Guinée: les leaders religieux luttent contre les mutilations génitales féminines

Ils ont décidé d’accompagner les femmes dans la lutte qu’elles livrent contre les mutilations génitales féminines (MGF). Une  séance de sensibilisation organisée au quartier Carrière Centre a mobilisé les communautés, avec une présence remarquée des leaders religieux et les femmes.

 

 

Selon l’article publié sur  le site d’information Guinéenews.Com, la santé prime sur les pratiques religieuses, c’est ce message que les religieux transmettent aux communautés, en prélude à la journée International Tolérance 0 à l’Égard des MGF, prévue le 6 février prochain. Elhadj Adama Sidibé et Mamadouba Cissé du secrétariat général des affaires religieuses se sont relayés au micro pour sensibiliser les femmes sur les méfaits du fléau. Alternant le français et les langues locales, les chroniqueurs ont insisté sur le fait d’écouter et d’obéir aux médecins qui sont tous d’accord sur le fait que les MGF sont à abandonnées. «Le prophète nous invite à privilégier notre santé et notre survie », indiquent les représentants du secrétariat général des affaires religieuses.

Prenant le relais, Madame Mariama Diallo, la soixantaine, abonde dans le même sens. Dans son argumentaire, elle relève la particularité qui fait que sur l’échelle continentale, «cette pratique n’a d’envergure désormais  qu’en Guinée ». Et d’insister que «même les pays voisins comme le Sénégal et la Sierra Leone ont abandonné l’excision, ainsi que les pays arabes». Et comme preuve que les pesanteurs socio-religieuses qui servent d’arguments aux adeptes des MGF en Guinée sont des fallacieux, «ces pays ne connaissent aucun problème », affirme-t-elle. Avant d’appeler les Guinéens à comprendre «parce que plein de maladies proviennent des mutilations, sans oublier les infections, la stérilité, les problèmes d’accouchement et même de conception pour les femmes ayant subi l’excision.

Après les chroniqueurs, la parole a été donnée à l’assistance. C’est ainsi que d’autres femmes, tous âges confondus, ont marqué leur accord pour l’abandon des MGS. Mais non sans émettre des préoccupations à propos de «celles qui ont subi l’excision». En réaction, elles sont encouragées à d’aller vers les services de santé pour une prise en charge médicale, avec l’accompagnement des structures d’appui relevant du ministère des affaires sociales.

Au terme des échanges, Lansana Keïta, de l’ONG CLEF apprécie l’initiative qui permet de lever l’équivoque à son niveau. Auparavant, « il y avait une confusion qui disait que la MGF est recommandée par la religion », rappelle-t-il.

Représentant le partenaire à cette rencontre, Abdoulaye Baldé, spécialiste protection de l’enfant au bureau de l’Unicef à Conakry, informe «qu’à cause de leur poids dans la société, les religieux sont impliqués dans la lutte contre les MGF depuis 2014, via le secrétariat général des affaires religieuses».  Avant de confier que les rencontres de sensibilisation en cours sont à mettre au compte de la préparation du 6 février, journée 0 tolérance à l’égard des MGF, adoptée par l’assemblée générale des nations unies depuis 2012.

A son tour, Elh. Aboubacar Sidiki Nabé, directeur général adjoint du bureau de stratégie et du développement au secrétariat général des affaires religieuses, point focal MGF, «salue cette initiative entre les communautés et les leaders religieux sur une problématique très cruciale, les mutualisations générales féminines ou les violences basées sur le genre ». Surtout que « notre pays a plus 94% de prévalence des mutualisations génitales, 15ème  sur le plan mondial », précise-t-il.

«C’est pourquoi, le secrétariat général des affaires religieuses a jugé nécessaire de rencontrer les gens pour leur expliquer les méfaits de cette pratique… », explique l’organisateur pour qui  «il n’y a aucune religion au monde qui encourage une pratique néfaste en l’occurrence les mutilations génitales féminines (MGF) ».

