ainsi arrivé au Brésil, épargné jusqu’ici, en y entrant via un Brésilien de retour d’Italie. La Grèce, l’Espagne, le Royaume-Uni, la Croatie, l’Autriche, le Danemark et l’Allemagne ont toutes fait état d’au moins une personne contaminée après un séjour dans la péninsule.

De nombreux Etats européens ont renforcé leur dispositif de prévention et conseillent à leurs citoyens de ne pas se rendre dans les régions italiennes touchées.

Rome a pris des mesures draconiennes, dont la mise en quarantaine de 11 communes du Nord, poumon économique du pays.

« Nous avons fermé notre salle de sports et la cantine, les gens ne peuvent pas manger face à face », a expliqué à l’AFP le PDG d’une entreprise lombarde de robinetterie, Aldo Bonomi.

« Le problème, c’est l’économie. On voit les chiffres, cette crise est en train de mettre le pays à genoux », s’inquiète Daniele Vaccari, pâtissier à Secugnago, un village du Nord.

– ‘Affronter au mieux’ –

Ailleurs en Europe, de nombreux pays comme la Suisse, la Norvège, le Danemark, la Roumanie, ou la Macédoine du Nord sont désormais touchés. L’Estonie a annoncé jeudi un premier cas, un Iranien résidant dans le pays balte.

« On a devant nous une épidémie » qu’il va falloir « affronter au mieux », a déclaré jeudi le président français Emmanuel Macron, au lendemain de l’annonce d’un premier mort français, un homme qui n’avait pas voyagé dans une zone à risque.

L’Afrique n’est plus épargnée, même si le nombre de cas reste étrangement bas. Un Italien arrivé le 17 février en Algérie est devenu la deuxième personne infectée du continent, après un premier cas en Egypte.

Dans un contexte d’inquiétude croissante en Europe, les principales Bourses du continent ont plongé jeudi à l’ouverture, de Londres (-2,5%) à Milan (-2,3%), en passant par Paris et Francfort (-2,4% chacun).

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Risque de « crise humanitaire majeure » au Zimbabwe, selon le FMI

Le Zimbabwe est confronté à un risque de « crise humanitaire majeure », selon le Fonds monétaire international (FMI), qui table pour 2020 sur une croissance quasi-nulle de son économie et la persistance d’une grave insécurité alimentaire.

« Dans la perspective d’une nouvelle récolte insuffisante, la croissance devrait tourner autour de zéro et les pénuries de nourriture continuer », a écrit jeudi le FMI.

« Si le budget 2020 (du pays) inclut une hausse significative des dépenses sociales, elle ne suffira probablement pas à satisfaire tous les besoins. Faute d’une hausse de l’aide, les risques d’une crise humanitaire majeure sont élevés », a ajouté l’institution financière après sa dernière inspection dans le pays.

Le Zimbabwe est englué depuis vingt dans une crise économique sans fin, qui s’est récemment aggravée avec le retour de l’hyperinflation, des pénuries de produits de base et des coupures d’électricité généralisées.

Comme le reste de l’Afrique australe, le pays souffre en outre d’une grave sécheresse qui pèse sur les récoltes.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies estime que la moitié de ses 15 millions d’habitants se trouve actuellement en situation de grave insécurité alimentaire.

Malgré ses promesses maintes fois répétées, le président Emmerson Mnangagwa, qui a succédé fin 2017 à l’autocrate Robert Mugabe, ne parvient pas à redresser le pays.

Il y a un an, la hausse des prix de l’essence avait provoqué des émeutes meurtrières, sévèrement réprimées par le régime.

Dans sa déclaration, le FMI a exhorté le Zimbabwe à renouer au plus vite avec la communauté internationale afin d’obtenir la levée des sanctions qui le frappent depuis l’ère Mugabe.

L’aide humanitaire prise entre deux feux au Cameroun anglophone

Humanitaires kidnappés, convois pillés, civils attaqués lors des distributions alimentaires: au Cameroun anglophone, ravagé par de sanglants combats entre militaires et rebelles indépendantistes mais aussi les exactions et crimes des deux camps, porter assistance aux civils est de plus en plus périlleux.

En une semaine, trois distributions dans les deux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ont été empêchées, voire endeuillée, selon des témoignages recueillis au téléphone par l’AFP.

Le 19 février, un homme de 29 ans a été tué par balle à Ekona, dans le Sud-Ouest, par des militaires qui ont attaqué des villageois attendant des rations alimentaires d’une ONG partenaire du Programme alimentaire mondial (PAM), selon cette agence de l’ONU et des témoins.

« Nous étions 220 déplacés sortis de la brousse où nous nous cachons, quand dix militaires sont arrivés et nous ont frappés », raconte l’un d’eux, sous couvert de l’anonymat, ajoutant: « Ils ont mis de côté sept hommes, qu’ils suspectaient d’être des séparatistes, et ont tiré dans la jambe d’un jeune, qui s’est vidé de son sang ». Un meurtre confirmé par un autre villageois et le responsable d’une organisation humanitaire régionale.

Ce sont des « tentatives de désinformation » qui visent « à ternir l’image de nos forces », a réagi auprès de l’AFP le porte-parole de l’armée, le colonel Cyrille Atonfack Guemo.

Selon lui, le camion du PAM aurait été pris « accidentellement entre deux feux », militaires contre « terroristes sécessionnistes ». « Il est inconcevable que l’armée, dont la mission est de travailler à l’amélioration des conditions de vie (…), s’oppose en même temps au travail des organisations humanitaires », affirme l’officier.

– Traces de torture –

Selon un des témoins, les « mêmes soldats » avaient déjà attaqué une distribution au même endroit deux mois plus tôt. « Le 24 décembre, un volontaire de l’ONG a été arrêté, retenu dans une gendarmerie, et son corps, présentant des traces de torture, a été retrouvé début janvier », a confirmé à l’AFP un responsable d’un organisation humanitaire, qui ne veut pas être nommé.

Le 20 février, c’est une distribution de Caritas à Bafmeng, dans le Nord-Ouest, qui a essuyé une attaque, d’un groupe armé cette fois. Environ 70 personnes, dont 50 enfants, ont dû se réfugier dans le camion de l’ONG qui a quitté précipitamment les lieux, témoigne son directeur au Cameroun, le père Paul Njokikang.

Le prêtre assure aussi qu’il a été pris en otage par des groupes armés séparatistes à trois reprises au cours d’opérations humanitaires et détenu 24 heures par l’armée.

Dans la même région, en novembre, un humanitaire avait été tué par des hommes armés, selon l’ONU.

L’aide médicale n’est pas épargnée: le 19 février, des militaires ont poursuivi une voiture jusque dans l’enceinte d’un hôpital soutenu par Médecins sans frontière (MSF), dans le Nord-Ouest. Sur le parking réservé aux ambulances, un des militaires a ouvert le feu tuant le conducteur, selon l’ONG.

« Le soldat a été immédiatement mis aux arrêts » et « une enquête aussitôt ouverte », plaide le ministère de la Défense.

MSF a appelé « toutes les parties prenantes (…) au respect absolu des installations médicales, des ambulances, du personnel médical et des patients », rappelant que ses équipes « ont fait l’objet de menaces régulières, notamment d’intimidation armée, de la part des différentes parties ».

« Nous sommes pris entre deux feux », se plaint aussi Ayah Abine, président de l’ONG camerounaise Ayah Foundation.

– Kidnappé trois fois –

« J’ai été menacé par des militaires » en apportant l’aide à des réfugiés, explique-t-il, ajoutant: « des groupes armés ont aussi kidnappé des membres de mon ONG trois fois ».

M. Abine a été convoqué le 20 février chez les gendarmes à Yaoundé, suspecté de livrer des armes aux séparatistes, puis relâché sans poursuites.

Plusieurs responsables d’ONG internationales ont assuré à l’AFP que Ayah Foundation était neutre. « C’est de l’intimidation », commente l’un d’eux.

Il émerge « un sentiment de méfiance vis-à-vis de certaines organisations humanitaires, dont des actes contribuent à installer le doute quant à leur intégrité », réagit le colonel Atonfack. « Des ambulances appartenant à MSF ont été retrouvées transportant des combattants armés ainsi que des armes et munitions », accuse-t-il.

MSF « réfute de la façon la plus catégorique qui soit ce type d’accusations, graves et dangereuses pour nos patients et nos équipes », s’emporte l’ONG internationale auprès de l’AFP, assurant que ses « ambulances ne servent qu’à transporter des patients non armés, ayant besoin de soins immédiats, sans discrimination ».

