Plusieurs officiers proches de Sékouba Konaté rejoignent Alpha Condé

Des  officiers de l’armée guinéenne viennent de rejoindre le camp du président Alpha Condé.

Parmi eux, il y a des anciens membres du CNDD, junte dirigée par Moussa Dadis Camara, après la mort de Lansana Conté en 2008. Les colonels  Yaya Sow et Aboubacar Sidiki Diaby qui ont fait une apparition tonitruante ce week-end au siège du RPG ne sont donc pas les seuls à avoir rejoint le parti d’Alpha Condé ! D’autres officiers non des moindres dont des proches de Konaté et de Dadis Camara  font partie de la liste. Les colonels Mamadou Paraya Bah, ex-chef d’état-major particulier du Général Sékouba Konaté (ex patron de la transition) et Koulako Béavogui, jeune frère biologique de l’ancien premier ministre Lansana Béavogui, ont rejoint le parti au pouvoir. Ils étaient tous membres de la junte militaire de 2008 conduite par Dadis Camara.

Outre ceux-ci, un Amiral et d’autres colonels ont également posé leurs valises dans le RPG arc-en-ciel. L’amiral Lamie Bangoura, ex gouverneur de la région de Nzérékoré, les colonels Siaka Camara (commando marin, instructeur et formateur des fusiliers marins), N’Famara Diomandé (ex-chef d’Etat-major de l’armée de mer, commandant de navire de guerre, actuel préfet maritime), Sidiki Traoré (navigateur, timonier de l’armée de mer), N’Faly Traoré (artilleur marin, ex préfet de Dinguiraye), ont adhéré au RPG. Tous ces officiers avaient mis à la retraite à l’arrivée d’Alpha Condé au pouvoir qui avait aussitôt enclenché une fastidieuse opération de réforme des forces armées.

Ce « coup de poker » réussi par Alpha Condé intervient alors que le  débat sur un éventuel troisième mandat brûle l’actualité politique du pays. Politicien aguerri, l’actuel dirigeant guinéen veut-il contrôler toutes les forces (y compris dans l’armée) qui pourraient lui barrer la route dans cette aventure « risquée » ? Rien n’est moins sûr ! En tout cas, le retour de ces anciens officiers de l’armée qui étaient presque dans les « oubliettes » et quelque peu « frustrés » d’avoir été mis à la retraite, suscite assez de controverses.

A cause du massacre du 28 septembre, Dadis Camara ne peut pas rentrer en Guinée comme Toumani Touré au Mali

Depuis le retour à Bamako de l’ancien président malien Amadou Toumani Touré, les partisans de Dadis Camara réclament à leur tour le retour de leur « champion » à Conakry

 

Depuis le retour à Bamako de l’ancien Président malien Amadou Toumani Touré, les partisans de Dadis Camara réclament à leur tour le retour de leur « champion » à Conakry.

Mais pour le Ministre guinéen de la justice, il y a une différence entre les cas de Dadis Camara et Toumani Touré. Maître Cheick Sako a rappelé que Amadou Toumani Touré qui vivait en « exil » à Dakar ne faisait l’objet d’aucune poursuite judiciaire.

« Mr ATT est un ancien président de la république, il a fait 10 ans au pouvoir. Et, je ne crois pas s’il y’a une poursuite qui est engagée contre lui par la justice malienne, je pense que la procédure qui avait été initiée n’a pas abouti parce qu’on a rien trouvé contre lui. Il a été blanchi sur le plan judiciaire », a précisé le Ministre d’Etat Cheick Sako.

Moussa Dadis Camara, l’ancien Président du Conseil National pour la Démocratie et le Développement est inculpé dans le dossier des massacres du 28 septembre 2009.

Neuf ans après, le massacre du stade de Conakry bientôt en procès

Le procureur guinéen en charge de ce dossier est formel : «Qu’on le veuille ou pas, cette affaire sera jugée en Guinée. Je ne sais pas quand, mais elle sera jugée»

 

L’année 2018 débute sur une note d’espoir pour les victimes du massacre du 28 septembre 2009 à Conakry. Ils ont appris avec soulagement que l’instruction judiciaire vient d’être close après neuf ans d’enquête. En attendant le procès qui s’annonce, retour sur ce crime de masse qui a traumatisé des milliers de familles.

Le procureur guinéen en charge de ce dossier est formel : «Qu’on le veuille ou pas, cette affaire sera jugée en Guinée. Je ne sais pas quand, mais elle sera jugée», a-t-il martelé devant la presse, en précisant que pour ces crimes de masse, il n’y a pas de délais, pas de prescription non plus.

Des dizaines de femmes violées, des opposants mitraillés, d’autres portés disparus. Une journée de triste mémoire qui hante la mémoire des Guinéens.

Ce 28 septembre 2009, le stade de Conakry est plein à craquer. Des milliers d’opposants se sont rassemblés pour dire non à la candidature du chef de la junte militaire guinéenne, le capitaine Moussa Dadis Camara, qui a pris le pouvoir par les armes en décembre 2008. Il veut se présenter à l’élection présidentielle.

