L’Afrique face à d’« immenses défis » (organisation)

La Ligue africaine des blogueurs et web activistes pour la démocratie (AfricTivistes) souligne la nécessité pour le continent noir de prendre à bras-le-corps les problèmes « environnementaux et sécuritaires ».Au Sahel, par exemple, la situation sécuritaire est critique. « Cette atmosphère de terreur (…) amplifie les situations de précarité. L’enjeu reste alors l’acceptation et la priorisation de ces défis à tous les niveaux de décision, mais également la collaboration et l’inclusion des acteurs de la société civile et des autorités locales dans les politiques publiques », soutient Cheikh Fall, président d’AfricTivistes, cité dans le rapport d’activités 2021-2022 de l’organisation.

Pour redresser la barre, indique M. Fall, il y a un préalable : « Cela nécessite une préparation, une compréhension des problématiques majeures du continent et des enjeux que cela représente. D’où l’importance de former les jeunes africains sur des thématiques telles que les inégalités dans le Sahel ».

De l’avis de l’activiste, l’année 2021, « en plus de nous donner une lueur d’espoir, nous a enseigné que le sens des intérêts communs, la force de la résilience, l’apport inestimable de la technologie et l’avancée de la science constituent des réponses structurelles aux questions de l’heure, et aux interpellations quotidiennes ».

A propos des coups d’Etat et les instabilités politiques et institutionnelles qu’ils engendrent, le président de la Ligue africaine des blogueurs et web activistes pour la démocratie (AfricTivistes) estime qu’on sape les efforts faits jusque-là pour préserver la démocratie en Afrique.

« Les défis restent toujours immenses et la sensibilisation des forces vives africaines est une exigence pour prévenir les crises ou les gérer en cas de survenance en respectant les chartes et textes fondamentaux en vigueur. Nous sommes convaincus que les communautés et les acteurs doivent être davantage sensibilisés sur l’existence de mécanismes ou d’instruments juridiques comme la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance (Cadeg) », explique Cheikh Fall.

Concluant son propos, il appelle les gouvernants à œuvrer à la réduction des inégalités « dues en partie aux mauvaises politiques, notamment un sous-investissement dans les secteurs prioritaires : accès à l’eau, à l’électricité, aux services de santé (couverture sanitaire, personnel et matériel), à l’éducation de qualité, etc. »

Bénin : nouvelle attaque jihadiste au nord-ouest

Cinq soldats des forces de défense sont tués dans l’explosion d’un engin.L’engin explosif improvisé a ciblé lundi un convoi de ravitaillement au nord-ouest du pays près de la frontière avec le Burkina Faso. Des groupes armés venus du Sahel sévissent depuis plusieurs mois dans la zone de Pendjari et mènent souvent des attaques contre des civils et des soldats.

Face à la recrudescence des attaques dans cette partie du pays, le président de la République Patrice Talon a nommé mercredi dernier, Fructueux Gbaguidi, 54 ans, nouveau chef d’état-major général de l’armée.

Ce pays côtier du golfe de Guinée, est de plus en plus sous la menace des groupes jihadistes arrivés des pays du Sahel. Depuis les premières attaques à la fin de l’année 2021, l’armée béninoise a renforcé sa présence dans le nord du pays. Dimanche dernier, elle a découvert et neutralisé un autre engin explosif dans la même zone.

Mali : l’UE met fin à ses formations militaires

La décision a été prise ce lundi au terme d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Union Européenne (UE).Clap de fin pour la Mission de formation de l’Union Européenne au Mali (EUTM). « On arrête les missions de formation et les entraînements des forces armées et de la garde nationale, mais nous allons poursuivre les formations sur les lois de la guerre. Car il faut que les militaires sachent qu’il y a des règles à respecter dans une guerre », a déclaré Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne.

S’exprimant au Luxembourg, l’Espagnol justifie la ligne directrice de l’UE au Mali : « Les évènements nous forcent à cette décision. Nous n’avons pas obtenu les garanties demandées. Toutefois, nous n’abandonnons pas le Sahel. Nous allons nous déployer dans les pays voisins ».

L’Union Européenne ne digère pas la présence de mercenaires du groupe russe Wagner au Mali. Récemment, elle a demandé l’ouverture d’une enquête indépendante sur les événements qui se sont produits à Moura, dans le Centre du Mali, entre le 27 et le 31 mars, où l’armée malienne et ses alliés disent avoir tué 203 jihadistes. Selon plusieurs organisations de défense des droits de l’Homme, il s’agit plutôt d’un massacre de civils.

Le Soudan au plus mal, trois ans après la chute d’el-Béchir

Les manifestations qui ont conduit au renversement du président soudanais Omar el-Béchir, le 11 avril 2019, continuent de plus belle malgré une répression farouche de l’armée.Il y a trois ans jour pour jour, l’armée venait de décider du sort de l’indéboulonnable Omar el-Béchir. Pendant près de trente ans, l’ex-président a dirigé le Soudan d’une main de fer avant de perdre le pouvoir comme il l’avait pris.

Quatre mois de manifestations contre la vie chère, en particulier le prix du pain, avaient eu raison de son régime. Malgré cette révolution, la rue ne s’est pas calmée pour autant et réclame à tout prix le retour des civils à la tête du pays.

Depuis sa chute, Omar el-Béchir, 78 ans, est sous les verrous, à l’attente d’un incertain transfert devant la Cour pénale internationale (CPI). Accusé de génocide, crime de guerre et crime contre l’humanité au Darfour, le Premier ministre de transition Abdallah Hamdock s’était accordé pour matérialiser cette attente. Mais depuis le deuxième coup d’État des militaires, sous le commandement du général Abdel Fattah al-Burhane, en octobre dernier, beaucoup doutent de la sincérité des tenants du pouvoir à vouloir le livrer.

Avec la libération d’une vingtaine de responsables de l’ancien régime la semaine dernière, dont son ancien ministre des Affaires étrangères, Ibrahim Ghandour, certaines sources affirment même que le pouvoir militaire est en train de réhabiliter el-Béchir, dont l’étau autour serait en train de se desserrer petit à petit. Il aurait été déplacé vers un hôpital spécialisé de Khartoum avec plusieurs hauts cadres de son ancien parti.

Ainsi, une grande majorité de la population soudanaise regrette l’exploitation qui a été faite de sa révolution et le fait savoir dans la rue. Depuis octobre 2021, plus de 90 manifestants ont été tués par les forces de sécurité alors que des centaines sont toujours détenues en prison dont 25 leaders de l’opposition et de la société civile.

Une économie effondrée

Au plan politique, le Soudan n’a toujours pas de gouvernement aussi en raison de la difficulté pour les militaires de trouver de nouveaux partenaires après avoir chassé les civils. La formation d’un nouveau gouvernement de transition est une condition indispensable pour une reprise de l’aide internationale alors que le pays est sous le coup de sanctions économiques qui le placent au bord de l’effondrement.

Si Washington a gelé 700 millions de dollars d’aide et la Banque mondiale l’intégralité de ses paiements au Soudan dans la foulée du putsch, pour l’ONG des droits humains Human Rights Watch (HRW), il faut « des mesures concrètes pour faire cesser la répression ». De son côté, la secrétaire d’État adjointe américaine, Molly Phee, a menacé en février dernier de « faire payer aux dirigeants militaires un coût plus lourd encore si la violence continue ».

Aujourd’hui, la devise soudanaise est en chute libre, ayant perdu un quart de sa valeur depuis le coup d’État. L’inflation est officiellement à 260%. Selon le Programme alimentaire mondial (Pam), neuf millions de Soudanais sur une population de 44 millions souffrent de faim aigue.

En revanche, Abdel Fattah al-Burhan évoquait pour la première fois, en février passé, les conditions pour le retour des civils au pouvoir. Au même moment, les Comités de résistance annonçaient un maintien de la mobilisation populaire pour le faire plier.

« S’ils sont d’accord et s’assoient avec nous, nous sommes prêts à les rejoindre et à dialoguer avec eux. Ils peuvent même décider de nous couper le cou et nous serions prêts à cela. Ce qui compte pour nous, c’est l’accord de tous les Soudanais, après quoi nous leur transférerons le +pouvoir confié+ par le biais d’élections ou d’un accord national », avait déclaré le général putschiste de 62 ans au site d’information Sudan Tribune.

Mali : « ce qui s’est passé en réalité à Moura » (PM)

Le Premier ministre malien Choguel Kokalla Maïga a qualifié de « cabale » les accusations contre le Mali sur le massacre de Moura.En rencontrant les membres de l’association Tabital Pulaku, la plus importante association culturelle des peuls du Mali le 6 avril dernier, le Premier ministre du Mali est revenu sur le massacre de Moura. « Nous faisons face à une situation où n’ayant pas pu nous faire courber l’échine, certains de nos partenaires ont décidé de changer de fusil d’épaule afin de discréditer l’action du gouvernement et des forces armées et de sécurité. Cela s’appuie sur des faits qui ressemblent souvent à la vérité » a indiqué le dirigeant dans des propos rapportés par le journal malien l’Aube.