« Un grand nombre d’incidents contre des humanitaires sont rapportés, des convois pillés, des kidnappings… Or l’aide est déjà en deçà des besoins », s’inquiète Jérôme Fontana, chef des opérations du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Cameroun.

Depuis trois ans, le conflit a fait plus de 3.000 mort et forcé près de 700.000 personnes à fuir leur domicile. La majorité des écoles et centres de santé ont fermé. Des villages entiers ont été brûlés.

« Nous vivons dans la peur, dans la brousse avec les animaux sauvages, où des femmes accouchent. Il n’y a ni eau potable, ni nourriture décente », s’émeut un des déplacés d’Ekona, qui a peur se rendre aux distributions d’aide.

Dans les deux régions, seuls 32,17% des besoins humanitaires ont été financés en 2019, selon l’ONU. Mais « le principal obstacle n’est pas financier, c’est le manque de sécurité », assène M. Fontana.

En Irak, le coronavirus porte le coup de grâce au tourisme religieux

Après des mois de manifestations émaillées de violences et les sanctions américaines contre l’Iran, le tourisme dans les villes saintes chiites d’Irak était déjà à l’agonie. Les premiers cas de coronavirus ont porté le coup de grâce, assurent hôteliers et commerçants.

A Kerbala, ville sacrée pour les musulmans chiites au sud de Bagdad, les portes de verre des imposantes façades sont scellées par des cadenas au bout de grosses chaînes métalliques, autant d’établissements forcés de mettre la clé sous la porte.

Plus personne ne s’arrache les chapelets, images religieuses et autres souvenirs de pèlerinage et les masques sur les visages sont plus nombreux que turbans et longs voiles noirs.

Quant au mausolée de l’imam Hussein, petit-fils du prophète de l’islam Mahomet, son entrée est bloquée deux fois par jour le temps que des employés en tenue spéciale aspergent les lieux de désinfectant.

« On ne vend plus rien parce que les pèlerins d’Iran et du Golfe ne viennent plus », dit à l’AFP Haidar qui propose chapelets et poignées de terre de Kerbala. « Maintenant, en plus, on a le coronavirus. »

Le premier des cinq cas de COVID-19 annoncés en Irak a été enregistré à Najaf, l’autre ville sainte chiite au sud de Bagdad: un étudiant en religion iranien qui revenait de vacances dans son pays.

Les quatre autres cas ont été aussi contractés en Iran, où il y a eu 19 décès dus à la maladie.

L’Irak a aussitôt fermé la frontière avec l’Iran et interdit l’entrée des Iraniens dans le pays.

Des millions de pèlerins chiites, surtout d’Iran, passent chaque année par Kerbala et Najaf. Ces touristes assurent aux deux cités les plus saintes du chiisme des revenus ayant atteint certaines années jusqu’à cinq milliards de dollars dans un pays où le tourisme autre que religieux n’existe pas.

– « Le tourisme est mort » –

Après quelques années de prospérité, avec à la clé des centaines de milliers d’emplois, un premier coup d’arrêt a eu lieu en octobre après le début en Irak d’une révolte inédite contre le pouvoir marquée de violences meurtrières.

Depuis, « le tourisme religieux à Kerbala est mort. Aucun touriste ne vient et nos pertes financières atteignent les 100% », assure, emphatique, Saheb Zaman, numéro deux de la chambre de Commerce de Kerbala.

A Najaf, c’est encore pire. Fait exceptionnel, le mausolée de l’imam Ali, le gendre du prophète Mahomet, a été fermé au public qui d’habitude s’y presse pour embrasser ou caresser les portes, tombes et corans.

« Najaf comptait 350 hôtels. Au moins 300 ont fermé et dans ceux restés ouverts, le taux de remplissage va de 5 à 10% », indique à l’AFP Saëb Abou Ghneim, président de la Ligue des hôtels et restaurants de la ville.

Et si les pertes sont si lourdes, c’est parce que « les Iraniens représentent 85% des ressources touristiques de Najaf. »

Avant octobre, Najaf recevait chaque jour « 5.000 visiteurs enregistrés auprès d’agences de voyages » et des milliers d’autres venus seuls, poursuit-il.

– « Ils se sont trompés » –

Bagdad avait même accepté de supprimer les frais de visa pour les touristes venus d’Iran. Mais toutes les mesures d’incitation n’y ont rien fait.

Les craintes que les tensions entre Téhéran et Washington ne dégénèrent en guerre ouverte en Irak sont passées par là. Mais aussi « les manifestations et les violences, les sanctions américaines contre l’Iran, la dévaluation du rial et alors que le tourisme commençait tout juste à reprendre, il y a eu un Iranien contaminé par le coronavirus à Najaf », se lamente M. Abou Ghneim.

Dans la ville gagnée par la psychose, aux rues désormais désertes, seules les pharmacies ont intensifié leur activité, à coup de ventes de masques et de gels désinfectants.

Près du mausolée de l’imam Ali, les serveurs, eux, attendent désœuvrés des chalands qui n’arrivent pas, en alpaguant les très rares visiteurs.

« C’est frais, c’est tout frais », lance l’un d’eux à la cantonade, sans pour autant parvenir à remplir une tablée de son restaurant jadis plein.

Pour le dignitaire chiite Fadel al-Bedeiri, « Najaf a placé de grands espoirs dans l’Iran », deuxième exportateur de biens vers l’Irak. Les hommes d’affaires locaux « ont ouvert des hôtels pour les Iraniens et acheté uniquement des produits iraniens. ».

« Ils pensaient que les Iraniens seraient toujours là… Ils se sont trompés ».

Afghanistan: un accord Etats-Unis/talibans et des incertitudes

Washington et les talibans doivent signer samedi à Doha un accord visant à préparer une sortie des Etats-Unis de la plus longue guerre de leur histoire et à lancer des discussions de paix inter-afghanes.

L’accord sera présenté comme le début d’une nouvelle ère pour l’Afghanistan, pays pauvre ravagé par la guerre depuis 40 ans, et laisse entrevoir la fin de l’intervention américaine lancée le 7 octobre 2001 en réponse aux attentats du 11-Septembre.

Mais personne ne sait de quoi sera fait l’avenir du pays après l’accord, avec des interrogations sur les intentions réelles des talibans et la capacité des protagonistes afghans à mettre fin à la crise politique.

Plus de 100.000 civils afghans ont été tués ou blessés au cours de la dernière décennie, selon l’ONU, et le conflit a coûté aux contribuables américains plus de 1.000 milliards de dollars (environ 914 mds d’euros) en frais militaires et de reconstruction depuis 2001.

Les négociations entre les talibans et les Etats-Unis, avec l’intermédiaire qatari, ont échoué à plusieurs reprises en raison de la violence qui continue de faire rage en Afghanistan.

Bien que le contenu de l’accord n’ait pas été dévoilé, on s’attend à ce que le Pentagone commence à retirer des troupes d’Afghanistan, où sont actuellement basés entre 12.000 et 13.000 hommes. Les Etats-Unis ont déclaré qu’un premier retrait au cours des prochains mois concernerait environ 8.600 soldats.

D’autres retraits pourraient suivre. Ils dépendraient des progrès des pourparlers de paix entre le gouvernement du président Ashraf Ghani et les talibans. Pour le moment, ces derniers considèrent le gouvernement comme une marionnette des Américains.

– « Opportunité historique » –

Les insurgés sont également censés garantir que l’Afghanistan ne sera plus utilisé par des groupes jihadistes tels qu’Al-Qaïda et le groupe Etat islamique (EI) pour lancer des attaques à l’étranger.

L’implantation d’Al-Qaïda sur le sol afghan avec la bénédiction des talibans a été la raison principale de l’intervention américaine du pays.

La signature de l’accord programmée pour samedi intervient après une trêve partielle d’une semaine en Afghanistan destinée à instaurer la confiance entre les belligérants et à montrer que les talibans peuvent contrôler leurs forces.

En dépit d’attaques isolées dans les zones rurales, le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a estimé mardi que la période de trêve « fonctionnait ». « Nous sommes à l’orée d’une opportunité historique pour la paix », a-t-il déclaré.

Jusqu’à 30 pays devraient être représentés lors de la signature de l’accord à Doha mais le gouvernement afghan n’enverra pas de délégué.

