Justice-Labé: le lieutenant-colonel Issa Camara écope de six mois de prison avec sursis

Le Tribunal Militaire à Formation Spéciale de Labé (TMFSL) a rendu sa décision, vendredi, 26 janvier 2018, dans l’affaire «Ministère public et certains citoyens de la cité du Loura contre le lieutenant-colonel Issa Camara et 23 autres coaccusés», a suivi l’AGP.

Cette affaire fait suite aux douloureux évènements enregistrés dans la Commune Urbaine (CU) de Mali, les 17, 18 et 19 juin 2016.

Après en avoir statué conformément à la loi, en matière criminelle et en premier ressort, le TMFSL «renvoie, sur l’action publique, caporal/chef Kopo Roua Soropogui des fins de la poursuite pour crime et délit de pillage, incendie volontaire, incitation à commettre des actes contraires au devoir ou à la discipline, révolte, refus d’obéissance, violences, voix des faits et outrage envers les supérieurs, vol, coups et blessures volontaires, injures, destructions et dégradations d’édifices privés, dommages aux animaux et de recèle non constitués à son égard. Ordonne, en conséquence, son acquittement, s’il n’est encore retenu pour autres causes».

Par ailleurs, le TMFSL a déclaré : «Ahmadou Macka Mara, Mohamed Morton Touré, et Alhassane Samoura, coupables des faits de recèles, lieutenant/colonel Issa Camara coupable des faits de violences, voix de faits, refus d’obéissance et d’incitation à commette des actes contraires au devoir et à la discipline, Marcel Haba, Famako Camara, Foromo Holémou, Lanciné Camara, Benoit Kolié, Koumapé Nianga Kolié, François Théa, Joseph Haba, Fassou Jogbélémou, Alphonse Kolémou, Sory Camara, Mamadou Sita Barry, Alfred Monémou, Elie Marcel Loua, Joël Camara, Mathieu Touré, Nestor Iffono, Paul Camara et Apollinaire Loua, coupables des faits de pillage, révolte, refus d’obéissance, incendie volontaire, vol, coups et blessures volontaires et dommages aux animaux».

Pour la répression, Apollinaire Loua a été condamné à 02 ans d’emprisonnement avec sursis. Son internement dans un centre psychiatrique a aussi été ordonné.

Amadou Macka Mara, qui a déjà passé près de 02 ans de détention préventive, a été condamné à 18 mois d’emprisonnement.

De même, Mohamed Morton Touré et Alhassane Samoura ont été condamnés à 02 ans d’emprisonnement avec sursis et 500 mille francs guinéens d’amende chacun.

Lieutenant-colonel Issa Camara, lui, a été condamné à 6 mois d’emprisonnement avec sursis et 1 million de francs guinéens d’amende.

La peine la plus lourde a été prononcée contre Marcel Haba, Famako Camara, Foromo Holémou, Lanciné Camara, Bénoit Kolié, Koumapé Nianga Kolié, François Théa, Joseph Haba, Fassou Jogbélémou, Alphonse Kolémou, Sory Camara, Mamadou Sita Barry, Alfred Monémou, Elie Marcel Loua, Joël Camara, Mathieu Touré, Nestor Iffono et Paul Camara, qui écopent de 05 ans de réclusion criminelle, dont 03 ans assortis de sursis. Mandat de dépôt a été décerné contre les intéressés à l’audience.

Sur l’action civile, le TMFSL de Labé a également condamné solidairement l’ancien commandant du Bataillon d’Infanterie de Mali, lieutenant/colonel Issa Camara et ses compagnons : Marcel Haba, Famako Camara, Foromo Holémou, Lanciné Camara, Benoit Kolié, Koumapé Nianga Kolié, François Théa, Joseph Haba, Fassou Jogbélémou, Alphonse Kolémou, Sory Camara, Mamadou Sita Barry, Alfred Monémou, Elie Marcel Loua, Joël Camara, Mathieu Touré, Nestor Iffono et Paul Camara, au payement de 02 milliards de francs guinéens en faveur des plaignants pour toutes causes de préjudices confondues.

Justice-Labé : Le préfet de Mali et le gouverneur de la RA enfoncent le Lt-colonel Issa Camara et coaccusés devant le TMFS

Le préfet de Mali, El hadj Harouna Souaré et le gouverneur de la Région Administrative (RA) de Labé, Sadou Keïta, ont apporté des témoignages accablants contre le lieutenant-colonel Issa Camara et ses coaccusés devant le Tribunal Militaire à Formation Spéciale (TMFS) de Labé, rapporte le correspondant régional de l’AGP.

