Affaire « Grenade » : le verdict annoncé pour le 4 mars

Le 4 mars 2019, le président du tribunal criminel de Dixinn tranchera dans l’affaire Boubacar Diallo allias « Grenade », la décision a été prise ce lundi 18 février 2019, après le plaidoyer des avocats de la défense.

Au sortir de la salle d’audience, les avocats de l’accusé ont dénoncé tour à tour un « manque de preuves concrètes » démontrant que leur client n’est pas auteur de tentative d’assassinat et détention illégale d’arme de guerre. « Je suis triste de défendre un tel dossier dans lequel le procureur de la république tente de forcer la main des magistrats pour obtenir une condamnation, alors que ce dossier ne renferme aucune preuve comme l’a toujours soutenu la défense. Les gendarmes qui accusent notre client de détention d’une arme PMAK n’ont jamais été appelés à la justice pour soutenir leur accusation », a dit Me Salifou Béavogui

Poursuivant, il soutient que le dossier est politico-judiciaire et qu’il visait des responsables de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) à sa tête, Cellou Dalein Diallo« Il est révélé en face du tribunal que ce jeune est innocent. Il n’a jamais possédé d’une arme, il n’a jamais tenté de tirer. Les objectifs recherchés ont échoué, il fallait passer par ce jeune pour atteindre d’autres personnes issues de l’UFDG ».

 ‘’Je m’en remets à la sagesse du tribunal’’

Le jeune militant de l’UFDG, Boubacar Diallo dit « Grenade » qui est mis en cause  a déjà passé 11 mois à la prison civile de Kindia. Après le réquisitoire et les plaidoiries de ce lundi 18 février 2019, le juge Ibrahima Kalil Diakité a donné la parole au jeune Boubacar Diallo avant le délibéré du 4 mars prochain. « Mes avocats ont tout dit. Je m’en remets à la sagesse du tribunal. Et que l’âme de mes amis reposent en paix », a déclaré Grenade.  Poursuivi pour détention d’armes de guerre et tentative de meurtre, le jeune militant de l’UFDG, Boubacar Diallo (Grenade) sera situé sur son sort le 04 mars prochain au tribunal de première instance de Dixinn.

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Justice: ouverture d’une procédure judiciaire contre Boubacar Diallo

Le procureur du Tribunal de première instance (TPI) de Dixinn, Souleymane N’Diaye a annoncé jeudi l’ouverture d’une procédure judiciaire contre Boubacar Diallo alias Grenade, activiste de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG).

« Suivant le procès-verbal du 22 février 2018, de la brigade de recherche de Matam, Boubacar Diallo dit Grenade a été présenté au parquet de Dixinn à la suite d’un mandat d’arrêt décerné contre lui le 20 mai 2016, par un juge d’instruction pour tentative de meurtre, détention illégal d’arme de guerre et port illégal d’uniforme militaire », a déclaré Souleymane N’Diaye.

« L’intéressé faisait l’objet d’une information judiciaire depuis mai 2016. Les pièces à conviction versées au dossier de la procédure notamment les photos ressortent que Boubacar Diallo détenait un arsenal d’armes de tout calibre et des munitions diverses« , a-t-il poursuivi avant de préciser que « les images produites à la procédure montrent l’inculpé tantôt en train de manier les armes, tantôt en compagnie de personnalités appartenant à une formation politique de la place et à une institution constitutionnelle« .

« Il faut noter que le 19 mai 2016, à la suite de la tentative de meurtre sur la personne d’un gendarme, Boubacar Diallo avait été grièvement blessé. Après avoir reçu les premiers soins dans une clinique en Guinée, il est parvenu à quitter le pays par l’aide et l’assistance de certaines personnes de sa formation politique », a rappelé Souleymane N’Diaye.

« Revenu en Guinée, sous une nouvelle identité, Boubacar Diallo a été interpellé et déféré devant notre parquet. Il a été présenté au juge d’instruction en charge de la procédure qui l’a régulièrement placé sous mandat de dépôt le 02 mars 2018« , renchérit le magistrat.

