Nouvelles querelles entre Sidya Touré et Cellou Dalein

Les partis des deux anciens premiers ministres ne se sont pas entendus sur les modalités de désignation de leurs représentants au sein de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) qui sera bientôt mise en place

La nouvelle CENI dont la loi vient d’être promulguée est composée de 17 membres qui seront  issus des partis politiques, des organisations de la société civile et de l’administration publique. 14 commissaires viendront des partis politiques  dont 7  de la mouvance présidentielle et 7 de l’opposition. C’est justement là que ça fait débat. Pour prétendre figurer sur cette liste, il fallait répondre à certains critères pour les partis politiques. A savoir : avoir  au moins deux députés au Parlement et avoir pris part aux dernières élections présidentielles.

Du côté de l’opposition, les partis éligibles à la désignation des représentants à la CENI ne sont pas entendus pour déposer une liste commune. La réunion qu’ils (UFR, UFDG) ont tenue lundi dernier pour obtenir un consensus, a capoté apprent-on. L’UFR de Sidya Touré a déposé en « solo » hier mardi 8 janvier  une liste de deux représentants au ministère de l’administration du territoire tandis que l’UFDG et le PEDN ont déposé une liste commune ce mercredi 9 janvier 2019 de six personnes. Le cumul fait huit prétendants alors que c’est sept commissaires qui reviennent à l’opposition dans sa globalité. Le Gouvernement va devoir trancher en respectant la Loi prévient un opposant qui s’est confié à notre rédaction.

« Ça sera décanté parce que nous (l’opposition, ndlr) n’avons que sept. C’était bien clair entre nous que parmi ces sept, l’UFR prenait deux, l’UFDG prenait quatre et un serait dévolu à un autre parti pour compléter le nombre de partis à trois. Ce n’est pas une notion nouvelle. Ça sera obligatoirement tranché (…). On a fait une petite réunion à l’UFDG, nous avons trouvé des chiffres qu’on ne valide même pas. Je tombais même des nues en les voyant. Aliou Condé, Damaro et moi qui avons travaillé sur cette loi, nous savons très bien de quoi il s’agit. Je ne peux pas en dire plus. Notre parti a déposé les noms de ses deux représentants à qui de droit », a tranché Dr Ibrahima Deen Touré.

Dans le camp de Cellou Dalein Diallo, on accuse le parti de Sidya Touré d’avoir violé la Loi. « A l’UFDG nous avions demandé qu’on puisse déterminer sur la base de la Loi le poids de chaque parti après les critères d’admissions. Mais pour déterminer le nombre de commissaires qui revient à chaque parti, la loi est claire. Elle est déterminée au prorata des résultats des dernières élections. Mais l’UFR s’y est opposé en disant qu’ils ont droit à deux représentants, l’UFDG quatre, et un pour les autres  (…). Nous avons appris qu’ils sont allés déposer leur liste composée de deux commissaires au MATD. Ce matin nous aussi, on a déposé une liste de six commissaires. Cinq pour l’UFDG et un pour le PEDN », a confié Mamadou Cellou Baldé, député de l’UFDG.

Révélations autour des magistrats guinéens: Aliou Conde appelle les guinéens à un sursaut national

Dans l’une de ses sorties médiatiques la semaine dernière, Etienne Soropogui, commissaire à la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a révélé que « certains magistrats étaient sous  pression de l’administration public ».

Cette déclaration du directeur des opérations de la commission électorale nationale indépendante ne laisse pas les acteurs politiques indifférents.

C’est le cas d’Aliou Conde, secrétaire général de l’UFDG, premier parti de l’opposition guinéenne qui s’est dit révolté contre ces propos. Il a tenté de relater l’histoire.

