USA: l’épidémie régresse à New York, la polémique monte sur le confinement

L’épidémie de coronavirus dans l’Etat de New York, épicentre américain, est sur une courbe descendante, une première depuis le début de l’épidémie qui risque d’alimenter la polémique entre Donald Trump et les gouverneurs des Etats sur le maintien des mesures de confinement.

« Nous avons dépassé le point haut, et toutes les indications à ce stade sont que nous sommes dans une phase descendante », a indiqué dimanche le gouverneur de New York, Andrew Cuomo, lors de son point de presse quotidien sur l’épidémie.

Mais alors que la pression pour relancer l’activité monte à travers les Etats-Unis – avec plus de 740.000 cas confirmés et 40.000 morts le pays le plus touché au monde par l’épidémie – il a appelé à la prudence pour « ne pas compromettre » les progrès réalisés.

« La poursuite de cette descente dépendra de ce que nous ferons », a souligné M. Cuomo, qui a prolongé récemment les mesures de confinement dans son Etat jusqu’au 15 mai.

D’autres Etats ont commencé à relâcher les règles de distanciation. Certaines plages de Floride ont été autorisées à rouvrir dimanche, et immédiatement prises d’assaut. Les gouverneurs du Texas et du Vermont ont aussi prévu de relancer certaines activités, prudemment, dès lundi.

La pression est forte, alors que le chômage explose. Les manifestations se sont multipliées depuis huit jours dans les Etats américains pour dénoncer un confinement jugé excessif.

La plupart des rassemblements se sont limités à quelques centaines de personnes – l’un d’eux, dimanche à Chicago a même fait un flop, avec à peine trois voitures de manifestants. Mais une manifestation mercredi à Lansing, dans le Michigan, a réuni quelque 3.000 personnes.

Le président américain a à sa façon encouragé ces manifestations: vendredi, il avait appelé à « libérer » certains Etats dirigés par des gouverneurs démocrates. Samedi, après une dizaine de manifestations anti-confinement dans divers Etats, il a estimé que « certains gouverneurs étaient allés trop loin ».

Des commentaires dénoncés par certains gouverneurs, y compris républicains.

Larry Hogan, gouverneur républicain du Maryland, théâtre d’une manifestation samedi, a estimé qu' »encourager les gens à manifester contre un plan sur lequel vous venez de faire des recommandations, cela n’a pas de sens ».

– Dispute sur les tests –

Autre point de friction entre gouverneurs et Donald Trump: les tests massifs nécessaires pour pouvoir relancer l’économie sans risquer une nouvelle flambée de l’épidémie.

Le gouvernement fédéral assure que les Etats ont désormais une capacité suffisante de tests à leur disposition, ce que démentent plusieurs gouverneurs.

« Tout comme j’avais raison pour les respirateurs (notre Pays est maintenant le +Roi des respirateurs+, les autres pays nous appellent à l’aide et on va les aider), j’ai raison pour les tests: les gouverneurs doivent augmenter leurs efforts et faire le travail. On sera avec eux JUSQU’AU BOUT », a tweeté Donald Trump dimanche.

« Il y a une capacité suffisante de tests dans le pays aujourd’hui pour que n’importe quel Etat puisse entrer dans la phase 1 » de réouverture de l’économie, a aussi affirmé son vice-président Mike Pence, sur Fox News.

Dans le cadre des recommandations émises par la Maison Blanche aux Etats pour décider la levée progressive du confinement, cette première phase prévoit la réouverture partielle de certains commerces.

Mais le gouverneur démocrate de Virginie, Ralph Northam, très critiqué par Donald Trump ces derniers jours pour avoir adopté des restrictions sur les armes, a qualifié de « délirantes » et « d’irresponsables » ces affirmations.

« Il nous a été demandé, en tant que gouverneurs, de mener cette guerre sans le matériel dont nous avons besoin », a-t-il affirmé sur CNN.

Gretchen Whitmer, gouverneure démocrate du Michigan, où quelque 3.000 personnes ont manifesté mercredi, a également pointé une pénurie.

Tout comme M. Cuomo, qui alterne entre critiques et compliments de Donald Trump, mais qui a cherché à calmer le jeu.

Il a jugé la collaboration entre le gouvernement fédéral et les Etats pour faire descendre la courbe d' »exploit phénoménal », soulignant que Washington avait été « un partenaire formidable » quand il avait fallu augmenter la capacité des hôpitaux new-yorkais en mars.

Mais il a souligné que les tests constituaient le nouveau défi. « On peut faire mieux en travaillant ensemble que séparément », a-t-il souligné. « Nous devons travailler ensemble et faire du mieux possible. J’ai confiance que nous y arriverons car nous l’avons fait dans le passé ».

Le gouvernement et les Etats américains s’écharpent sur la sortie du confinement

L’administration de Donald Trump et les gouverneurs des Etats américains s’affrontaient dimanche sur la possibilité de la levée des restrictions mises en place à cause de la pandémie de coronavirus, dans un climat tendu renforcé par le soutien du président à des manifestations réclamant la reprise d’une activité normale.

Ils se renvoyaient notamment la balle sur les capacités de tests au Covid-19, le gouvernement assurant que les Etats en ont désormais assez à leur disposition, ce que démentent de nombreux gouverneurs.

« Même si nous faisons désormais 150.000 tests par jour, si les Etats activaient tous les laboratoires présents chez eux, nous pourrions plus que doubler ce nombre du jour au lendemain », a déclaré sur Fox News le vice-président Mike Pence dimanche, précisant que les tests étaient « gérés par les Etats, mais soutenus par le gouvernement fédéral ».

« Il y a une capacité suffisante de tests dans le pays aujourd’hui pour que n’importe quel Etat puisse entrer dans la phase 1 » de réouverture de l’économie, a-t-il ajouté, en référence aux étapes recommandées aux Etats par la Maison Blanche pour décider la levée progressive du confinement sur leur territoire.

Cette première étape prévoit la réouverture partielle de certains commerces, à condition notamment que les autorités soient en mesure de dépister à grande échelle les nouveaux cas de coronavirus afin d’éviter une deuxième vague de contamination.

Mais le gouverneur démocrate de Virginie, Ralph Northam, a qualifié de « délirantes » et « d’irresponsables » les déclarations du gouvernement sur la disponibilité supposée en nombre suffisant de ces tests. « Il nous a été demandé, en tant que gouverneurs, de mener cette guerre sans le matériel dont nous avons besoin », a-t-il déclaré sur CNN.

« Je fais ce qu’il faut concernant les tests », s’est défendu Donald Trump dans un tweet plus tard dimanche. « Les gouverneurs doivent être capables de passer à la vitesse supérieure et de faire ce qu’il faut. Nous serons avec eux tout du long! » a-t-il assuré.

– « Schizophrénie » –

« Nous pourrions tripler le nombre de tests que nous réalisons par jour si nous avions les tampons (nécessaires aux prélèvements, ndlr) et les produits réactifs » nécessaires à l’obtention des résultats, a dit sur CNN la gouverneure démocrate du Michigan, Gretchen Whitmer, pointant comme d’autres une pénurie.

Le Michigan, où la plus importante manifestation anti-confinement du pays à ce jour s’est déroulée mercredi, est seulement le dixième Etat le plus peuplé mais le troisième en nombre de morts du coronavirus, a-t-elle rappelé, appelant Donald Trump à utiliser une loi permettant de réquisitionner des entreprises pour fabriquer les produits manquants.

Les protestations se sont aussi faites entendre dans le propre camp du président, le gouverneur républicain modéré du Maryland, Larry Hogan, déplorant sur CNN dimanche que « le manque de tests (soit) le problème numéro un de l’Amérique, et ce depuis le début de la crise ».

« Dire que les gouverneurs ont assez de tests, et qu’ils devraient juste se mettre au travail (…) est complètement faux », a-t-il déclaré.

Le gouverneur démocrate de l’Etat de Washington, Jay Inslee, a également déploré sur ABC la « schizophrénie » des messages envoyés par le gouvernement fédéral. « Avoir un président qui encourage à violer la loi, je n’ai jamais vu cela en Amérique. Et c’est dangereux ».

Donald Trump avait appelé vendredi à « libérer » du confinement trois Etats gérés par des gouverneurs démocrates, Michigan, Minnesota et Virginie. Samedi, de nouvelles manifestations réclamant la fin du confinement ont eu lieu du New Hampshire à la Californie, en passant par le Texas, le Maryland ou l’Ohio.

Coronavirus: Impatiente et craintive, l’Italie prépare son déconfinement

Son économie à l’arrêt, ses citoyens enfermés à la maison, l’Italie ne parle plus que de déconfinement, entre impatience de repartir et crainte d’une deuxième vague pandémique.

« Nous sommes de retour! ». Sur son compte Instagram, le célèbre glacier romain Giolitti annonce une reprise de ses livraisons mardi et exprime la volonté de beaucoup de retrouver un semblant de normalité, même partielle.

Premier touché en Europe, le pays déplore plus de 23.600 morts officiellement recensés (433 nouveaux décès dans les dernières 24 heures). Mais il sort de la phase aiguë de la pandémie de nouveau coronavirus, après plusieurs semaines d’un confinement commencé le 9 mars.

Jour après jour, les médias évoquent ce qui sera de nouveau bientôt autorisé. Ces spéculations ont poussé le gouvernement à rappeler ce week-end « qu’aucune modification n’est prévue » dans un confinement en vigueur jusqu’au 3 mai inclus.

Mais même les ministres évoquent le sujet. « Nous devons donner aux citoyens une plus grande liberté de circulation », a déclaré le vice-ministre de la Santé Pierpaolo Sileri.

Sa collègue de la Famille Elena Bonnetti laisse entrevoir une réouverture partielle des aires de jeu: « Quelque chose doit changer dans les deux prochaines semaines pour nos enfants! Nos enfants ont le droit de jouer! »

– Une économie en souffrance –

La pression est forte pour faire redémarrer la troisième économie européenne, en grande souffrance.

La maison de luxe Gucci relance lundi son centre de recherche près de Florence, avec un nombre limité d’employés. Fincantieri rouvre lui tous ses chantiers navals, « de manière très graduelle », avec dans un premier temps, un maximum de 10% des salariés dont la température sera prise à l’entrée.

Selon une étude publiée samedi par la Confindustria, la première organisation patronale, la quasi-totalité des entreprises italiennes (97,2%) a souffert de la pandémie, près de la moitié de manière « très grave »; leur chiffre d’affaires a baissé d’un tiers par rapport à mars 2019 (32,6%).

Selon le quotidien La Repubblica, la moitié des 23 millions de salariés et travailleurs indépendants devra être aidé par l’Etat, une proportion appelée à augmenter.

« Dans le plein respect des protocoles sanitaires (…), il faut regarder vers l’avant. Le mot d’ordre est de repartir », a déclaré Marco Marsilio, gouverneur des Abruzzes (centre).

Adversaire du confinement depuis le début, l’ex-Premier ministre Matteo Renzi a même appelé à une réouverture des écoles, condition selon lui du redémarrage économique, quand le gouvernement semble privilégier septembre.

Sur Facebook, le chef du gouvernement Giuseppe Conte a insisté sur l’importance d’un programme « bien articulé, qui concilie protection de la santé et exigences de la production » pour une reprise « qui garde sous contrôle la courbe épidémiologique et la capacité de réaction de nos structures hospitalières ».

Si le gros de cette première vague pandémique semble passé, « la vraie question est le retour du virus à l’automne », met en garde Luca Zaia, gouverneur de Vénétie.

« Cohabiter avec le virus signifie repenser les journées. Non aux heures de pointe dans toutes les phases du quotidien. Il faut oublier les rues et les transports publics bondés », exhorte le patron de l’Institut supérieur de la Santé, Silvio Brusaferro.

– Divergences Nord-Sud –

Ce rythme de reprise suscite des divergences entre le Nord, moteur économique du pays très touché par la maladie, et le Sud, pauvre et relativement épargné, dont le système sanitaire apparaît mal armé pour affronter un éventuel rebond de la pandémie.

La Lombardie et la Vénétie (Nord) veulent rouvrir rapidement? « Peut-être qu’ils sont plus optimistes que nous. Ici on fera les choses par étapes, on ne peut pas prendre de risques », prévient la présidente de la Calabre (Sud) Jole Santelli.

Son homologue de Campanie (Sud), la région de Naples, Vincenzo de Luca souhaite qu’une fois le confinement levé, les déplacements d’une région à l’autre restent prohibés et que les visiteurs du Nord puissent être placés en quarantaine.

Dans sa stratégie pour prévenir tout regain pandémique, l’Italie a augmenté le rythme des tests salivaires (entre 50.000 et 60.000 par jour), et la Lombardie compte commencer cette semaine les tests sérologiques sur le personnel médical des villes les plus touchées.

L’application de traçage Immuni sera expérimentée dans certaines régions mais ne sera effective partout que durant la deuxième quinzaine de mai, selon les autorités.

Espagne: bilan de morts quotidien le plus bas depuis quatre semaines

L’Espagne a enregistré 410 morts du nouveau coronavirus au cours des dernières 24 heures, contre 565 la veille, le bilan quotidien le plus bas depuis près d’un mois, a annoncé dimanche le ministère de la Santé.

« C’est la première fois que nous passons en dessous des 500 morts depuis que les décès quotidiens ont commencé à grimper », a souligné le chef du Centre d’alertes sanitaires Fernando Simon.

C’est le bilan sur 24 heures le plus bas annoncé depuis le 22 mars, soit depuis quatre semaines, dans le troisième pays le plus frappé au monde derrière les Etats-Unis et l’Italie.

Le Dr Simon a rappelé que la chute des chiffres de samedi à dimanche pouvait s’expliquer par le ralentissement des enregistrements de décès pendant le week-end et que cette baisse est généralement suivie d’un rebond le mardi.

Mais « c’est un chiffre qui nous incite à l’espoir », a-t-il déclaré.

Qu’il s’agisse des décès, des hospitalisations ou des admissions en soins intensifs, a poursuivi le médecin, « les données continuent de suivre une tendance décroissante qui indique clairement que la transmission de la maladie a diminué de façon substantielle ».

Ces chiffres confirment que l’Espagne a atteint son objectif « d’aplatir la courbe » de la transmission, a affirmé le ministre de la Santé Salvador Illa.

Seuls 4.218 nouveaux cas ont été détectés au cours des dernières 24 heures, soit une progression de 2,4%, a-t-il souligné, alors que l’Espagne multiplie les tests PCR (réaction en chaine par polymérase), les plus fiables. Elle en réalise désormais plus de 40.000 par jour, contre 20.000 en moyenne au début de la crise, a précisé le ministre.