Avant de poursuivre, « Depuis quelques jours, il y a une campagne contre l’armée malienne et contre le gouvernement, consécutivement à ce qui s’est passé à Moura. Ce qui s’est passé en réalité à Moura ? Aujourd’hui, l’armée dispose de gros moyens d’observation. C’est avec ces moyens que nous avons pu neutraliser les nids des terroristes qui étaient basés dans la forêt de Ouagadou (frontière mauritanienne) ».

Selon Choguel Maïga, l’armée est désormais bien équipée pour faire face à la menace jihadiste. Cela se traduit par de bons résultats sur le terrain, souligne-t-il. « La pression de l’armée est très forte ! De même qu’il y a de fortes pressions sur les FAMA. Nous perdons des hommes tous les jours… A Moura, les moyens d’observation ont permis à l’armée d’observer des mouvements ennemis pendant des jours… S’y ajoutent des renseignements humains. On s’est rendu compte qu’il y avait un regroupement de différents mouvements terroristes sur place. Ceux qui sont de la zone savent bien ce qui se passe à Moura : c’est un véritable bastion des groupes terroristes. »

Choguel Maïga s’est dit surpris qu’au lendemain de cette opération des médias internationaux et des ONG internationales affirment que l’armée est allée massacrer des populations civiles, essentiellement les peulhs. Dans leur calcul, la meilleure façon pour le Mali de perdre la guerre contre le terrorisme, c’est d’avoir les populations contre l’armée » avise-t-il.

Selon le Premier ministre malien qui donne les détails de cette opération, « grâce aux moyens déployés, pendant plusieurs jours, on a pu constater un regroupement de 50 personnes, de 100 personnes jusqu’à mille personnes. Et les mêmes moyens d’observations et de renseignements ont permis de comprendre aussi que ce regroupement des terroristes à Moura avait pour but d’arrêter et de planifier des actions futures contre l’armée » révèle Choguel Maïga, qui ajoute que « c’est ainsi que l’armée est intervenue. Et effectivement on a dénombré environ 200 terroristes neutralisés, plus les opérations des forces spéciales qui ont continué » soutient-il.

Niger : Cissé Ibrahim Ousmane écroué

L’ancien ministre de l’Intérieur est accusé d’ « atteinte à la sûreté de l’Etat » dans la tentative du putsch du 31 mars 2021.La tentative de coup d’état à laquelle serait impliquée Cissé Ibrahim Ousmane est survenue deux jours avant l’investiture de l’actuel président nigérien, Mohamed Bazoum.

Cissé Ibrahim Ousman, proche parent du général Salou Djibo qui a renversé le président Tanja Mamadou, était jusqu’à son arrestation Ambassadeur de son pays au Tchad.

Moura : une « victoire importante » selon la Russie

Moscou félicite la junte malienne pour l’élimination de « plus de 200 jihadistes ».La Russie prend le contre-pied de l’Occident et des organisations de défense des droits humains par rapport à l’intervention des Forces armées du Mali (Fama) à Moura, au Centre du pays. Dans un communiqué, diffusé ce vendredi, le ministère russe des Affaires étrangères a estimé que c’est « une opération militaire réussie » dans la lutte contre la menace terroriste.

Du 23 au 31 mars, l’armée malienne, aidée de combattants de la société militaire privée russe Wagner, a mené une attaque antijihadiste d’envergure dans ce village situé à Mopti. Mais selon plusieurs témoignages recueillis par des médias et des Organisations Non Gouvernementales, de nombreux civils ont sommairement été exécutés par les Fama.

Depuis lors, les États-Unis, l’Union Européenne (UE) et plusieurs ONG réclament l’ouverture d’une enquête indépendante. La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), qui doit effectuer ce travail, n’a toujours pas reçu l’autorisation du gouvernement malien pour se rendre à Moura.

Burkina Faso : seize morts dans une attaque

Des jihadistes présumés ont attaqué le détachement militaire de Namissiguima, dans la province du Sanmatenga.De nouvelles pertes en vies humaines pour l’armée burkinabé. Le bilan provisoire d’une attaque attribuée à des jihadistes survenue, ce vendredi dans le nord du pays, fait état de 12 soldats et 4 Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) tués.

Ces dernières années, le Burkina Faso est confronté à des attaques terroristes devenues fréquentes et meurtrières visant sa partie nord.

Mali : l’Onu tire la sonnette d’alarme

La situation dans ce pays d’Afrique de l’ouest reste « extrêmement préoccupante » alors que le processus de paix et la transition politique sont dans l’impasse, alerte l’Onu.« Les civils sont confrontés à d’immenses souffrances. Il n’y a pas eu de progrès notables dans la mise en œuvre de l’Accord de paix. De plus, malgré les efforts considérables déployés à cet effet, il n’y a pas eu de consensus autour de la durée de la transition », a expliqué, jeudi, le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Mali, El-Ghassim Wane, devant les membres du Conseil de sécurité de l’Organisation des nations unies.

S’agissant de la situation sécuritaire, il a indiqué que le mois de mars a vu plusieurs attaques meurtrières perpétrées par l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS) dans la région de Ménaka et dans le sud de Gao.

« Même si l’élément déclencheur de la reprise des violences dans la zone des trois frontières semble lié à des trafics locaux et à des dynamiques connexes, il convient de noter que ces incidents surviennent dans le contexte du retrait des forces Barkhane et de Takuba. Faisant face à moins de pression, les groupes terroristes bénéficient d’une latitude d’action plus grande, posant un danger accru tant aux civils qu’à nos opérations », a observé M. Wane, également chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma).

Selon lui, face à ces défis, il est impératif que le niveau de capacités de la Minusma et de ses troupes soit maintenu. « Il est tout aussi important que des réponses adéquates soient trouvées aux défis liés à l’insuffisance de nos capacités ainsi qu’aux restrictions nationales des pays contributeurs de troupes et de police », a-t-il ajouté.

Concernant le processus de paix, l’envoyé de l’Onu a noté qu’aucun progrès tangible n’a été enregistré. « Au lieu de cela, les trois derniers mois ont été marqués par des actions et des discours inquiétants, non conformes à l’esprit de l’accord », a-t-il dit, ajoutant que la Minuma continuait de dialoguer avec les parties, les encourageant à aller de l’avant.

A l’en croire, « le statu quo actuel comporte d’énormes risques pour l’avenir de l’accord de paix et prive les populations locales des dividendes de la paix auxquels elles aspirent ».

La transition politique au Mali devait s’achever en mars, conformément au calendrier initial de 18 mois négocié par la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) après le coup d’État d’août 2020.

« Le non-achèvement de la Transition dans les délais convenus a conduit la Cédéao à imposer des sanctions économiques et financières en janvier dernier, en plus des mesures individuelles décidées un mois plus tôt. L’impasse a malheureusement persisté, exacerbant les tensions entre le Mali et la Cédéao et impactant négativement ses relations avec les autres acteurs internationaux », a souligné M. Wane.

Pour lui, aucun effort ne doit être épargné pour parvenir à un accord sur la transition. « Cela permettrait non seulement de lever les sanctions, mesure critique au regard de la situation humanitaire qui prévaut, mais aussi de créer un environnement plus propice à la poursuite des autres processus fondamentaux à la stabilisation du pays », a-t-il conclu.

Sénégal : l’armée pilonne les dernières bases rebelles en Casamance

Après avoir démantelé les bastions de Salif Sadio, chef de l’aile Nord de la rébellion casamançaise au sud du pays, l’armée sénégalaise a lancé l’assaut sur les bases de César Atoute Badiate.L’Etat sénégalais a choisi le bâton pour en finir définitivement avec la rébellion au sud du pays. Le président Macky Sall avait d’ailleurs donné son feu-vert, à la veille de la célébration de la fête nationale du 4 avril, pour la poursuite « sans répit » des opérations militaires « jusqu’à ce que tous les objectifs assignés soient atteints ».

Après cet assaut lancé par le chef suprême des armées, les soldats sénégalais investissent depuis mercredi la commune de Djibidione, dans le département de Bignona (Ziguinchor, sud), où étaient positionnées des bases rebelles sous le commandement de César Atoute Badiate à la tête de l’aile Sud.

Les combats qui ont touché d’autres localités villageoises du département ont conduit plusieurs habitants à fuir pour rallier la Gambie, selon certaines sources médiatiques. Les tirs d’artillerie suivis du déploiement d’un important contingent de l’armée ont eu pour conséquence la fermeture des écoles élémentaires et des collèges de ladite commune, selon le quotidien EnQuête.