« Le gouvernement n’est pas là, nous ne faisons pas partie de ces négociations. Nous n’avons pas confiance dans les talibans », a expliqué à l’AFP un responsable afghan.

Les problèmes de confiance entre les deux parties afghanes alimentent le climat de crise politique, et les Etats-Unis refusent de soutenir pleinement la réélection d’Ashraf Ghani, des mois après un scrutin entaché d’allégations de fraude.

– « Fatigué de la guerre » –

Donald Trump a promis à plusieurs reprises de ramener les troupes américaines au pays et de mettre fin aux guerres « stupides » de l’Amérique.

Mais les analystes craignent une situation ingérable. Washington « va déclarer la victoire » et, si des problèmes surgissent, « dira +c’est la faute des Afghans+ », a déclaré à l’AFP Colin Clarke, chercheur au centre de réflexion Soufan Center.

« Quel intérêt les talibans ont-ils à respecter l’accord une fois qu’ils auront obtenu ce qu’ils veulent, à savoir le retrait des Etats-Unis ? », s’est-il interrogé.

Les Etats-Unis et les talibans étaient sur le point de s’entendre après la fin d’un neuvième cycle de négociations mais en septembre 2019, Donald Trump a torpillé le processus après la mort d’un militaire américain dans une attaque à Kaboul attribuée aux insurgés.

L’imprévisibilité du président américain pourrait faire échouer l’accord de Doha à la dernière minute, bien qu’il ait promis de mettre son nom sur un accord si la trêve partielle se prolongeait.

De son côté, le chef adjoint des talibans, Sirajuddin Haqqani, a écrit dans un éditorial paru dans le New York Times la semaine dernière que « tout le monde est fatigué de la guerre ».

« Les meurtres et les mutilations doivent cesser », a ajouté cet homme à la tête du réseau Haqqani, un groupe qualifié de terroriste par les États-Unis et considéré comme la branche la plus sanglante des rebelles.

Dix ans après, le Chili a pansé ses plaies du terrible séisme de 2010

Du passage des trois vagues qui avaient rasé à 75% le village côtier de Dichato, il n’y a plus aucune trace: dix ans après le puissant séisme du 27 février 2010 qui avait fait 525 morts dans la région centre-sud du Chili, la reconstruction est désormais achevée.

« Dichato était un symbole de destruction, nous sommes désormais un symbole de la reconstruction », se félicite Maria Angélica Torres, à la tête d’une association d’habitants et propriétaire d’un restaurant sur le tout nouveau front de mer qui fait face au Pacifique.

Située à une trentaine de kilomètres de Concepcion (sud), la capitale de la région de Biobio, épicentre du séisme, la station balnéaire a retrouvé sa vie d’avant, attirant les touristes sur sa promenade côtière totalement réhabilitée.

Près de 3.000 habitants ont été relogés et des parcours d’évacuation, dûment signalés, ont été créés. Des ouvrages pour l’évacuation de l’eau ont été construits et des arbres plantés pour freiner la puissance de la vague, en cas de nouvelle catastrophe.

« Dichato a été reconstruit à 100% », explique Ivan Carter, professeur d’urbanisme à l’Université de Biobio (centre), qui souligne que la participation des habitants a été cruciale dans le projet de reconstruction.

Le Chili est un des pays les plus sismiques au monde, situé sur la « ceinture de feu » du Pacifique, une zone à forte activité tellurique. Avec une magnitude de 8,8, le séisme de 2010 a été le deuxième plus puissant de l’histoire du Chili, après celui de 1960 qui avait atteint une magnitude de 9,6.

La tragédie avait coûté la vie à 525 personnes, dont une centaine tuées par le tsunami qui avait suivi le séisme. Il avait causé 30 milliards de dollars de dégâts matériels.

Plus de 220.000 logements avaient été détruits, 3.700 établissements scolaires mis hors service, une quinzaine d’hôpitaux étaient devenus inutilisables et 1.550 km de routes ont été à refaire, essentiellement dans le centre et le sud du pays.

– Tissu social –

A Caleta Tumbes, un village de pêcheurs, situé à proximité de l’épicentre et également dévasté par le tsunami, les maisons ont été reconstruites sur la colline, à distance de la mer.

« Nous sommes en sécurité, la maison est jolie, mais nous regrettons notre crique », raconte à l’AFP Luisa Araya, laissant entrevoir la difficile équation de la reconstruction : protéger la vie des habitants, mais aussi reconstruire le tissu social, également mis en miettes par le séisme.

« Le bruit de la mer me manque… les gens aussi », raconte Luisa, dans sa nouvelle maison qu’elle partage avec son mari et son père. Quelque 200 familles ont été relogées dans le nouveau village, situé à dix minutes à pied de l’océan.

En bord de mer, une vingtaine de restaurants, principale source de revenus des habitants, ont été reconstruits, ainsi que quelques maisons perchées sur des pilotis.

« Le Chilien est un peu têtu. Nous prenons racine là où étaient les anciens et nous y restons », dit Juan Pedro Diaz, un pêcheur qui a décidé de rester en face de la mer, dans une de ces maisons « anti-tsunami ».

Jesus Bravo a rouvert un restaurant, qu’il a baptisé « 8,8 », mais n’habite plus sur place, car « s’il y a un tsunami, il emporte tout avec lui ».

Malgré la tragédie, le séisme de 2010 a été riche d’enseignements : le pays a consolidé ses technologies anti-sismiques qu’il exporte désormais à l’étranger.

« Aujourd’hui, on peut construire au Chili un bâtiment qui ne serait pas endommagé par un tremblement de terre comme celui de 1960 », explique Juan Carlos de la Llera, ingénieur à l’Université catholique du Chili, qui a déposé plusieurs brevets en la matière.

« La réglementation sismique du Chili est très exigeante, ce qui a permis au tremblement de terre de 2010 de ne pas faire s’effondrer un nombre important de maisons », rappelle aussi le ministre du Logement et du développement urbain, Cristian Monckeberg.

C’est en vertu de cette législation que le plus haut bâtiment d’Amérique latine a été érigé à Santiago : avec ses 300 mètres de haut, la Gran torre Santiago, achevée en 2014, est devenue un des symboles de la capitale chilienne.

Pour l’Arabe israélien Odeh, démonter le plan Trump en chassant Netanyahu

« Nous pouvons triompher sous peu du plan Trump ». Le leader des partis arabes israéliens Ayman Odeh tente de freiner le plan américain pour le Moyen-Orient en commençant par chasser le « parrain » de ce projet, Benjamin Netanyahu, aux élections israéliennes de lundi.

Sa « Liste unie », une coalition hétérogène de partis arabes israéliens où se mêlent communistes, socialistes, libéraux et islamistes, avait causé la surprise aux élections de septembre 2019 en foulant la troisième marche du podium derrière le Likoud (droite) de Benjamin Netanyahu et le parti Bleu-blanc (centre) de l’ex-général Benny Gantz.

M. Odeh et une partie de ses troupes avaient recommandé M. Gantz au poste de Premier ministre afin de mettre un terme au pouvoir de M. Netanyahu dont le procès pour corruption, malversation et abus de confiance débute le 17 mars.

« Nous voulons la chute de Netanyahu car c’est le plus grand provocateur des citoyens arabes et c’est le parrain de ‘l’accord du siècle' », surnom du projet américain pour un règlement du conflit israélo-palestinien, lance M. Odeh, cheveux gominés, veston noir impeccable sur chemise blanche, dans un entretien avec l’AFP à Haïfa, sa ville d’origine dans le nord d’Israël.

Si M. Gantz et la gauche s’arc-boutent contre M. Netanyahu pour ses démêlés judiciaires, Ayman Odeh joue une toute autre carte pour cette troisième élection en moins d’un an: le plan du président américain Donald Trump qui fait droit aux exigences israéliennes.

M. Netanyahu jubile à l’annonce du plan fin janvier, les Palestiniens se froissent. Et les Arabes israéliens, ces descendants des Palestiniens restés sur leurs terres après la création d’Israël?

« Le problème principal de ce plan tient à ce que le Premier ministre israélien a accepté de céder une partie de sa population », lance M. Odeh, qui feint un jab en souriant à la caméra.

– Bibi vs. Tibi –

Un détail n’a pas échappé à Ayman Odeh et à la minorité arabe (environ 20% de la population israélienne): le transfert du « Triangle » vers la Palestine à venir.

Le plan propose en effet de transférer le contrôle d’une dizaine de villages et villes arabes israéliens regroupés dans une région baptisée le « Triangle » à un futur Etat palestinien.