« Des renseignements reçus, il ressort que Boubacar Diallo dit Grenade reconnait qu’au cours des manifestations certains individus disposent des projectiles et des armes à feu comme les PMAK et qui tirent dans la foule faisant ainsi des victimes aussi bien parmi les manifestants que dans les rangs des forces de l’ordre », révèle-t-il à la presse, tout en précisant que le mis en cause entretient des ‘’rapports aussi étroits avec des personnalités comme le montrent les pièces à convictions versées au dossier’’.

Guinée: un jeune tué dans une manifestation de l’opposition

Un jeune homme a été tué mercredi à Conakry lors d’une nouvelle manifestation de l’opposition en Guinée, où s’est achevée une grève des enseignants de plus d’un mois, après un accord avec le gouvernement.

Des partisans de l’opposition, qui conteste les résultats des élections locales du 4 février, officiellement remportées par le parti du président Alpha Condé, manifestaient mercredi dans la capitale et en province, notamment dans le centre et l’ouest du pays, selon des témoins joints par l’AFP.

Un jeune homme, identifié comme Boubacar Diallo, 25 ans, a été tué à la mi-journée en banlieue de Conakry, a affirmé le directeur de la polyclinique de Dixinn, le Dr Abdoulaye Barry.

« J’ai reçu le corps d’un jeune blessé par balles », dans le quartier de Wanidara, selon sa famille, a précisé le médecin. « Il est arrivé ici déjà mort, il est décédé en cours de route« , a-t-il ajouté.

« C’est vraiment triste pour ce pays, c’est vraiment triste pour nous et sa famille« , a déclaré à l’AFP le chef de l’opposition Cellou Dalein Diallo, qui participait à la manifestation, estimant à 91 le nombre d’opposants tués depuis l’accession au pouvoir de M. Condé en 2010.

Le chef du groupe parlementaire du parti au pouvoir, Amadou Damaro Camara, a accusé mardi l’opposition de tenter de « déstabiliser le régime d’Alpha Condé« .

Malgré ces tensions politiques persistante, le front social a connu une accalmie avec la conclusion dans la nuit de mardi à mercredi d’un accord mettant fin à la grève des enseignants qui avait donné lieu à des manifestations.

« La grève est suspendue« , a déclaré le leader des grévistes, le secrétaire général du Syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée (SLECG), Aboubacar Soumah, se félicitant d’avoir eu gain de cause sur « quatre revendications » essentielles.

Selon le texte de l’accord lu par l’inspecteur général du Travail, Alya Camara, les enseignants obtiennent l’application d’une augmentation des salaires de 40% décidée en 2017. Après une hausse de 10% payée en février, les 30% restants seront effectifs fin mars, avec effet rétroactif au 1er janvier 2018, selon le texte.

En outre, les parties ont décidé d’ouvrir des négociations du 2 au 25 mai « sur un salaire de base de tous les enseignants de huit millions de francs guinéens (717 euros).

Par ailleurs, « nul ne sera sanctionné pour fait de grève« , tandis que M. Soumah, en dissidence du SLECG, a personnellement obtenu la « levée de la suspension » de son salaire et le paiement de ses arriérés.

« Chacun d’entre nous a mis l’intérêt de la Guinée au-dessus de tout, à travers les enfants qui devront retourner à l’école. Ça a été dur, très dur, mais finalement, nous y sommes arrivés », s’est réjoui le médiateur de la République, l’ancien Premier ministre Mohamed Saïd Fofana.

« On vient de très loin. Tout le monde est content. Le mérite revient au président de la République qui a accepté cette revendication, qui est majeure, de satisfaire les enseignants pour préserver la paix sociale pour ménager l’avenir des enfants« , a déclaré à l’AFP le conseiller personnel de M. Condé, Tibou Kamara.

Les organisations de défense des droits de l’homme dénoncent régulièrement le lourd bilan de victimes lors des manifestations politiques ou sociales en Guinée.

« Jusqu’à présent, aucune des investigations menées dans le cadre des violences commises au cours de manifestations n’a conduit à un procès« , avaient déploré en mars 2017 plusieurs de ces organisations, dont la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH).