Augmentation du prix du carburant : la société civile se plie devant le gouvernement

La marche pacifique projetée par les forces sociales de Guinée n’a pas eu lieu ce jeudi sur l’itinéraire indiqué a-t-on constaté sur le terrain. 

Comme annoncé dans leur communiqué, 10heures nous a trouvé au stade du 28 septembre, point de ralliement de la marche. Cette marche devrait débuter au stade du 28 septembre pour aboutir à la primature où un mémorandum devrait être remis au premier ministre.

Mais d’ores et déjà, les hommes du Contrôleur général Bafoué étaient sur place. À notre arrivée, le lieu était quadrillé par un dispositif sécuritaire mixte police gendarmerie. Sur les lieux, quelques  jeunes étaient visibles.

Un peu plus tard, on constate le début du désintéressement du groupe. Aucun leader des forces n’est présent sur les lieux. Dans la foulée, on nous apprend que Dansa Kourouma, président de la plateforme des citoyens unis pour le développement (PCUD)  serait malade.  Nous avons tenté  de joindre Sekou Koundouno,  président du Balai citoyen: « Je suis à des milliers de kilomètres de Conakry » a-t-il répondu avant de raccrocher le téléphone.

Après quelques minutes de disputes, les jeunes n’arrivent pas à s’entendre sur la  personne qui pouvait diriger une éventuelle marche. Alors, ils décident de se disperser.

La marche des forces sociales de Guinée pour demander le retour du prix du carburant à la pompe n’a donc pas eu lieu ce jeudi 26 juillet 2018 à Conakry.

À l’allure où vont les choses, beaucoup d’observateurs estiment que le mouvement « forces sociales de Guinée » composé des structures de la société civile née au lendemain de l’augmentation du prix du carburant à la pompe qui avait pour objectif de faire plier le gouvernement afin de faire revenir le carburant à son prix initial, est étouffée et se trouve aujourd’hui dos au mur, car, faut-il le rappeler ,le mouvement avait promis de se battre jusqu’à l’obtention de leur revendication qui est celui du retour du carburant à 8000francs guinéens.

 

La marche FSG: Dansa Kourouma condamne les agissements des forces de l’ordre.

La marche des forces sociales de Guinée n’aura apparemment pas lieu sur l’itinéraire indiquée.

Pour causes,  l’interdiction de la marche et le déploiement d’un important dispositif sécuritaire qui disperse les manifestants à coup de gaz lacrymogènes par les autorités du gouvernorat de Conakry.

Contacté par notre rédaction,  le président du Conseil National des organisations de la société civile de Guinée (CNOCS) dit être déçu. Nous condamnons avec la dernière énergie le retour des anciennes pratiques que nous avons connues dans notre pays. Une manifestation dont la lettre d’information a été déposée dans les délais légaux, la réponse de l’autorité n’ait intervenue que dans moins de 24heures, en violation des dispositions du code pénal en la matière.

Encore une fois,  des manifestants qui n’avaient que des banderoles en main,  ont été gazés, arrêté et pourchassé jusque dans les concessions par les forces de l’ordre. Donc une fois encore j’ai le regret de constater que les libertés individuelles sont étouffées dans notre pays. »

Poursuivant, Dansa Kourouma dit prendre à témoin l’opinion nationale et internationale face à ses agissements qui, dit-il,  ne feront que radicaliser les positions.  À en croire le président du CNOCS les forces sociales de Guinée vont se retrouver dans les prochaines heures pour changer de stratégie de lutte car, dit-il, « le combat qu’on est en train de mener n’est pas contre quelqu’un ou contre un régime mais plutôt pour le panier de la ménagère et c’est la cause de notre existence sociale. »

Augmentation du prix du carburant: Voici la réaction de la société civile

Dans un communiqué rendu public samedi dernier,  le gouvernement Guinéen a revu à la hausse le prix du carburant à la pompe. Le litre d’essence qui était à 8000 francs est passé à 10000 francs,  un rajout  de 2000 francs par litre soit une augmentation de 25%.