Insistant sur le bien fondé de l’initiative, «au regard des recommandations des spécialistes qui nous ont édifiés que cette pratique n’a que des méfaits, c’est pourquoi le secrétaire général des affaires religieuses a pris à bras le corps cette problématique pour sensibiliser pour qu’aucun religieux n’encourage cette pratique »,  ajoute-t-il.

Campagne de sensibilisation à Mamou pour l’abandon des MGF/MP

Une campagne de sensibilisation pour l’accélération de l’abandon des mutilations génitales féminines et les mariages précoces a été lancée lundi 07 septembre 2020, dans la région administrative de Mamou.

C’était sous la présidence du directeur de cabinet du gouvernorat de Mamou, en présence des élus locaux et des associations féminines de la région.

Niakaté Fatoumata Binta, représentante du club des jeunes filles leaders de Mamou, a dans son plaidoyer, a demandé à l’État guinéen de mettre fin aux violences dont sont victimes les jeunes filles, notamment les mariages d’enfants, les mutilations génitales féminines et l’exploitation des enfants.

De son côté, L’inspecteur régional de l’action sociale, de la promotion féminine et de l’enfance, Karomoko Camara, a souligné la nécessité d’impliquer tous les acteurs dans cette activité pour une prise de conscience collective afin de mettre à cette problématique des Violences Basées sur le Genre y compris les MGF, les mariages d’enfants et le Covid-19.

Pour Ibrahima Sow, sous point focal de L’UNFPA à Mamou, d’accélération pour l’abandon des mutilations génitales, l’excision, les mariages d’enfants demande l’implication de chaque citoyen d’où l’importance de cette campagne de sensibilisation.

Le directeur du cabinet du gouvernorat de Mamou, Bernard Mara, a dit que ce qui était bon hier n’est pas forcément bon aujourd’hui. « La science évolue. Si hier, dans nos communautés, celles qui ne sont pas excisées sont stigmatisées puisque c’était la coutume, mais aujourd’hui avec la science, nous devons comprendre que cette pratique n’a que des conséquences néfastes pour la santé de la femme », a indiqué Bernard Mara.

MGF : la pratique perdure toujours en Guinée

La Guinée a du mal à lutter contre les mutilations génitales féminines (MGF). Le 06 février, journée désormais dédiée à la lutte contre cette pratique néfaste à la santé de la femme, des voix se sont encore faites entendre en Guinée pour dénoncer  cette pratique ancestrale.

En Guinée, les statistiques font froid au dos. Selon le Directeur national de la protection féminine et de l’enfance, Souleymane Camara : «  En Guinée, la prévalence est étonnante en la matière puisqu’elle atteint 96.8 selon les statistiques de 2016.   On a évolué de 0,2% depuis 2012 au plan national… ».

Selon un rapport des Nations Unies, la Guinée occupe la deuxième place au monde et la première en Afrique des pays qui pratiquent l’excision.

Selon Souleymane Camara, partant de la diversité ethnique  de la Guinée, les statistiques varient selon les régions administratives: « Les statistiques par région sont presque identitaires. C’est en Guinée forestière où la prévalence est un peu moins car il existe dans cette zone certains groupes ethniques qui ne pratiquent pas l’excision, en basse côte, la prévalence est de 99% comme en moyenne Guinée. En haute Guinée, elle est un peu moins et elle est aux alentours de 97% ».

Les mutilations génitales féminines sont internationalement considérées comme une violation des droits des jeunes filles et femmes et entrainent de graves conséquences physiques et psychologiques. Les conséquences des mutilations génitales féminines sont nombreuses : infections, l’infertilité, des complications à l’accouchement et des risques de décès chez le nouveau-né, sans oublier les risques d’infections VIH/sida.

Rappelons que la journée internationale de lutte contre les mutilations génitales féminines a été instaurée  par les Nations Unies en 2003. L’objectif  est d’éradiquer  cette pratique néfaste à la santé de la femme.