Les audiences criminelles du TMFS de Labé se poursuivent avec la comparution des témoins qui se succèdent à la barre, pour donner leurs versions des faits sur les violences enregistrées dans la Commune Urbaine (CU) de Mali les 17, 18 et 19 juin 2016.

Ainsi, après le préfet de Mali, El hadj Harouna Souaré, qui a comparu, samedi, 19 janvier 2018, le gouverneur de la RA, Sadou Keïta était, dans la matinée du lundi, 22 janvier 2018, devant le ce Tribunal de Labé. Ces deux autorités civiles ont, tour à tour, apporté des témoignages accablants contre le colonel Issa Camara et ses coaccusés.

El hadj Harouna Souaré et Sadou Keïta ont tous déclaré à la barre, avoir vécu des moments difficiles dans la CU de Mali. Qu’ils ont vu le lieutenant-colonel Issa Camara et des hommes en uniforme, placés sous son autorité et relevant du Bataillon d’Infanterie de ladite ville, se rebeller contre l’autorité civile, désobéir à leur hiérarchie incarnée par le commandant de la 2ème Région Militaire et piller systématiquement les paisibles citoyens de la cité du Loura.

«C’est au moment où nous étions avec les citoyens et les responsables de la Société civile au carrefour ‘’Australie’’, que nous avons vu des militaires sortir du camp tirant dans tous les sens. C’est le garde du corps du gouverneur, Sergent Bafodé Camara dit Commando, qui nous a poussés dans la concession d’un Imam de la ville, située au bord de la route pour nous mettre à l’abri.

On avait honte de cette population qui fondait un espoir en nous autorités civiles pour avoir la paix et la sécurité. On ne pouvait pas regarder en face l’Imam qui nous a reçu dans sa concession, parce qu’il savait que nous aussi étions en train de fuir», a expliqué le préfet de Mali, El hadj Harouna Souaré.

Le colonel Ibrahima Khalil Condé, alors commandant de la 2ème Région Militaire de Labé, actuellement en poste dans les mêmes fonctions à Kindia, n’avait pas pu arrêter cette colère de la troupe.

«J’ai instruit le commandant de la 2ème Région Militaire de faire arrêter les tirs. J’ai vu le colonel demander aux soldats d’arrêter et d’attendre dans le camp. J’ai entendu les soldats dire qu’ils refusent», a ajouté le gouverneur de Labé.

Poursuivant son intervention, le gouverneur Sadou Keïta a expliqué au TMFS, que pendant ces 03 jours de violences, le commandement militaire qui était à la tête du Bataillon d’Infanterie de Mali n’a obéi ni à l’autorité civile qu’il constituait avec le préfet de Mali, ni à sa hiérarchie de la 2ème Région Militaire de Labé.

En appui à ses déclarations, le gouverneur de Labé a cité plusieurs exemples, dont le plus éloquents est celui de dire, que malgré sa présence à Mali, le pillage des kiosques a continué au marché. Que c’est lorsqu’il a réalisé que le colonel Issa Camara et sa troupe ont placé la ville de Mali dans un contexte d’Etat de siège, qu’il a rendu compte à son ministre de tutelle.

«J’ai dit à mon ministre que je ne peux plus gérer cette situation. Qu’on était en train de vivre une rébellion de la part des hommes en uniformes. J’ai demandé alors la conduite à tenir. Quelques 20 minutes après, le ministre m’a rappelé pour me demander de faire arrêter celui qui a été le premier à porter la main sur le jeune chauffeur et de rentrer avec le colonel Issa Camara à Labé».

Ce lundi matin, au moment où le gouverneur Sadou Keïta était à la disposition du Tribunal Militaire pour des questions d’éclaircissement, les avocats de la défense ont quitté la salle d’audience suite à des manquements dénoncés ici par Me Lanciné Sylla.

«A chaque fois que nous prenons la parole, nous sommes hués par le public, alors qu’un débat de ce genre ne peut pas se tenir sans la sérénité requise. Cela relève de la responsabilité du président du Tribunal, d’exercer la police et la direction des débats. Il laisse le public nous huer. Rien ne sert désormais à rester dans la salle d’audience», a indiqué la défense.

Cet incident malheureux, qui a perturbé l’audience du lundi matin, est banalisé par les avocats de la partie civile.

«Cela ne nécessite pas la colère des avocats de la défense. Nous sommes tous les jours devant les Tribunaux ici à l’intérieur ou à Conakry. Lorsqu’il y a certains propos, il arrive des fois que certains citoyens, dans le public, arrivent à réagir d’une certaine manière. Mais, par la suite, le président audiencier qui les ramène à l’ordre. Il leur demande de se taire», a réagi Me Thierno Souleymane Baldé, avocat à la Cour.