Depuis hier dimanche, la nouvelle ne cesse de faire du bruit dans la cité.

Contacté ce matin par une radio de la place,  Dansa Kourouma,  président du Conseil National des Organisations de la société civile, (CNOCS) parle d’une décision inopportune.

« L’information est tombée sur la tête dans la nuit du samedi au moment où tous les concepteurs de carburant se sont réveillés avec cette nouvelle  sans aucune concertation préalable. C’est une concertation tripartite qui a fixé le prix du carburant à 8000.  Si cette donne doit changer, la responsabilité républicaine voudrait que l’Etat concerte les mêmes partenaires et met sur la table des arguments pour que la décision s’impose sur la base d’un autre accord. C’est un accord qui peut annuler un autre accord », explique précise-t-il.

« Cette augmentation est inopportune et trop prématurée par rapport à la déclaration de politique générale du premier ministre », ajoute-t-il.

Plus loin,  Dansa Kourouma dénonce ce qu’il qualifie de mauvais foie du gouvernement vis à vis de la population. « Chaque fois que l’État se trouve dans des difficultés, c’est le pauvre citoyen qui paie la facture.  Cette décision en pleine saison des pluies, à l’approche du mois d’août qui, est un mois de conjoncture pour la population,  l’augmentation est intervenue de manière inopportune. En tout état de cause,  on  ne peut pas pensé que le prix du carburant reste indéfiniment  intact dans le pays.  Mais si le prix doit varier,  les approches qui ont présidé la fixation du prix du carburant doivent être utilisées pour qu’il y ait  des négociations transparentes et responsables… »

Poursuivant, cet activiste de la société civile lance un appel à l’Etat. « L’État doit appliquer les principes de la flexibilité du carburant.  À chaque fois  que le prix hausse sur le marché international,  il doit hausser au niveau de la pompe et à chaque fois que ça baisse, on n’a pas besoin de faire des grèves pour que ça baisse au niveau de la pompe. C’est cela la responsabilité et la bonne gouvernance », dit-il.

À en croire Dansa Kourouma,  une réunion des acteurs de la société civile aura lieu dans la journée de ce lundi  pour harmoniser les positions et donner une position commune et  officielle de la société civile par rapport à cette augmentation du prix du carburant à la pompe.

Il est à rappeler que lors des dernières négociations sur le prix du carburant, en 2016, le gouvernement s’était engagé à ne pas augmenter le prix du carburant à la pompe même si le prix du baril montait à la hausse à l’international.

Faut-il s’attendre désormais à un bras de fer entre le gouvernement et le syndicat et patronat et société civile ?  Les prochaines heures nous étudieront !

Dansa Kourouma : « Conakry est un véritable bidon ville »

L’urbanisation de la ville de Conakry, est de nos jours une problématique qui inquiété plus d’un guinéen. Les constructions ne répondent pas aux normes de l’urbanisation et de l’habitat. Chose qui occasionne beaucoup de problèmes notamment l’inondation. En cette saison pluvieuse,  beaucoup de Conakrykas voient leurs habitations transformées en marigot. Chose qui empêche certains citoyens de la capitale de dormir paisiblement. Les constructions se font de façon anarchique.

Dansa Kourouma dénonce la responsabilité de l’Etat dans cette affaire.

«  Aujourd’hui l’urbanisation de Conakry est très anarchique. Cette ville à l’image des autres villes ne répond aux critères d’une vraie capitale. Mais ce qu’il faut aussi dire c’est la responsabilité de l’État, il y’a aucun respect du code d’urbanisation, et la population aussi construit  chacun,  comme il veut », regrette le président du conseil des organisations de la société civile.

Cet état de fait se passe sous l’œil impuissant des autorités à tous les niveaux. Il faut dire que même la donation des parcelles est souvent pilotée par les chefs de quartier ou conseils communaux. Ce qui n’est pas sans conséquence.