« En 2010, au 1er tour l’UFDG avait gagné, on a annulé les résultats, on a programmé un second tour. Et ce second tour aussi s’est tenu près de 4 mois après. Je prends l’exemple sur Kindia où au 1er tour, l’UFDG avait obtenu plus de 40% des voix. Au second tour, avec l’appui de l’UFR et de la NGR, on a eu moins de voix qu’au 1er tour parce que les résultats ont été modifiés et transférés. Nous avons mis en évidence toutes les preuves, on a sorti les vrais résultats, on les a jamais proclamé. En 2013, il y a eu les élections législatives, nous nous sommes plaints du détournement des voix de l’UFDG. En 2015, il y a eu le coup « KO ». C’était tellement ridicule que nous avons dit que nous ne portons pas plainte à la cours constitutionnelle parce qu’on sait qu’on ne prendra pas en compte nos revendications », a-t-il expliqué avant de revenir sur les élections communales du 04 février dernier.

« Lors des élections communales, on s’est vraiment déployé pour nous permettre d’obtenir tous les PV issus des bureaux de vote. L’élection a eu lieu dans la journée du dimanche et le lundi après-midi, nous avions les résultats de toute les communes de la Guinée et l’UFDG les a mis en ligne sur les réseaux sociaux pour qu’on sache qu’on a effectivement gagné. Ils ont modifié les résultats à la centralisation. En haute Guinée, il n’y a pas eu de dépouillement. Ils se sont retrouvés pour décider de partager les voix. Nous avons pris la communauté internationale a témoins, on les a montré les résultats que nous avons, on nous a prié de ne pas exiger la correction de tous les résultats. Avec eux, le chef de l’Etat a été convaincu et a accepté que la CENI nous reçoive  pour qu’on examine les PV que nous avons. Ce qui fût fait. La CENI nous a demandé de donner la liste des bureaux de vote pour qu’elle puisse faire la confrontation », ajoute le député.

« Après nous avons manifesté, il y a eu plus de 10 morts et des magasins saccagés un peu partout, des militants de l’opposition ont été emprisonnés. On a dit que l’opposition raconte des histoires. Malgré tout, nous avons organisé des conférences de presse, nous avons démontré a tout le monde que nous avions raison. Et après il y a eu le compromis qui a été signé le 08 août », continue-t-il.

Pour Honorable Aliou Condé, l’histoire a donné raison à son parti. « Beaucoup ont eu doute de ce que l’UFDG disait mais aujourd’hui c’est un commissaire à la Commission électorale nationale  indépendante (CENI) qui vient confirmer ce que nous avons toujours dénoncé et ce qui est grave c’est que personne ne réagit ça passe comme si de rien n’était. Alors, il vient de démontrer qu’en République de Guinée, les élections c’est une simple farce, et qu’on aura jamais les vrais résultats puisque les magistrats qui sont en charge de dire la vérité vont modifier les résultats et les donner au parti qu’ils veulent sans que personne ne bouge », s’indigne le représentant de l’UFDG au sein du comité de suivi.

Poursuivant Aliou Condé appelle à un sursaut national. « J’interpelle tout le monde, la presse, les forces sociales et les syndicats et tous les partis politiques pour qu’on se levé et qu’on dise que ça suffit, ça ne peut plus continuer. Les magistrats ne peuvent pas modifier les résultats issus des urnes et que nous soyons calmes et qu’on ne dise rien »

Pour finir, le secrétaire général de l’UFDG prévient: « Si on se tait c’est inutile d’aller aux élections législatives, c’est inutile d’aller aux élections présidentielles de 2020. Déjà qu’il y a un commissaire qui a reconnu que les magistrats ont eu la pression de la part des autorités administratives pour mettre les vrais résultats de côté.  Je pense que ça ne doit plus être un combat de l’UFDG seule mais c’est le combat de tous les Guinéens pour se lever contre cette mascarade. Je pensais que toute la presse allait tirer a boulet rouge sur la CENI pour avoir fait ce processus qui nous a amené à près de 7 mois de retard, on n’a pas encore fini tout simplement parce que des individus ont décidé que sur les résultats que l’UFDG ne peut pas gagner et que c’est le RPG au pouvoir qui doit gagner.  Je pense que nous n’allons pas nous taire, et que nous allons faire la mobilisation qu’il nous faut,  pour que tout le monde se lève et que les coupables  soient recherchés et sanctionnés à la hauteur de leur forfaiture. Si nous voulons vivre en paix, il faudrait qu’il y ait des élections libres inclusives et transparentes et qu’on ne touche pas aux résultats ».