Liberté de la presse: la Guinée perd trois places au classement de RSF

La Guinée a perdu trois places au classement de Reporters sans frontière (Rsf) en matière de liberté de la presse. La Guinée est passé de 101e en 2017 pour la 104e place.

Selon Rsf,  le régime du président Alpha Condé n’est pas tendre envers les médias en Guinée.

L’Ong indique que nombre de journalistes ont dû fuir le pays à la suite d’articles controversés.

Le gouvernement tente périodiquement de censurer les médias critiques sous des prétextes administratifs (suspension de radios en novembre 2017) ou juridiques (offenses contre les institutions, publications de « fausses nouvelles ») ou bien encore financiers (défaut de paiement des redevances dues à l’Etat).

Il arrive même que la Haute Autorité de la Communication ne réponde pas aux demandes d’agrément des médias pour ensuite leur reprocher de ne pas être en règle.

Le président tient souvent des propos sévères envers les médias nationaux, internationaux et les organisations de défense de la liberté de la presse.

 

Liberté de la presse en Guinée: Point de vue des associations de presse 

Les journalistes guinéens ont célébré ce 03 mai la journée mondiale de la liberté de presse. Pour la première fois , le président de la République est venu accompagné la presse dans cette célébration . Alpha Condé n’a pas manqué de fustiger le classement de Reporters Sans Frontières. À cette occasion , les associations de presse du pays ont donné leur point de vue sur l’exercice du métier en Guinée et se sont prononcés sur le discours du président de la République .

Sanou Kerfala Cissé président de l’union des radios et télévisions libres de Guinée (URTELGUI) 

Le 03 mai pour l’ensemble des professionnels de la communication du monde entier constitue un moment de retrouvailles, de joie , un moment où on met sur la table tout ce qu’on a comme tares, tout ce qu’on a comme difficultés, pour pouvoir aplanir nos différents déséquilibres auxquels la presse dans son ensemble est confrontée pour pouvoir faire de la presse guinéenne une presse responsable et compétitive. Je vais lancé un appel aux journalistes guinéens : J’ai constaté depuis bientôt 4 ans, les journalistes guinéens notamment qui exercent dans les radios au lieu d’être des journalistes deviennent des procureurs de la République . Tout journaliste débatteur dans un studio qui n’arrive pas à coller son invité n’est pas satisfait. Le journaliste a pour but de tirer des informations de son invité. Pour la quasi-totalité des journalistes qui font des débats dans des émissions débat dans des radios ne donnent même pas la possibilité, le temps à l’interviewé de s’exprimer donc il faut que cette pratique cesse. Il faut que nous descendons sur la planète terre . Nous sommes des journalistes et nous ne pouvons pas réinventer cette profession.

Amadou Tham Camara Directeur de la maison de la presse et président de l’association guinéenne des éditeurs de la presse en ligne (AGUIPEL).

Nous respectons le point de vue du président de la République mais l’ONG Reporters sans frontières est indépendante donc elle est libre de faire son classement. Les patrons de presse ne sont pas consultés . L’année 2017 a été difficile pour la presse. Il y a eu des journalistes qui ont été interpellés et mis en garde à vue . Il y a des radios qui ont été fermé. C’est tout cela qui n’a pas contribuer à donner une bonne image du pays. Une presse qui est mal notée c’est une démocratie qui est mal notée. Et le président en tant que garant de cette démocratie il peut ne pas être content. Ce n’est pas la faute à la presse guinéenne.