La veille, il a interdit toute manifestation dans la capitale. La répression menée par ses hommes est brutale. Ils tirent à bout portant. Ils violent et massacrent tout sur leur passage. Les témoignages recueillis par Human Rights Watch font froid dans le dos.

«Ils tirent à bout portant et violent des dizaines de femmes»

Un homme rescapé du massacre raconte: ils «sont entrés par le grand portail du stade. Ils ont commencé à tirer directement sur la foule. J’ai entendu un soldat crier : « Nous sommes venus faire du nettoyage! » J’ai décidé de courir à la porte située à l’extrémité. J’ai vu de nombreux corps gisant sur la pelouse.»

Un dirigeant de l’opposition présent ce jour-là à la tribune du stade: «Les soldats ont mis les portes en métal sous tension en coupant les câbles électriques avant d’encercler le stade. Ils sont ensuite entrés dans le stade en tirant. Les gens tombaient. C’était incroyable. Il y avait des cadavres partout.»

Des viols collectifs et des violences sexuelles particulièrement cruelles ont été commis contre des dizaines de filles et de femmes présentes au stade, souvent avec une brutalité extrême. Certaines victimes sont mortes suite aux blessures infligées.

Une enseignante âgée de 35 ans à l’époque raconte à Human Rights Watch: «Lorsque les tirs ont commencé, j’ai essayé de courir, mais (les soldats) m’ont attrapée et traînée au sol. L’un d’eux m’a frappé deux fois sur la tête avec la crosse de son fusil. Et quand je suis tombée, les trois se sont jetés sur moi. Deux m’ont maintenue à terre tandis que l’autre me violait. Ensuite le second m’a violée, puis le troisième. Ils me battaient tout le temps.»

Puis elle décrit le calvaire d’une jeune femme violée à ses côtés. «A environ trois mètres, une autre femme avait été violée. Lorsqu’ ils ont fini, l’un d’entre eux a pris sa baïonnette et l’a enfoncée dans son vagin. J’ai vu cela, juste à côté de moi… J’ai été tellement effrayée qu’ils ne le fassent à moi aussi.»

Des unités de la garde présidentielle à l’œuvre

Selon une enquête menée par Human Rights Watch, le massacre était prémédité et a été perpétré par des unités d’élite de la garde présidentielle.

Depuis son exil doré du Burkina Faso, le capitaine Moussa Dadis Camara, au pouvoir à l’époque des massacres, a toujours nié être responsable de cette tragédie. Il avait accusé son aide de camp, le lieutenant Toumba Diakité d’avoir supervisé cette opération. Excédé, ce dernier lui avait tiré une balle dans la tête.

Laissé pour mort, Dadis Camara avait été évacué le 3 décembre 2009 pour des soins au Maroc avant de trouver refuge à Ouagadougou, au Burkina Faso. C’est là que des juges guinéens l’ont auditionné et inculpé le 8 juillet 2015. Les familles des victimes attendent maintenant qu’il soit extradé et traduit enfin en justice.

Le procureur guinéen en charge de ce dossier a d’ores et déjà pris un arrêté créant un comité de pilotage en vue de la préparation matérielle du procès qui devrait durer entre 8 et 10 mois.

Les Etats-Unis et l’Union européenne ont annoncé des contributions financières qui viendront s’ajouter au budget fourni par l’Etat guinéen.

Guinée: l’instruction judiciaire du massacre du 28 septembre est close

« Je suis heureux de vous annoncer que cette instruction a pris fin aujourd’hui », a annoncé le ministre guinéen de la Justice, Maître Cheick Sako, lors d’une conférence de presse le 29 décembre

L’instruction judiciaire dans le massacre des 150 opposants dans un stade de Conakry en Guinée le 28 septembre 2009 aura duré sept ans. Pendant ces longues années, plus de 500 personnes, témoins et victimes, ont été entendues par le juge d’instruction.

« Je suis heureux de vous annoncer que cette instruction a pris fin aujourd’hui, a annoncé le ministre guinéen de la Justice, Maître Cheick Sako, lors d’une conférence de presse ce 29 décembre. L’ordonnance de renvoi devant le tribunal criminel dans l’affaire du 28 septembre a été prise aujourd’hui ».

« Le ministère de la Justice, avec l’accord de l’autorité bien entendu, va prendre un arrêté créant un comité de pilotage où différentes personnalités seront représentées, dont le parquet général bien entendu. Et c’est ce comité qui va préparer matériellement ce procès à venir ».

Quid de Moussa Dadis Camara ?

Il reste désormais à savoir comment va se préparer ce procès et quand il aura lieu. « Un procès de cette envergure ne se décrète pas comme cela avec une baguette magique, poursuit le ministre. Il faut de l’argent, des conditions matérielles de préparation. Soyez patients. Nous, on a fait notre devoir. Les magistrats autour de moi ont fait leur devoir ».

Comment faire lorsque le principal suspect Moussa Dadis Camara, l’ex-président vit encore à l’étranger ? « Beaucoup de gens parlent au nom de monsieur Dadis, déclare encore Cheick Sako. Il a toujours dit qu’il va se présenter devant le tribunal. Le moment venu, on le fera venir pour le jugement ».

Pour la tenue de ce procès, le gouvernement guinéen compte sur les États-Unis, l’Union européenne et sur ses propres ressources.