Pour le moment, la zone est occupée par l’armée sénégalaise même si elle n’a pas encore fait de communiqué sur le déroulement des opérations et les pertes subies par les rebelles. Mais quelques semaines après avoir chassé Salif Sadio du nord Sindian, elle vient de réussir un nouveau coup contre un autre chef d’Atika, le surnom de la branche armée du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC), un groupe indépendantiste créé depuis plus de quarante ans.

Des chefs rebelles en fuite

César Atoute Badiate, qui est actuellement introuvable, est par ailleurs sous le coup d’un mandat d’arrêt international de la justice sénégalaise dans l’affaire de la tuerie de la forêt de Boffa Bayotte, en Casamance. Il est jugé avec douze autres personnes pour le meurtre de quatorze coupeurs de bois, en 2018.

Le 6 avril dernier, le procureur du tribunal de grande instance de Ziguinchor a requis la prison à perpétuité contre lui. Cependant, certains observateurs redoutent que sa condamnation et les dernières offensives de l’armée ne compromettent le processus de paix engagé pour le retour de la paix en Casamance. Ces derniers jours, la presse a rapporté le braquage d’un convoi de commerçants, dans la zone de Bignona, par des hommes lourdement armés supposés appartenir au MFDC. Ils ont emporté divers objets tels que des téléphones portables et des sommes d’argent avant de se diriger vers la forêt.

Spécialiste du conflit casamançais, le Français Jean-Claude Marut explique que le MFDC est désormais divisé en plusieurs sous-groupes. Ils se livrent à des actions criminelles, principalement la culture et la vente de produits stupéfiants, pour survivre.

Si le conflit a persisté à basse intensité jusqu’à être qualifié de « situation de ni paix ni guerre », le Sénégal s’est employé à la normaliser en organisant les conditions de réinstallation des déplacés. Mais aujourd’hui, la donne semble totalement avoir changé.

« L’Etat sénégalais a joué la carte du temps, la carte du pourrissement et cela a marché, puisque, effectivement la rébellion est complètement à bout de souffle », remarque le chercheur associé au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) dans un entretien avec RFI.

Mali : « donner la priorité aux réformes liées aux élections » (Antonio Guterres)

Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, demande aux autorités de la transition malienne de donner la priorité aux réformes directement liées aux élections.Le temps presse selon Antonio Guterres qui appelle la junte au Mali à accélérer les réformes. « Il importe que les autorités de transition donnent la priorité aux réformes qui sont directement liées à la tenue d’élections. Le temps presse » dit-il dans son rapport trimestriel de 22 pages sur la situation au Mali.

Le rapport évoque également le processus de paix au Mali à travers la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. « Pour que les réformes définies par les consultations nationales soient réalisées et soutenues, il faut qu’un consensus solide se dégage entre les acteurs politiques du Mali, car leur mise en œuvre s’étendra bien au-delà de la période de transition. La responsabilité de la majorité de ces réformes incomberait à un gouvernement élu » lance-t-il.

Le secrétaire général des Nations unies a tiré aussi la sonnette d’alarme sur la situation humanitaire au Mali. A ce titre, il estime que plus de 7 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire. « La situation humanitaire n’a cessé de se détériorer en raison des conflits et des tensions intercommunautaires. Le nombre de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire a augmenté, passant de 5,9 millions en 2021 à 7,5 millions pendant la période à l’examen. Plus de 960 000 enfants de moins de cinq ans risquent de souffrir de malnutrition aiguë », a expliqué le secrétaire général de l’Onu.

L’Onu à travers La mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), s’engage à continuer à travailler en étroite collaboration avec les autorités nationales, tant pour la formation continue du personnel militaire et de sécurité aux questions de droits de l’Homme que pour l’appui aux enquêtes sur les allégations de violations des droits de l’Homme et d’atteintes à ces droits.

Alliance Sahel: 23 milliards d’euros d’engagements financiers

Les membres de l’Alliance Sahel réaffirment leur engagement aux côtés des populations.Dans un contexte d’instabilité et d’insécurité croissantes, l’Alliance Sahel veut maintenir et adapter le soutien au bénéfice des populations pour ne pas compromettre les gains obtenus en termes de développement. Ainsi, depuis son lancement en 2017, les engagements financiers en sa faveur sont passés de 7,3 à 23 milliards d’euros.

« La présence de l’État et la fourniture des services essentiels dans tous les territoires des pays du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad), la restauration de la cohésion sociale et de la confiance des citoyens dans leurs institutions publiques, demeurent une priorité absolue », rapporte le compte rendu de la 3e Assemblée générale de l’Alliance Sahel tenue le 4 avril dernier à Madrid (Espagne).

En juillet 2017, la France, l’Allemagne et l’Union Européenne, accompagnées de la Banque mondiale, de la Banque africaine de développement et du Programme des Nations Unies pour le développement lancent l’Alliance Sahel, une plate-forme de coopération internationale pour intervenir davantage et mieux au Sahel. Depuis son lancement, l’Italie, l’Espagne, le Royaume-Uni, le Luxembourg, les Pays-Bas, le Danemark, la Banque Européenne d’Investissements, la Norvège et la Suède ont rejoint l’initiative comme membres de plein exercice.

Dans leur intervention, les membres de l’Alliance Sahel se sont fortement mobilisés pour la mise en œuvre du Programme de développement d’urgence (PDU) du G5 Sahel, qui cible les régions fragiles frontalières.

« Le PDU a montré des impacts rapides et tangibles : 1 080 000 bénéficiaires ont d’ores et déjà eu un accès amélioré à l’eau ; 125 000 personnes ont bénéficié d’une assistance alimentaire ; 1 572 structures contribuant à la prévention des conflits et à la cohésion sociale ont été créées et 414 000 personnes ont été formées au dialogue, à la gestion et à la médiation des conflits », poursuit le communiqué de l’AG.

« Les efforts collectifs et la nécessité d’une coordination entre l’humanitaire, le développement et la paix pour relever les défis de la région ne sauraient être surestimés », a dit pour sa part, Yero Baldeh, directeur du Bureau de coordination des États en transition au sein du Groupe de la Banque africaine de développement (Bad).

Au Sahel, près de 2,5 millions de personnes ont fui leur foyer au cours de la dernière décennie. Environ 6,7 millions de personnes ont besoin d’assistance alimentaire en urgence, un chiffre qui pourrait atteindre 10,5 millions de personnes si des mesures urgentes ne sont pas prises.

À cette situation déjà critique s’ajoute l’impact sans précédent de la guerre en Ukraine sur le marché mondial des céréales et des fertilisants pour l’approvisionnement des pays et l’assistance destinée aux populations souffrant d’insécurité alimentaire. La pandémie de Covid-19 a égalmement amplifié les fragilités économiques, sanitaires et nutritionnelles auxquelles étaient déjà confrontées les populations.

« Face à cette situation, il faut comprendre que si nous, pays sahéliens, sommes responsables de l’avenir de nos États en tant que dirigeants, nous restons dépendants de l’environnement politique, économique et financier international, sur lequel nous avons peu de prise. Aussi, la situation sécuritaire dans nos pays, nous rappelle l’urgence du développement et notre responsabilité particulière en la matière », a souligné Mahamat Hamid Koua, président du Conseil des ministres du G5 Sahel.

Mali : ouverture d’enquêtes sur l’opération de l’armée à Moura

La Gendarmerie nationale est chargée de mener des « investigations approfondies » sur les accusations de massacres de civils.La communauté internationale soupçonne les Forces armées maliennes (Fama) et les mercenaires russes du groupe Wagner d’exactions dans le cadre d’une offensive aéroterrestre contre les jihadistes menée du 23 au 31 mars dernier à Moura, dans le Centre du Mali.

Plusieurs pays occidentaux dont la France ont demandé aux autorités de transition de faire la lumière sur les allégations d’exécutions sommaires de civils. Le Procureur de la République près le Tribunal militaire de Mopti, dans un communiqué publié ce mercredi soir, annonce le déclenchement du processus sur instructions du ministre de la Défense et des Anciens combattants.

« Un transport judiciaire sera effectué très prochainement sur le site de Moura par le Procureur militaire exerçant ses prérogatives de police judiciaire. Il sera accompagné d’un médecin légiste, d’une équipe de police technique et scientifique, (mais aussi) d’enquêteurs », précise le document.

Bamako s’engage à tenir l’opinion « régulièrement informée » de l’évolution des enquêtes et à rendre publics les résultats. Officiellement, 203 jihadistes sont morts dans l’opération de Moura.

Éthiopie: des crimes contre l’humanité commis au Tigré (humanitaires)

Les violences sexuelles, l’utilisation massive de la détention arbitraire et les pillages sont parmi les crimes notés.Le conflit dans le nord éthiopien s’enlise, avec son lot d’exactions sur les populations. Dans un nouveau rapport rendu public ce mercredi 6 avril 2022, Amnesty International et Human Rights Watch révèlent que depuis novembre 2020, début de la guerre, les forces de sécurité régionales amharas et les autorités civiles de la zone du Tigré occidental commettent contre les membres de l’ethnie tigréenne des violences généralisées.

