Lancement de la 6e réunion annuelle du Partenariat de Ouagadougou à Conakry

La 6e réunion annuelle du Partenariat de Ouagadougou a été lancée mardi, 12 décembre 2017, à Conakry, en présence des représentants des neuf pays membres de l’organisation sous le thème « l’autonomisation des femmes et la révolution contraceptive ».

 

La 6e réunion annuelle du Partenariat de Ouagadougou a été lancée ce mardi, 12 décembre 2017, à Conakry en présence des représentants des neuf pays membres de l’organisation sous le thème « l’autonomisation des femmes et la révolution contraceptive ». Elle réunit quatre cents participants venus de plusieurs horizons.  La cérémonie d’ouverture s’est tenue en présence du Premier ministre guinéen, Mamady Youla, du ministre de la Santé, le Dr Abdourahmane Diallo, du directeur général adjoint de l’organisation ouest-africaine de la Santé (OAS), les ambassadeurs de la France, de l’Allemagne et des Etats-Unis, etc.

Dans son discours d’ouverture, le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, a indiqué que « les indicateurs de la santé maternelle et infantile sont encore préoccupants \[en Guinée] même si on note une amélioration significative avec la dernière enquête mixte de 2016 ».

Selon le Dr Abdourahmane Diallo, « beaucoup d’efforts restent encore à déployer pour améliorer le niveau de ces indicateurs. Car, le ratio de mortalité maternelle est passé de 724 à 550 décès pour 100 mille naissances vivantes; la mortalité néonatale de 38 à 20 pour 1000 naissances vivantes; la mortalité infantile de 67 à 44  pour 1000 naissances vivantes, la mortalité infanto-juvénile de 123 à 88 pour 1000 naissances vivantes ». Tandis que « l’indice synthétique de fécondité passe de 5,7 à 4,1 enfants par femme ».

Pour le ministre de la Santé, « c’est dans ce cadre que le gouvernement guinéen s’est engagé dans le processus du repositionnement de la planification familiale pour améliorer la santé maternelle et infantile ».

Le Dr Diallo dira que « l’objectif principal est de parvenir à une couverture sanitaire universelle pour la planification familiale et d’autres services connexes offerts pendant les consultations. »

Pour la réduction de la mortalité natale et néonatale, la Guinée « s’engage à mettre sous contrat contraceptif 188 000 femmes additionnelles entre 2017 et 2020 pour se conformer aux recommandations de la phase d’accélération 2016-2020 et les objectifs du FP2020 ». Elle s’engage aussi « à utiliser 5000 agents communautaires par la délégation de tâches pour atteindre 80% des populations notamment des zones rurales conformément à la nouvelle politique sanitaire communautaire d’ici fin 2018 ». « Dans cette logique, la Guinée compte augmenter sa prévalence contraceptive de 8 à 20 d’ici », conclut-il.

Pour sa part, l’ambassadeur de France a rappelé que les objectifs du Partenariat Ouagadougou (PO) portent sur le renforcement de l’autonomisation de la femme et la révolution contraceptive. Ainsi, dit SEM Jean-Marc GROSGURIN, la France a fait de l’accès des produits de contraception l’un de ses principaux axes privilégiés concernant les enjeux du développement. Pour cela, explique-t-il, elle œuvre sans relâche pour la promotion et l’autonomisation des femmes pour l’accès à un centre de services de santé afin de mettre en place une véritable diplomatie des droits des femmes.

Par ailleurs, son homologue de l’Allemagne a encouragé les pays membres du PO à poursuivre leurs objectifs de contraception. SEM Matthias Veltin a invité tout le monde à changer des habitudes culturelles avant de plaider pour la promotion de la santé maternelle.

De son côté, le Directeur régional de l’UNFPA a déclaré: « nous sommes aujourd’hui réunis ici à Conakry pour échanger sur les progrès que chacun des pays et organisations membres du PO ont fait durant ces 12 derniers mois mais également apprendre les uns des autres ».

« Pour atteindre les conditions d’un développement durable, nous n’avons d’autres options que d’aller vers la capture du dividende démographique.  Et pour ce faire, il nous faut investir dans la jeunesse. Puisque la planification familiale est reconnue comme un investissement essentiel pour la réalisation du dividende démographique mais également c’est un investissement pour la paix, la sécurité et la stabilité », martèle Mabingue Ngom.

Abordant dans le même sens, le Directeur général adjoint de l’OAS a affirmé que « la planification familiale (PF) est une stratégie incontournable pour le développement de nos populations ». C’est à cause de son importance, poursuit le Dr Laurent Aholofon ASSOGBA, que « l’OAS contribuera toujours à travers la mise en œuvre de son plan stratégique 2016 – 2020 élaboré dont l’objectif principal est la réduction de la mortalité et de la mobilité associées aux principales maladies et autres problèmes de santé dans l’espèce CEDEAO avec une priorité accordée à la santé maternelle, natale et néonatale »« Malgré les avancées enregistrées, nous ne devons pas dormir sur nos lauriers au risque de mourir d’une grossesse ou d’un accouchement », prévient-il tout en lançant au passage un appel pressent pour le déploiement d’importants efforts dans la planification familiale et  davantage d’investissements dans ce secteur.

Les raisons de la tenue de la réunion annuelle du PO à Conakry

Sans surprise, la coordinatrice générale de l’Unité d’action du PO a évoqué deux raisons principales. Il s’agit, selon Mme Fatoumata Sy, du thème abordé : « l’autonomisation de la femme et révolution contraceptive », et la volonté du président Alpha Condé de hisser la question du dividende démographique parmi les priorités de l’Union africaine.  Mme Fatoumata Sy a aussi précisé que « la capture du dividende démographique repose non seulement sur l’éducation et l’emploi des jeunes y compris les jeunes filles mais aussi et  surtout sur la planification familiale ».

Quels sont les défis du PO?

Dans son discours, Mme Fatoumata Sy a souligné que « malgré des résultats encourageants », il y a des défis importants à relever par l’Afrique de l’Ouest. Pourquoi? Parce que cette région du continent dispose « du plus fort taux de mortalité maternelle et les services statistiques de fécondité les plus élevés au monde, des plus grands besoins contraceptifs non satisfaits dans le monde, des plus forts taux de mariage d’enfants et de surcroît, du statut  social et économique de la femme qui reste bas et le financement des programmes  de santé et de la reproduction toujours fortement dépendants de l’aide extérieure ».

« Toutefois », elle demande de garder « espoir en nos leaders, en nos managers, en nos prestataires de services, en nos braves femmes, en notre vaillante jeunesse, en nos partenaires pour réduire considérablement la rupture des produits contraceptifs ».

Enfin, il est revenu au Premier ministre de déclarer son discours d’ouverture. Mamady Youla  s’est réjoui « du choix porté sur la Guinée pour abriter la 6e réunion annuelle du partenariat de Ouagadougou qui marque un tournant décisif vers l’atteinte de nos engagements communs à garantir à toutes les personnes vivant en Afrique l’accès équitable aux produits contraceptifs dont elles ont besoin pour leur épanouissement ».  Le chef du gouvernement guinéen a rappelé que son équipe à l’instar de tous les pays a souscrit à l’atteinte des objectifs du développement durable à l’horizon 2030. Parmi lesquelles, figurent en bonne place, « l’autonomisation des femmes et la révolution contraceptive font partie des principaux objectifs du gouvernement ». M. Youla s’est engagé, au nom du Pr Alpha Condé à « faire du planning familial, une réussite en Guinée ».