L’AIPS et RSF réclament la libération du journaliste Amadou Diouldé Diallo

A travers une déclaration, l’Association Internationale de la Presse Sportif (AIPS) et l’ ONG Reporter sans frontière (RSF) réclament la libération immédiate du journaliste Amadou Diouldé Diallo, ainsi que le respect de la loi qui a mis fin aux peines privatives de liberté pour les délits de presse en Guinée. Le journaliste Amadou Diouldé Diallo est Détenu à la maison d’arrêt de Conakry il y a plus d’un mois, pour «offense» au Chef de l’État.

Ci-dessous l’intégralité de la déclaration :

Lausanne et Paris, le 8 avril 2021-L’Association Internationale de la Presse Sportive (AIPS) et l’ONG Reporters sans frontières (RSF) s’associent pour réclamer la libération immédiate du journaliste Amadou Djouldé Diallo, l’un des doyens de la presse guinéenne, détenu à Conakry. Elles réclament simplement le respect de la loi qui a mis fin aux peines privatives de liberté pour les délits de presse en Guinée.

Amadou Djouldé Diallo a été arrêté le 27 février dernier à Conakry. Il venait d’intervenir dans une émission journalistique diffusée sur une radio privée guinéenne au cours de laquelle il avait violemment critiqué l’action du Chef de l’Etat, Alpha Condé, récemment réélu président de la république de Guinée pour un troisième mandat. Inculpé le 1er mars pour «offense au Chef de l’Etat et diffamation», il a été placé sous mandat de dépôt. Son état de santé défaillant a nécessité son transfert de la maison centrale à l’hôpital Ignace Deen de Conakry.

Quelques jours avant l’arrestation de Amadou Diouldé Diallo, un autre journaliste de sport Ibrahima Sadio Bah a été condamné à six mois de prison ferme et à payer une amende de 500 000 francs guinéens (environ 40 euros) pour ‘’diffamation, injures publiques et dénonciation calomnieuse’’ à l’encontre du président de la Fédération guinéenne de football (FEGUIFOOT), Mamadou Antonio Souaré. Il a été condamné, le 4 février, pour un article sur le site Guinee7.com relatant des accusations de corruption d’un candidat malheureux contre le vainqueur de l’élection à la présidence de la FEGUIFOOT. Le procureur avait pourtant requis la relaxe du prévenu pour délit non constitué.

« Les détentions de journalistes, alors même que la loi ne le permet pas, restent trop fréquentes en Guinée, déplore le secrétaire général de RSF Christophe Deloire. Celles-ci revêtent également un caractère inédit par leur durée. Nous demandons la libération sans condition de ces journalistes dans le respect des textes applicables. »

Historien et Journaliste, Amadou Djouldé Diallo est le président de l’association guinéenne de la presse sportive et le vice-président de la section Afrique de l’AIPS qui regroupe 166 associations nationales de journalistes de sport des cinq continents.

“L’AIPS défend partout dans le monde le libre accès aux événements sportifs et la liberté d’expression pour tous les journalistes” déclare Gianni Merlo le president de l’AIPS. “Nous sommes choqués dès lors qu’un de nos membres -c’est le cas des deux journalists guinéens incriminés-  est détenu pour des propos tenus dans l’exercice de sa profession même si, en ce qui concerne M.Diallo, ce ne fut pas dans le cadre d’un reportage de sport. Nous demandons également la libération sans conditions de nos collègues dans le respect des textes applicables”.

L’AIPS et RSF constatent que la détention provisoire d’Amadou Djouldé Diallo est en opposition avec la constitution de la République de Guinée dont l’Article 10 stipule que «Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression». La loi L002 portant sur la liberté de la presse a dépénalisé les délits de presse en Guinée. L’objectif de cette loi est d’éviter qu’un citoyen ne soit arrêté et mis en prison pour des délits commis par voie de presse.

Amadou Djouldé Diallo a été arrêté le 27 février sans convocation préalable. Toutes les démarches de ses avocats pour obtenir sa libération afin qu’il puisse préparer librement sa défense sont restées vaines. Sa famille s’inquiète pour son état de santé. Une première lettre de l’AIPS adressée au président de la République de Guinée, Monsieur Alpha Condé, pour demander la remise en liberté de Monsieur Diallo est restée sans réponse.

AIPS

President

Secrétaire général de Reporters Sans Frontières

Gianni

Merlo

Reporters sans frontières demande la libération du journaliste Amadou Diouldé Diallo

Inculpé pour “offense au chef de l’Etat”, un journaliste de la Radio télévision guinéenne (RTG) est emprisonné depuis plus de deux semaines alors que la Guinée a dépénalisé les délits de presse.

Reporters sans frontières (RSF) demande sa libération immédiate et sans condition et exhorte les autorités à mettre fin aux emprisonnements arbitraires de journalistes.

Le journaliste sportif de la RTGAmadou Diouldé Diallo, reste en prison. La Cour d’appel de Conakry a refusé le 10 mars dernier sa demande de libération conditionnelle. Interpellé sans convocation préalable, le samedi 27 février, à la suite de son passage dans l’émission “L’œil du Lynx’’ de la radio privée Lynx FM où il s’était exprimé sur le président Alpha Condé et les violences ethniques dans le pays, le journaliste qui est détenu depuis le 1er mars, est inculpé pour “offense au chef de l’Etat”. En mauvaise santé, il a dû être évacué le lendemain de son incarcération dans un hôpital de Conakry.

Contactés par RSF, deux de ses avocats, Alseny Aïssata Diallo et Mohamed Traoré, ont dénoncé une violation de la loi sur les médias, insistant sur le fait que les délits de presse sont dépénalisés dans le pays et ne doivent ainsi pas donner lieu à un emprisonnement. Il ont également annoncé avoir introduit une nouvelle demande de mise en liberté, qui est en cours d’examen.

Rien ne peut justifier le maintien en détention de ce journaliste, dont nous demandons la libération immédiate et sans condition, déclare le directeur du bureau Afrique de l’Ouest de RSF, Assane Diagne. Les délits de presse étant dépénalisés depuis 2010, l’incarcération de Amadou Diouldé Diallo est illégale et témoigne de la volonté des autorités guinéennes de censurer les voix discordantes. Nous les exhortons à se conformer au respect des dispositions de la loi sur les médias et à libérer ce journaliste qui est actuellement en mauvaise santé.”

En Guinée, les journalistes sont régulièrement arrêtés ou gardés à vue en raison de leur travail. Le mois dernier, le journaliste sportif Ibrahima Sadio Bah a été condamné à six mois de prison ferme et à payer une amende de 500 000 francs guinéens (environ 40 euros) pour ‘’diffamation, injures publiques et dénonciation calomnieuse’’ à l’encontre du président de la Fédération guinéenne de football (FEGUIFOOT), Mamadou Antonio Souaré.

En janvier dernier, la condamnation sur la base du code pénal de trois journalistes de la radio Nostalgie, avait suscité de vives réactions poussant le ministre de la Justice à instruire le parquet de faire une déclaration d’appel contre la décision.