« Les autorités éthiopiennes restreignent sévèrement l’accès à la région et la surveillance indépendante de la situation, dissimulant dans une large mesure la campagne de nettoyage ethnique », écrivent les deux organisations.

Le rapport, intitulé « Nous vous effacerons de cette terre : Crimes contre l’humanité et nettoyage ethnique dans la zone du Tigré occidental en Éthiopie », montre comment les autorités nouvellement nommées dans l’ouest du Tigré et les forces de sécurité de la région Amhara voisine ont, avec l’assentiment et la possible participation des forces fédérales éthiopiennes, expulsé de façon systématique plusieurs centaines de milliers de civil tigréens de leurs domiciles.

« Elles ont, souligne le rapport, recouru à des menaces, des homicides illégaux, des violences sexuelles, une utilisation massive de la détention arbitraire, des pillages, des transferts forcés et la privation d’aide humanitaire. Ces attaques généralisées et systématiques contre la population civile tigréenne constituent des crimes contre l’humanité, ainsi que des crimes de guerre ».

« Depuis novembre 2020, les autorités et les forces de sécurité amharas mènent une campagne implacable de nettoyage ethnique pour chasser de chez eux les Tigréens du Tigré occidental », a déclaré Kenneth Roth, directeur exécutif de Human Rights Watch.

Selon lui, « les autorités éthiopiennes continuent de nier l’ampleur choquante des crimes commis, et s’abstiennent (…) d’agir pour y mettre un terme ».

Ce qui fait dire à Agnès Callamard, Secrétaire générale d’Amnesty International, que « la réaction des partenaires internationaux et régionaux de l’Éthiopie n’est pas à la hauteur de la gravité des crimes qui continuent d’être commis dans l’ouest du Tigré ».

« Les gouvernements en question doivent contribuer à faire cesser la campagne de nettoyage ethnique, veiller à ce que les Tigréens et Tigréennes puissent rentrer volontairement chez eux en toute sécurité, et mener des efforts concertés pour obtenir justice pour ces crimes haineux », a-t-elle dit.

La zone du Tigré occidental est un territoire administratif de la région du Tigré. Les revendications territoriales sur le Tigré occidental sont sources de conflits frontaliers et identitaires depuis 1992. Le Tigré occidental est tombé sous le contrôle des Forces de défense nationale éthiopiennes et de leurs alliés, les forces et milices de la région Amhara, deux semaines après le début du conflit qui a éclaté au Tigré en novembre 2020.

Mali : Il n’y a pas d’exactions sur des civils à Moura (armée)

L’armée malienne a démenti mardi soir les accusations d’atrocités qu’elle aurait commises contre des personnes civiles lors de son « opération d’opportunité aéroterrestre de grande envergure » à Moura, dans le centre du pays.Officiellement, plus de 200 jihadistes ont été tués et une cinquantaine interpellés lors de cette opération menée entre le 23 et 31 mars dans le village de Moura. Cependant, des organisations telles que Human Rights Watch dénoncent un « massacre » de l’armée malienne, qui aurait mené des actions disproportionnées et indiscriminées ayant abouti à la mort de plusieurs civils.

Toutefois, cette dernière a indiqué que les soldats maliens « sont intervenus à Moura pas pour tuer des civils », mais dans le cadre de leurs missions régaliennes, à savoir la défense de l’intégrité du territoire national et la protection des personnes et des biens.

« C’est à la faveur de renseignements très précis et validés que les FAMas (forces armées maliennes) ont été amenés à intervenir dans la localité de Moura où se tenait une grande réunion très importante des leaders de la katiba de Macina, avec la finalité de planifier des attaques contre les installations des FAMas, ainsi que de continuer à mettre la pression sur la population civile », a expliqué à la télévision nationale le général Oumar Diarra, chef d’état-major général des Forces armées maliennes, qui déplore par ailleurs des pertes dans leurs rangs.

« A peine que nos forces sont arrivées sur les lieux, elles ont été prises à partie par les terroristes qui étaient en réunion. Il s’en est suivi des combats très violents au cours desquels nous déplorons aussi des morts et des blessés », a-t-il indiqué, balayant d’un revers de la main les accusations des médias et organismes internationaux.

 « L’armée malienne est multiethnique et ne saurait se permettre de tels agissements, la responsabilité de toutes ces allégations portées contre elle aujourd’hui », a ajouté le général Oumar Diarra.

Mali : de quoi l’offensive de Moura est-elle le nom ?

L’armée malienne a qualifié, samedi 2 avril, de « combattants de groupes terroristes » les 203 personnes qu’elle a neutralisées dans le centre du pays alors que certaines organisations et médias internationaux affirment le contraire.Plus de 200 jihadistes tués et une cinquantaine d’interpellations. Le bilan officiel de l’opération des Forces armées maliennes (FAMa), menée du 23 au 31 mars dans le village de Moura (centre), a de quoi renforcer le discours sur leur montée en puissance sur le terrain jihadiste. Toutefois, cette action antiterroriste fait aussi l’objet de très nombreuses allégations de violences commises par les soldats maliens contre des civils.

La semaine dernière, des images de cadavres baignant dans leur sang ont défilé sur les réseaux sociaux. D’autres montraient des hommes avec des armes enterrant leurs proches. Mais il est difficile de dire que ces morts sont de Moura, même si c’est une localité qui subit depuis plusieurs années le joug des jihadistes de la katiba Macina du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM). Selon certaines sources, ils viennent régulièrement effectuer des prêches et se ravitailler.

Toutefois, RFI affirme qu’à ce stade, « on ne parle plus d’exactions, c’est un massacre » qui a été effectué par les FAMa dans ce village. Le média français cite notamment une source qui juge l’opération militaire malienne disproportionnée et indiscriminée.

Human Rights Watch dénonce de son côté « le massacre de plus de 300 personnes à Moura », se fondant sur plusieurs témoignages. « Ils ont été tués parce qu’ils portaient la barbe et un pantalon court », explique un survivant à l’organisation des droits humains, avant de préciser que les habitants y étaient obligés.

Mariko, Minusma, enquête…

A Bamako, l’opposant Oumar Mariko est, depuis le week-end dernier, dans le collimateur de la justice après avoir accusé l’armée d’« assassiner des gens » à Moura. Après ses propos très critiques, sa maison a été encerclée par des hommes armés tandis qu’il ne s’y trouvait pas.

Toutefois, l’armée dit avoir mené cette « opération d’opportunité aéroterrestre de grande envergure » à Moura « suite à des renseignements bien précis » sur « une rencontre entre différentes katibas ». C’est ainsi qu’elle a procédé à un « nettoyage systématique de la zone ».

Toutefois, l’armée malienne a rappelé dans son communiqué que le respect des droits de l’homme et le droit international humanitaire restaient une priorité dans la conduite de ses opérations antijihadistes. « Ceci s’explique par d’énormes efforts de sensibilisation et de formation sur les différents modules, de même que l’ouverture d’enquêtes à chaque fois que des allégations sont portées contre les FAMa », a-t-elle assuré.

Mais pour éclairer la lanterne de tout le monde sur les allégations d’exactions sur des civils, la Mission des Nations unies au Mali (Minusma) souhaite mener une enquête. « Tout est planifié, nous n’attendons plus que l’accord des autorités », selon la Minusma, qui veut par son action établir les faits et répondre à toutes ces questions.

Thales ouvre au Maroc son premier centre de cybersécurité en Afrique

Thales ouvre un nouveau centre opérationnel de cybersécurité (SOC) au Maroc, le sixième au sein de son réseau international, permettant de bénéficier d’une protection en temps réel contre les cyberattaques dans le pays mais aussi sur l’ensemble du continent africain, a annoncé mardi le géant mondial des hautes technologies dans un communiqué.Ce centre opérationnel permet de doter les administrations et entreprises marocaines et africaines de moyens de supervision efficaces en matière de cybersécurité, affirme Thales.

Les SOCs rassemblent des capacités de détection et d’analyse des menaces 24h sur 24, 7 jours sur 7, et proposent des réponses en conformité avec les infrastructures et les politiques de cybersécurité du pays. Au nombre de six, situés au Canada, en France, à Hong-Kong, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni, et désormais au Maroc, ils constituent un réseau international opérant selon un modèle appelé  » Follow the sun  » qui accompagne plus d’une centaine de clients en continu dans le monde, avec un niveau de réactivité et de flexibilité inégalé.

Sécurité : Macky Sall rassure ses concitoyens

Le président sénégalais promet plus de moyens aux forces de défense et de sécurité pour répondre à « la demande majeure des populations en termes de sécurité ».Le président Macky Sall dit poursuivre sa volonté de sécuriser les personnes et leurs biens. S’exprimant, ce mardi à la Place de l’Indépendance à Dakar, au terme de la prise d’armes suivie d’un défilé militaire et paramilitaire dans le cadre de la célébration du 62e anniversaire de l’indépendance de son pays, le chef de l’Etat a affirmé que les populations se préoccupent davantage de leur sécurité. « La sécurité est devenue une demande majeure des citoyens », a-t-il dit.