– La morgue-patinoire va fermer –

Ce ralentissement de la contagion a permis de soulager le système de santé, un temps submergé.

A Madrid, la région la plus touchée devant la Catalogne, cela a permis de fermer vendredi soir un des deux pavillons de l’Ifema, la foire commerciale de la capitale qui avaient été transformés pour accueillir les malades.

Cet hôpital de campagne, ouvert le 22 mars, a accueilli jusqu’à 1.500 patients au plus fort de la crise. Il devrait rester ouvert jusqu’à la fin mai, a précisé la présidente de la région Isabel Diaz Ayuso.

Elle a également annoncé la fermeture mercredi prochain de la morgue improvisée dans la patinoire proche de l’Ifema, qui aura accueilli plus de 1.000 cercueils.

Seule une des trois morgues de fortune que la région avait dû monter devant l’afflux de cadavres continuera à fonctionner, a précisé Mme Diaz Ayuso.

Les autorités sanitaires estiment avoir franchi le pic de la pandémie le 2 avril quand elles avaient comptabilisé 950 morts en 24 heures. Mais elles ne sont pas prêtes pour autant à recommander la levée du confinement, un des plus stricts d’Europe.

Le chef du gouvernement Pedro Sanchez a annoncé samedi qu’il demanderait au parlement la reconduction du confinement jusqu’au 9 mai inclus. Seul allègement prévu: à partir du 27 avril, les enfants, enfermés depuis le 14 mars, seront autorisés à sortir prendre l’air, dans des conditions qui restent à préciser.

Les adultes peuvent se rendre au travail si le télétravail est impossible, faire des achats de première nécessité ou sortir brièvement le chien. Mais les promenades et l’exercice physique leur sont interdits.

Le bilan officiel de la pandémie en Espagne s’élève à 20.453 morts. Mais ce chiffre est contesté, notamment par Madrid et la Catalogne, qui relèvent que des milliers de morts dans les maisons de retraite qui présentaient des symptômes de la maladie sans avoir pu être testés n’ont pas été comptabilisés.

Coronavirus: Impatiente et craintive, l’Italie prépare son déconfinement

Son économie à l’arrêt, ses citoyens enfermés à la maison, l’Italie ne parle plus que de déconfinement, entre impatience de repartir et crainte d’une deuxième vague pandémique.

« Nous sommes de retour! ». Sur son compte Instagram, le célèbre glacier romain Giolitti annonce une reprise de ses livraisons mardi et exprime la volonté de beaucoup de retrouver un semblant de normalité, même partielle.

Premier touché en Europe, le pays déplore plus de 23.000 morts officiellement recensés. Mais il sort de la phase aiguë de la pandémie de nouveau coronavirus, après plusieurs semaines d’un confinement commencé le 9 mars.

Jour après jour, les médias évoquent ce qui sera de nouveau bientôt autorisé. Ces spéculations ont poussé le gouvernement à rappeler ce week-end « qu’aucune modification n’est prévue » dans un confinement en vigueur jusqu’au 3 mai inclus.

Mais même les ministres évoquent le sujet. « Nous devons donner aux citoyens une plus grande liberté de circulation », a déclaré le vice-ministre de la Santé Pierpaolo Sileri.

Sa collègue de la Famille Elena Bonnetti laisse entrevoir une réouverture partielle des aires de jeu: « Quelque chose doit changer dans les deux prochaines semaines pour nos enfants! Nos enfants ont le droit de jouer! »

– Une économie en souffrance –

La pression est forte pour faire redémarrer la troisième économie européenne, en grande souffrance.

La maison de luxe Gucci relance lundi son centre de recherche près de Florence, avec un nombre limité d’employés. Fincantieri rouvre lui tous ses chantiers navals, « de manière très graduelle », avec dans un premier temps, un maximum de 10% des salariés dont la température sera prise à l’entrée.

Selon une étude publiée samedi par la Confindustria, la première organisation patronale, la quasi-totalité des entreprises italiennes (97,2%) a souffert de la pandémie, près de la moitié de manière « très grave »; leur chiffre d’affaires a baissé d’un tiers par rapport à mars 2019 (32,6%).

Selon le quotidien La Repubblica, la moitié des 23 millions de salariés et travailleurs indépendants devra être aidé par l’Etat, une proportion appelée à augmenter.

« Dans le plein respect des protocoles sanitaires (…), il faut regarder vers l’avant. Le mot d’ordre est de repartir », a déclaré Marco Marsilio, gouverneur des Abruzzes (centre).

Adversaire du confinement depuis le début, l’ex-Premier ministre Matteo Renzi a même appelé à une réouverture des écoles, condition selon lui du redémarrage économique, quand le gouvernement semble privilégier septembre.

Sur Facebook, le chef du gouvernement Giuseppe Conte a insisté sur l’importance d’un programme « bien articulé, qui concilie protection de la santé et exigences de la production » pour une reprise « qui garde sous contrôle la courbe épidémiologique et la capacité de réaction de nos structures hospitalières ».

Si le gros de cette première vague pandémique semble passé, « la vraie question est le retour du virus à l’automne », met en garde Luca Zaia, gouverneur de Vénétie.

« Cohabiter avec le virus signifie repenser les journées. Non aux heures de pointe dans toutes les phases du quotidien. Il faut oublier les rues et les transports publics bondés », exhorte le patron de l’Institut supérieur de la Santé, Silvio Brusaferro.

– Divergences Nord-Sud –

Ce rythme de reprise suscite des divergences entre le Nord, moteur économique du pays très touché par la maladie, et le Sud, pauvre et relativement épargné, dont le système sanitaire apparaît mal armé pour affronter un éventuel rebond de la pandémie.

La Lombardie et la Vénétie (Nord) veulent rouvrir rapidement? « Peut-être qu’ils sont plus optimistes que nous. Ici on fera les choses par étapes, on ne peut pas prendre de risques », prévient la présidente de la Calabre (Sud) Jole Santelli.

Son homologue de Campanie (Sud), la région de Naples, Vincenzo de Luca souhaite qu’une fois le confinement levé, les déplacements d’une région à l’autre restent prohibés et que les visiteurs du Nord puissent être placés en quarantaine.

Dans sa stratégie pour prévenir tout regain pandémique, l’Italie a augmenté le rythme des tests salivaires (entre 50.000 et 60.000 par jour), et la Lombardie compte commencer cette semaine les tests sérologiques sur le personnel médical des villes les plus touchées.

L’application de traçage Immuni sera expérimentée dans certaines régions mais ne sera effective partout que durant la deuxième quinzaine de mai, selon les autorités.

Virus: permission prolongée pour des milliers de détenus iraniens

Le président iranien Hassan Rohani a annoncé dimanche la prolongation pour un mois de la permission de sortie accordée à 100.000 détenus afin de limiter la propagation du nouveau coronavirus dans les prisons iraniennes.

« La permission de sortie devait être accordée aux détenus jusqu’à (ce dimanche, dernier jour du mois iranien de Farvardin, mais) elle sera prolongée jusqu’à la fin » du mois iranien suivant, le 20 mai, a déclaré M. Rohani lors d’une rencontre retransmise à la télévision du Comité national de lutte contre le nouveau coronavirus qu’il préside.

Le président iranien a précisé qu’il reviendrait à l’Autorité judiciaire d’appliquer cette mesure.

Le porte-parole de l’Autorité, Gholamhossein Esmaïli, n’a pas directement confirmé l’annonce de M. Rohani, mais a évoqué dimanche le recours à la « clémence ».

« En ayant recours à toute la clémence que la loi autorise, nous prévoyons qu’un nombre important de prisonniers en permission ne reviennent pas en prison, et même qu’un grand nombre de ceux actuellement détenus soient libérés », a déclaré M. Esmaïli, cité par Mizan Online, agence d’information officielle de l’Autorité judiciaire.

La décision finale sera prise le 29 avril, a-t-il ajouté.

En mars, le pouvoir judiciaire avait déclaré qu’un total de 100.000 détenus avaient bénéficié d’une permission de sortie.

M. Esmaïli avait également annoncé qu’environ 10.000 détenus devaient bénéficier d’une grâce décrétée à l’occasion du Nouvel An (célébré cette année le 20 mars). Il s’agit de « diminuer le nombre de prisonniers, compte tenu de la situation sensible dans le pays », avait-il précisé, sans référence explicite au nouveau coronavirus.

L’Iran est de loin le pays du Proche et Moyen-Orient le plus touché par la pandémie.

Selon le bilan quotidien annoncé par le ministère de la Santé, les autorités on recensé 87 décès supplémentaires entre samedi et dimanche, faisant passer à 5.118 morts (sur un total de 82.211 personnes contaminées) le bilan de la maladie Covid-19 en Iran.

Certains à l’étranger comme à l’intérieur du pays estiment que les chiffres du gouvernement sont sous-estimés.

Pour lutter contre la propagation du virus, les autorités avaient ordonné mi-mars la fermeture de toutes les activités non essentielles.

Le 11 avril, elles ont autorisé les activités à « faible risque » de propagation du virus –petits commerces et petites entreprises surtout– à rouvrir dans les provinces, avant d’étendre la mesure à Téhéran samedi.

Lors de son allocution télévisée, M. Rohani a indiqué que les activités « à risque intermédiaire » de propagation du virus pourraient rouvrir à partir de lundi, sans préciser si cette mesure devait s’appliquer à l’ensemble du territoire national ou si elle entrerait en vigueur graduellement.

Le président n’a pas non plus défini précisément le type d’activités concernées.

Ecoles, universités, mosquées, sanctuaires chiites, cinémas, stades et autres lieux de regroupement restent néanmoins fermés dans tout le pays.

L’armée du Lesotho rentre dans ses casernes, inquiétude à l’étranger

L’armée du Lesotho est rentrée dimanche dans ses casernes au lendemain de l’opération ordonnée par le Premier ministre Thomas Thabane pour « restaurer l’ordre » face à ceux qui exigent sa démission, sous le regard inquiet de la communauté internationale.

Le petit royaume traverse une grave crise politique depuis la mise en cause en début d’année de M. Thabane, 80 ans, dans le meurtre de son ex-épouse en 2017.

Soupçonné par la police et la justice d’avoir ordonné l’assassinat, le chef du gouvernement s’accroche à son poste malgré la pression de son propre parti et de l’opposition qui exigent son départ.

Au pouvoir depuis 2017, il a fait intervenir samedi l’armée pour « restaurer l’ordre » en réaction à l’attitude de « certaines personnes et institutions » qui, a-t-il accusé, « s’en prennent aux principes et à l’autorité qui assurent la stabilité et la démocratie ».

Dimanche, les blindés et les soldats en armes qui patrouillaient dans les rues de la capitale Maseru, sous confinement pour cause de pandémie de coronavirus, avaient regagné leurs casernes, a constaté une journaliste de l’AFP.

Une délégation ministérielle sud-africaine s’est par ailleurs rendue dimanche dans la capitale pour prendre le pouls de la situation, a-t-on appris dans l’entourage du chef du gouvernement. « Ils sont arrivés », a déclaré à l’AFP le secrétaire de M. Thabane, Thabo Thakalekoala.

Dans un communiqué signé avec ses homologues américain, britannique et de l’Union européenne (UE), l’ambassadeur de Pretoria à Maseru a rappelé « l’importance de maintenir la stabilité et l’Etat de droit » au Lesotho.

– Le chef de la police remercié –

« Nous exhortons (les autorités locales) à favoriser une approche unitaire qui privilégie la protection des citoyens et le maintien des services essentiels » en raison de la pandémie de coronavirus, ajoutent les diplomates, « des actions déstabilisatrices seraient catastrophiques ».

La population du Lesotho est placée sous confinement jusqu’à au moins mardi pour endiguer la propagation du Covid-19, dont aucun cas n’a encore été rapporté dans le petit royaume africain.

Le commandant en chef de la police, Holomo Molibeli, a démenti dimanche avoir été arrêté, contrairement à ce qu’avait rapporté une source gouvernementale, mais a annoncé avoir été écarté de ses fonctions.

« Je sais qu’ordre avait été donné à l’armée de m’arrêter (…), mais il n’a pas exécuté », a déclaré M. Molibeli à l’AFP. « Quelqu’un a affirmé avoir été nommé à ma place », a-t-il ajouté, « j’ai sollicité la justice pour être protégé ».

Depuis sa mise en cause dans le meurtre de sa femme, Thomas Thabane a été lâché par son parti, la Convention de tous les Basotho (ABC).

Il a promis de partir à la retraite « d’ici à la fin juillet » en raison de son âge mais l’ABC et l’opposition le soupçonnent de vouloir gagner du temps pour organiser son impunité judiciaire.

– « Plus apte à exercer ses fonctions » –

Ses adversaires ont formé le mois dernier une alliance politique pour le remplacer mais le chef du gouvernement a riposté en ordonnant la suspension du Parlement pendant trois mois, dans le cadre des mesures de lutte contre le coronavirus.

La Cour constitutionnelle a annulé son ordre jeudi, et précipité sa décision de faire intervenir l’armée.

« Les actes du Premier ministre montrent clairement qu’il n’est plus apte à exercer ses fonctions », a jugé vice-président de l’ABC, le Pr Nqosa Mahao, dans une déclaration cosignée par deux partis d’opposition.

« Nous conseillons au Premier ministre de quitter ses fonctions avant la date qu’il a indiquée », a-t-il ajouté, « son obstination à violer la Constitution et à mépriser les décisions de justice est devenue embarrassante ».

Enclavé au milieu de l’Afrique du Sud, le Lesotho a connu depuis son indépendance en 1966 une histoire politique instable rythmée de coups d’Etat militaires.

Frappé par le chômage, une épidémie de sida qui touche 23% de ses 2 millions d’habitants et un manque criant de services publics, il fait partie des pays les plus pauvres de la planète.

Coronavirus: la Pâque orthodoxe bouleversée malgré des réticences

Plus de 260 millions de chrétiens orthodoxes célébraient dimanche Pâques dans des conditions exceptionnelles, les autorités les ayant globalement invités à rester chez eux pour limiter la propagation du nouveau coronavirus, même si des rassemblements ont été maintenus.

Les orthodoxes ont fêté cette année la résurrection du Christ une semaine après les catholiques et les protestants, qui observent un autre calendrier. Le 12 avril, les célébrations de Pâques avaient donné lieu à des scènes ahurissantes de lieux de culte quasiment déserts.

