Guinée: un parti de l’opposition signale des disparitions dans le Fouta-Djalon

La Guinée est dans l’attente d’une date pour le référendum constitutionnel. La situation sécuritaire s’en trouve alors très fragilisée, au vu des récents, et désormais fréquents affrontements dans plusieurs villes du pays.

C’est le cas en particulier à Labé et Dalaba, dans le Fouta-Djalon. Dans cette région, de graves incidents se sont produits en milieu de semaine dernière, faisant au moins trois morts à Labé. Des incidents très durement réprimés par les forces de sécurité.

Les militaires auraient intimé l’ordre aux populations de rester chez elles, assure Mamadou Bah Baadikko, le président de l’UFDG, l’Union des forces démocratiques de Guinée, l’un des rares partis d’opposition à avoir accepté de participer aux législatives de février prochain : « Il y a une situation pratiquement d’état d’urgence non déclaré dans toutes ces zones. Il y a des militaires et des bérets rouges, donc de la Garde présidentielle, qui sont descendus de Conakry et qui ont imposé le blackout, par exemple, à Labé et Dalaba. Dalaba est resté une zone de non-droit mardi et mercredi. Ça s’est aggravé mercredi et l’intervention des forces de l’ordre et de sécurité venant parfois de Conakry, c’était à partir de jeudi et vendredi. Et l’état de siège, de fait, donc l’interdiction totale de sortir, même pour aller acheter des aliments, date donc d’avant-hier. »

Certaines personnes auraient été emmenées dans des lieux tenus secrets, toujours selon Mamadou Bah Baadikko : « Ça fait déjà deux jours que les gens, ayant vu le traitement réservé à ceux qui ont osé sortir, n’osent pas sortir. L’étau a été un peu desserré, mais les gens sont terrorisés. Et surtout, on est en train de faire le compte des gens qui ont disparu. Ce ne sont pas des arrestations, ce sont des disparitions. Quand les militaires, les bérets rouges, comme on dit, ramassent quelqu’un, on ne sait pas où ils l’envoient et il n’est pas à la disposition de la justice. »

Les législatives doivent avoir lieu le 16 février prochain. Elles pourraient être couplées avec le référendum constitutionnel.

Cellou Dalein Diallo serait-il victime d’un mauvais procès ?

L’opposant guinéen Cellou Dalein Diallo est au cœur d’une polémique. Sa dernière sortie médiatique sur le programme de bitumage des voiries en cours  dans  certaines villes de la moyenne) a heurté certains citoyens originaires de la région.

Ses détracteurs sont allés jusqu’à faire des parallèles douloureux entre les 103 victimes des manifestations couchées au cimetière de Bambéto dont plus de la moitié selon eux seraient originaires de Pita et le politicien.  « C’est très peu pour Labé. 15 km c’est insignifiant pour Labé où  vous avez 91.000 électeurs, alors qu’à Pita vous avez 15.000 à Dalaba vous avez 14000. On a donné à Pita 13,5Km, on a donné à Labé 15Km alors il faut 6 fois la commune urbaine de Pita pour faire la commune urbaine de Labé on aurait pu faire un peu plus. Ce qui a été donné à Pita je m’en  réjouis. Pita même aurait dû avoir plus, on aurait dû faire 15 km fois 6 ici à Labé pour être dans le même rapport que Pita et Dalaba. Je trouve que c’est peu », a déclaré Cellou Dalein Diallo.

Le leader de l’UFDG  ajoute que 15 kilomètres de route bitumée pour une agglomération comme Labé est une goutte dans l’océan. « Regardez le niveau des populations je n’ai parlé que des électeurs  91000 seulement dans la commune urbaine, vous donnez 15km. Je n’ai pas la surface de la ville mais vous allez voir que c’est insignifiant », a-t-il martelé.  Même s’il est dit « heureux » que Pita ait eu 13.5 kilomètres, le parallèle entre le nombre d’électeurs et le kilométrage de bitume octroyé à chaque ville  a eu un écho défavorable chez certains qui voient là une preuve d’égoïsme. D’autres vont jusqu’à rappeler que lorsqu’il était ministre des travaux publics, ces villes (Labé, Pita, Dalaba) n’ont bénéficié d’aucun kilomètre de goudron.