Il a ainsi promis de donner plus de moyens aux armées et de toujours améliorer le moral de leurs personnels.

Macky Sall a en outre rappelé sa « grande politique de défense de la biodiversité et de la forêt en Casamance ». « Nous ne pouvons plus accepter qu’un seul arbre soit abattu en Casamance pour être exporté hors de nos frontières », a-t-il soutenu.

Cette année, la fête de l’indépendance du Sénégal a pour thème « Forces de défense et de sécurité et résilience nationale ».

Burkina : 80 civils et militaires tués en trois semaines

La dernière attaque de la mine d’or de Kougdiguin dans la nuit du jeudi 31 mars au vendredi 1er avril, a fait une vingtaine de morts.Alors le régime de la transition de Ouagadougou se dit prêt à négocier avec les groupes armés, les massacres se poursuivent au au Nord du pays. 

Au total, plus 80 civils et militaires ont eu tués en l’espace de trois semaines au Burkina Faso. Une flambée de la violence confirmée par la dernière attaque au Nord-Est du pays. 

Plusieurs dizaines d’hommes armés à bord de motocyclettes ont attaqué le site d’orpaillage de Kougdiguin près de Barga, une localité de la commune rurale de Bouroum, dans la province du Namentenga selon des sources locales. 

L’attaque serait l’œuvre d’individus armés qui ont ouvert le feu sur les orpailleurs sans distinction causant au moins 20 morts selon une autre source locale. 

Les attaques sur les mines d’or sont devenues fréquentes ces derniers jours au Burkina Faso. Le 12 mars dernier, onze personnes avaient été tues dans l’attaque d’une mine d’or artisanale à Baliata, une localité située sur l’axe Dori, chef-lieu de la région du Sahel, également dans le nord du Burkina. Les assaillants tentaient de saboter des installations de plusieurs forages selon un responsable local.

Dimanche 13 mars, au moins 13 gendarmes burkinabè avaient été tués dans une embuscade près de Taparko, localité minière située dans le nord du pays en proie à des attaques jihadistes fréquentes et meurtrières.

Deux jours avant, des hommes armés ont attaqué la mine d’or sauvage de Tondobi, située dans la commune de Seytenga, près de la frontière nigérienne, faisant une dizaine de morts.

Le Burkina Faso dans sa partie Nord du pays et l’Est est confronté à de nombreuses attaques jihadistes qui ont fait plus de 2000 morts et près d’1,7 millions déplacés depuis 2015.

Cet Etat d’Afrique de l’Ouest est secoué depuis quelques années par une crise sécuritaire en lien avec la menace jihadiste qui se répand au Sahel. Le 24 janvier dernier, le président Roch Marc Christian Kaboré au pouvoir depuis 2015, a été destitué par l’armée qui lui reproche d’être inefficace face aux groupes jihadistes et la menace terroriste.

Le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba qui a pris le pouvoir, s’est fixé pour mission durant la période de transition de 36 mois, de « remettre le pays sur le bon chemin et de rassembler toutes ses forces afin de lutter pour son intégrité territoriale, son redressement et sa souveraineté. »

Burkina Faso : la Cedeao reçue par le président de la transition

Le Président de la Commission de la Communauté économique de États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), Jean Claude Kassi Brou, a effectué une visite de travail au Burkina Faso du 1er au 2 avril 2022.L’objet de la visite selon le communiqué parvenu à APA, était de « partager avec les autorités burkinabè les conclusions du Sommet extraordinaire de la CEDEAO tenu le 25 mars 2022 à Accra, en République du Ghana ».

Au cours de son séjour, le Président de la Commission et sa délégation ont eu des séances de travail avec le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération régionale et des Burkinabè de l’Extérieur et le ministre délégué chargé de la Coopération régionale. 

Ils ont été reçus en audience par le Président du Burkina Faso Paul-Henri Sandaogo Damiba. « Les entretiens se sont déroulés dans une atmosphère empreinte de cordialité et de franchise » soutient le communiqué.

Les discussions entre la CEDEAO et le Burkina Faso vont se poursuivre autour des questions évoquées lors du Sommet du 25 mars 2022 » selon le document.

Pour rappel, ce pays du Sahel en proie au jihadisme depuis 2013 et la Cedeao sont en désaccord sur la durée de la transition après le coup d’Etat perpétré par des militaires le 24 janvier 2022 contre le président Roch Marc Christian Kaboré. 

La junte au pouvoir s’est fixée comme mission de travailler à stabiliser le pays en s’appuyant sur les conclusions des Assises nationales. Celles-ci fixent une transition de trois ans avant la tenue des prochaines élections. 
Un délai jugé suffisamment  « long » par l’organisation régionale, qui prône une transition de 18 mois au maximum afin de permettre le retour des civils au pouvoir. 

Burkina: la junte va négocier avec les jihadistes

Dans une allocution télévisée, le chef de l’Etat burkinabé a annoncé des négociations avec des groupes armés.Malgré les efforts entrepris ces dernières semaines pour sécuriser le pays, Damiba a décidé d’ouvrir la porte aux négociations face aux groupes jihadistes pour faire taire les armes.

« J’ai décidé la création de comités locaux de dialogue pour la restauration de la paix dont la mission est d’initier des approches avec les membres des groupes en rupture de dialogue avec la Nation. La stabilisation du Faso ne passera pas seulement par des combats », a-t-il indiqué dans son discours.

Le nouvel homme fort de Ouagadougou a pris le pouvoir par coup d’Etat le 24 janvier 2022, en déposant le président Roch Marc Christian Kaboré. toujours assigné en résidence. Depuis sa prestation de serment le 2 mars dernier, le colonel Damiba fait de la lutte contre l’insécurité, son combat prioritaire.

« La sécurité est le premier objectif de nos actions et restera notre combat de tous les jours » a rappelé le chef de l’Etat qui a promis de réarmer les forces de défenses et de sécurité sur le terrain. 

Par ailleurs, il a rappelé à l’endroit de la Communauté économie des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), qu’« aucune fixation ne doit être faite sur la durée retenue pour la transition parce qu’elle pourrait être révisée si la situation sécuritaire s’améliorait dans les mois à venir dans les zones à forts défis sécuritaires. »

L’armée malienne affirme avoir tué « 203 combattants »

Ces combattants de « groupes armés terroristes » ont été tués au centre du pays, selon un communiqué des Forces armées maliennes (Fama).Du 23 au 31 mars, l’armée malienne a mené une opération « de grande envergure dans la zone de Moura à 17 kilomètres au nord-est de Kouakjourou dans le cercle de Djenné ». En plus des « 203 combattants de groupes armés terroristes » tués, elle a permis l’interpellation de 51 personnes et la récupération d’importantes quantités d’armes et de munitions, explique le communiqué des Forces armées maliennes (Fama).

Centrafrique: la Minusca soutient la pose de la fibre optique

Des Casques bleus ont détruit des roquettes non explosées à Boali.Les démineurs de la Compagnie indonésienne de génie de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique (Minusca) et l’Unité d’action anti-mines des Nations unies (UNMAS) ont procédé dans la commune de Boali, à la destruction de roquettes non-explosées, découvertes par une équipe du ministère des Télécommunications. À la demande des autorités centrafricaines, la mission a requis l’intervention des équipes spécialisées de la Force en la matière, informe ce vendredi la Minusca .

A Boali, 95 km au nord-ouest de Bangui, dans le cadre du projet de la dorsale à fibre optique d’Afrique centrale, une équipe du ministère des Télécommunications a fait la découverte de roquettes non explosées, stoppant ainsi les travaux engagés depuis quelque peu, dans diverses localités de la République centrafricaine, avec pour but le désenclavement numérique du pays.

A la demande des autorités centrafricaines, lors d’une réunion avec le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies, Mankeur Ndiaye, et en concertation avec le Commandant de la Force, le Général Daniel Sidiki Traore, une équipe a été envoyée en reconnaissance sur les lieux le vendredi 18 mars 2022, afin d’évaluer la situation.

Dès le lendemain, une équipe composée de spécialistes en neutralisation d’engins explosifs de la compagnie indonésienne du génie et de l’UNMAS retournent à Boali pour détruire les roquettes trouvées afin de permettre la reprise des travaux d’installation de la fibre optique.

Claude KODJO, expert du Service de l’action antimines des Nations Unies (UNMAS) explique : « Avec la Force nous travaillons toujours main dans la main. Nous apportons un appui technique, des conseils et nous assurons la coordination avec les autorités nationales pour la réussite de ce genre d’action ».

Mali : la Minusma se déploie au nord du pays

Des unités de Casques bleus de l’Onu sont déployées à la frontière Mali-Burkina-Niger pour « endiguer » les massacres dans la bande des trois frontièresLes Casques bleus de la mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) sont désormais présents dans le nord-est du pays, à la frontière avec le Burkina Faso et le Niger, « afin d’endiguer une vague de meurtres », a annoncé jeudi l’Onu.

Dans cette région, des groupes jihadistes liés à l’Etat islamique (EI) ont tué des centaines de civils ces dernières semaines, selon les autorités locales.

La Minusma forte 12 000 militaires et 1 500 policiers au Mali, doit désormais faire face à la menace directe des groupes jihadistes dans un contexte où Paris et ses partenaires européens ont annoncé en février dernier, la fin des opérations Barkhane et Takuba au Mali.

La mission onusienne présente dans les régions de Kidal, Tombouctou, Gao ou Tessalit pour sécuriser et stabiliser ces régions et porter assistance aux populations, ne dispose pas de mandat pour faire la guerre au Mali. Dans son mandat, elle est épaulée par Barkhane et Takuba qui assurent les interventions militaires contre les groupes jihadistes.

Avec le départ de la France et ses alliés européens, la Minusma devra réadapter sa stratégie au Mali afin d’intégrer une force militaire de combat au moment. Elle devra aussi s’accorder avec la société privée militaire russe Wagner, qui serait déjà en action au Mali.

Transition : le Burkina Faso en désaccord avec la Cedeao

Le Burkina Faso ne compte pas se plier aux demandes de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) sur le chronogramme de la transition.La Cedeao a demandé aux autorités de la transition du Burkina Faso un calendrier de la transition au plus tard le 25 avril prochain. Mais Ouagadougou ne compte pas plier à cette demande dans la mesure où la durée de la transition a été déjà adoptée de façon « consensuelle » lors des assises nationales du 28 février.

Ces consultations nationales ont fixé une durée de transition de trois ans (36 mois) au Burkina Faso pour redresser le pays. Le colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, nouveau chef de l’Etat, ne compte pas céder à ce qui est considéré comme un coup de pression de l’organisation régionale, si l’en croit les propos du porte-parole du gouvernement.

L’organisation régionale est « inquiète »  des trois ans de transition et suggère une durée plus courte que 18 mois au maximum. Une proposition pour l’instant rejetée par les autorités de la transition burkinabè. « Le gouvernement du Burkina Faso ne subit qu’un seul délai, celui de bien faire les choses, celui d’agencer son action conformément aux réalités du terrain en toute objectivité avec la plus grande prudence et le plus grand réalisme possible » souligne Lionel Bilgo le porte-parole du gouvernement burkinabé.

Le Burkina Faso s’expose-t-il à un embargo à l’instar du Mali en adoptant cette posture sur la durée de la transition ? 

Mali: Il y a dix ans, Mamiti, 20 ans, « inaugurait » le tribunal islamique à Tombouctou

Le 30 mars une rébellion touarègue prenait le contrôle du Nord du Mali, avant d’être finalement supplantée par des groupes islamistes qui y ont installé des tribunaux islamiques. Un jeune touareg de Tombouctou était la première personne jugée puis condamné sur la base de la charia. Deuxième volet de notre série sur l’occupation, il y a exactement dix ans, du septentrion malien par les islamistes.Le jeune homme avait alors tout juste la vingtaine. Mais il s’en souvient comme si c’était hier. « L’armée malienne s’était retirée de la ville dans la nuit. Ce jour-là, tôt le matin, je suis sorti en ville comme la plupart des jeunes. Certains sont allés piller les maisons abandonnées et les administrations pour récupérer des motos, des téléviseurs, des climatiseurs etc. Mes amis et moi sommes partis vers le camp militaire. Mes amis cherchaient des véhicules, des motos, des armes ou des caisses de munitions qu’ils espéraient vendre ailleurs. Moi, j’avais un autre objectif. Aller au mess des officiers. J’étais persuadé que dans leur fuite, les militaires n’ont pas eu le temps de récupérer l’argent de la caisse et surtout les stock d’alcool. C’est un des meilleurs que j’ai goûté dans cette ville et qui est très prisé par les buveurs de Tombouctou. Je n’ai trouvé ni argent ni stocks, seulement trois ou quatre bouteilles de vin oubliées au fonds d’un frigo, dont j’ai bu une ou deux sur place, avant de quitter les lieux complètement ivre » rigole-t-il, aujourd’hui au téléphone, relatant le moment de son arrestation par une patrouille des islamistes d’Ansardine appuyé par Al Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), alors en concurrence pour le contrôle de la ville avec les nationalistes touaregs du Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla) avec lequel ils s’étaient initialement alliés pour déclencher cette énième rébellion qui venait d’éclater dans le Nord du Mali. 

«Je suis à peine sorti du camp qu’un pickup avec des combattants lourdement armés s’est arrêté devant moi. « Ils m’ont demandé de voir ce quil y avait dans le sachet que je portais. Je leur ai dit que c’était du vin. Ils m’ont ordonné de les jeter immédiatement par terre et ils y ont mis le feu. Là, j’ai compris que la situation était grave. J’étais persuadé qu’ils allaient m’exécuter sur place. J’avais si peur que j’ai dessaoulé sur le champ », plaisante drôlement le jeune touareg, imitant l’accent de celui qui semblait être le chef de la patrouille islamiste: Omar Ould Hamaha, que le monde entier allait’découvrir aux premières heures de l’occupation de Tombouctou, grâce à des vidéos mises en ligne par des habitants de la ville où il revendiquait haut et fort l’objectif des jihadistes d’occuper tout le territoire malien, menaçant la communauté internationale d’un « 11 septembre multiplié par dix si jamais elle se hasardait à  intervenir au Mali ».  « Barbe rousse », comme l’avait surnommé la presse internationale en raison de son bouc teint au henné, « pour faire comme le Prophète » -comme il le confiait, en septembre 2012 à l’auteur de ces lignes dans la ville de Gao où il avait fini par prendre ses quartiers-, conduit le jeune homme dans les locaux d’une ancienne banque transformée en commissariat de police islamique. Mamiti y passe cinq jours de garde à vue, où avec deux autres jeunes arrêtés pour le même motif de consommation d’alcool -un Arabe et un Songhai, la communauté noire majoritaire dans la ville- il passe son temps à jouer au repenti, en priant et lisant le Coran à haute voix. “Il fallait me voir. En quelques jours, j’étais devenu comme eux, au point que certains m’ont même proposé de les rejoindre comme combattant. Je n’ai pas dit non et je n’ai pas dit oui”, confie le jeune homme.Déféré devant le tribunal islamique, il est immédiatement condamné et puni.

 

« C’était vraiment bizarre. Lle commissaire était mon cousin maternel et le juge mon oncle maternel également. Je ne savais même pas qu’ils étaient avec eux. Au fond de moi, j’espérais qu’ils allaient me sauver, comme j’en avais l’habitude avec les autorités qui étaient là. Il y a avait toujours quelqu’un pour me sortir d’affaires. Mais là, rien. Mon cousin et mon oncle avaient bien de l’affection pour moi. Ils me l’ont dit. Mais là pas question de m’accorder de faveur. », se souvient Mamiti. Le premier, Hassan Ag Abdoul Aziz Ag Mohamed Mahmoud, longtemps en fuite, a été arrêté puis remis par les autorités maliennes le 31 mars 2018 à la Cour pénale internationale (CPI) à la Haye où son procès pour « crimes contre l’humanité » ouvert en 2020 est toujours en cours . Le second, Houka Houka Ag Alhousseini, un moment emprisonné à Bamako avant d’être libéré le 14 août 2014 dans le cadre d’une « concession politique » du gouvernement malien en direction d’une partie des islamistes ayant accepté de prendre part aux négociations de  paix alors en cours entre l’Etat et certains groupes armés et qui ont abouti à la signature d’un accord de paix en juin 2015. Aux dernières nouvelles, l’ancien juge islamique, qui est enseignant d’arabe de métier, a entretemps été réintégré à la fonction publique comme directeur d’école dans une localité proche de Tombouctou où, faute de magistrat de l’Etat, c’est lui qui rendrait encore justice sur la base de….la Charia. « Je suis le premier qui a été jugé et condamné: il paraît que c’était 40 coups de fouet. je n’ai même pas compté tellement j’avais mal. C’était une cravache faite à partir des poils de queue de chamelle.  Durant plusieurs jours, j’étais obligé de rester allongé sur le ventre. Des amis venaient me voir à la maison avec des bières et du haschich mais je ne voulais plus y toucher, tellement j’avais encore mal. La douleur des coups que j’ai reçus était encore dans ma tête. À cette époque, la seule chose que je voulais était de quitter la ville. Je me connais, j’aime trop la belle vie. Les filles, l’alcool, les joints et la musique. Or, tout cela est absolument interdit par les islamistes. Si je restais je n’allais pas résister longtemps à reprendre mes habitudes. J’ai donc décidé de partir », se souvient Mamiti, racontant avec un impressionnant art de l’autodérision la scène de son jugement et de sa punition sur la terrasse du très charmant hôtel que les islamistes avaient alors réquisitionné pour y installer leur tribunal.

 

Dix ans après les faits, Le jeune touareg n’a pas de haine ni envie de revanche à l’égard des islamistes qui l’ont fouetté et poussé à quitter sa ville natale. Le jeune touareg pardonne tout.  « Ce qui est arrivé est arrivé. Le passé c’est le passé. » se résigne-t-il. Est-ce l’effet des liens de famille avec son cousin Hassan l’ancien commissaire islamique ou son oncle Houka, l’ancien juge jihadiste? Est-ce l’effet des liens d’amitié ou de voisinage anciens avec certains jeunes qui avaient rallié les jihadistes, comme cela est fréquent dans le Nord du Mali? Ou est-ce, plus simplement, l’effet des croyances locales façonnées par des siècles de mysticisme islamique soufi qui érige le pardon en vertu religieuse majeure?
En dépit de son penchant assumé pour certains interdits « haram », Mamiti se veut « un bon musulman ». Il pense donc que pardonner est un devoir religieux, surtout qu’il multiplie, selon lui, ses “chances d’accéder au paradis d’Allah”. 
“C’est ça le vrai islam” philosophe le jeune homme qui donne l’exemple des chefs religieux de sa ville, comme le grand Imam de Tombouctou: Abderrahmane Ben Assayouti, un vénéré octogénaire héritier d’une vieille lignée d’érudit religieux venus il y a plusieurs siècles du Caire et d’Assyout en Égypte, comme d’autres de Baghdad, Damas, Istanbul, Kairouan, Tripoli, Fès, Marrakech, Cordoue, Médine, La Mecque, Sokoto, Zanzibar, etc. 
Au plus fort de l’occupation jihadistes, comme lors de précédents épisodes d’insurrections armées que le nord du Mali vit épisodiquement depuis l’indépendance du pays en 1960, le très respecté Imam a toujours appelé à la “paix des cœurs”. 
Depuis que la ville s’est vidée de ses jihadistes, chassés en 2013 par l’armée française, le religieux cesse de prêcher contre le sentiment de revanche que nourriraient certains habitants à l’égard d’autres en raison du comportement de quelques uns parmi eux durant l’épisode de l’occupation. 
“Toute ma vie j’ai prié pour la paix. Le pardon est essentiel en Islam. La haine est un mauvais sentiment » confirmait, en septembre 2018, le religieux à la vision manifestement trop abîmée annotant un vieux manuscrit au premier étage de son domicile, une vieille bâtisse érigée par un aïeul non loin de la grande mosquée historique de Djingareyber où sa famille a toujours officié. 
A la différence de Mamiti, l’homme de Dieu n’a jamais été maltraité par les jihadistes. En dépit de divergences doctrinales profondes entre ce mystique soufi et ces littéralistes salafistes, les islamistes ont toujours pris soin de lui manifester le plus grand égard. 
“Personnellement, je n’ai jamais eu de problèmes avec eux. Ils m’ont toujours respecté et considéré. Ils venaient d’ailleurs régulièrement me rendre visite pour prendre de mes nouvelles ou me demander conseil en raison de mon statut et de mes connaissances, y compris Abou Zeid”, confie t-il en référence au redoutable émir d’Aqmi responsable de plusieurs enlèvements d’occidentaux, dont les anciens otages d’Areva, et qui a été tué au combat aux premiers premières semaines de l’opération militaire international conduite par la France en janvier 2013 pour chasser les islamistes du nord du Mali. 
“Je ne juge jamais les humains. Mais ce fut, tout de même, une épreuve. Et comme on dit en Islam après toute épreuve vient la délivrance”, médite le vénéré religieux alternant des phrases en arabe, français et songhaï l’idiome soudanais en usage dans le Nord du Mali. 

Aujourd’hui, il n’y a plus de charia à Tombouctou, ni de police ou de juges islamiques. Les jihadistes ont aussi disparu de la ville. Théoriquement, Mamiti le jouisseur peut donc s’y adonner à ses plaisirs habituels, Mais il ne vit plus dans les parages. Après avoir longtemps erré entre Bamako, la capitale, et les camps de réfugiés dans les pays voisins, Mamiti, aujourd’hui trentenaire, a été contraint de s’exiler très loin de chez lui. « Avec ou sans les islamistes, mon pays va mal » dit le jeune homme qui vit désormais dans pays d’Europe du Nord, en allusion à la situation politique et sécuritaire qui règne au Mali où dix ans après le début de la guerre contre les jihadistes, ceux-ci sont loin d’avoir été vaincus et la paix n’y est toujours pas revenue. 

Maroc : Un centre international de la recherche sur la prévention des enfants soldats voit le jour

Par Hicham Alaoui — Le Centre international de la recherche sur la prévention des enfants soldats a été inauguré, jeudi à Dakhla au sud du Maroc, par le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita en compagnie des chefs de diplomatie des Comores, de la Gambie et de la Somalie ainsi que la Secrétaire d’Etat à la coopération internationale de la Guinée Bissau.

Cette structure internationale a pour missions de sensibiliser et de mettre en œuvre des solutions fondées sur l’action pour mettre fin à l’utilisation d’enfants soldats. Grâce aux recherches académiques, aux partenariats, aux collaborations et à l’engagement direct dans des programmes holistiques, le Centre développe et déploie des stratégies pour combattre toutes les formes d’embrigadement des enfants.

Pour combler les lacunes dans la prévention et la lutte contre le phénomène des enfants soldats, le Centre lance un programme pilote étalé sur trois ans. L’initiative est un effort multidisciplinaire qui s’attaque à l’exploitation et à l’utilisation d’enfants soldats dans les conflits armés. L’objectif est de mettre en place un système capable de traiter de manière efficace, efficiente et équitable les cas de recrutement d’enfants soldats, de protéger les victimes et de s’attaquer aux causes profondes de cette exploitation.

Dans le but d’augmenter le nombre d’enquêtes, de poursuites et de condamnations, tout en assurant une véritable réinsertion des enfants soldats, le Centre se lance également dans une évaluation et un recensement d’enfants-soldats non référencés, tout en engageant des solutions innovantes pour faire face à l’exploitation des enfants dans les conflits armés.

Aussi, et dans un souci de disséminer les données à large échelle tant quantitatives que qualitatives, le Centre se focalisera notamment sur des recherches portant sur le continent africain.

Aujourd’hui, les enfants participent à près de 75% des conflits dans le monde tandis que plus de 460 millions d’entre eux vivent dans des zones de conflits.

Les enfants soldats sacrifient leur jeunesse dans des systèmes de violence en construisant leurs valeurs et leurs identités sous la direction de groupe armés. Ils deviennent des vecteurs et violence et de terrorisme plutôt que des citoyens capables de construire une paix durable.

S’exprimant à l’ouverture d’une conférence initiée par le Centre international de recherches sur la prévention des enfants soldats, le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a souligné que l’embrigadement des enfants, forcé par le « polisario » et encouragé par l’Algérie, dans les camps de Tindouf, alimente l’instabilité en Afrique du Nord et dans le Sahel.

Le ministre a mis l’accent sur la corrélation entre l’absence de gestion des camps de Tindouf et le recrutement d’enfants-soldats, notant que le pays-hôte doit assumer la plénitude de sa responsabilité internationale imprescriptible, notamment au regard de la sécurité et de la protection des enfants vivant sur son territoire.

 L’endoctrinement et l’enrôlement des enfants par les milices armées du « polisario » constituent un crime inhumain, et un déni des droits élémentaires des enfants embrigadés, ainsi qu’une violation flagrante des résolutions adoptées par le Conseil de Sécurité en la matière, a-t-il fustigé.

De même, il a fait savoir que le Maroc est, effectivement, un acteur majeur du maintien et de la consolidation de la paix, rappelant que le Royaume participe depuis 1960 aux missions de maintien de la paix, sur tous les continents, d’autant plus qu’il est classé parmi les 11 premiers pays contributeurs en casques bleus dans le monde, avec 1702 casques bleus déployés en Afrique (MINUSCA, MONUSCO et UNMISS).

Par ailleurs, M. Bourita a souligné que le choix de Dakhla pour abriter le Centre international de recherches sur la prévention des enfants-soldats, est une reconnaissance du rôle du Maroc en tant que pourvoyeur de paix, de sécurité et de stabilité.

A travers ce Centre, le Maroc souhaite apporter sa pierre à l’édifice, en contribuant au débat par la formulation de propositions concrètes à la faveur du continuum sécurité-développement et la coordination des efforts de la communauté internationale, selon une approche plurielle, à la fois globale et locale, académique et politique, théorique et pratique, alliant lutte et prévention, a-t-il soutenu.