Dans l’ensemble, les orthodoxes — qui vivent principalement en Europe orientale et en ex-URSS — ont donc vécu dimanche une Pâque confinée, même si dans certains pays les traditions sont passées avant les règles de distanciation, à l’heure où le coronavirus a fait plus de 160.000 morts dans le monde et provoqué le confinement de la moitié de l’humanité.

Le président bélarusse Alexandre Loukachenko, qui conteste activement la gravité de l’épidémie, s’est rendu dans une chapelle à la campagne. « Je n’approuve pas ceux qui ont fermé aux gens la voie vers l’église », a-t-il déclaré, cité par l’agence étatique Belta.

En Géorgie, plusieurs centaines de personnes se sont retrouvées lors d’une messe de minuit dans une cathédrale de Tbilissi. « J’aurais pu rester à la maison et regarder la messe à la télé, mais dans cette église je trouve une vraie sérénité », a confié à l’AFP Lamara Jvania, une fidèle de 58 ans.

En Ukraine, l’Eglise orthodoxe rattachée au Patriarcat de Moscou avait encouragé les fidèles à se réunir même si très peu d’entre eux l’ont fait à Kiev, a constaté un journaliste de l’AFP. Cette Eglise est pleinement touchée par l’épidémie, l’un de ses monastères dans la capitale ukrainienne étant devenu un foyer de la maladie avec près de 140 contaminations et la mort de trois moines.

– Eglises fermées –

En Russie, Kirill, le chef du Patriarcat de Moscou, qui revendique 150 millions de fidèles, a assuré une messe à huis clos dans la principale cathédrale de la capitale. « Cette terrible maladie a touché nos gens », a-t-il affirmé lors d’un prêche télévisé, mais « nous sommes ensemble: une grande famille de fidèles orthodoxes ».

Pour l’exemple, le président Vladimir Poutine a fêté Pâques dans une petite chapelle de sa résidence officielle. « Cette année les célébrations ont lieu avec des restrictions forcées », a-t-il regretté dans une vidéo, assis à une table décorée de gâteaux de Pâques. De nombreux lieux de culte sont toutefois restés ouverts dans des dizaines de régions de Russie, qui compte 42.853 cas de coronavirus, dont 361 mortels.

Le Patriarcat œcuménique de Constantinople, en Turquie, avait ordonné que les offices soient fermés au public et retransmis sur internet. Même situation à Chypre et en Grèce, en Serbie, en Macédoine du Nord, ou encore en Egypte pour les plus de 10 millions de Coptes orthodoxes.

La Vieille Ville de Jérusalem, généralement bondée pour les célébrations de Pâques, était quasiment déserte ce week-end, en raison des mesures de confinement.

– « Première fois de ma vie » –

Au Liban, où vivent plusieurs communautés orthodoxes, les églises étaient fermées et les rues désertes. « C’est la première fois de ma vie que je vis un dimanche pascal pareil. Ni cérémonie religieuse, ni déjeuner en famille », a déploré Afaf, 76 ans, vivant au nord de Beyrouth.

Pour certains, ces célébrations ont rappelé des heures sombres. « Ces Pâques ressemblent à celles de la dictature quand on s’enfermait chez nous. On fermait les portes et fenêtres pour allumer une cierge de peur de finir en prison », a expliqué Tatjana Jani, une femme de 72 ans vivant en Albanie, où la religion avait été interdite pendant la période communiste.

En Roumanie, les églises étaient elles aussi inaccessibles mais des volontaires et des prêtres ont fait du porte-à-porte pour distribuer du pain bénit et le feu sacré, symboles de la Pâque orthodoxe.

En Bulgarie, les lieux de culte étaient ouverts mais quasiment vides, les fidèles s’y hasardant devaient porter un masque et conserver les distances de sécurité. Comme Dimitri Goldman, 46 ans, rencontré lors de la messe de minuit à la cathédrale Alexandre Nevski de Sofia. Lui priait « pour que l’on surmonte cette crise ».

Hommages intimes, confinés ou en ligne aux héros du ghetto de Varsovie

Une multitude d’hommages intimes, sur place ou depuis les lieux de confinement, ainsi que des initiatives en ligne ont remplacé dimanche les cérémonies anniversaires habituelles aux héros du soulèvement du ghetto de Varsovie de 1943, remodelées à cause de la pandémie.

Le 19 avril 1943, quelques centaines de combattants juifs attaquèrent les nazis dans la capitale polonaise, préférant mourir l’arme à la main plutôt que prendre le chemin des chambres à gaz du camp d’extermination de Treblinka (Est de la Pologne), où l’occupant allemand avait envoyé plus de 300.000 Juifs de Varsovie enfermés dans le ghetto dans des conditions inhumaines.

A Varsovie, comme chaque année, les sirènes d’alarme ont retenti à midi, en hommage aux insurgés.

Le grand rabbin de Pologne, Michael Schudrich, masque de protection sur le visage, a récité une prière au pied du monument aux héros du ghetto, devant quelque dizaines de personnes rassemblées sur l’esplanade, qui ont observé les distances recommandées avant d’aller une à une déposer une gerbe.

Signe des temps d’épidémie, cette année dans les rues, pas de distribution traditionnelle de jonquilles, que les Varsoviens épinglent massivement à leurs vêtements, une tradition héritée du dernier commandant de l’insurrection, Marek Edelman, décédé en 2009, qui allait chaque année déposer un bouquet de jonquilles au monument aux Héros du ghetto.

Par la couleur et la forme, les jonquilles rappellent l’étoile jaune dont le port était imposée aux Juifs par les Nazis.

Faute de distribution de jonquilles, le musée Polin de l’Histoire des juifs de Pologne a publié en ligne un patron permettant de fabriquer la fleur jaune dans du carton et demandé à chacun de publier sur les réseaux sociaux son portrait à la jonquille, un appel largement suivi.

Le musée Polin, mais aussi le Mémorial de la Shoah à Paris, ont prévu de retransmettre, sur internet, conférences, documentaires, cérémonies et performances artistiques liés au 77ème anniversaire du soulèvement du ghetto.

Un an après l’invasion, en septembre 1939, de la Pologne, les Allemands créèrent dans la capitale polonaise un quartier spécial pour les Juifs. Ils y enfermèrent quelque 480.000 personnes pour les exterminer par la faim et les maladies, avant d’en déporter 300.000 vers les chambres à gaz du camp de Treblinka, à 80 kilomètres à l’Est de Varsovie.

Le révolte du ghetto de Varsovie, du 19 avril au 16 mai 1943, est le fait le plus connu de la résistance juive contre les nazis.

L’armée a quitté les rues de la capitale du Lesotho (AFP)

L’armée a quitté dimanche les rues du royaume du Lesotho, au lendemain de l’opération ordonnée par le Premier ministre Thomas Thabane pour « restaurer l’ordre » face à ses adversaires politiques qui exigent sa démission.

Les blindés et les soldats en armes qui patrouillaient samedi dans les rues de la capitale Maseru, sous confinement pour cause de pandémie de coronavirus, avaient regagné leurs casernes dimanche matin, a constaté une journaliste de l’AFP.

Sollicité par l’AFP, le porte-parole de l’état-major de l’armée n’a pas répondu immédiatement.

Au pouvoir depuis 2017, M. Thabane, 80 ans, a déployé samedi les troupes dans le pays en réaction à l’attitude de « certaines personnes et institutions » qui, a-t-il accusé « s’en prennent aux principes et à l’autorité qui assurent la stabilité et la démocratie ».

Le commandant en chef de la police Holomo Molibeli, son adjoint et un autre officier supérieur ont été arrêtés par l’armée, a indiqué sous couvert d’anonymat à l’AFP une source gouvernementale.

Le Lesotho traverse une grave crise politique depuis la mise en cause, au début de l’année, de Thomas Thabane dans le meurtre de son ex-femme en 2017.

La police et la justice l’accusent d’avoir ordonné son assassinat avec son épouse actuelle, qui a été inculpée.

Lâché par son propre parti, la Convention de tous les Basotho (ABC), le chef du gouvernement est pressé depuis de démissionner mais il s’accroche bec et ongles au pouvoir.

Il a promis de partir à la retraite « d’ici à la fin juillet » en raison de son âge, mais l’ABC et l’opposition continuent d’exiger son départ immédiat.

Libye: en temps de guerre, le confinement vécu comme une nouvelle épreuve

Faisant fi des mesures ordonnées par les autorités de Tripoli pour limiter la propagation du nouveau coronavirus, Hassan a pris sa voiture pour aller remplir ses bombonnes d’eau. Au loin, dans la capitale libyenne, résonnent des tirs d’artillerie, rappelant une autre menace.

Le Gouvernement d’union nationale (GNA), reconnu par l’ONU, a annoncé cette semaine un couvre-feu pendant dix jours dans les régions sous son contrôle dans l’ouest libyen. Les habitants sont seulement autorisés à sortir, à pied, entre 07h00 et 12H00 (05H00 et 10H00 GMT), notamment pour pouvoir faire leurs courses.

« Je n’ai pas le choix. Avec mes douleurs au dos, je ne peux transporter tout cela à pied », explique Hassan, en mettant ses bombonnes dans son coffre. Le quinquagénaire explique en effet que sa maison se trouve à 500 mètres de la mosquée du quartier qui dispose d’un puits.

L’approvisionnement en eau de Tripoli, qui provient de nappes aquifères du désert dans le sud, a été coupé par un groupe armé de cette région, contrôlée par le maréchal Khalifa Haftar. Cet homme fort de l’est libyen mène depuis un an une offensive meurtrière pour s’emparer de Tripoli, siège du GNA.

Exaspérés par la guerre et les pénuries, nombreux Tripolitains sont peu enclins à respecter les mesures du confinement, en vigueur depuis vendredi, prises par le GNA qui a recensé un décès et 49 cas de contamination à la maladie Covid-19 dans tout le pays.

– Files d’attente –

Finis les embouteillages habituels dans les rues de la capitale, mais des voitures continuent de circuler, notamment dans les banlieues où les policiers sont peu nombreux, voire totalement absents, pour veiller à l’application du confinement.

« Il n’y a presque aucun commerce autour de nous. Sans voiture, nous ne pouvons pas faire les courses, surtout acheter du gaz, du lait ou des bonbonnes d’eau (…) Seule la boulangerie est à 500 mètres », explique Abdel Alim al-Abded, qui lui aussi a décidé de prendre sa voiture.

M. Abed, sa femme et leurs trois enfants vivent dans une ferme dans la banlieue sud-est.

Avec les moutons et les poules, « ça ira pour la viande et les œufs. Pour les légumes, nous avons également ce qu’il faut à la ferme et nous en faisons profiter nos voisins », se réjouit-il.

Mais beaucoup de Libyens n’ont pas sa chance. Les mesures de confinement, avec juste quelques heures autorisées pour faire les courses, ont provoqué des files d’attente devant les commerces, propices à la propagation du virus.

A Janzour, dans la banlieue-est de la capitale, plus d’une centaine de personnes, dont des enfants, attendent devant la seule boulangerie du quartier.

Le boulanger, Jamal al-Nafati, peine à faire respecter les mesures de distanciation sociale, alors que les clients ne portent pas de masques.

« Nous essayons de préparer une plus grande quantité de pain. Mais à cause des risques pour leur santé, quatre employés nous ont déjà quittés et il ne me reste que de trois personnes pour faire tout le travail », explique M. Nafati.

« C’est difficile. J’aimerais que la boulangerie puisse rester ouverte plus longtemps pour réduire les files d’attente », dit-il.

– Amendes prévues –

Si le confinement est perçu par la plupart comme une contrainte et un malheur supplémentaire en temps de guerre, c’est une aubaine pour d’autres, plus privilégiés, qui y trouvent une occasion de s’aérer, loin des embouteillages et du harcèlement des automobilistes.

Hallouma a finalement chaussé ses baskets « achetées il y a des années mais jamais portées ».

Chaperonnée par son fils « pour plus de sécurité », cette sexagénaire dit « profiter du confinement pour marcher un peu. (…) C’est une chose rare pour nous », dit-elle.

Quatre jeunes filles en survêtements colorés ont eu la même idée.

« Je ne sors jamais à pied, même pas pour acheter quelques bricoles à l’épicerie du coin », explique l’une d’elles.

« Avec le couvre-feu, nous sommes sûres de ne pas être harcelées par les hommes en voiture. Il faut en profiter », renchérit son amie, même si le klaxon d’un automobiliste leur montre que les importuns n’ont pas complètement disparu.

Constatant que les mesures de confinement n’étaient pas suffisamment bien respectées, le ministère de la Santé du GNA a rappelé samedi aux citoyens les règles à suivre, avertissant que des amendes allaient être imposées aux contrevenants.

Royaume-Uni: Boris Johnson « récupère », le gouvernement critiqué

Le Premier ministre britannique Boris Johnson « récupère » après avoir été victime du coronavirus, a indiqué un ministre d’Etat, et transmet ses instructions au gouvernement au moment où celui-ci est critiqué pour sa réponse à la pandémie.

Sorti il y a une semaine de l’hôpital, « le Premier ministre se rétablit bien, il est de bonne humeur », a déclaré dimanche Michael Gove à la chaîne de télévision Sky News. Le dirigeant conservateur de 55 ans « a eu l’occasion de parler à Dominic Raab », le ministre des Affaires étrangères qui le remplace pendant sa convalescence. Ce dernier a transmis « les instructions du Premier ministre au reste du gouvernement » lors d’une conférence téléphonique samedi matin, a précisé M. Gove.

Le Royaume-Uni est l’un des pays en Europe les plus touchés par la maladie Covid-19. Le nombre des personnes atteintes du nouveau coronavirus et mortes à l’hôpital a atteint 15.464, selon le dernier bilan communiqué par le gouvernement samedi. Mais ces bilans quotidiens du gouvernement sont critiqués car ils ne comprennent que les morts à l’hôpital de patients testés positifs, excluant les personnes ayant perdu la vie dans les maisons de retraite ou à domicile.

Des organismes représentant des maisons de retraite évoquent entre 4.000 et 7.500 décès dans ces établissements.

Le gouvernement britannique a décidé jeudi de prolonger d’au moins trois semaines le confinement instauré le 23 mars et n’envisage pas encore de sortir du confinement.

« Le nombre de décès reste très préoccupant », a expliqué Michael Gove. « Les taux d’infections et de mortalité s’aplanissent, mais nous ne sommes pas absolument certains d’être déjà sur une trajectoire descendante », condition que le gouvernement se fixe avant d’assouplir les mesures de confinement.

Depuis le début de la pandémie, le gouvernement est accusé d’avoir tardé à réagir, et le Sunday Times est revenu à la charge dimanche, accusant le gouvernement d’avoir ignoré les alertes des scientifiques et les appels à s’approvisionner en combinaisons médicales et Boris Johnson d’avoir manqué plusieurs réunions de crise consacrées au virus.

Dans une tribune au Mail on Sunday, le chef du Labour, principal parti d’opposition, Keir Starmer, a jugé le gouvernement « trop lent » à décréter le confinement, augmenter le nombre de dépistages et fournir des équipements appropriés aux soignants.

« Personne ne peut dire que le Premier ministre ne s’est pas jeté corps et âme dans la lutte contre le virus » l’a défendu Michael Gove dimanche, assurant que le gouvernement redoublait d’efforts pour s’approvisionner en combinaisons médicales.

Le Mali élit ses députés malgré les attaques jihadistes et le Covid-19

Les Maliens ont commencé à voter dimanche pour élire leurs députés, un deuxième tour de scrutin législatif maintenu malgré les violences jihadistes, le nouveau coronavirus et l’enlèvement du principal opposant au régime du président Ibrahim Boubacar Keïta.

A Bamako, des bureaux de vote ont ouvert à 08H00 (locales et GMT), a constaté un journaliste de l’AFP. « J’ai voté. C’est important malgré la conjoncture. Il faut de nouveaux députés pour consolider notre démocratie », a déclaré à l’AFP Moussa Diakité, un étudiant de 23 ans.

Le vote, prévu jusqu’à 18H00 (locales et GMT), a également commencé en province, notamment à Ségou et Mopti (centre) et Gao (nord), selon des témoins joints par l’AFP depuis Bamako. Les premiers résultats provisoires sont attendus en début de semaine. Le premier tour s’était tenu le 20 mars.

« En démocratie, rien ne vaut la pleine légalité constitutionnelle ainsi que le jeu normal des institutions », a déclaré récemment le président Ibrahim Boubacar Keïta, dans un message à la nation, masque protecteur sur le visage.

La majorité de la classe politique soutient le maintien de ce scrutin plusieurs fois reporté.

L’enjeu est de taille: renouveler un parlement élu en 2013 et dont le mandat devait s’achever en 2018, et faire avancer l’application de l’accord de paix d’Alger.

Celui-ci, signé en 2015 entre les groupes armés indépendantistes et Bamako, prévoit plus de décentralisation via une réforme constitutionnelle qui doit passer par l’Assemblée. Or la légimité du parlement sortant est contestée.

Mais comment motiver des Maliens qui remettent en cause la capacité de leurs dirigeants à sortir le pays de la guerre et de la pauvreté ?

– Violences jihadistes –

D’abord concentrée dans le Nord en proie à des rébellions indépendantistes, la crise a dégénéré avec l’arrivée de groupes jihadistes dans le pays à partir de 2012.

La violence frappe quotidiennement le centre et le nord du Mali et les voisins burkinabè et nigérien.

Les attaques contre les soldats et les civils alternent avec les explosions de mines artisanales, les morts se comptent par milliers et les déplacés par centaines de milliers. Vingt-cinq militaires, selon le gouvernement, ont été tués entre les deux tours dans une opération revendiquée par un groupe affilié à al-Qaïda.

« Dans le centre et dans le nord, est-ce que les populations pourront voter librement? Dans le centre, les groupes terroristes sont en train de menacer les populations » pour les dissuader de voter, affirme Ibrahima Sangho, chef de mission de la Synergie, plateforme d’organisations qui déploient des observateurs lors d’élections.

Le premier tour du 29 mars a été marqué par des enlèvements de présidents de bureau, le vol et la destruction d’urnes. Dans les zones rurales de Tombouctou, les jihadistes ont conduit de nombreux raids d’intimidation à moto. « Ne votez pas ou vous aurez affaire à nous », disaient-ils aux habitants, selon un rapport interne de l’ONU consulté par l’AFP.

Un millier de bureaux environ, sur plus de 22.000, n’ont pas ouvert, a admis le ministre de l’Administration territoriale Boubacar Alpha Bah, selon des propos rapportés par la télévision publique.

Dans certaines régions du nord, le large taux de participation (plus de 85% à Kidal pour une moyenne nationale de 35,6%, avec des députés élus avec 91% ou 97% des suffrages) laisse envisager « une possibilité de fraude », dit un diplomate sahélien.

Dans la capitale, la participation au premier tour a été de 12,9%. Ces faibles taux de participation sont dans la norme malienne, rappelle M. Sangho.

– Coronavirus –

Sur les 147 sièges de députés, 22 ont été pourvus au premier tour.

Parmi eux: Soumaïla Cissé, le chef de file de l’opposition kidnappé le 25 mars alors qu’il était en campagne. A défaut de preuve formelle, tous les soupçons pèsent sur le groupe jihadiste d’Amadou Koufa. Des négociations sont menées pour sa libération, selon son parti.

« Soumaïla Cissé est un gros poisson qui pourra être échangé contre d’autres gros poissons emprisonnés », pense Bréma Ely Dicko, sociologue à l’Université de Bamako.

Ce rapt sans précédent n’avait pas dissuadé les autorités de s’en tenir au calendrier électoral, pas plus que la progression du coronavirus dans le pays.

Le Mali a officiellement déclaré 216 cas confirmés et 13 décès. Comme partout dans le monde, l’inquiétude est grande quant à la capacité de faire face à une prolifération. Un couvre-feu nocturne a été institué, les écoles ont été fermées, des restrictions imposées aux activités.

Mais dans la capitale d’un des pays les plus pauvres de la planète dont une grande part de la population vit au jour le jour, les marchés, les mosquées, les transports en commun n’ont pas désempli.

Le président malien a pris l’engagement que « toutes les mesures sanitaires et sécuritaires requises (seront) rigoureusement appliquées » dimanche.

Coronavirus: l’Australie demande une enquête indépendante

L’Australie a appelé dimanche à l’ouverture d’une enquête indépendante sur la lutte mondiale contre la pandémie de nouveau coronavirus et sur la façon dont l’OMS a géré la crise.

La ministre australienne des Affaires étrangères Marise Payne a affirmé que son pays « réclamerait » notamment une enquête sur la manière dont la Chine a géré l’épidémie à Wuhan, la ville où est apparu le Covid-19 à la fin de l’année.

« Nous avons besoin de connaître des détails que seul un rapport indépendant peut nous permettre de comprendre sur l’origine du virus, sur la manière d’y faire face (et) sur la transparence avec laquelle les informations ont été partagées », a-t-elle déclaré à la chaîne publique ABC.

Mme Payne a affirmé que l’Australie partage les même inquiétudes que les Etats-Unis, le président Donad Trump ayant accusé l’Organisation mondiale de la santé (OMS) d’être trop proche de la Chine et de mal gérer la pandémie.

Donald Trump a annoncé mardi la suspension de la contribution américaine à l’OMS, qui s’élève à « 400 à 500 millions de dollars par an ».

« Je ne suis pas certaine qu’une organisation de la santé, responsable de la diffusion d’une grande partie des outils de communication, et qui a pris une large part à une intervention précoce (…) puisse procéder à cet examen », a affirmé Mme Payne.

« C’est un peu comme (être) braconnier et garde-chasse », selon elle.

Les conséquences de la pandémie vont « d’une certaine façon » altérer les relations entre l’Australie et la Chine, a estimé la ministre qui dit douter de la transparence de Pékin.

Le ministre de la santé, Greg Hunt a déclaré soutenir une enquête indépendante, affirmant que l’Australie a réussi à limiter la propagation du virus en partie en allant à l’encontre des conseils de l’OMS.

L’Australie, qui compte 6.600 cas de coronavirus et 70 morts du Covid-19, a été l’un des premiers pays du monde à interdire l’entrée sur son territoire des voyageurs en provenance de Chine.

« L’Australie a été capable d’atteindre, par rapport à la moyenne mondiale, de bons résultats en matière de bilan humain » grâce « à nos experts médicaux ici en Australie », a déclaré M. Hunt.

« Nous savons que nous avons fait l’objet de vives critiques de la part de certaines autorités et de l’OMS à Genève au moment où nous avons imposé le 1er février à la Chine une interdiction » d’entrer sur le territoire, a-t-il affirmé.

Coronavirus: environ 160.000 morts, Pâques orthodoxes confinées

Des millions de fidèles célèbrent dimanche la Pâques orthodoxe confinés et parfois de manière inédite en raison de la pandémie de nouveau coronavirus qui a fait près de 160.000 morts dans le monde, les deux tiers environ en Europe.

Pour soutenir les soignants en première ligne dans cette épidémie, des dizaines de stars parmi lesquelles les Rolling Stones et Taylor Swift se sont mobilisées en donnant un concert virtuel géant dans la nuit de samedi à dimanche, suivi en streaming par des amateurs eux aussi confinés.

Les quatre membres historiques des Rolling Stones ont ainsi joué, chacun depuis son salon, leur tube « You can’t always get what you want », la vidéo de chacun apparaissant sur un écran divisé en quatre, Charlie Watts improvisant une batterie avec des objets du quotidien, Mick Jagger lançant un baiser à la caméra à la fin.

– Pâques au balcon –

Une semaine après les catholiques et les protestants, c’est donc au monde orthodoxe de fêter Pâques dans des circonstances exceptionnelles.

Un confinement intégral a ainsi été imposé en Serbie et en Macédoine du Nord jusqu’à lundi matin. En Roumanie, les fidèles sont appelés à célébrer Pâques depuis leur balcon, et en Grèce, des milliers de policiers soutenus par des hélicoptères et des drones sont mobilisés tout le weekend pascal pour éviter que les Grecs ne partent à la campagne comme le veut la tradition.

Le bilan mondial des victimes du coronavirus ne cesse d’augmenter. Selon le décompte réalisé samedi à 19h00 GMT par l’AFP à partir de données collectées auprès des autorités nationales compétentes et de l’OMS, depuis l’apparition de la maladie en décembre en Chine, au moins 157.539 personnes ont perdu la vie dans le monde, alors que le cap des 100.000 morts a été franchi en Europe.

Aux Etats-Unis, pays le plus touché tant en nombre de morts (au moins 38.664) que de cas (au moins 732.197), des manifestations hostiles au confinement adopté dans certains Etats, et encouragées par des tweets du président Donald Trump, ont eu lieu samedi au Texas, dans le Maryland et le New Hampshire.

– « Grands risques » –

Pendant que plus de la moitié de l’humanité reste à domicile afin de limiter la propagation du Covid-19, le président américain républicain a ouvertement appelé à braver les règles de confinement dans des Etats dirigés par des gouverneurs démocrates.

Donald Trump a par ailleurs émis l’espoir samedi que les musulmans américains seront tenus aux mêmes normes de distanciation sociale pendant le ramadan — qui débute le 23 avril — que les chrétiens à Pâques, un certain nombre de fidèles ayant protesté contre les réglementations restrictives sur les rassemblements en raison de l’épidémie de nouveau coronavirus.

Le président américain s’en est à nouveau pris à la Chine qu’il accuse d’avoir « dissimulé » la gravité de la pandémie et de ne pas révéler le véritable décompte de ses morts.

Et il a mis la Chine en garde: « S’ils étaient sciemment responsables, oui, alors il devrait y avoir des conséquences », a-t-il déclaré samedi, lors de sa conférence de presse quotidienne à la Maison Blanche.

Pour sa part, le directeur de l’Institut de virologie de Wuhan, ville chinoise épicentre de la pandémie, a catégoriquement démenti toute responsabilité après avoir été pointé du doigt par des médias américains.

Avec plus de 190 pays et territoires touchés, la pandémie a gagné l’ensemble de la planète.

Le seuil des 1.000 morts officiellement recensés a été franchi en Afrique, dont les trois quarts en Algérie, en Egypte, au Maroc et en Afrique du Sud

Au Brésil, la situation sanitaire apparaît particulièrement préoccupante dans les favelas.

« Il y a de grands risques de propagation du virus dans la favela, environ 40 à 50% des tests qu’on fait ici sont positifs », s’alarme Tiago Vieira Koch, un directeur de clinique qui intervient à Rocinha, à Rio, la plus grande favela du Brésil.

Le président brésilien a cependant répété son opposition au confinement. « Il ne faut pas se débiner face à ce virus, il faut l’affronter la tête haute, Dieu est avec nous », a lancé Jair Bolsonaro samedi à l’attention de croyants qui manifestaient contre l’avortement devant le palais présidentiel à Brasilia.

– Déconfinement prudent en Europe –

En Europe, quelques pays se sont engagés dans la voie d’un prudent déconfinement comme l’Autriche ou le Danemark. Berlin a jugé la pandémie désormais « sous contrôle » en Allemagne, qui apparaît comme le grand Etat européen à avoir le mieux géré la crise (moins de 4.000 morts), grâce notamment à un large recours aux tests.

Mais pour l’OMS, la pandémie est loin d’être jugulée, avec des « chiffres constants ou accrus » dans l’est de l’Europe et au Royaume-Uni, où le gouvernement a décidé de prolonger le confinement « pour au moins trois semaines ».

En Espagne, les autorités ont annoncé samedi la prolongation jusqu’au 9 mai des mesures strictes de confinement.

Après les Etats-Unis, l’Italie (23.227 morts), l’Espagne (20.043), la France (19.323) et le Royaume-Uni (15.464) sont les pays les plus durement frappés. Les statistiques britanniques n’incluent pas les morts en maisons de retraite, estimés à 7.500.

Plus de 20.000 morts en Espagne qui prolonge le confinement

L’Espagne, qui dénombre plus de 20.000 morts dus à la pandémie de nouveau coronavirus, va prolonger le strict confinement de sa population de deux semaines, jusqu’au 9 mai inclus, a déclaré samedi son Premier ministre.

« Nous avons fait le plus dur grâce à la responsabilité et à la discipline sociales (…) nous avons laissé derrière nous les moments les plus extrêmes » mais « ces succès sont encore insuffisants et surtout fragiles », a insisté Pedro Sanchez, appelant à ne pas tout « mettre en péril » avec des décisions « précipitées ».

Le socialiste a toutefois annoncé que ce confinement allait être assoupli pour les enfants qui allaient pouvoir sortir « un peu chaque jour » à partir du 27 avril alors qu’ils n’en avaient pas le droit depuis le début du confinement le 14 mars.

Jusqu’ici, seuls les adultes pouvaient quitter leur domicile seuls pour aller travailler, acheter à manger ou des médicaments, se faire soigner ou sortir rapidement leur chien.

Les appels se sont faits de plus en plus pressants ces derniers jours pour permettre aux enfants de prendre l’air comme dans d’autres pays européens.

Cette nouvelle prolongation de l’état d’alerte, qui devra être entérinée par le Parlement, sera suivie d’autres mesures de restrictions en mai avant une levée « prudente et progressive » du confinement en fonction de l’évolution de l’épidémie et qui pourra varier selon les régions, a ajouté M. Sanchez.

« Si cela est nécessaire, nous renforcerons de nouveau les mesures de protection », a-t-il averti.

Lundi, certains Espagnols avaient déjà pu reprendre le travail après deux semaines d’arrêt quasi total de l’économie mais le télétravail reste la norme lorsque cela est possible tandis que tous les commerces non essentiels sont toujours fermés.

– Plus de 20.000 morts –

L’Espagne a dépassé samedi les 20.000 morts à 20.043 morts, le troisième bilan le plus lourd du monde, derrière ceux des Etats-Unis et de l’Italie.

En 24 heures, le nombre de morts s’est élevé à 565, une légère baisse par rapport aux 585 notifiés vendredi et loin du record de 950 morts en un jour enregistré le 2 avril.

Ce comptage -qui n’inclut que les personnes testées positives au nouveau coronavirus- est cependant de plus en plus contesté par certaines régions selon lesquelles des milliers de personnes supplémentaires sont mortes après avoir présenté des symptômes de la maladie mais sans avoir pu être testées.

La Catalogne (Nord-Est), évoque notamment le chiffre de plus de 7.800 morts alors que le bilan national pour cette région est de plus de 3.800 samedi.

Le nombre de cas confirmés s’élève au total dans le pays à 191.726, après un ralentissement de la progression ces derniers jours malgré un plus grand nombre de tests pratiqués, tandis que le nombre de personnes guéries s’élève à près de 75.000.

Grâce au confinement, « le niveau de transmission actuel (du virus) est beaucoup plus bas », a souligné Fernando Simon, le directeur du centre d’urgences sanitaires lors de son point presse quotidien.

Le très surveillé taux d’infection qui était au-dessus de 3 au début du confinement, c’est à dire qu’un malade contaminait plus de 3 personnes, est désormais inférieur à 1.

Coronavirus: Alger et Rabat prolongent les mesures de confinement

Les autorités algériennes et marocaines ont annoncé samedi la prolongation des mesures de confinement mises en place pour freiner la propagation de l’épidémie de Covid-19, respectivement jusqu’au 29 avril et jusqu’au 20 mai.

A Alger, le Premier Ministre Abdelaziz Djerad a « reconduit pour une période supplémentaire de dix jours, jusqu’au 29 avril, le dispositif de confinement ainsi que l’ensemble des mesures préventives », selon un communiqué officiel.

Il a souligné « la nécessité de respecter les règles préventives édictées en matière de confinement, de distanciation sociale et de mesures d’hygiène (…) » et mis en garde contre leur non-respect.

Un confinement total a été imposé dans la wilaya (préfecture) de Blida, près d’Alger, premier foyer de la pandémie en Algérie. Un confinement partiel, accompagné d’un couvre-feu, l’a été dans les 47 autres wilayas du pays.

Selon des chiffres officiels, 367 décès ont été recensés jusque-là en Algérie. Au total 2.534 cas ont été officiellement déclarés.

L’Algérie (44 millions d’habitants) est le pays d’Afrique qui déplore le plus grand nombre de décès devant l’Egypte, le Maroc et l’Afrique du Sud.

A Rabat, les autorités ont annoncé la prolongation jusqu’au 20 mai de « toutes les mesures de précaution et de restriction (…) de l’état d’urgence sanitaire ».

Selon un communiqué des ministères de l’Intérieur et de la Santé, « les services compétents continueront de garantir une offre suffisante répondant aux besoins de consommation (…), y compris les besoins du ramadan », le mois de jeûne musulman prévu à partir du 24 avril au Maroc.

Au Maroc, 2.670 cas de contamination ont été enregistrés officiellement, dont 137 décès. Mais à peine 13.000 tests ont été menés dans ce pays de 35 millions d’habitants.

Les autorités ont imposé des mesures de confinement, sous contrôle étroit des forces de l’ordre, après avoir suspendu les liaisons aériennes et verrouillé les frontières.

Le port du masque est obligatoire, sous peine de sanctions.

Des aides directes ont été mises en place pour les entreprises, salariés et travailleurs au noir affectés.

Selon la presse locale, des foyers de contagion ont été repérés dans une usine à Casablanca (ouest) et une base militaire près de Marrakech (sud).

Depuis l’apparition de la pandémie, plus de 41.000 personnes ont été interpellées et plus de la moitié déférées devant les parquets compétents pour non-respect des mesures d’exception, selon un bilan officiel.

Des dizaines de personnes accusées de diffuser des fausses informations liées au nouveau coronavirus sur les réseaux sociaux ont été interpellées. Vendredi, une femme a été condamnée à un an de prison ferme pour avoir nié l’existence de la maladie dans une vidéo sur YouTube.

Autre pays d’Afrique du nord, la Tunisie a annoncé son intention de prolonger le confinement général au delà du 19 avril, mais sans préciser jusqu’à quand.

Encouragées par Trump, les manifestations anti-confinement se multiplient aux Etats-Unis

New Hampshire, Maryland, Texas: des manifestations demandant la levée des mesures de confinement face au coronavirus ont agité samedi plusieurs villes à travers les Etats-Unis, encouragées la veille par Donald Trump, accusé d’attiser les divisions.

Ils étaient environ 400 à manifester, à pied ou depuis leur voiture, devant le Parlement de Concord, capitale du petit Etat du New Hampshire (1,3 million d’habitants), relativement épargné par l’épidémie avec 1.287 cas confirmés et 37 morts du coronavirus vendredi. Le gouverneur républicain Chris Sununu y a ordonné un confinement au moins jusqu’au 4 mai.

« Les chiffres mentent », ou « Rouvrez le N.H. », disaient certaines pancartes brandies par les manifestants, au milieu de drapeaux américains. Parmi eux figuraient des hommes en cagoules et armés, a constaté l’AFP.

« Les gens sont tout à fait prêts à faire ce qu’il faut », mais « les chiffres ne justifient pas les mesures de confinement draconiennes que nous avons dans le New Hampshire », a indiqué à l’AFP Skip Murphy, 63 ans, électeur de Donald Trump.

A Annapolis, capitale du Maryland, les manifestants restaient en voiture, et l’AFP en a vu environ 200 défiler devant le Parlement local. « La pauvreté tue aussi », disait une pancarte, « je n’obéirai pas à des décrets illégaux », disait une autre.

A Austin, capitale du Texas, Etat le plus peuplé après la Californie, ils étaient environ 250, armés de pancarte dénonçant notamment « l’effondrement économique » précipité par la mise à l’arrêt de toutes les activités non « essentielles », qui a fait exploser le nombre de chômeurs et fait perdre à beaucoup tout revenu.

Owen Shroyer, présentateur du site proche de l’extrême droite Infowars, avait appelé ces derniers jours à y participer, avant de voir son compte Twitter suspendu vendredi.

Si ces rassemblements semblaient réunir beaucoup de partisans de Donald Trump, certains participants ont souligné que leurs motivations n’étaient pas politiques.

Dolores, une coiffeuse qui manifestait à Annapolis, a expliqué ne plus pouvoir travailler ni toucher aucune aide gouvernementale, car elle est employeuse et non employée.

« Il faut que je sauve mes affaires, je dois travailler pour vivre, sinon je vais mourir », a-t-elle dit à l’AFP.

« Cela n’a rien à voir avec Trump ou avec les gouverneurs démocrates ou républicains », a affirmé Skip Murphy à Concord. « C’est pour dire que tout le monde n’est pas logé à la même enseigne, et que le confinement doit s’arrêter là où il n’a pas de sens ».

– « Ne pas politiser l’émotion » –

De telles manifestations se sont multipliées ces derniers jours à travers les Etats-Unis, pays le plus frappé par le coronavirus avec plus de 715.000 cas et 37.000 morts, alors que le chômage explose et que beaucoup de gens ont perdu leurs revenus, dans un pays au filet de protection sociale limité.

La plus importante à ce jour s’est déroulée mercredi à Lansing, capitale du Michigan, où quelque 3.000 personnes ont vilipendé les mesures de confinement de la gouverneure démocrate Gretchen Whitmer.

Le président Trump, qui ne cache pas sa hâte de « rouvrir » l’économie du pays tout en laissant les gouverneurs de chaque Etat décider quand et comment lever les restrictions, a appelé vendredi à « libérer » du confinement trois Etats gérés par des gouverneurs démocrates – Michigan, Minnesota et Virginie.

Le gouverneur de l’Etat de New York, le plus touché par l’épidémie avec plus de 236.000 cas confirmés et un ordre de confinement en vigueur au moins jusqu’au 15 mai – malgré un nombre de morts journaliers en baisse – a reconnu samedi que certains Etats, moins affectés, pouvaient adopter des stratégies de relance de l’économie plus rapide que la sienne.

« Les chiffres dictent les stratégies », a indiqué le gouverneur Andrew Cuomo lors d’un point presse.

Mais il a implicitement critiqué l’attitude de Donald Trump et de certains responsables républicains qui critiquent le confinement prolongé par les gouverneurs démocrates.

Le confinement est « émotionnellement difficile, et économiquement désastreux », a-t-il souligné. Mais « comment la situation peut-elle empirer, et empirer rapidement? Si vous politisez toute cette émotion. Nous ne pouvons pas nous le permettre, » a-t-il martelé.

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Un hôtel emblématique de l’âge d’or du Liban tire sa révérence

Un hôtel emblématique de l’âge d’or du Liban, Le Bristol, qui a accueilli des monarques et survécu à la guerre civile, a fermé ses portes sur fond de marasme économique amplifié par le nouveau coronavirus.

Le Liban connaît depuis des mois sa pire débâcle financière depuis la fin de la guerre (1975-1990), aggravée par les mesures de confinement visant à endiguer la propagation de la maladie Covid-19.

Cette double crise a poussé les propriétaires du Bristol à fermer l’hôtel, a indiqué samedi à l’AFP son directeur général, Joseph Coubat.

« C’est à cause de la situation économique qui devient insupportable. Avec maintenant le corona et les problèmes financiers dans le pays, le taux d’occupation est tombé à un niveau très bas. »

Le Bristol est fermé depuis le 15 mars mais la décision de le fermer définitivement a été annoncée samedi.

Fondé en 1951, l’hôtel situé dans le quartier Hamra à Beyrouth, a hébergé durant ses années de gloire de nombreuses célébrités. Parmi elles, l’ancien Chah d’Iran Mohammad Reza Pahlavi et son épouse la princesse Soraya, l’aviateur américain Charles Lindbergh, le trompettiste de jazz américain Dizzie Gillespie et l’ancien président français Jacques Chirac.

Conçu par le décorateur français Jean Royère, Le Bristol a abrité la première salle de bal de Beyrouth et la toute première patinoire du pays, transformée ensuite en salle de conférence.

L’hôtel n’avait jamais auparavant fermé ses portes, même durant les années sombres de la guerre, servant au contraire de QG pour les journalistes étrangers.

Entre 2013 et 2015, l’établissement avait provisoirement suspendu ses services pour des travaux de rénovation.

L’activité hôtelière a commencé à battre de l’aile à partir de l’automne 2019, selon M. Coubat, dans le sillage de la crise économique et d’un mouvement de contestation inédit contre le pouvoir accusé de corruption et d’incompétence.

Il y a eu des annulations de réservations et de conférences en cascade, a-t-il expliqué. La pandémie du Covid-19 a constitué le coup de grâce avec notamment la fermeture de l’aéroport.

« C’est catastrophique. Il faut maintenant que les responsables se mettent vraiment à réfléchir à un plan de sauvetage », a dit M. Coubat.

Le Liban croule sous une dette colossale et la monnaie nationale a perdu la moitié de sa valeur dans les bureaux de change face au dollar.

Virus: sentiments partagés à Téhéran sur une reprise de l’activité économique

Avec la reprise partielle de l’activité économique à Téhéran samedi, les habitants sont partagés entre peur de la maladie Covid-19 et nécessité de reprendre le travail: un impératif « financier » pour certains, un « deuxième coronavirus » pour d’autres.

« Je ne pense pas que la situation soit sûre à l’heure actuelle », estime Réza Jafari, qui a repris le travail dans un petit entrepôt vendant des sacs à mains dans le centre de la capitale iranienne.

« Mais il fallait que je revienne travailler pour des raisons financières », déclare à l’AFP ce vendeur de 32 ans. « Si j’avais eu le choix, je ne serais pas venu, mais si la boutique reste fermée plus longtemps, nous risquons d’être licenciés ».

Avec plus de 5.000 décès provoqués par le nouveau coronavirus sur quelque 80.000 cas officiellement déclarés, l’Iran est de loin le pays du Proche et Moyen-Orient le plus touché par la pandémie de Covid-19.

Et certains, à l’étranger comme à l’intérieur du pays, estiment que les chiffres du gouvernement sont largement sous-estimés.

Pour lutter contre la propagation du virus, les autorités avaient ordonné mi-mars la fermeture de toutes les activités économiques non-essentielles.

Le 11 avril, elles ont autorisé les activités « à faible risque » de propagation du virus -petits commerces et petites entreprises surtout- à rouvrir dans les provinces. Elles ont étendu la mesure à Téhéran samedi.

– « Deuxième coronavirus » –

Ecoles, universités mosquées, sanctuaires chiites, cinémas, stade et autres lieux de regroupement restent néanmoins fermés dans tous le pays.

Conséquence du rétablissement de sanctions américaines contre la République islamique d’Iran en 2018, le PIB iranien a plongé de 7,6% en 2019 et devrait encore reculer de 6,0% en 2020, selon les dernières prévisions du Fonds monétaire international (FMI).

Face au double défi des sanctions et de la crise sanitaire, et pour éviter le pire à l’économie meurtrie, le gouvernement iranien fait le pari qu’il peut mener de front reprise graduelle de l’activité et lutte contre l’épidémie.

De toute façon, a déjà prévenu le président Hassan Rohani, « il n’y a pas d’autre possibilité ».

A quelques rues de l’entrepôt où travaille M. Jafari, le Grand Bazar, normalement coeur battant de l’économie locale, reste mort.