« C’est comme si les Arabes étaient les citoyens non désirés d’un pays qui se voulait exclusivement pour les Juifs », déplore M. Odeh. « Je suis un fils de Haïfa, j’ai grandi avec les juifs, on ne peut pas établir une frontière entre nous et nos voisins juifs », souligne l’homme qui tweete en hébreu.

Ces jours-ci, Ayman Odeh sillonne les secteurs arabes d’Israël pour moissonner la colère face à un projet qu’il qualifie du « plus dangereux depuis 1967 », date de l’occupation de Jérusalem-Est et de la Cisjordanie par Israël.

Dans le camp Netanyahu, l’épithète « dangereux » s’écrit plutôt à côté de « Odeh ». Ou de « (Ahmed) Tibi ». Un ténor de la « Liste unie » dont le visage arrondi orne des affiches du Likoud avec la mention en hébreu « Bli Ahmed Tibi », « sans Ahmed Tibi ».

Bref, Netanyahu propose un gouvernement sans les partis arabes et accuse son rival Benny Gantz de s’appuyer sur leur soutien.

– Le moins pire –

« Mais nous sommes capables de mettre fin au règne de Netanyahu et de l’extrême droite sans appui extérieur », soutient M. Odeh, qui cite Ibn Khaldoun, grand historien arabe du XIVe siècle et penseur de la naissance et du déclin des dynasties.

Comment vaincre le « Roi Bibi »? En septembre, la liste arabe avait remporté 13 sièges et soutenu M. Gantz. Pourquoi?

« Il y a un adage palestinien qui dit: ‘qu’est-ce qui t’a conduit a tant d’amertume? Et la réponse est: encore plus d’amertume' », répond Ayman Odeh. Entre deux maux, il avait choisi, selon lui, le moins pire.

Cette fois, la pilule ne passe plus.

Sa coalition assure ne plus vouloir soutenir M. Gantz, mais simplement empêcher le Premier ministre et ses alliés d’atteindre le chiffre de 61 députés, seuil pour former un gouvernement.

Et pour y parvenir, elle souhaite passer à 16 députés et priver de sièges précieux le camp Netanyahu qui accuse les députés arabes israéliens de passer leur temps à « jouer au backgammon ».

Netanyahu écarté du pouvoir, les partis arabes espèrent pouvoir freiner le plan Trump, mais devront convaincre pour ce faire une partie de la classe politique israélienne, à commencer par M. Gantz, de discuter avec eux et avec les Palestiniens. M. Gantz est favorable au plan, mais son camp a ouvert la voie à des discussions.

D’ici là, Ayman Odeh se rêve en tombeur du « Roi Bibi » qui aura, espère-t-il, amplement le temps après les élections « de joueur au backgammon ».

Corée du Sud: les nouveaux cas de coronavirus explosent, report des manoeuvres avec Washington

Washington et Séoul ont annoncé jeudi le report d’exercices militaires conjoints en raison de l’épidémie de coronavirus, le jour même où le nombre de nouveaux cas recensés en Corée du Sud devenait supérieur au nombre de nouveaux cas en Chine, épicentre de la maladie.

La Corée du Sud est le foyer de contagion le plus important hors de la Chine continentale, où le coronavirus est apparu en décembre.

Jeudi après-midi, les Centres coréens de contrôle et de prévention des maladies (KCDC) ont annoncé plus de 500 nouveaux cas du coronavirus. Il s’agit de la plus importante hausse journalière en Corée du Sud, supérieure même au nombre de nouveaux cas (433) enregistrés en Chine.

Au total, 13 personnes sont mortes en Corée du Sud, où le virus a contaminé 1.766 personnes.

Le report des exercices conjoints a été décidé après que Séoul eut relevé à son plus haut niveau son alerte sanitaire sur le virus, a déclaré jeudi le Commandement des forces conjointes dans un communiqué, ajoutant que les manoeuvres en Corée du Sud avaient été reportées « jusqu’à nouvel ordre ».

– Shincheonji dans le viseur –

Les Etats-Unis disposent de 28.500 militaires en Corée du Sud, dont un grand nombre sont stationnés à Camp Humphreys, à Pyeongtaek, le plus grand complexe militaire américain hors des Etats-Unis.

Les deux pays avaient déjà considérablement réduit la taille de leurs exercices militaires pour faciliter les négociations sur le programme nucléaire de la Corée du Nord. Pyongyang condamne régulièrement ces manoeuvres en les présentant comme la répétition d’une invasion.

« Le gouvernement est désolé d’inquiéter la population avec cette augmentation rapide du nombre de cas », a affirmé à la presse Kim Gang-lip, vice-ministre de la Santé.

Le chiffre devrait encore grimper car les autorités ont commencé à vérifier la santé de plus de 210.000 membres de l’Eglise Shincheonji de Jésus, un mouvement religieux désormais au coeur de la propagation du virus dans la péninsule, et qui serait lié à plus de la moitié de ses cas.

L’épidémie de coronavirus s’est répandue comme une traînée de poudre dans les rangs de cette organisation accusée par ses détracteurs d’être une secte, et ce à partir d’une de ses fidèles, une femme de 61 ans identifiée comme le patient 31.

Elle a commencé à souffrir de fièvre le 10 février et a assisté à au moins quatre célébrations de Shincheonji à Daegu, où se trouve le siège de l’organisation, avant d’être diagnostiquée comme porteuse du virus.

Environ 80% des cas sud-coréens de coronavirus se trouvent à Daegu.

– Pétition contre Moon –

Sous la pression populaire, Shincheonji s’est résignée à remettre une liste des noms de 212.000 de ses fidèles pour permettre aux autorités de vérifier s’ils présentent des symptômes.

Mais certains médias affirment que le mouvement également connu sous le nom de Temple du Tabernacle s’est par le passé targué d’avoir plus de 240.000 membres, semant le doute sur la précision de la liste.

L’Eglise Shincheonji de Jésus s’est justifiée, affirmant que n’étant pas encore des membres à part entière, ils ne pouvaient y figurer. Ces nouvelles recrues seraient plus de 70.000, selon le vice-ministre de la Santé.

La Corée du Sud possède un système médical de pointe, la presse y est libre et ce pays a une très forte culture de la transparence, ce qui, selon les observateurs, explique aussi le caractère élevé des chiffres des contaminations. Elle a à ce stade testé plus de 65.000 personnes.

Mais le pays est aussi politiquement très polarisé, et plus d’un million de personnes ont signé une pétition sur le site internet de la Maison bleue, siège de la présidence sud-coréenne, pour demander la destitution du président Moon Jae-in, lui reprochant sa gestion de l’épidémie.

Un militaire américain de 23 ans, stationné dans le camp de Carroll à 30 kilomètres au nord de Daegu, a été déclaré mercredi positif au Covid-19.

De nombreux événements sont perturbés par cette épidémie. Des concerts ont été annulés, le coup d’envoi du championnat national de football a été reporté et les Mondiaux de tennis de table ont été ajournés.

Autre conséquence: la Banque de Corée a révisé jeudi à la baisse sa prévision de croissance pour 2020. Elle table désormais sur une croissance de 2,1%, soit 0,2 point de moins que prévu, en raison notamment d’une baisse de la consommation et d’un ralentissement des exportations à cause de l’épidémie.

L’Eglise catholique de Corée du Sud a suspendu toutes les messes qui devaient être célébrées dans les plus de 1.700 églises du pays.

Etats-Unis: où en sont les principaux candidats démocrates ?

Trois jours avant un scrutin crucial en Caroline du Sud qui déterminera la dynamique juste avant l’avalanche de votes du « Super Tuesday », où en sont les sept principaux candidats à l’investiture démocrate pour la Maison Blanche?

– Bernie Sanders –

Assailli par ses rivaux lors d’un débat démocrate mardi à Charleston, notamment sur ses anciens flirts avec des régimes communistes mais aussi le flou autour du financement de sa profonde réforme du système de santé, Bernie Sanders, 78 ans, est le grand favori de la course à l’investiture du parti.

Le sénateur indépendant du Vermont, qui est en tête des sondages nationaux avec 29% des intentions de vote, pourrait se permettre de perdre le vote des primaires en Caroline du Sud samedi et resterait très bien placé pour le scrutin décisif du « Super Tuesday » mardi, lorsque 14 Etats voteront.

– Joe Biden –

« Je vais gagner la Caroline du Sud », a martelé Joe Biden, 77 ans, lors du débat de mardi où il s’est montré plus combatif que lors des précédentes joutes télévisées.