De même, il a affirmé que l’objectif du Centre est de fournir des données précises, qualitatives et quantitatives afin de formuler une action informée par la recherche académique.

 Le Maroc appelle aussi à mettre fin à l’impunité des personnes responsables du recrutement et de l’utilisation criminelle d’enfants et d’autres violations graves, en soutenant la surveillance et la communication systématiques par les Nations Unies des violations des droits de l’enfant dans les conflits, a-t-il ajouté.

Tchad : une figure du Fact se rallie à Mahamat Idriss Deby

C’est un ralliement peu ordinaire qui fait grand bruit à N’DjamenaLe chef d’état-major adjoint des rebelles du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (Fact) Nigue Kross (59 ans) a rallié le Conseil militaire de transition (CMT) dirigé par Mahamat Idriss Deby.

Cette figure marquante de la rébellion tchadienne depuis plusieurs décennies, rejoint le nouvel homme fort de N’Djamena, Mahamat Idriss Deby. Selon des sources militaires, Nigue Kross avait mené l’offensive du Fact le 11 avril 2021 depuis la Libye, qui avait débouché dix jours plus tard, à la mort de l’ancien président tchadien Idriss Deby Itno, le 21 avril 2021.

Ce vieux routier de la rébellion a livré plusieurs batailles contre le pouvoir tchadien. Et l’un de ses faits d’armes a été son intervention décisive qui avait sauvé la vie  à Mahamat Mahdi Ali, le chef du Fact, d’une capture de l’armée tchadienne lors des violents combats d’avril 2021.

Par la suite, Nigue Kross va prendre du galon au sein du mouvement politico-militaire du Fact, où il passe de chef d’état-major adjoint à chef d’état-major par intérim après la mort au front de son supérieur immédiat, Mahamat Oumar Choukou.

Passé par l’armée tchadienne, il a intégré tour à tour plusieurs groupes rebelles comme le Frolinat en 1979 avant d’atterrir à l’Union des forces pour la démocratie et le développement (UFDD) de Mahamat Nouri, ancien ministre de la Défense d’Idriss Deby. Mais le mouvement va se fissurer donnant naissance au Fact de Mahamat Mahdi Ali en avril 2016.

Très vite des dissensions entraînent son départ au sein du groupe rebelle composé des officiers dissidents et des combattants de l’ethnie gorane, à laquelle appartient l’ancien président tchadien Hissène Habré décédé en exil à Dakar le 24 août 2021.

Après l’offensive ratée des Fact aux portes du Kanem en mai dernier, Nigue Kross décide de prendre ses distances avec Mahamat Mahdi Ali, avec qui, les relations se seraient fortement dégradées. Il justifie son choix de rejoindre le Conseil militaire de transition par « l’appel au dialogue de la junte tchadienne ». Avant lui, une vingtaine d’ex-rebelles de l’Union des forces et de la résistance (UFR) s’étaient ralliés en septembre dernier au régime de la transition.

RCA : haro sur le groupe Wagner et les rebelles

L’Onu dénonce les exactions commises par les insurgés et le groupe paramilitaire russe en République centrafricaine.La Cheffe des droits de l’homme de l’Organisation des nations unies (Onu), Michelle Bachelet n’épargne pas non plus les forces armées centrafricaines. « Des meurtres, des violences sexuelles liées au conflit, ainsi que de graves violations et abus à l’encontre des enfants ont été allégués contre toutes les parties », soutient la diplomate dans une note parvenue jeudi à APA.

Au cours des trois derniers mois de 2021, la Division des droits de l’homme de la Mission des Nations Unies en RCA (Minusca) affirme avoir documenté 363 incidents de violations des droits de l’homme, d’abus et d’infractions au droit humanitaire international « dont beaucoup sont extrêmement graves ». Par ailleurs, l’organisme onusien dénombre 848 victimes.

Selon la Minusca, 59 % de ces incidents ont été attribués aux groupes armés signataires de l’Accord de paix de février 2019. Les forces de sécurité nationales et leurs alliés étaient responsables de 40% des incidents – une forte augmentation par rapport aux 23 % enregistrés en janvier 2021.

S’exprimant devant le Conseil des droits de l’homme de l’Onu, Mme Bachelet s’est inquiétée du fait que la réponse du gouvernement aux groupes armés passe de plus en plus par « des arrestations arbitraires » de membres de communautés déjà vulnérables, comme les musulmans et les Peuls, qu’ils associent à des groupes armés. « Ce schéma de violations touchant les communautés minoritaires est profondément inquiétant », a-t-elle déploré.

D’une manière générale, note l’Onu, les droits de nombreuses personnes sont violés. La discrimination et les mauvais traitements ciblés risquent une fois de plus de « déclencher un nouveau cycle de violence le long des lignes communautaires, religieuses et ethniques », alerte-t-elle. « Les revers pour la paix et la réconciliation d’une telle évolution seraient profonds », a fait valoir Michelle Bachelet.

De son côté, l’Expert indépendant sur la situation des droits de l’homme en République centrafricaine, Yao Agbetse, a indiqué avoir reçu « plusieurs témoignages concordants faisant état d’exactions commises par les forces bilatérales russes sur des populations civiles ». Il s’agit notamment « des violences sexuelles, des actes d’intimidation, des destructions d’habitations, des menaces, de racket ».

« Les forces bilatérales russes sont également accusées des actes de torture, de traitements cruels, humiliants, inhumains et dégradants, y compris sur des dépositaires locaux de l’autorité de l’Etat dans l’arrière-pays, en occurrence dans les localités de Aigbando, Bambari, Beloko, Bossangoa, Boyo, Bria et Mouka », a déclaré Yao Agbetse.

Wagner accusé d’intimider les enquêteurs

Par ailleurs, l’Expert indépendant onusien a également accusé le groupe Wagner « d’entraver systématiquement le travail des enquêteurs ». « Les forces bilatérales russes font parfois obstruction à la conduite d’enquêtes dans certains endroits où des violations des droits de l’homme auraient été commises », a-t-il dit.

A ce sujet, il a rappelé que la Commission d’enquête spéciale du gouvernement centrafricain avait conclu à des violations commises par les forces bilatérales russes.

« Au regard de la nature des relations contractuelles entre la RCA, sujet de droit international, et les forces bilatérales russes, entité n’ayant pas de reconnaissance au regard du droit international, et en absence de toutes autres informations publiques relatives aux stipulations contractuelles, la responsabilité des violations documentées incombe à l’Etat centrafricain qui doit prendre diligemment toutes les mesures nécessaires pour que justice soit rendue aux victimes », a-t-il indiqué.

Dans ces conditions, il juge urgent que des mesures appropriées soient prises, « à bref délai ». Le but est de mettre un terme à ces violations des droits des populations civiles, à des tensions latentes ou ouvertes entre les alliés russes et les forces de défense et de sécurité centrafricaines, et à toutes les entraves aux opérations de la Minusca et du travail des humanitaires.

Sur un autre plan, la « baisse de la capacité de nuisance des groupes armés, notamment UPC, 3R, ex-seleka, anti-balaka » ne les a pas empêchés de continuer à faire peser sur la population des menaces et des exactions. Ces groupes rebelles ont ainsi poursuivi les violations des droits des populations civiles, les incursions expéditives de jour et de nuit dans les villages et les collectes illégales de taxes sur les routes.

La RCA entend faire la lumière sur toutes les allégations de violations des droits de l’homme.

Le Mali réceptionne de nouveaux équipements militaires russes

Le ministre malien de la Défense et des Anciens Combattants, le colonel Sadio Camara, a reçu mercredi 30 mars de nouveaux matériels de combat dans la lutte contre le terrorisme pour son pays.Le partenariat russo-malien semble plus solide sur le plan militaire. Un premier lot de matériels composés, entre autres, « d’hélicoptères de combat » et de « radars de dernière génération » a été réceptionné hier à l’aéroport international Modibo Keita de Bamako, en présence de plusieurs autorités dont des Russes.

Le communiqué de l’armée malienne a salué le « partenariat sincère et très ancien » entre la Russie et Mali, indiquant que cette acquisition entre « dans le cadre de la montée en puissance des Forces Armées Maliennes (FAMa) » sur le front contre les groupes jihadistes, à travers le plan Maliko et l’opération Kêlêtigui. Ainsi, ces nouveaux matériels « joueront un rôle très essentiel » dans le renforcement de capacités opérationnelles des FAMa dans leur mission de sécurisation des personnes et de leurs biens.

« Aujourd’hui nous pouvons dire avec fierté que notre Armée Nationale est capable d’opérer en toute autonomie sans demander de l’aide à qui que ce soit », a fait savoir le colonel Sadio Camara, considéré comme le maître d’œuvre des relations entre la Russie, où il a effectué sa formation militaire, et le Mali.