Hassane Kaba Journaliste, Directeur général de la maison de la presse

Il y a  certes eu des progrès mais n’empêche qu’il y a des combats. Il y a des menaces qui se présentent aujourd’hui au niveau de la presse. Une liberté n’étant jamais totalement acquise c’est une lutte de longue haleine , une lutte permanente. Humblement, en tant que professionnel de la communication, je dis que l’ONG Reporters Sans Frontières a ses critères et sa façon de travailler. Il y a une liberté de ton qui existe chez nous en Guinée qui n’est pas le cas dans beaucoup d’autres pays. Il y a des pays dans la sous région, où lever le ton, ou manquer de respect au chef d’État, le journaliste est toute suite poursuivi. Liberté de presse ne veut pas dire forcément absence de détention de journalistes dans les prisons. La liberté c’est la possibilité pour les journalistes de pouvoir évoluer économiquement. Il faut que les journalistes soient à mesure d’entretenir sa famille. Si vous avez des journalistes avec les ventres. Quelle liberté voulez vous pour ce journaliste? Les entreprises de presse ne sont pas des entreprises ordinaires. Ce sont des entreprises qui évoluent sur un terrain très sensible. C’est pourquoi il est très important que le combat économique soit gagné. J’ai toujours reproché à Reporters Sans Frontières, de ne pas consulter les hommes de médias guinéens avant de faire leur classement. Malheureusement, on ne remarque même pas leur présence dans le pays sauf quand ils rendent public leur rapport. Je ne doute pas de la fiabilité de ces résultats mais je sais que dans notre pays il existe une liberté de ton qu’on ne peut pas avoir au Sénégal par exemple.

Liberté de la presse: le président de l’URTELGUI pas « fier  » du rang de la Guinée

L’organisation non gouvernementale Reporter sans frontières a rendu public son rapport annuel sur le classement des pays selon la liberté de la presse.

Dans ce classement, la Guinée perd 3 places et se classe à la 104e place sur 180 pays.En effet, c’est avec le slogan  » des journalistes de terrain à haut risque en Afrique » que reporters sans frontières a abordé la question Afrique dans son classement. Dans ce classement de 2018, la Guinée occupe la 104e place contre 101e en 2017. Pour Sannou Kerfala Cissé, président de l’Union des radios et télévisions libres de Guinée (URTELGUI), l’ONG a été clémente envers la Guinée.

« On ne peut vraiment pas être fier de ce classement.  L’idéal aujourd’hui est qu’on se retrouve parmi les dix premiers. Face à tout ce que les journalistes, les médias, dans leur ensemble ont traversé l’année 2017, je me dis que le reporter sans frontières a été vraiment clément vis à vis de la Guinée. Ce régime a fait un recul grave dans le cadre de la liberté de presse, de la liberté d’exercice de métier de journaliste dans le monde entier et c’est traumatisant….».

Pour le président de l’Urtelgui , il y a eu un recul dans l’exercice du métier de journalisme en Guinée . Il y a un recul total de la liberté dans l’exercice du métier de journalisme en Guinée. Si ce ne sont pas les rétentions de l’information au niveau de l’administration  dans la loi quiconque aussi se livre aujourd’hui à une rétention de l’information doit être poursuivi.»

Les trous noirs sur la liberté de la presse restent trop nombreux.

L’Heritré occupe la 179e place, le  Djibouti 173e, le Burundi 169e ou encore la Somalie 168e place avec 4 journalistes tués lors d’attaque terroristes en 2017 sont des pays africains où la liberté de la presse est constamment étouffée.

La Guinée perd trois places au classement RSF sur la liberté de la presse

La Guinée est passé de la 101e à la 104e place du classement 2018 de Reporters Sans Frontières 2018 sur la liberté de la presse dans le monde.

Selon RSF, en Guinée, les menaces directes du chef de l’Etat de fermer toute radio qui donnerait la parole au syndicaliste Aboubacar Soumah est l’une des causes de la chute du pays à la 104e place sur les 180 pays classés.

« Les propos du chef de l’Etat, qui a directement menacé de fermeture les médias susceptibles de donner la parole à un leader syndical, ont contribué à créer un climat d’hostilité à l’égard de la presse », indique RSF.

La suspension de certains radios et journalistes, et l’attaque de certains journalistes par des manifestants ont aussi été dénoncés par Reporters Sans Frontières : « Des radios ont été suspendues et des journalistes ont parfois été pris à partie par des manifestants. »

Les 5 premières places de ce classement sont toutes occupées par des pays européens : la Norvège, la Suède, les Pays Bas, la Finlande et la Suisse, alors que la France occupe la 33e place, le Royaume Uni, la 40e place et les Etats Unis, la 45e place.

Le bas du tableau est quant à lui occupé par : Vietnam (175e), la Chine (176e), la Syrie (177e), le Turkménistan (178e), l’Erythrée (179e) et la Corée du Nord (180e).