De nombreux commerçants pestent devant les rideaux baissés de leur boutique. Affirmant n’avoir pas l’autorisation d’ouvrir avant le 1er mai, ils dénoncent une mesure qualifiée d’inique.

Aux termes des directives pour Téhéran, seuls peuvent ouvrir pour l’instant les boutiques donnant sur la rue, pas celles dans un espace couvert comme le bazar.

« Il vaudrait mieux que je sois mort », s’emporte Mortéza, 30 ans, qualifiant l’interdiction d’ouvrir de « deuxième coronavirus » pour lui.

– « On devient fou! » –

« Comment pourrais-je continuer à rester à la maison ? Je dois nourrir ma famille », déclare à l’AFP Hamdollah Mahmoudi, employé d’une boutique du bazar âgé de 45 ans. « On devient fou sans travailler! ».

Avec le coronavirus, les petits commerçants ont pris un coup énorme: les ventes qu’ils espéraient avant la fête de Norouz -le Nouvel An iranien, célébré cette année, dans la morosité, le 20 mars-sont parties en fumée alors que c’est traditionnellement le pic de leur activité, une période qui leur permet de se maintenir à flots.

Kawan Ghané, opticien de 36 ans installé dans l’ouest de la capitale, juge lui qu’il est encore trop tôt pour rouvrir son magasin.

Il dit être terrifié à l’idée de devoir « examiner quelqu’un, de près, qui pourrait être contaminé ». « Mais je serai bien obligé un jour ou l’autre de reprendre le travail compte tenu de ma situation financière ».

Au contraire, Ali Yousséfi, un commerçant du Bazar, appelle « tous les responsables à autoriser la réouverture de tous les commerces ».

Contraint de maintenir fermé son comptoir de vente de pistaches et fruits secs, il estime que « tout ce qu’il faut faire, c’est respecter les protocoles sanitaires » définis par les autorités « et tout le monde fait ce qu’il faut pour cela ».

Comme ces vendeurs d’un magasin de prêt-à-porter du nord de Téhéran qui portent masques et gants de protection. A la différence de leurs clients.

Cinq choses à savoir sur le Lesotho

Le Lesotho, agité par un rocambolesque feuilleton politico-judiciaire impliquant le Premier ministre, est un petit royaume montagneux enclavé au coeur de l’Afrique du Sud à qui il fournit une bonne partie de son eau.

– « Royaume dans le ciel » –

Surnommé le « royaume dans le ciel », le Lesotho est connu pour la beauté de ses paysages montagneux. Plus de 80% du pays (30.355 km2) sont situés à une altitude supérieure à 1.800 mètres. Son point culminant est le mont Thabana Ntlenyana (3.482 m).

Les Basotho, peuple bantou d’Afrique australe, sont très largement majoritaires. Environ 80% de la population sont chrétiens.

La capitale, Maseru, est la plus grande ville du pays (250.000 habitants). Les deux langues officielles sont l’anglais et le sotho.

– Histoire mouvementée –

Ancien protectorat britannique, le Lesotho devient indépendant en 1966, année du couronnement du roi Moshoeshoe II.

Quatre ans plus tard, le roi est contraint à un exil de quelques mois par son Premier ministre, marquant le début de plus de deux décennies de troubles et de gouvernements militaires.

En 1990, le souverain est remplacé par son fils, Letsie III.

La victoire écrasante du Congrès du Lesotho pour la démocratie (LCD), en 1998, est violemment contestée. Le risque d’un « coup d’Etat » est invoqué pour justifier une intervention militaire de l’Afrique du Sud et du Botswana. Les affrontements font 75 morts, Maseru est dévastée.

En 2014, le pays est de nouveau déstabilisé par un coup d’Etat manqué. L’année suivante, le Premier ministre Thomas Thabane est battu aux élections. Après deux ans d’exil, il remporte les élections législatives anticipées en 2017.

Mais deux jours avant son investiture, son épouse Lipolelo Thabane, avec qui il est en instance de divorce, est assassinée. Deux mois plus tard, Thomas Thabane se remarie.

Début février 2020, l’affaire connaît un rebondissement spectaculaire avec l’inculpation de la nouvelle femme du Premier ministre, pour complicité de meurtre. Mis en cause dans l’affaire, Thomas Thabane qui a annoncé sa démission au plus tard fin juillet, comparaît le 24 février devant la justice et son dossier est renvoyé devant la Haute Cour sans qu’il soit formellement inculpé.

– Dépendance sud-africaine –

Le Lesotho a la particularité d’être complètement enclavé au milieu de l’Afrique du Sud.

Pays pauvre de 2,1 millions d’habitants, il importe de la nourriture de chez son puissant voisin qui attire également une bonne partie de sa population à la recherche d’un emploi.

De son côté, l’Afrique du Sud compte sur les abondantes réserves en eau du royaume. Le barrage de Katse (centre) approvisionne en électricité les villes de Pretoria et Johannesburg.

Près de la moitié des revenus des ménages provient des transferts financiers de migrants employés en Afrique du Sud, notamment dans le secteur minier.

Le Lesotho dispose aussi de quelques mines de diamants.

– 54 ans d’espérance de vie –

Frappé par le chômage, une épidémie de sida qui touche 23,8% de la population et un manque criant de services publics, le Lesotho fait partie des pays les plus pauvres de la planète.

Il est actuellement sous confinement total pour cause de pandémie de coronavirus, mais aucun cas de contamination n’y a été officiellement rapporté.

Le pays et son agriculture sont très exposés aux aléas climatiques et à la sécheresse. Près de 75% de la population vit en milieu rural et dépend directement de l’agriculture et de l’élevage. 50% de la population souffrent d' »insécurité alimentaire grave », selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

En 2018, l’espérance de vie y était seulement de 54 ans (Banque mondiale).

– Pionnier du cannabis médical –

En 2017, le pays est le premier en Afrique à autoriser la culture du cannabis médical.

Selon l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), 70% du cannabis en Afrique du Sud provient du Lesotho où la marijuana est la troisième source de revenus.

Contesté et menacé, le Premier ministre du Lesotho fait intervenir l’armée

Le Premier ministre contesté du Lesotho Thomas Thabane a fait descendre samedi l’armée dans les rues du petit royaume pour « restaurer l’ordre », nouvel épisode de la crise politique causée par son implication dans le meurtre de son ex-épouse.

Soupçonné par la police et la justice d’avoir ordonné cet assassinat, M. Thabane, 80 ans, résiste bec et ongles depuis des semaines aux appels à la démission lancés par son propre parti et par l’opposition.

De plus en plus menacé, le chef du gouvernement a repris l’initiative samedi en annonçant avoir « déployé l’armée pour reprendre le contrôle de la situation (…) et restaurer l’ordre et la paix ».

Dans un discours surprise prononcé à la radio et à la télévision nationales, il a accusé, sans les citer, « certaines personnes et institutions » de « s’en prendre aux principes et à l’autorité qui assurent la stabilité et la démocratie ».

Des soldats équipés de casques et de gilets pare-balle patrouillaient samedi à pied ou à bord de véhicules blindés les rues de la capitale Maseru.

Le commandant en chef de la police Holomo Molibeli, son adjoint et un autre officier supérieur ont été arrêtés par l’armée, a indiqué sous couvert d’anonymat à l’AFP une source gouvernementale. « Ils sont pour l’instant détenus à la caserne de Makoanyane », a-t-elle ajouté.

L’intervention des militaires intervient au lendemain d’une décision de la Cour constitutionnelle qui a annulée la suspension des travaux du Parlement ordonnée par le Premier ministre.

– ‘Paix en péril’ –

Le chef de l’opposition a vivement dénoncé la décision de Thomas Thabane.

« Il s’agit d’un recours abusif aux forces de sécurité », a regretté Mathibeli Mokhothu, président du Congrès démocratique (DC), qui a accusé le Premier ministre de « menacer l’indépendance de la justice » et de « mettre en péril la paix au Lesotho ».

« Le Premier ministre a perdu le contrôle de la situation car il ne se comporte plus en Premier ministre », a commenté auprès de l’AFP le politologue Motlamelle Kapa, de l’université du Lesotho. « Nous assistons à un combat entre (M. Thabane) et la police et la justice, qui essaient de faire rendre des comptes à l’exécutif ».

La crise qui secoue le Lesotho a débuté il y a plusieurs mois avec la mise en cause de M. Thabane dans l’assassinat, le 14 juin 2017 quelques jours avant son arrivée au pouvoir, de sa femme Lipolelo Thabane, avec laquelle il était en instance de divorce.

Son épouse actuelle Maesaiah Thabane, 43 ans, a été inculpée en février du meurtre de sa rivale et placée en liberté sous caution. M. Thabane devait l’être prochainement.

La révélation de l’affaire a suscité une onde de choc politique. Le parti de M. Thabane, la Convention de tous les Basotho (ABC), lui a retiré son soutien et exige depuis sa démission. Le chef du gouvernement a refusé d’obtempérer aussitôt et promis en février de quitter ses fonctions « d’ici à la fin juillet » en raison de son âge.

Pour hâter son départ, l’ABC et plusieurs partis d’opposition ont annoncé le mois dernier être parvenus à un accord pour remplacer l’actuelle équipe ministérielle dès que possible.

– ‘Actes terroristes’ –

Le Premier ministre avait alors vivement réagi en dénonçant des « actes terroristes » et ordonné aux forces de sécurité d’ouvrir une enquête contre ses rivaux.

Le Parlement a également adopté une loi lui interdisant d’appeler à de nouvelles élections au cas où les députés voteraient une motion de censure contre lui.

Prétextant la lutte contre la pandémie de coronavirus, M. Thabane a ordonné la suspension pendant trois mois de la représentation nationale.

Mais vendredi, la Cour constitutionnelle du pays, saisie par son parti et l’opposition, a annulé cette décision. « La décision du Premier ministre de suspendre le Parlement est nulle et non avenue », a annoncé le juge Sakoane Sakoane à l’audience.

Le Lesotho a été placé sous confinement total jusqu’au 21 avril pour cause de pandémie de coronavirus. Aucun cas ne contamination n’y a jusque-là été rapporté.

Enclavé au milieu de l’Afrique du Sud, le petit royaume montagneux a connu depuis son indépendance en 1966 une histoire politique instable rythmée de coups d’Etat militaires.

Frappé par le chômage, une épidémie de sida qui touche 23% de ses 2 millions d’habitants et un manque criant de services publics, il fait partie des pays les plus pauvres de la planète.

Algérie/virus: « trop tôt » pour crier victoire (syndicat de la santé)

Si l’Algérie est le pays d’Afrique à déplorer le plus grand nombre de décès sur son sol (364) en raison de la pandémie de Covid-19, des spécialistes assurent néanmoins que le pire de la crise est passé.

Mais pour le docteur Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), « il est encore trop tôt pour se prononcer ».

QUESTION: Certains experts affirment que l’Algérie a dépassé le pic de l’épidémie et que la situation s’améliore. Qu’en est-il sur le terrain?

REPONSE: Ceux qui font ces déclarations se basent sur les données recueillies et annoncées pour les dernières 72 heures. Personnellement, je considère qu’il faut plus de recul et de données pour pouvoir évaluer objectivement la situation épidémique.

Certes, la situation s’est légèrement améliorée en termes de nombre de nouveaux cas enregistrés, mais la courbe est toujours ascendante, avec une diffusion sur tout le territoire.

Un autre élément de taille est notre capacité très limitée dans le dépistage, reconnue par le ministre (de la Santé Abderahmane Benbouzid) lui-même.

Cela confirme qu’il y a une sous-estimation de la situation sanitaire par rapport au nombre de cas réels.

En sachant que pour un cas confirmé de maladie Covid-19, il est établi une contagiosité de deux à trois personnes-contacts, qui peut augmenter si les mesures de confinement, de distanciation sociale et d’hygiène ne sont pas respectées.

En résumé, il est encore trop tôt pour se prononcer.

Q: Vous exercez dans un établissement de santé publique de la wilaya (préfecture) de Blida, près d’Alger, premier foyer de la pandémie et en confinement total. Quelle est la situation?

R: A Blida, le chef-lieu de la région, on relève que la tension a baissé comparé à il y a deux semaines, d’après les témoignages des médecins dans différents services tels que les urgences, les services d’hospitalisation (dédiés à la maladie) Covid-19 ou de réanimation.

Le flux de malades a aussi légèrement régressé, car une proportion importante des cas confirmés est soumise à un confinement sanitaire à domicile.

Par contre, il faut relever que la contagion est en train de se diffuser, et de manière inquiétante, dans d’autres territoires de la préfecture, à l’ouest et à l’est.

On risque d’avoir à gérer une autre flambée dans la wilaya si les mesures de confinement ne sont pas observées, voire renforcées.

Q: Disposez-vous de moyens suffisants pour faire face, et quid de la réforme du système de santé réclamée par tous?

R: La situation s’est améliorée au plan de la dotation en matériel et équipements de protection pour l’ensemble des personnels de santé. Reste le problème de la régularité dans leur distribution et des quantités, sachant qu’il s’agit généralement de produits jetables.

En outre, une attention particulière doit être accordée aux structures sanitaires extra-hospitalières.

En tant que partenaire social représentant le corps médical du secteur public, nous soulevons le problème de la prise en charge psychologique des personnels de santé mobilisés depuis plus de six semaines dans cette guerre contre la pandémie de Covid-19, avec le risque avéré de la contamination, de la maladie et de la mort.

Quant à la révision du système de santé, la question de la complémentarité et de la solidarité entre services public et privé est posée de manière aiguë dans ces moments de crise sanitaire majeure.

Cette relation a toujours été entretenue dans une logique de maîtrise des dépenses d’investissement et de financement de la structure publique au profit du secteur privé.

Ce dernier s’est installé rapidement et de manière anarchique dans l’espace des soins, créant un déséquilibre dangereux pour le libre accès aux diverses prestations, en l’absence d’un cadre réglementaire qui contractualise la coordination entre malade et médecin, d’une part, et entre les deux secteurs d’autre part.

Le 18 avril 1980 naissait le Zimbabwe

Lentement « l’Union Jack » glisse le long du mât. Une immense clameur s’élève dans le stade Rufaro à Salisbury. Il est un peu plus de minuit ce vendredi 18 avril 1980: le Zimbabwe est né.

Trente-six mille poitrines fêtent avec enthousiasme la montée du drapeau rouge, vert, jaune et noir, frappé de l’étoile et de l’oiseau sacré, symboles du nouvel Etat, qui a abandonné son ancien nom de Rhodésie.

Mettant fin à 90 ans de colonisation, la Grande-Bretagne accorde l’indépendance à son ancienne colonie « rebelle ». Devant une foule en délire, le Prince Charles, héritier du trône britannique, remet au président du nouvel Etat, Canaan Banana, le texte de la Constitution.

Une centaine de délégations étrangères assistent aux cérémonies. L’Afrique du sud et la plupart des pays d’Europe de l’Est ne sont pas représentés. L’Union soviétique, coupable de soutenir Joshua Nkomo, grand rival (chez les nationalistes noirs) du nouvel homme fort du pays Robert Mugabe, a failli ne pas être conviée.

Les principaux mouvements de libération comme ceux d’Afrique du Sud, le Front Polisario du Sahara occidental, et l’Organisation de libération de la Palestine sont représentés, ainsi que les pays occidentaux. Grand absent, l’ancien leader rhodésien blanc Ian Smith.

– Une colonie rebelle –

Ian Smith était devenu le 11 novembre 1965 le premier sujet britannique à déclarer unilatéralement l’indépendance d’une colonie de la Couronne, depuis les Etats-Unis en 1776.

« L’affaire rhodésienne », ne devait être réglée que quinze ans plus tard, après sept ans de guerre entre les autorités de Salisbury (aujourd’hui Harare) et les nationalistes noirs.

Pour prévenir une accession de la majorité noire au pouvoir, la minorité blanche conduite par Ian Smith (250.000 personnes contre 6 millions de Noirs) déclare l’indépendance, contre la volonté de Londres. L’initiative, jugée illégale, est condamnée par la communauté internationale.

Le pays se rebaptise « Rhodésie » (dérivé de Cécil Rhodes, explorateur et aventurier qui colonisa la région à la fin du XIXe siècle). Le gouvernement britannique conserve l’appellation « Rhodésie du sud » pour marquer la pérennité du statut de colonie. Certaines instances internationales l’appellent déjà « Zimbabwe » (nom du royaume ayant dominé cette région jusqu’à la fin du XVe siècle).

En réaction aux sanctions économiques imposées par le Royaume-Uni puis l’ONU, le gouvernement organise une semi-autarcie.

Selon Londres, la Rhodésie, enclavée, devait se soumettre tôt ou tard. C’était ignorer la capacité d’autosuffisance d’une colonie que sa population blanche (se servant d’une abondante et avantageuse réserve de main d’oeuvre noire) avait portée à un exceptionnel degré de prospérité.

– Plus de 27.000 morts –

Et c’était ignorer la conviction de son leader qui avait promis que « jamais, même dans mille ans », les Noirs ne gouverneraient.

Outre l’embargo, les Rhodésiens sont confrontés à des tentatives d’insurrection des nationalistes noirs.

Tout commence vraiment le 21 décembre 1972. A l’aube, un petit commando attaque à la roquette la ferme des Borgrave, une famille européenne vivant à Centenary (nord-est). Quelque vitres brisées, une fillette légèrement blessée: la communauté blanche y voit une escarmouche sans lendemain. C’est en fait le premier acte d’un conflit dont le bilan, sept ans plus tard, atteindra plus de 27.000 morts

Le nombre des nationalistes augmente d’année en année et les accrochages deviennent de plus en plus sévères, surtout à partir de 1975, lorsque le Mozambique voisin devient indépendant.

Mais le mouvement noir est divisé et les rivalités entre ses chefs fortes: l’Union populaire africaine du Zimbabwe (ZAPU), dirigée par Joshua Nkomo, et l’Union nationale africaine du Zimbabwe (ZANU) de Robert Mugabe ont une idéologie socialiste et exigent le transfert du pouvoir à la majorité africaine. La première, « modérée », est favorable aux négociations avec les autorités, la seconde, « radicale », défend la lutte armée.

– De difficiles négociations –

Le Conseil national africain (ANC) de l’évêque Abel Muzorewa, prône lui la non-violence.

Fin 1974, les trois tendances proclament leur unification, mais les Etats voisins favorisent Robert Mugabe, qui, à la tête de 12.000 combattants, mènera désormais la guérilla.

L’effondrement de l’empire portugais, la politique « d’ouverture » de l’Afrique du Sud et les progrès de la guérilla noire sur le terrain contraignent Salisbury à rouvrir le dossier. Ian Smith tente d’entamer un dialogue avec l’aile modérée des nationalistes. Une rencontre historique a lieu le 25 août 1975 aux chutes Victoria.

Après un « règlement interne », des élections générales ont lieu en avril 1979. Deux mois plus tard, l’Etat de « Zimbabwe-Rhodésie » est proclamé. Un gouvernement à majorité noire, dirigé par le vainqueur des élections, l’évêque Abel Muzorewa, est installé.

Les guérilleros ne désarment pas et la même année, Abel Muzorewa signe à Londres, avec la Grande-Bretagne et ses deux ennemis, Robert Mugabe et Joshua Nkomo, un accord aboutissant à l’indépendance.

Nouvel homme fort du pays, Robert Mugabe, séduira d’abord par une politique de réconciliation. Il instaurera ensuite un régime autoritaire et précipitera l’effondrement économique de son pays avec une violente réforme agraire. Contraint de démissionner en 2017 après trente-sept ans de pouvoir, il mourra deux ans plus tard.

Le Zimbabwe fête le 40e anniversaire de son indépendance confiné et en crise

Le président Emmerson Mnangagwa a célébré samedi le 40e anniversaire de l’indépendance du Zimbabwe en assurant ses compatriotes que le pays triompherait de la crise économique et de la pandémie de coronavirus.

« A l’heure où nous célébrons le passé et embrassons l’avenir, je vous assure qu’ensemble nous traverserons cette épreuve », a lancé M. Mnangagwa lors d’un discours diffusé à la radio et à la télévision nationale.

« Bien que séparés physiquement, nous sommes unis en esprit », a-t-il ajouté, « dans l’unité, l’amour et la détermination commune, rien ne peut nous abattre ».

Le Zimbabwe est plongé quasiment à l’arrêt depuis deux semaines par de strictes mesures de confinement sanitaire ordonnées pour ralentir la progression du Covid-19. Les autorité ont jusque-là rapporté 24 cas de contamination, dont deux mortels.

Le gouvernement comme sa population redoutent l’impact désastreux de la crise sanitaire mondiale sur le pays, usé par vingt ans d’une crise économique catastrophique.

« Pour nos pères fondateur et nos vaillants héros et héroïnes, le devoir patriotique consistait à combattre pour la liberté. Aujourd’hui, notre tâche consiste, à cause du Covid-19, à rester chez nous, à garder nos distances et à nous laver les mains », a déclaré le chef de l’Etat.

« Nous devons en outre produire, produire et produire. C’est ainsi que nous célébrons notre indépendance, en sauvant des vie et notre économie », a-t-il poursuivi.

Les 15 millions de Zimbabwéens peinent à assurer le quotidien dans un pays frappé par le chômage de masse, l’inflation galopante et les pénuries de produits de base.

– Mugabe oublié –

Plusieurs années de sécheresse ont encore aggravé la situation. Selon l’ONU, près d’un tiers de la population (4,4 millions d’habitants) se trouve aujourd’hui dans une situation « d’insécurité alimentaire aigüe » qui requiert une aide d’urgence des pays donateurs.

Samedi, M. Mnangagwa a exhorté les pays occidentaux à lever les sanctions économiques imposées à son pays par les pays occidentaux en raison des violations des droits humains sous le règne de Robert Mugabe.

« Elles sont illégales et font souffrir notre peuple, le Zimbabwe ne les mérite pas », a-t-il estimé.

Décédé en septembre dernier, M. Mugabe a été contraint à la démission fin 2017 après trente-sept ans de règne par un coup de force de l’armée, qui a installé Emmerson Mnangagwa dans son fauteuil de président.

Ce dernier a rendu samedi hommage aux « vaillants combattants » de la guerre d’indépendance sans citer le nom de Robert Mugabe.

L’opposition a répondu samedi au discours du chef de l’Etat, qu’elle accuse d’avoir perpétué le régime autoritaire de son prédécesseur, en dénonçant son bilan.

« Il est triste de constater aujourd’hui que, si le Zimbabwe est politiquement indépendant, son peuple n’est pas libre », a déploré Luke Tamborinyoka, un porte-parole du Mouvement pour un changement démocratique (MDC).

« Nous restons enchaînés à des pénuries gigantesques, prisonniers et incapables de nous exprimer librement dans notre pays censé être indépendant », a-t-il ajouté.

Le 18 avril 1980 naissait le Zimbabwe

Lentement « l’Union Jack » glisse le long du mât. Une immense clameur s’élève dans le stade Rufaro à Salisbury. Il est un peu plus de minuit ce vendredi 18 avril 1980: le Zimbabwe est né.

Trente-six mille poitrines fêtent avec enthousiasme la montée du drapeau rouge, vert, jaune et noir, frappé de l’étoile et de l’oiseau sacré, symboles du nouvel Etat, qui a abandonné son ancien nom de Rhodésie.

Mettant fin à 90 ans de colonisation, la Grande-Bretagne accorde l’indépendance à son ancienne colonie « rebelle ». Devant une foule en délire, le Prince Charles, héritier du trône britannique, remet au président du nouvel Etat, Canaan Banana, le texte de la Constitution.

Une centaine de délégations étrangères assistent aux cérémonies. L’Afrique du sud et la plupart des pays d’Europe de l’Est ne sont pas représentés. L’Union soviétique, coupable de soutenir Joshua Nkomo, grand rival (chez les nationalistes noirs) du nouvel homme fort du pays Robert Mugabe, a failli ne pas être conviée.

Les principaux mouvements de libération comme ceux d’Afrique du Sud, le Front Polisario du Sahara occidental, et l’Organisation de libération de la Palestine sont représentés, ainsi que les pays occidentaux. Grand absent, l’ancien leader rhodésien blanc Ian Smith.

– Une colonie rebelle –

Ian Smith était devenu le 11 novembre 1965 le premier sujet britannique à déclarer unilatéralement l’indépendance d’une colonie de la Couronne, depuis les Etats-Unis en 1776.

« L’affaire rhodésienne », ne devait être réglée que quinze ans plus tard, après sept ans de guerre entre les autorités de Salisbury (aujourd’hui Harare) et les nationalistes noirs.

Pour prévenir une accession de la majorité noire au pouvoir, la minorité blanche conduite par Ian Smith (250.000 personnes contre 6 millions de Noirs) déclare l’indépendance, contre la volonté de Londres. L’initiative, jugée illégale, est condamnée par la communauté internationale.

Le pays se rebaptise « Rhodésie » (dérivé de Cécil Rhodes, explorateur et aventurier qui colonisa la région à la fin du XIXe siècle). Le gouvernement britannique conserve l’appellation « Rhodésie du sud » pour marquer la pérennité du statut de colonie. Certaines instances internationales l’appellent déjà « Zimbabwe » (nom du royaume ayant dominé cette région jusqu’à la fin du XVe siècle).

En réaction aux sanctions économiques imposées par le Royaume-Uni puis l’ONU, le gouvernement organise une semi-autarcie.

Selon Londres, la Rhodésie, enclavée, devait se soumettre tôt ou tard. C’était ignorer la capacité d’autosuffisance d’une colonie que sa population blanche (se servant d’une abondante et avantageuse réserve de main d’oeuvre noire) avait portée à un exceptionnel degré de prospérité.

– Plus de 27.000 morts –

Et c’était ignorer la conviction de son leader qui avait promis que « jamais, même dans mille ans », les Noirs ne gouverneraient.

Outre l’embargo, les Rhodésiens sont confrontés à des tentatives d’insurrection des nationalistes noirs.

Tout commence vraiment le 21 décembre 1972. A l’aube, un petit commando attaque à la roquette la ferme des Borgrave, une famille européenne vivant à Centenary (nord-est). Quelque vitres brisées, une fillette légèrement blessée: la communauté blanche y voit une escarmouche sans lendemain. C’est en fait le premier acte d’un conflit dont le bilan, sept ans plus tard, atteindra plus de 27.000 morts

Le nombre des nationalistes augmente d’année en année et les accrochages deviennent de plus en plus sévères, surtout à partir de 1975, lorsque le Mozambique voisin devient indépendant.

Mais le mouvement noir est divisé et les rivalités entre ses chefs fortes: l’Union populaire africaine du Zimbabwe (ZAPU), dirigée par Joshua Nkomo, et l’Union nationale africaine du Zimbabwe (ZANU) de Robert Mugabe ont une idéologie socialiste et exigent le transfert du pouvoir à la majorité africaine. La première, « modérée », est favorable aux négociations avec les autorités, la seconde, « radicale », défend la lutte armée.

– De difficiles négociations –

Le Conseil national africain (ANC) de l’évêque Abel Muzorewa, prône lui la non-violence.

Fin 1974, les trois tendances proclament leur unification, mais les Etats voisins favorisent Robert Mugabe, qui, à la tête de 12.000 combattants, mènera désormais la guérilla.

L’effondrement de l’empire portugais, la politique « d’ouverture » de l’Afrique du Sud et les progrès de la guérilla noire sur le terrain contraignent Salisbury à rouvrir le dossier. Ian Smith tente d’entamer un dialogue avec l’aile modérée des nationalistes. Une rencontre historique a lieu le 25 août 1975 aux chutes Victoria.

Après un « règlement interne », des élections générales ont lieu en avril 1979. Deux mois plus tard, l’Etat de « Zimbabwe-Rhodésie » est proclamé. Un gouvernement à majorité noire, dirigé par le vainqueur des élections, l’évêque Abel Muzorewa, est installé.

Les guérilleros ne désarment pas et la même année, Abel Muzorewa signe à Londres, avec la Grande-Bretagne et ses deux ennemis, Robert Mugabe et Joshua Nkomo, un accord aboutissant à l’indépendance.

Nouvel homme fort du pays, Robert Mugabe, séduira d’abord par une politique de réconciliation. Il instaurera ensuite un régime autoritaire et précipitera l’effondrement économique de son pays avec une violente réforme agraire. Contraint de démissionner en 2017 après trente-sept ans de pouvoir, il mourra deux ans plus tard.

Coronavirus: plus de 5.000 morts annoncés en Iran

Le nouveau coronavirus a fait plus de 5.000 morts en Iran, selon les chiffres officiels annoncés samedi à Téhéran, où les petits commerçants commencent à rouvrir après une longue fermeture imposée par la crise sanitaire.

Les autorités ont dénombré 73 décès supplémentaires depuis vendredi midi, ce qui porte à 5.031 le nombre total de morts dus à la maladie dans la République islamique, a déclaré le porte-parole du ministère de la Santé, Kianouche Jahanpour à la télévision.

L’Iran est de loin le pays le plus touché par la pandémie au Proche et au Moyen-Orient, mais les chiffres du gouvernement sont jugés largement sous-estimés à l’étranger ainsi qu’à l’intérieur du pays.

Selon les statistiques officielles, le nombre de nouveaux décès provoqués par le virus est apparu en baisse samedi pour le septième jour d’affilée et la propagation ralentit sa progression depuis le début du mois.

Avec 1.374 personnes infectées au cours des dernières 24 heures, le nombre de cas confirmés de contamination déclarés en Iran s’élève désormais à 80.860.

M. Jahanpour a affirmé, sans fournir de détails, que les sanctions américaines visant la République islamique avaient empêché Téhéran d’acheter des tests de dépistage à la Corée du Sud, en dépit des « affirmations mensongères (de Washington) selon lesquelles le commerce médical n’est pas visé par les sanctions ».

Mardi, un rapport du Centre de recherches du parlement iranien notait que le bilan réel des décès liés au nouveau coronavirus pourrait être supérieur de 80% aux chiffres annoncés par le gouvernement et le nombre d’infections « huit à dix fois » plus important.

Une autre critique des chiffres gouvernementaux a été publiée mercredi par le quotidien Charq citant une élue du conseil municipal de Téhéran, Nahid Khodakarami, chargée des affaires de santé publique. Selon cette dernière, le nombre de personnes qui meurent de l’épidémie serait compris, chaque jour, entre « environ 70 et plus de 100 » dans la capitale.

Le même article de Charq comprend un démenti officiel selon lequel « toute maladie respiratoire n’est pas le (nouveau) coronavirus ».

Pour éviter que l’économie iranienne ne soit anéantie par le double effet des sanctions américaines et de la crise sanitaire, le gouvernement a autorisé le 11 avril la réouverture des petits commerces dans les provinces.

La mesure est étendue depuis samedi matin à Téhéran, où nombre de petites échoppes ont rouvert, ont observé des journalistes de l’AFP.

Coronavirus: le désarroi des migrants africains à Istanbul

Liste de noms dans la main, le Sierra-Léonais Alfa Barrie prend des directions au téléphone auprès d’un ouvrier africain clandestin à Istanbul pour lui livrer une aide humanitaire distribuée aux migrants les plus vulnérables au moment où le coronavirus se propage dans la ville.

« Elle se trouve où la maison? Envoie-moi la localisation. J’arrive », intime-il à son interlocuteur.

Alfa Barrie travaille avec un réseau de volontaires turcs, le Tarlabasi Solidarity Network, créé il y a huit ans pour venir en aide aux toxicomanes et aux sans-abri mais qui à présent met ses moyens en oeuvre pour protéger les migrants face à l’épidémie de Covid-19 qui a fait près de 1.800 morts en Turquie sur plus de 78.000 cas recensés, dont près de la moitié à Istanbul.

« Nous leur distribuons des coupons alimentaires, des désinfectants, des masques et des gants », explique le volontaire de l’AFP.

Précautions sanitaires obligent, Alfa Barrie n’entre jamais dans les logements auxquels les aides sont destinées. Le sac est laissé à l’entrée et l’un de ses occupants du foyer sort le récupérer.

Les volontaires, portant des masques ou des visières de protection, arpentent des quartiers d’Istanbul à bord d’une voiture dont le siège arrière et le coffre sont remplis de produits qu’ils distribuent aux destinataires figurant sur une liste pré-établie. Trois-cents adresses devaient être desservies rien que pour la journée de vendredi.

– « On essayera de vous aider » –

Selon le Tarlabasi Solidarity Network, quelque 80.000 migrants africains, pour la plupart des clandestins, vivent à Istanbul, la tentaculaire capitale économique turque qui compte quelque 16 millions d’habitants. La Turquie abrite près de 4 millions de réfugiés, en grande majorité des Syriens.

Arrivé à destination à l’aide de la localisation reçue sur son téléphone portable, Alfa Barrie, accompagné de deux autres volontaires du groupe, attend au pied d’un immeuble dans le quartier populaire d’Aksaray.

Idriss Camara, lui aussi de Sierra Leone, descend récupérer son aide mais avant d’en prendre possession il a droit à un discours des volontaires sur les moyens de se protéger du virus.

« Toutes les précautions à prendre sont inscrites ici, c’est en français et en anglais », dit Yasir, un autre volontaire, en distribuant une brochure à un groupe d’Africains rassemblés dans la rue.

« Vous trouverez aussi un numéro Whatsapp que vous pouvez appeler ou y envoyer un message si vous ou vos amis ne vous sentez pas bien. On essayera de vous aider », leur assure-t-il.

Content de recevoir l’aide offerte par les volontaire, Idriss Camara n’en reste pas moins inquiet en l’absence d’un soutien de l’Etat après avoir perdu son emploi dans le textile en raison de la pandémie.

« Nous avons besoin de beaucoup de choses pour vivre. je ne travaille plus. Tout est fermé, comment pourrai-je survivre », soupire-t-il.

– « Pas beaucoup de nourriture » –

Les mêmes préoccupations hantent Kouna Mori, un Guinéen qui habite lui aussi à Aksaray.

« Ils viennent de nous donner des masques et des gants et aussi du désinfectant, donc c’est pour éviter le truc là, le coronavirus », dit-il.

Mais « pendant le confinement, on ne travaille pas, donc on a un problème, surtout pour manger. Comme on est un peu nombreux à la maison, il faut que l’on s’associe pour manger entre nous », ajoute-il.

Et il pense déjà au ramadan, le mois de jeûne musulman qui commence dans une semaine. « Si on n’a pas à manger à la maison cela va nous créer des problèmes ».

Le Tarlabasi Solidarity Network, financé par des donations, prévoit de distribuer de l’aide à 5.000 bénéficiaires. « Nous avons livré près d’un quart d’entre eux », affirme l’un de ses responsables, Muhammed Siddik.

« Les migrants vivent en groupes de cinq ou six personnes dans de petits appartements. Si la pandémie se répand parmi eux, il nous sera difficile de trouver une solution », avertit-il.

Selon lui, un migrant africain est décédé du Covid-19 la semaine dernière chez lui faute de pouvoir se faire admettre à l’hôpital.

Dans le même quartier, neuf migrants africains vivent dans un appartement insalubre dans le sous-sol d’un immeuble.

Une bouteille de désinfectant est disposée sur un meuble à chaussures à l’entrée, mais se protéger contre le virus n’est pas le seul souci des occupants du taudis.

« Nous mangeons en faisant attention car nous n’avons pas beaucoup de nourriture. Je m’inquiète pour le paiement de nos factures d’eau et d’électricité car nous ne travaillons pas en ce moment », dit l’un d’eux, Chris, lui aussi Sierra-Léonais.

Contesté et menacé, le Premier ministre du Lesotho fait intervenir l’armée

Le Premier ministre du Lesotho Thomas Thabane a ordonné samedi le déploiement de l’armée dans les rues du petit royaume, nouvel épisode de la grave crise qui l’oppose à ses adversaires politiques depuis sa mise en cause dans le meurtre de son ex-femme.

Lors d’un discours surprise à la radio et à la télévision nationales, M. Thabane a annoncé l’intervention des militaires afin de « rétablir la paix et l’ordre ».

« Nous sommes surpris que certaines personnes et institutions (…) s’en prennent aux principes et à l’autorité qui assurent la stabilité et la démocratie dans le pays », a-t-il déclaré. « Nous avons donc déployé l’armée pour reprendre le contrôle de la situation et prendre les mesures nécessaires contre ses éléments ».

Des soldats armés et équipes de casques et de gilets pare-balles patrouillaient samedi matin à pied ou à bord de véhicules blindés dans les rues de la capitale Maseru, a constaté une journaliste de l’AFP.

Le chef de la police et ses deux adjoints ont été arrêtés par l’armée, a indiqué sous couvert d’anonymat à l’AFP une source officielle.

Aucun ministre, responsable du parti au pouvoir ou de l’opposition n’a pu être joint immédiatement.

– Démission attendue –

Ces mesures « ont été prises pour éviter de mettre la Nation en danger et pour assurer sa protection, ainsi que pour essayer d’endiguer l’épidémie de Covid-19 », a également justifié le Premier ministre.

Le Lesotho traverse une sérieuse crise politique depuis la mise en cause il y a plusieurs mois de M. Thabane, 80 ans, dans l’assassinat le 14 juin 2017 de son épouse de l’époque, Lipolelo Thabane, avec laquelle il était alors en instance de divorce.

A la tête du petit royaume depuis plus de deux ans, M. Thabane devrait être bientôt formellement inculpé pour sa participation à cette affaire.

Son épouse actuelle Maesaiah Thabane, 43 ans, a déjà été formellement accusée en février du meurtre de sa rivale et placée en liberté sous caution.

Privé du soutien de son parti, la Convention de tous les Basotho (ABC), depuis que l’affaire a éclaté sur la place publique, Thomas Thabane avait annoncé en février sa démission « d’ici à la fin juillet ».

Le Parlement a récemment adopté une loi interdisant à M. Thabane d’appeler à de nouvelles élections au cas où les députés voteraient une motion de censure contre lui.

– « Actes terroristes » –

Pour hâter le départ du chef du gouvernement, l’ABC et plusieurs partis d’opposition ont annoncé le mois dernier être parvenus à un accord pour remplacer l’actuelle équipe ministérielle dès que possible.

Le Premier ministre a alors vivement réagi en dénonçant des « actes terroristes » et ordonné aux forces de sécurité d’ouvrir une enquête contre ses rivaux.

Le Lesotho a été placé sous confinement total jusqu’au 21 avril pour cause de pandémie de coronavirus. Aucun cas ne contamination n’y a jusque-là été officiellement rapporté.

Dans le cadre de ces mesures, Thomas Thabane avait ordonné la suspension des travaux du Parlement pour trois mois.

Mais vendredi, la Cour constitutionnelle du pays, saisie par son parti et l’opposition, a annulé cette décision. « La décision du Premier ministre de suspendre le Parlement est nulle et non avenue », a annoncé le juge Sakoane Sakoane lors de l’audience, « le Parlement peut continuer ses travaux ».

Enclavé au milieu de l’Afrique du Sud, le petit royaume montagneux du Lesotho a connu depuis son indépendance en 1966 une histoire politique instable rythmée de coups d’Etat militaires.

Frappé par le chômage, une épidémie de sida qui touche 23% de ses 2 millions d’habitants et un manque criant de services publics, il fait partie des pays les plus pauvres de la planète.

Hong Kong: la police rafle des leaders pro-démocratie pour les manifestations de 2019

La police de Hong Kong a mené samedi une opération de grande envergure contre des leaders du mouvement pro-démocratie, arrêtant 14 personnes pour leur soutien ou leur participation aux immenses manifestations qui ont secoué la place financière asiatique l’an dernier.

Parmi les personnes interpellées figure le magnat des médias Jimmy Lai, 72 ans, fondateur du journal d’opposition Apple Daily, appréhendé à son domicile.

Les parlementaires ou ex-parlementaires Martin Lee, Margaret Ng, Albert Ho, Leung Kwok-hung et Au Nok-hin, accusés d’avoir organisé et participé à des rassemblements illégaux en août et octobre, ont également été arrêtés, a indiqué la police.

Cinq autres personnes interpellées sont soupçonnées d’avoir promu des manifestations interdites en septembre et octobre.

« Les personnes arrêtées sont accusées ou seront accusées de crimes liés » à ce genre de faits, a déclaré le commissaire Lam Wing-ho.

Les 14 interpellés comparaîtront en justice mi-mai.

Jimmy Lai avait déjà été arrêté en février pour sa participation à une manifestation en août 2019, que la police avait interdite pour des raisons de sécurité.

« J’ai fini par être arrêté. Comment je me sens? Je me sens très soulagé », a déclaré de son côté à la presse Martin Lee après avoir été libéré sous caution.

« Depuis tellement d’années, tellement de mois, tellement de jeunes gens ont été arrêtés et poursuivis, alors que je n’étais pas arrêté. Je le regrette », a ajouté l’avocat de 81 ans, qui avait créé le premier parti politique de Hong Kong où il est considéré comme le père de la démocratie.

Il a dit ne pas regretter ses actions et être fier de soutenir la jeunesse hongkongaise dans son combat pour la démocratie.

Hong Kong avait été secouée plusieurs mois en 2019 par d’immenses manifestations parfois émaillées de violences. Elles avaient été provoquées au départ par un projet de loi – désormais abandonné – prévoyant d’autoriser les extraditions vers la Chine continentale, où les citoyens disposent de moins de droits et où le système judiciaire est bien plus opaque.

– Mise en scène –

« Les arrestations aujourd’hui de leaders pro-démocratie à Hong Kong sont le coup de grâce pour le concept de +Un pays, deux systèmes+ », a estimé la directrice de Human Rights Watch pour la Chine, Sophie Richardson, faisant allusion au principe qui garantit dans la ville des libertés que n’ont pas les Chinois du continent.

« Il est difficile de prévoir les prochaines initiatives de Pékin, mais il semble bien que les dirigeants de Hong Kong vont continuer de permettre des abus plutôt que de défendre les droits des habitants de Hong Kong », a-t-elle déploré.

Les rassemblements géants de 2019 dans le territoire semi-autonome ont rapidement muté en un mouvement pro-démocratie réclamant plus de libertés, qui est devenu le plus grand défi au pouvoir de Pékin depuis que l’ex-colonie britannique est repassée dans le giron chinois en 1997.

Les manifestations et les affrontements avec la police ont progressivement cessé, en partie à cause de l’épuisement et des arrestations, mais aussi de la pandémie de coronavirus.

Les dirigeants chinois ont refusé de céder aux demandes des militants pro-démocratie, telles que l’organisation d’élections libres dans la ville, une enquête sur les violences policières durant les manifestations et une amnistie pour les plus de 7.000 personnes (dont beaucoup n’ont pas 20 ans) arrêtées pendant le mouvement.

La parlementaire pro-démocratie Claudia Mo a déclaré samedi que le gouvernement local « tente de toutes ses forces de mettre en place un règne de terreur ».

« Ils font tout ce qu’ils peuvent pour essayer de museler et de détruire l’opposition locale, mais nous restons unis », a-t-elle dit. « Il est évident que toutes leurs actions sont une mise en scène ».