Grève des enseignants : Mory Sangaré demande aux députés de s’investir

Alors qu’il présentait le projet de budget de son département, le ministre de l’éducation nationale et de l’alphabétisation a demandé l’apport des élus du peuple pour venir à bout de la crise qui secoue le système éducatif guinéen depuis deux mois.

Dans un discours, Mory Sangaré a annoncé la reprise des cours à plusieurs niveaux. « Il est regrettable de constater que malgré les efforts fournis par notre gouvernement en matière d’amélioration des conditions de vie et de travail des fonctionnaires, des écoles restent encre perturbées par endroits. Par la sensibilisation de toutes les parties prenantes et la prise de mesures administratives à titre conservatoire, mon département s’est investi à ramener les enseignants en classe. Aussi comme nous l’avons souligné, le gouvernement a également utilisé les voies et moyens institutionnels pour un dialogue franc et constructif avec les représentants syndicaux désignés conformément au protocole d’accord signé le 13 mars 2018. Donc les cours ont repris à maints endroits. Des tentatives de déstabilisation demeurent et affectent le climat de quiétude ».  A signaler que le ministre de l’éducation a passé un sale temps ce lundi à l’assemblée nationale. Des députés ont tiré à boulets rouges sur lui alors que son collègue de l’enseignement supérieur a été adoubé à l’unanimité par les élus du peuple.

Le gouvernement gèle le salaire des grévistes, le SLEECG durcit le ton: «les 20 millions ne sont plus négociables…» 

Le gouvernement guinéen a mis sa menace en exécution. Certains enseignants grévistes ont vu leur salaire du mois d’octobre gelé par le gouvernement Kassory. Cette situation a contribué à radicaliser la position du syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée (SLEECG) qui est en grève générale depuis le 03 octobre dernier. Dans une salle pleine à craquer, Aboubacar Soumah a déclaré ce samedi 27 octobre 2018, que  les huit millions de francs guinéens négociables qu’ils demandent comme salaire de base  sont désormais devenus non négociables.

Le secrétaire général du SLEECG, a déploré le comportement du ministre de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation Mory Sangaré qui, selon lui , ne s’est pas préoccupé de la situation. Ce dernier a plutôt préféré procéder au recrutement de certains contractuels venant de l’Ecole Nationale d’Instituteurs et de l’ISSEG (Institut Supérieur des Sciences de l’Education de Guinée) plus certains vacataires «ramassés çà et là pour passer au remplacement des enseignants titulaires». «C’est une violation flagrante des conventions internationales ratifiées par notre pays. On ne doit pas procéder au remplacement d’un gréviste pour fait de grève», a-t-il rappelé, sous les ovations des enseignants grévistes.

Poursuivant, Aboubacar Soumah a accusé le PM Kassory Fofana d’être à la base du blocus du dialogue social dont il en est le garant. «Selon notre constitution, le Premier ministre est le responsable du dialogue social. Mais très malheureusement, Ibrahima Kassory Fofana est le premier à bloquer le dialogue en déclarant dans les médias que jusqu’en 2020, qu’il n’y aura pas de négociations autour des huit millions que nous réclamons, nous affirmons en conséquence qu’il n’aura plus de cours jusqu’en 2020», a-t-il martelé.

Selon Aboubacar Soumah, Kassory Fofana a expressément violé la loi en gelant les salaires des enseignants, par conséquent, «à notre tour, nous allons aussi violer les principes de négociations».

Poursuivant , Aboubacar Soumah a demandé aux parents d’élèves de continuer à garder leurs enfants à la maison pour éviter les nombreuses risques auxquels ils font face une fois dans les rues. «Nous avions dit dès au départ que si les parents laissent les enfants venir à l’école, les forces de l’ordre sont prêtes à tirer sur eux. La preuve, un élève de 22 ans a été tué à Koloma. Au Lycée 1er Mars de Matam, dès que les élèves se sont levés contre les enseignants contractuels qui n’ont pas de niveau, ils ont été aussitôt gazés et certains ont été arrêtés. La même chose s’est passée à Sonfonia et au Lycée Kipé. Partout où les élèves dénoncent l’incapacité des enseignants contractuels, les forces de l’ordre sont prêtes à tirer sur eux. C’est pour toutes ces raisons que nous demandons aux parents d’élèves de continuer à garder les enfants à la maison parce que nous ne sommes pas prêts à retourner dans les classes tant ce que nos revendications ne sont pas satisfaites. Même si cela prendra le temps qu’il prendra, jusqu’à 2020…», a-t-il menacé.

Certains fondateurs des écoles privées ont accusé le SLEECG de vouloir les déstabiliser. À l’occasion de cette assemblée générale, Aboubacar Soumah, le secrétaire général du SLEECG a indiqué que cela ne leur concerne pas. Toutefois, il a appelé les enseignants qui sont dans les publics et qui donnent aussi des cours dans les écoles privées de rester à la maison(…)».

Pour finir, Aboubacar Soumah a appelé ses camarades à la mobilisation. «Le Tchad vient de terminer son cinquième mois de grève. Le Bénin a fait trois mois, le Gabon, la Côte d’Ivoire et le Mali, c’est notre tour de finir avec la précarité dans laquelle nous vivons», a-t-il lancé.

La prochaine rentrée scolaire aura lieu le 15 septembre 2018

La prochaine ouverture des classes pour l’année scolaire 2018-2019 est prévue pour le 15 septembre 2018 a-t-on appris auprès du ministre de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation a annoncé que

Interrogé par nos confrères de la radio GPP FM le ministre Mory Sangaré a annoncé que l’ouverture des classes pour l’année scolaire 2018-2019 est prévue pour le 15 septembre 2018.

Mais en attendant, les épreuves de l’examen d’entrée en 7e année ont été effectivement lancées cette semaine.

Le ministre Mory Sangaré a affirmé que le lancement des épreuves a été bien effectif sans incidents dans les localités qu’il a visitées jusque-là.

« Toutes les écoles que j’ai visité hier, Yembering, Mali 1 (Mali) et ce matin Mitty (Dalaba), Boulliwel, Boulbinet et Doukouré (Mamou) où je suis, les épreuves se passent bien… », a indiqué le ministre.

Le ministre a également annoncé que les résultats des examens nationaux seront proclamés au plus tard quinze jours après la dernière épreuve de l’examen, « par exemple après la dernière épreuve de l’examen d’entrée en 7e, les résultats de cet examen seront publiés 15 jours après, de même que le BEPC et le Baccalauréat Unique ».