 

Il a fallu des démarches diplomatiques des avocats de la partie civile auprès de leurs homologues de la défense, pour que l’audience du jour reprenne après une suspension de plus de 45 minutes. Tous les acteurs concernés étaient revenus à des meilleurs sentiments.

Procès du colonel Issa Camara et Cie : le gouverneur Sadou Keita à la barre

Le procès du colonel Issa Camara et compagnie sur l’affaire relative aux violences à Mali se poursuit au tribunal militaire à formation spéciale de Labé. Après l’audition des principaux accusés et des victimes, les témoins commencent à défiler devant les juges.

Ce lundi 22 janvier 2018, le gouverneur de la région de Labé a été entendu comme témoin des faits. De 10H à 12H, Sadou keita a répondu aux questions des avocats de la partie civile.

A la barre, le numéro 1 de la région de Labé a déclaré que son autorité a été bafouée par le colonel Issa Camara au moment des faits. “Les citoyens de Mali m’attendaient comme un messie. Je n’ai pas reconnu celui [Issa Camara] que j’appelle affectueusement mon beau. C’était carrément une rébellion”, raconte le gouverneur.

Après les avocats de la partie civile, ceux de la défense ont pris  la parole pour interroger à leur tour Sadou Keita. “Oui ou non, vous avez vu ou entendu le colonel Issa Camara donner des ordres pour aller piller?”, lui demande un des avocats.

“Je n’étais pas à coté de lui”, rétorque le gouverneur. L’avocat insiste pour avoir une réponse précise. L’auditoire qui suit de près le dossier a marqué son désaccord par des cris. Pour protester, les avocats de la défense ont jeté l’éponge, obligeant le président à suspendre la séance.

Maître Lancinet Sylla de la défense dénonce des manquements dans ce procès. “Chaque fois que nous prenons la parole, nous sommes hués par le public. Un débat de ce genre ne peut pas se tenir sans la sérénité requise. Et cela relève de la responsabilité du président du tribunal d’exercer la police et la direction des débats”, indique l’homme en robe.

Maître Thierno Baldé de la partie civile relativise : “Il arrive que le public dans la salle réagisse d’une certaine manière. Par la suite, le président les ramène à l’ordre”.

L’audience a repris peu de temps après sa suspension avec toujours le gouverneur Sadou Keita pour la suite de son témoignage.

Justice-Labé : querelles de procédure devant le Tribunal Militaire à Formation Spéciale

La première journée du procès du lieutenant-colonel Issa Camara et ses compagnons devant le Tribunal Militaire à Formation Spéciale (TMFS) de Labé a été essentiellement consacrée aux querelles de procédure entre la défense, la partie civile et le Ministère public, rapporte le correspondant régional de l’AGP.

Immédiatement après l’ouverture de la première audience du TMFS de Labé, les avocats, recrutés pour défendre le colonel Issa Camara et ses compagnons, ont soulevé plusieurs exceptions de nullité et dénoncé beaucoup d’irrégularités liées, disent-ils, à l’incompétence des juges qui ont instruit le dossier.

«Nous avons soulevé l’irrégularité relative à la composition du Tribunal Militaire, nous avons soulevé des nullités relatives à l’exploit de citation à prévenu servi à nos clients, nous avons soulevé enfin la nullité de l’ordonnance de renvoi conformément à l’article 396 du Code de procédure pénale, en raison de l’incompétence des juges d’instruction qui l’ont rendu», a indiqué l’avocat de la défense, Me Lanciné Sylla.

Les arguments de la défense ont été systématiquement balayés du revers de la main par les avocats de la partie civile, recrutés par les citoyens de Mali.

«Contrairement à ce qu’alléguait la défense, c’est effectivement une loi qui a été prise, et par un arrêté conjoint signé du Ministre de la Justice et celui de la Défense. Des magistrats ont été désignés pour qu’ils puissent statuer dans ce dossier aussi simplement que possible. La défense a estimé que cette nouvelle loi portant Code de Justice Militaire n’a pas été encore promulguée. Hors, nous, nous avons cette loi, nous l’avons exhibé», a répliqué Me Alpha Mariama Diallo.

Après 06h de querelles de procédures entre la défense, la partie civile et le ministère public, le TMFS de Labé a décidé de joindre les exceptions de nullité au fond du dossier, en déclarant les débats ouverts.

Ainsi, vers la fin de la soirée, le colonel Issa Camara a eu la possibilité de donner sa version en rejetant catégoriquement les faits qui lui sont reprochés.