L’ancien vice-président, qui mène dans les sondages en Caroline du Sud avec 30,3% des intentions de vote, mise gros sur ce scrutin au sein d’un Etat où les Noirs représentent plus de la moitié de l’électorat démocrate. Une victoire permettrait à M. Biden de se relever après ses résultats piteux dans l’Iowa et le New Hampshire et ainsi relancer la dynamique de sa campagne avant le « Super Tuesday ». Mais les doutes sur son âge, sa forme, après des gaffes remarquées, et sa capacité à être président ne sont pas prêts de disparaître.

– Michael Bloomberg –

Le milliardaire Michael Bloomberg, 78 ans, se positionne en troisième dans les sondages nationaux, après avoir inondé le pays de publicités, puisant plus de 500 millions de dollars dans sa fortune personnelle pour financer sa campagne. Mais l’image bien lisse projetée dans ses spots de campagne a été craquelée après ses prestations, d’abord désastreuse puis plus ferme sans pour autant faire d’étincelles, lors des deux débats auxquels il a pris part.

Si l’ancien maire de New-York ne participe pas au scrutin en Caroline du Sud, il demeure un concurrent solide pour le vote du « Super Tuesday ».

– Pete Buttigieg –

Quasi inconnu il y a un an, Pete Buttigieg, 38 ans, fait figure de révélation de la campagne des primaires démocrates avec des bons résultats inattendus aux scrutins de l’Iowa et du New Hampshire.

L’ancien maire de South Bend, ouvertement homosexuel, manque toutefois de soutien au sein des minorités du pays, qui lui reprochent son bilan en matière de discrimination raciale et, pour certains électeurs religieux, son orientation sexuelle. Or cet électoral est crucial pour qu’un démocrate décroche la Maison Blanche. Obtenir un bon score en Caroline du Sud sera un vrai défi pour le candidat modéré actuellement cinquième dans les sondages dans cet Etat.

– Elizabeth Warren –

Un temps favorite des primaires démocrates, Elizabeth Warren, 70 ans, dont le programme est très à gauche, voit son horizon obstrué par les bonnes performances de Bernie Sanders, « socialiste » autoproclamé.

Féroce dans les débats publics, la sénatrice progressiste est à la traîne dans les sondages et en situation très périlleuse après trois mauvais résultats aux primaires démocrates. Dégager un bon score en Caroline du Sud constituera pour elle un défi de taille.

– Amy Klobuchar –

Après une troisième place surprise dans le New Hampshire, la sénatrice Amy Klobuchar, 59 ans, est désormais à la peine dans les sondages. Les échéances décisives des primaires en Caroline du Sud et du « Super Tuesday » seront redoutables pour la candidate modérée du Midwest, qui pourrait bien devoir jeter l’éponge en mars, faute de financements suffisants et sous la pression de démocrates qui s’inquiètent de voir le vote modéré se diviser entre autant de candidats, face à un Bernie Sanders en plein élan.

– Tom Steyer –

Le milliardaire et philanthrope Tom Steyer, 62 ans, joue son va-tout en Caroline du Sud où il s’est concentré sur la communauté noire de l’Etat à coups de publicités et de réunions publiques, dépensant plus de 20 millions de dollars selon CNN.

Une stratégie qui lui permet de pointer en troisième position des intentions de vote dans cet Etat. S’il ne réussit pas son pari, la course pourrait cependant se terminer rapidement pour M. Steyer, lui aussi sous pression pour dégager la voie à un vote plus modéré.

César: les femmes encore loin du haut de l’affiche

Hormis les costumières et les monteuses, les femmes restent très minoritaires au palmarès des César, un manque de parité qui devrait perdurer vendredi lors d’une 45e édition à la sélection très masculine.

– A peine mieux que les Oscars –

Actrices, réalisatrices, productrices, costumières, cheffes décoratrices, scénaristes, monteuses… Les femmes n’ont glané, depuis la première cérémonie en 1976, qu’un gros quart des César (27,4%), selon une base de données de l’AFP.

La proportion de lauréates chute même de 10 points, à 17,9%, dans les catégories mettant hommes et femmes en compétition (en excluant donc les récompenses remises à des acteurs par genre). Les César font à peine mieux que les Oscars américains, dont 17,3% ont été attribués à des femmes sur la période, selon une autre base de données de l’AFP.

En France, la parité ne fut atteinte qu’une seule fois, en 2000, année où neuf César sur 18 furent attribués à des femmes (hors César d’honneur).

Cette 25e cérémonie fut doublement exceptionnelle, puisqu’elle consacra Tonie Marshall, seule femme à ce jour à avoir remporté le prestigieux César du meilleur réalisateur, pour « Vénus Beauté (Institut) ». Céline Sciamma (« Portrait de la jeune fille en feu ») pourrait la rejoindre cette année, mais elle aura fort à faire face à sept concurrents masculins.

Cette année, les femmes représentent en moyenne 23% des nommés dans les catégories mixtes.

L’Académie des César, chargée de les départager, compte actuellement 35% de femmes parmi ses 4.700 membres. Mais une réforme est engagée pour tendre vers la parité d’ici aux César 2021.

– Costumières et monteuses –

Comme aux Oscars, c’est dans la catégorie des meilleurs costumes que les femmes sont les mieux représentées, avec 71% des récompenses.

Les femmes dominent également le palmarès du meilleur montage, dont elles ont raflé 64% des César. En comparaison, les femmes sont très minoritaires (18%) dans cette catégorie aux Oscars.

A elle seule, Juliette Welfling, monteuse indissociable de l’œuvre du réalisateur Jacques Audiard, a été primée à cinq reprises, notamment pour « Un prophète » (2010) et « De battre mon cœur s’est arrêté » (2006).

– Ailleurs, les femmes quasi-absentes –

A l’instar de Tonie Marshall chez les réalisateurs, une seule femme a été primée dans la catégorie de la « meilleure musique originale »: la Caïta, récompensée en 2001 au côté de trois hommes pour la bande originale flamenco de « Vengo » du réalisateur Tony Gatlif.

Les femmes sont aussi quasi-absentes du palmarès dans les catégories « meilleur son » (3,6%), « meilleure photographie » (5,1%) et « meilleurs décors » (8%).

Elles ne représentent que 12,2% des réalisateurs et producteurs récompensés dans la catégorie reine du « meilleur film », et ne sont guère mieux représentées pour les films d’animation (14,6%), documentaires (15,5%), premiers films (18%) et courts-métrages (18,1%).

Les femmes culminent à 23% dans les catégories distinguant les scénarios.

– Les quinquas en force –

Historiquement, les chiffres mettent en évidence une prime à la jeunesse pour les actrices, qui ont en moyenne six ans de moins que leurs homologues masculins quand elles sont couronnées pour un rôle principal.

Mais ce n’est plus vrai dans la période récente: sur les onze dernières cérémonies, les César ont récompensé à dix reprises une meilleure actrice plus âgée que le meilleur acteur.

Et sept actrices de plus de 50 ans ont décroché depuis 2005 la récompense suprême, parmi lesquelles Isabelle Huppert (2017), Catherine Frot (2016) et Isabelle Adjani (2010). Ce n’était arrivé que deux fois auparavant.

La corruption pèse toujours sur l’Angola, malgré la chute de la maison dos Santos

Depuis vingt ans qu’il fait des affaires en Angola, Antonio Almeida a appris à louvoyer entre les écueils de la corruption au quotidien. A 44 ans, cet ambitieux patron sait mieux que tout autre combien elle gangrène l’économie du pays.

« La corruption a causé tant d’inégalités et de difficultés », déplore-t-il dans son bureau de la Galeria Vida, le centre commercial de la banlieue de Luanda qu’il a ouvert en 2016. « Si vous aviez besoin d’une autorisation pour votre commerce, il n’y avait pas d’autre choix que de payer ».

S’il utilise l’imparfait, c’est qu’Antonio Almeida est persuadé que l’ère des backchiches, des passe-droits et des arrangements entre amis qui a longtemps prévalue sera bientôt finie.

Depuis son arrivée au pouvoir il y a deux ans et demi, le nouveau président angolais Joao Lourenço a fait de la lutte contre la corruption sa priorité.

Au fil des mois, il a méthodiquement limogé tous les patrons d’entreprises publiques, hauts-fonctionnaires et gradés de l’appareil militaro-policier du pays réputés proches de son prédécesseur Jose Eduardo dos Santos.