« Cette mauvaise urbanisation a plusieurs conséquences. Cela entraîne  l’insécurité, l’insalubrité, et voir même les inondations. Donc, Conakry est un  véritable bidonville. Ce qui est difficile dans tout ça, il n’y a même pas des lieux de loisirs pour les jeunes, les bordures de mer sont toutes occupées par des particuliers. L’autorité qui est sensée de respecter et faire respecter la loi est la première à violer les principes. Il y’a des  hauts cadres qui construisent en bordure de mer, ce qui n’est pas normale »,  dénonce le président du CNOSC.

Pour pallier à cette situation et rendre la ville de Conakry plus attractive et reluisante, il faut «  que l’État organise les états généraux sur l’urbanisme en Guinée, et les codes votés dans la cadre du respect de la construction et de l’habitat dans tout le pays », propose Dansa Kourouma,  président du Conseil National de la Société Civile.

Nomination de Kassory Fofana: Point de vue de Dansa kourouma 

Le président de la République a nommé hier lundi , Ibrahima  Kassory Fofana, premier ministre de la Guinée. Depuis cette nomination,  les commentaires fusent de partout.

Au sein de la société civile guinéenne,  on applaudit cet acte du président Condé. Dansa kourouma président de la plate-forme des citoyens unis pour le développement (PCUD)  estime que cette nomination n’avait que trop tardé.

« Personnellement je m’attendais depuis 2015 à la nomination de Kassory à la primature, quand on sait ses rapports avec le Président de la République et les dernières évolutions de ses attitudes face à l’Etat, tout portait à croire que Kassory était attendu à la primature donc,  pour moi ce n’est pas une surprise…..  »  a-t-il fait savoir.

Poursuivant,  Dansa kourouma loue les qualités du nouveau premier ministre guinéen.

« Kassory fofana a des qualités individuelles indiscutables qui peuvent l’aider à affronter les obstacles . J’analyse l’environnement Kassory fofana à trois niveaux. Premièrement ce sont ces relations avec le Président de la République et à ce niveau,  il a l’audace nécessaire qu’il lui faut pour pouvoir prendre des décisions responsables.
Deuxièmement,  ce sont ses rapports avec les caciques du RPG arc en ciel, c’est une paire de manche qu’il ne faut pas négliger quand un Premier ministre est nommé en Guinée. À ce niveau,  la fusion de son parti dans le RPG c’était symptomatique un peu de cette résistance qui  se présentait au niveau de la mouvance présidentielle . Mais Kassory a des valeurs politiques qu’il ne faut pas du tout occulter pour l’aider à pouvoir composer avec les radicaux du parti au pouvoir . Troisièmement,  ce sont ses relations avec le peuple.  Nous avons une population désabusée par plusieurs décennies de mal gouvernance . Nous avons une population désabusée par des premiers ministres marionnettes  qui n’ont pas pu faire leur travail, qui ont failli à leurs responsabilités….  » rappelle-t-il.

« Ce qui peut être un doute chez Kassory c’est le poids des préjugés .  Kassory Fofana a une opportunité que sa génération n’a pas eu.  ça dépend de sa volonté et de ce qu’il veut être pour l’avenir« ,  dira t-il ensuite .
Selon cet activiste de la société civile guinéenne,  le premier ministre doit être loyal et non soumis.

« On a besoin d’un premier ministre loyal vis à vis du président mais pas d’un premier ministre  soumis. Faire tout ce qui est possible de son pouvoir pour que le bilan du président qui est entrain de s’assombrir soit redressé  à deux ans de la fin de son mandat. »

Mais quelle est la priorité du nouveau locataire du palais de la colombe ?

« Kassory a une priorité importante , c’est de faire respecter l’État.  L’Etat n’est pas respecté en Guinée et ce respect dépend de sa capacité au sein du gouvernement d’évaluer, de coordonner  l’action du gouvernement, disposer de l’administration  et de mettre tout le monde au travail . » a conclu Dansa Kourouma.