Maître sans partage de l’Angola pendant trente-huit ans, M. dos Santos, 77 ans aujourd’hui, est accusé d’avoir mis l’économie du deuxième producteur pétrolier du continent en coupe réglée au profit d’une poignée de proches.

Emblème de ce système, sa famille n’a pas été épargnée par le nettoyage lancé par le nouvel homme fort du pays.

Le fils dos Santos, Jose Filomeno, est jugé depuis décembre pour avoir détourné 500 millions de dollars des comptes du fonds souverain angolais qu’il dirigeait. Et sa milliardaire de fille Isabel a été inculpée d’en avoir siphonné le double des comptes de la compagnie pétrolière nationale.

Aujourd’hui à la tête d’un empire financier, Mme dos Santos nie ces accusations et crie à la « persécution politique ».

– Népotisme –

Pas de quoi émouvoir Antonio Almeida, qui considère comme catastrophique le bilan économique de l’ancien régime.

Auparavant habitué à une croissance à deux chiffres, l’Angola a été frappé de plein fouet par la chute des cours de l’or noir en 2014. La devise nationale, le kwanza, et l’activité ont brusquement plongé. Quant à l’inflation, elle n’en finit plus de galoper et d’enfoncer un peu plus le pays dans la pauvreté.

L’entrepreneur luandais a dû fermer cinq de ses sept boutiques de luxe, en faillite car sa clientèle des classes moyennes a vu fondre son pouvoir d’achat.

Récemment encore, il a renoncé à ouvrir un nouveau centre commercial faute de soutien des banques. « Le projet coûtait initialement 100 million kwanzas (202.000 dollars) », enrage-t-il, « il serait aujourd’hui de 300 millions… »

Malgré les promesses de relance du chef de l’Etat, la situation de l’économie reste préoccupante. Après trois années de récession, la Banque africaine de développement (BAD) ne table sur un fragile retour de la croissance que cette année.

« L’économie reste largement en-deçà de ses capacités. Les liquidités manquent et, plus grave, la dette se creuse », détaille Robert Besseling, consultant chez EXX Africa.

Dans ce contexte, la lutte anticorruption vise d’abord, selon lui, à retrouver des liquidités. « Cela soulagerait au moins temporairement l’économie et, dans la foulée, la population locale », estime M. Besseling.

La semaine dernière, le président Lourenço a répété publiquement à Luanda sa volonté de remettre la main sur « les avoirs illégalement sortis » du pays.

Le Fonds monétaire international (FMI) a encouragé son gouvernement à poursuivre sur cette voie en lui accordant en décembre un prêt de 247 millions de dollars.

– Fin de l’impunité –

L’économiste Yuri Quixina, de l’université Agostinho Neto de Luanda, avertit toutefois que la lutte anticorruption est un travail de longue haleine. « Pendant que nous y travaillons (…) le plus important est que la communauté internationale y croit et fasse des investissements », souligne-t-il.

Malgré les promesses du président Lourenço, la rue angolaise attend toujours un mieux dans sa vie quotidienne.

Ainsi Eva Mateus, qui vend des ustensiles de cuisine au marché « congolais » de Luanda. « Je suis enseignante diplômée », lâche-t-elle, « sans corruption, je n’en serais pas là ».

« Les choses ne sont pas simples ces derniers temps », renchérit une de ses collègues, boulangère, dans les allées largement vides de clients du marché. « On ne sait pas pourquoi », rouspète Maria Eunice, 43 ans, « personne ne peux nous expliquer pourquoi les prix augmentent ».

D’autres, plus pessimistes, ne croient tout simplement pas à un quelconque changement.

« Ici, tout le monde est encore impliqué. Si vous connaissez quelqu’un (…) il suffit toujours de le payer pour qu’il fasse ou vous donne ce que vous voulez », note Joao Pande, 30 ans, devant son garage de la capitale.

Le mécanicien regrette même que la lutte contre la corruption ait compliqué les affaires. « Ça a causé beaucoup d’incertitude, franchement je ne sais pas ce que ça va apporter au pays ».

L’entrepreneur Antonio Almeida, lui, veut croire que le combat est en train de porter ses fruits.

« Dans certains cas, certaines institutions sont devenues plus sérieuses (…) les gens comprennent mieux qu’il ne doivent pas demander d’argent pour traiter nos demandes », se réjouit-il, « ils ont pris conscience que le temps de l’impunité était révolu ».

Togo: l’opposant Kodjo dépose un recours pour contester les résultats de la présidentielle

L’opposant Agbéyomé Kodjo, arrivé à la seconde place de l’élection présidentielle au Togo, derrière le président sortant Faure Gnassingbé, a annoncé mercredi à l’AFP avoir déposé un recours devant la Cour constitutionnelle, dénonçant de « faux résultats » et une « mascarade électorale ».

« J’ai déposé mardi soir un recours devant la Cour constitutionnelle. Nous attendons que la Cour récuse les faux résultats publiés par la Céni (Commission électorale nationale indépendante) », a expliqué l’opposant.

Cet ancien Premier ministre et outsider de l’opposition a obtenu 18,37% des voix, contre 72,36% pour le président sortant, selon les résultats préliminaires officiels.

Le candidat du Mouvement patriotique pour la démocratie et le développement (MPDD) s’est toutefois auto-déclaré « président de la République togolaise », quelques heures avant la proclamation des résultats de la Céni, dénonçant de graves « irrégularités ».

M. Kodjo a plusieurs fois appelé les Togolais à se « mobiliser pour manifester leur désapprobation face à cette mascarade électorale et à défendre leurs suffrages », mais son appel n’a pas eu d’écho.

Les observateurs de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ont exhorté les candidats à « respecter les résultats issus des urnes et proclamés par les institutions » et à recourir, si besoin, « aux voies légales », dans une déclaration lue lundi lors d’une conférence de presse.

L’Union africaine (UA) a également appelé le peuple togolais à « continuer d’oeuvrer pour préserver la paix, la stabilité, afin de consolider la démocratie et l’Etat de droit ».

De son côté, Faure Gnassingbé, âgé de 53 ans, a fêté lundi sa victoire avec ses partisans, mais n’a pas fait de discours à la nation.

« Cette victoire est belle, elle est franche, parce qu’elle est le fruit de nos efforts collectifs (…). Cette victoire, personne ne peut la voler, elle nous appartient, avait-il lancé devant la foule.

M. Gnassingbé, arrivé au pouvoir en 2005 après le décès de son père, le général Gnassingbé Eyadéma, qui avait lui-même dirigé le Togo pendant 38 ans, a été réélu depuis lors de scrutins tous contestés par l’opposition.

Il garde d’importants alliés parmi ses pairs africains et avec la France, ex-puissance coloniale impliquée dans la lutte contre les mouvements jihadistes au Sahel voisin, qui restent particulièrement sensibles à la stabilité du Togo dans cette région volatile.

Cameroun: la communauté internationale « bienvenue » pour régler la crise, affirme un opposant

La communauté internationale est la bienvenue au Cameroun pour aider à régler la crise meurtrière qui secoue les régions anglophones du pays, a affirmé l’opposant Maurice Kamto mercredi devant une foule de plusieurs centaines de personnes à Douala.

« Si les partenaires du Cameroun sont prêts à venir nous aider à régler la crise, alors je leur dis bienvenue », a-t-il lancé lors de sa première intervention en public depuis les législatives de début février.

Après le meurtre de 23 personnes mi-février dans les régions anglophones du Cameroun, attribué notamment à des militaires par plusieurs ONG, le président français Emmanuel Macron avait promis de « mettre la pression » à Yaoundé, des propos qui avaient choqué au Cameroun, y compris dans une partie de l’opposition.

La présidence de Paul Biya avait alors rétorqué que « le président est comptable de son action devant le seul peuple camerounais souverain, et non devant un dirigeant étranger ».

« Si les autres s’intéressent à ça, c’est parce que nous n’avons pas été en mesure de régler ça entre nous », a lancé M. Kamto mercredi.

Son parti, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) avait appelé à boycotter les législatives en raison du conflit entre indépendantistes et l’armée, qui a fait plus de 3.000 morts et poussé plus de 700.000 personnes à quitter leurs domiciles dans les régions anglophones du Sud-Ouest et du Nord-Ouest.

M. Kamto s’est félicité du taux de participation très bas, estimant que le « mot d’ordre de boycott » avait été suivi à 77% ». Le taux des participation et l’ensemble des résultats n’ont pas encore été publiés.

Le candidat malheureux à la présidentielle de 2018 face au président Paul Biya, qui avait passé près de 9 mois en prison en 2019, n’a en revanche pas directement réagi aux propos d’Emmanuel Macron.

Le président français avait affirmé samedi qu’il allait mettre « la pression » sur son homologue camerounais pour mettre un terme aux violences, et a à cette occasion assuré que M. Kamto avait été libéré après son intervention.

Officiellement, la présidence camerounaise s’est contenté lundi soir de « rejeter » les « propos surprenants » d’Emmanuel Macron dans un communiqué.

Des manifestations pacifiques, auxquelles ont participé des élus locaux et des associations proches du parti présidentiel, ont eu lieu devant l’ambassade de France à Yaoundé lundi et mardi, ainsi que, dans une moindre mesure, dans d’autres villes du pays.

« Nous n’avons pas besoin d’un libérateur de dernière minute. Il est mal indiqué d’aller cogner à la porte de l’ancien colon pour solliciter son soutien », a affirmé à l’AFP Joshua Osih, candidat malheureux à la présidentielle de 2018 pour le Social Democratic Front (SDF), parti fortement ancré dans les régions anglophones.

Même dans des journaux d’ordinaire plutôt critiques avec le gouvernement camerounais, comme le quotidien Mutations, la « condescendance inédite » du président français fait la une, tandis que le journal Repères, plus proche du pouvoir, titre « Macron, l’immature ».

Alors que les autres partis faisaient campagne début février, M. Kamto avait visité plusieurs pays, dont la France, le Canada et les Etats-Unis, où il affirme avoir plaidé pour un règlement pacifique du conflit qui oppose les indépendantistes anglophones et l’armée.

« Il faut retirer l’armée » des régions anglophones, a-t-il demandé mercredi, exigeant également l’organisation d’un dialogue avec des dirigeants indépendantistes, dont Julius Ayuk Tabe, condamné à la prison à vie en août.

Voitures vandalisées et tags incitant à la violence dans un village palestinien

La police israélienne a indiqué avoir ouvert une enquête après que des dizaines de voitures ont été vandalisées et des graffitis incitant à la violence peints dans un village palestinien du nord de la Cisjordanie occupée.

« Il y aura la guerre en Judée et Samarie (nom donné à la Cisjordanie par les autorités israéliennes) », indique un tag sur un mur de Yassouf près de Naplouse, où les pneus de plus d’une dizaine de voitures ont été crevés, a constaté un photographe de l’AFP.

Selon le maire du village Khaled Abeya, les auteurs de ces actes sont arrivés à l’aube. ils ont « dégradé 14 véhicules et tagué plusieurs slogans graves ».

La police israélienne a indiqué avoir ouvert une enquête après que « des véhicules ont été endommagés et des graffitis retrouvés sur un immeuble ».

M. Abeya a précisé que le village était entouré de plusieurs colonies israéliennes, mais ne pouvait pas affirmer avec certitude que les actes de vandalisme étaient le fait de colons.

Quelque 400.000 colons vivent dans des colonies en Cisjordanie –occupée depuis 1967 par Israël– auprès de 2,7 millions de Palestiniens. Les colonies sont illégales aux yeux du droit international.

En février, les pneus de plus d’une centaine de voitures avaient été crevés et une mosquée la cible de graffitis racistes dans un village arabe du nord d’Israël.

Des ultras de la colonisation israélienne mènent depuis des années une politique du « prix à payer », qui consiste à se livrer à des agressions et des actes de vandalisme contre des Palestiniens, des Arabes israéliens, des lieux de culte musulmans et chrétiens.

« Nous voyions la mort en face »: Delhi sous le choc après les violences intercommunautaires

L’odeur de brûlé saisit les narines, les ruelles sont inondées de l’eau des pompiers rendue noire par les cendres: dans les faubourgs du nord-est de New Delhi, les ruines laissées par les violences intercommunautaires qui ont fait 27 morts sont encore fumantes.

Des émeutiers armés de pierres, de sabres et parfois d’armes à feu ont semé le chaos et la terreur depuis dimanche dans des quartiers populaires de la capitale indienne, éloignés d’une dizaine de kilomètres du centre.

Des heurts entre partisans et opposants d’une loi controversée sur la citoyenneté, jugée discriminatoire envers les musulmans par ses détracteurs, ont dégénéré en affrontements communautaires entre hindous et musulmans.

« Ces derniers jours, la panique était telle que je ne pouvais pas sortir de ma maison. J’avais peur que des gens viennent chez moi, jettent des pierres, mettent le feu à mes véhicules. Ils sont capables de tout », raconte à l’AFP Sachin Sharma, un habitant hindou du quartier.

Mercredi matin, aucun nouvel incident n’est signalé mais l’atmosphère est lourde et la tension palpable. La nuit précédente a encore été agitée par des échauffourées. Terrés chez eux, les habitants sont sur les nerfs.

Des carcasses de véhicules brûlés continuent de fumer légèrement. Certaines rues sont jonchées de briques, de panneaux abattus, de morceaux de tôle, et témoignent de l’intensité de trois jours de guérilla urbaine.

Lourdement vêtus d’équipements antiémeute, les policiers sont déployés en nombre. À coup de lances à eau, les pompiers s’affairent à éteindre les derniers foyers d’incendie qui ont ravagé des dizaines de bâtiments et commerces.

« Nous sommes heureux que la police soit enfin venue et patrouille dans les rues. Les deux derniers jours, il n’y avait aucune présence policière », dit à l’AFP Mohammed Chand, un habitant musulman du quartier.

« Nous avions tous peur de mourir. Nous voyions la mort en face », ajoute-t-il.

Dans cette zone périphérique de la mégapole où résident beaucoup de travailleurs migrants pauvres, nombre d’entre eux ont choisi de partir pour se mettre en sécurité dans leur village.

– Mosquée vandalisée –

D’autres habitants ont trouvé refuge ailleurs en ville pour échapper à une nuit de terreur, comme la famille de Nahid, une étudiante de 22 ans.

« Il y avait des hommes qui criaient ‘Loué soit le dieu Ram’ et nous avons quitté nos maisons en pleine nuit. Nous ne sommes revenus chez nous que le matin et nous avons vu que la police était déployée », relate-t-elle.

Lors de multiples incidents rapportés par la presse indienne, des groupes armés hindous s’en sont pris à des lieux et à des personnes identifiés comme musulmans, criant le slogan religieux « Loué soit le dieu Ram ».

Un drapeau hindou, représentant le dieu-singe Hanuman, flotte au sommet d’une mosquée de quartier pillée et calcinée. Des vidéos tournées la veille et circulant sur les réseaux sociaux, dont l’AFP a vérifié l’authenticité, montrent des hommes grimpant au minaret pour y arracher le haut-parleur du muezzin et y installer le drapeau, sous les vivats.

Mohammad Muslim, un résident du quartier, a extrait un Coran en feu de l’édifice religieux. « Vous pouvez voir que mes mains sont devenues noires pour avoir porté le Coran brûlé », montre-t-il.

Cette flambée de violence est l’un des pires embrasements qu’ait connu la capitale depuis des décennies. Elle survient dans un contexte de crispation politico-religieuse dans le pays d’Asie du Sud, où les nationalistes hindous du Premier ministre Narendra Modi sont au pouvoir depuis 2014 et ont été largement réélus l’année dernière.

Le chef de gouvernement est confronté depuis décembre à un tenace mouvement de contestation contre une nouvelle législation qui facilite l’attribution de la citoyenneté indienne à des réfugiés, mais pas aux musulmans.

Ce texte a cristallisé les craintes de la minorité musulmane d’être reléguée au rang de citoyens de seconde classe, dans cette nation où les hindous représentent 80% de la population.

« Les maisons de nos frères hindous ont été attaquées par des lanceurs de pierres, et les maisons de nos frères musulmans ont aussi été attaquées », constate Mohammed Chand. « Depuis notre enfance, nous n’avions jamais eu vent d’une telle violence entre hindous et musulmans. »

Accord nucléaire iranien: le dialogue diplomatique s’est poursuivi à Vienne

Les Européens, la Chine et la Russie ont poursuivi mercredi à Vienne des discussions pour chercher avec Téhéran un terrain d’entente sur son programme nucléaire, lors de leur première rencontre depuis le lancement d’une procédure contre l’Iran, accusé de violer l’accord de 2015.

« De sérieuses préoccupations ont été exprimées concernant la mise en œuvre des engagements nucléaires de l’Iran », a indiqué la présidence de la réunion dans un communiqué après la fin des discussions.

La rencontre était présidée par Helga Schmid, spécialiste du dossier auprès du haut représentant de l’Union européenne, Josep Borrell. Outre l’Iran, elle a réuni des représentants de la Chine, la Russie, du Royaume-Uni, la France et l’Allemagne.

« Les participants ont également reconnu que la réimposition des sanctions américaines n’avait pas permis à l’Iran de tirer pleinement parti de la levée des sanctions. Tous les participants ont réaffirmé l’importance de préserver l’accord en rappelant qu’il est un élément clé de l’architecture mondiale de non-prolifération nucléaire », peut-on également lire dans le communiqué.

La réunion s’est tenue dans le cadre de la commission mixte, l’instance de discussion prévue par l’accord sur le nucléaire iranien. Les parties ont essayé de trouver un début de solution avant de décider s’il convient de la soumettre aux ministres des Affaires étrangères.

« Nous restons ouverts à toute initiative pouvant garantir à l’Iran les retombées de l’accord », a indiqué le vice-ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araqchi à la sortie de la réunion, qui se tenait dans un hôtel.

« Nous sommes totalement prêts à revenir, en échange, sur les décisions que nous avons prises jusqu’à présent, contre le plein respect des engagements des autres parties », a-t-il ajouté.

A terme, l’absence de conciliation peut mener au rétablissement par le Conseil de sécurité de l’ONU de toutes les sanctions qui avaient été levées dans le cadre de l’accord de Vienne, mais les Européens assurent que tel n’est pas leur objectif.

« Nous essayons de mettre en place un mécanisme progressif basé sur la réciprocité pour que l’Iran tire les bénéfices légitimes de l’accord et que les autres parties recommencent pleinement à respecter l’accord » a indiqué l’ambassadeur chinois auprès des organisations internationales à Vienne, Wang Qun.

« Tous les participants sont lancés ici dans une course contre le temps afin de trouver une solution spécifique pour sauver le JCPOA » (acronyme anglais pour Plan d’action global commun, désignant l’accord), a-t-il ajouté.

L’accord historique de Vienne est menacé depuis que les Etats-Unis l’ont dénoncé unilatéralement en 2018. Téhéran, asphyxié par les sanctions, a riposté en s’affranchissant, depuis mai 2019, de plusieurs de ses engagements.

Les Européens considèrent que les violations décidées par les autorités iraniennes ne sont toutefois pas encore toutes irréversibles. Pour l’instant, l’Iran a déclaré qu’il poursuivrait sa coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), permettant aux inspecteurs d’avoir accès aux installations déclarées.

– Mécanisme de troc –

Les négociations n’ont « pas de date butoir » et « on est encore loin d’un résultat », un calendrier n’ayant pas été arrêté, a indiqué un diplomate à l’AFP.

A la mi-février, l’Iran s’est dit disposé à annuler tout ou partie des mesures prises, à condition que l’Europe lui assure en échange des avantages économiques « significatifs ».

En janvier 2019, un mécanisme de troc nommé Instex a été créé par les Européens pour contourner les sanctions américaines imposées à l’Iran en évitant d’utiliser le dollar.

Instex doit fonctionner comme une chambre de compensation permettant à l’Iran de continuer à vendre du pétrole et d’importer en contrepartie d’autres produits. Il n’a jusqu’à présent permis aucune transaction.

L’Iran réclame notamment des achats de pétrole pour limiter l’impact économique des sanctions américaines. En échange, Téhéran pourrait « au moins geler ses stocks d’uranium » selon le diplomate.

Téhéran produit actuellement de l’uranium enrichi à un taux supérieur au seuil de 3,67% fixé par l’accord et ne respecte plus la limite de 300 kg imposée à ses stocks d’uranium enrichi.

Ces prochains jours, l’AIEA, basée à Vienne, doit remettre les résultats de ses dernières inspections sur les capacités techniques de l’Iran et le stock d’uranium enrichi.

L’accord de 2015 offrait à l’Iran la levée d’une partie des sanctions internationales en échange de garanties destinées à prouver la nature exclusivement civile de son programme nucléaire.

Présidentielle contestée à Bissau: un des candidats invite à son investiture

L’un des deux candidats au second tour de la présidentielle en Guinée-Bissau a déclaré mercredi son intention de se faire investir jeudi au poste de chef de l’Etat, malgré l’imbroglio persistant sur l’issue du scrutin.

La contestation menée par son adversaire et la confusion qui continue à régner deux mois après ce second tour rendent tout sauf certain qu’Umaro Sissoco Embalo sera bel et bien investi jeudi.

Cependant M. Embalo s’est appuyé sur une décision prise mardi en sa faveur par la commission électorale pour exprimer sa détermination à prendre la charge de président.

« Dans un esprit d’unité et de concorde nationale, j’invite tous mes compatriotes à la cérémonie de mon investiture qui aura lieu demain » jeudi, a-t-il annoncé sur les réseaux sociaux.

Deux mois après le second tour du 29 décembre, la Guinée-Bissau est dans une profonde impasse politique.

Umaro Sissoco Embalo, issu de l’opposition, a été donné vainqueur par la commission électorale avec 53,55% des voix.

Une victoire que conteste son rival Domingos Simoes Pereira (crédité de 46,45%), du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), la formation qui domine la vie politique de cette ancienne colonie portugaise depuis son indépendance en 1974.

M. Pereira et le PAIGC dénoncent des fraudes et réclament qu’on recompte tous les votes.

La Cour suprême, saisie par le PAIGC, a rendu des arrêts qui réclament la vérification des procès-verbaux mais qui n’ont pas permis de trancher le contentieux. La querelle oppose aussi la Cour suprême et la commission électorale.

Celle-ci, à nouveau réunie mardi, a confirmé les résultats qu’elle avait annoncés.

Selon Armando Tchoba Dos Santos, un juriste interrogé par un correspondant de l’AFP, la Cour suprême est à nouveau appelée à se prononcer sous 48 heures. Par ailleurs, les conditions d’une éventuelle investiture n’étaient pas réunies mercredi matin au parlement.

En Guinée-Bissau, une mystérieuse hécatombe de vautours

Des centaines de vautours sont morts pour une raison mystérieuse ces derniers jours en Guinée-Bissau, ont indiqué mardi les autorités, qui ont recommandé aux populations d’éviter les contacts avec les cadavres des rapaces pour écarter les risques de contamination dans l’attente des résultats d’analyses vétérinaires.

Des dizaines de vautours morts ont notamment été retrouvés aux abords de l’abattoir principal de Bissau, où ils rôdent habituellement en grand nombre pour se nourrir de déchets de viande, ont indiqué des ouvriers de l’établissement.

Le phénomène a touché depuis environ une semaine plusieurs régions de cette ancienne colonie portugaise d’Afrique de l’Ouest au climat tropical, notamment Bafata (est), Quebo (sud) et l’archipel des Bijagos (ouest), avant d’atteindre la capitale.

« J’ai été avisé par des bouchers et la population de la découverte des carcasses de vautours. Au total, on en a dénombré une centaine, mais nous n’avons pas encore une source médicale ou vétérinaire pour nous donner les raisons (expliquant) autant de morts de vautours », a déclaré à la presse le gouverneur de la région de Bafata, Dundu Sambù.

Quelque 135 rapaces ont été incinérés lundi dans cette région, à l’écart des zones habitées et sous la surveillance des autorités sanitaires et de représentants de l’Etat, selon le journal bissau-guinéen O Democrata, qui estime à plus de 240 le nombres de rapaces morts ces derniers jours dans le pays.

Des prélèvements ont été effectués et seront analysés dans un laboratoire de Dakar, au Sénégal voisin, afin de déterminer s’il s’agit d' »une grippe aviaire ou non », a déclaré à l’AFP un responsable national des services vétérinaires, Mboma Baldé.

Les populations ont été invitées à éviter tout contact avec les oiseau morts et à empêcher les animaux domestiques de s’en approcher ou de s’en nourrir, a indiqué le gouverneur de Bafata, cité par O Democrata.

Dans les îles des Bijagos, au large de Bissau, où le vautour est un animal totem, des habitants ont sacrifié des poulets et répandu de l’huile de palme sur l’autel lors de cérémonies traditionnelles pour conjurer ce qu’ils estiment être une malédiction, a expliqué à l’AFP le fils d’un féticheur local.