Attentat Grand-Bassam : ouverture du procès fin novembre

Le procureur de la République annonce que le dossier de l’attentat terroriste de Grand-Bassam a été inscrit au rôle du tribunal criminel.Selon une note du procureur de la République de Côte d’Ivoire, Richard Adou, « l’audience est prévue le 30 novembre 2022 dans la grande salle du Tribunal de première instance d’Abidjan ».

Ce procès s’ouvrira après six ans. Le dimanche 13 mars 2016, trois hommes armés s’étaient rendus sur la plage de Grand-Bassam, à 40 Km au Sud-est d’Abidjan, et avaient ouvert le feu sur certaines personnes qui s’y trouvaient.

Le bilan de l’attaque ressort 19 morts dont neuf Ivoiriens, quatre Français, un Libanais, une Allemande, une Macédonienne, une Malienne, une Nigériane et une personne non identifiée ainsi que trente-trois blessés.

La période judiciaire ouverte à la suite de cet attentat, a abouti au renvoi de 18 accusés devant le Tribunal criminel pour répondre des faits d’actes terroristes, assassinat, tentative d’assassinat, recel de malfaiteurs, détention illégale d’armes à feu et de munition de guerre et de complicité desdits faits.

Les Rebelles du M23 capturent un chef militaire congolais

La capture d’un officier supérieur congolais par le M23 risque de compromettre les chances d’un cessez-le-feu entre le groupe rebelle et les forces armees de la République démocratique du Congo.Les rebelles du M23 ont capturé un officier supérieur des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) au cours des combats qui se sont déroulés mardi près de la frontière avec le Rwanda, ont rapporté les médias locaux citant le communiqué des insurgés congolais.

L’officier supérieur, identifié comme le lieutenant-colonel Assani, a été capturé lors d’une escarmouche avec des combattants rebelles dans le village de Bambo, a déclaré le porte-parole du M23, le major Willy Ngoma qui ajoute que son unité a saisi des armes et des munitions du 243e bataillon de l’armée congolaise. 

Le M23 a repris son offensive militaire à la fin de l’année dernière, accusant le gouvernement congolais de ne pas respecter un accord conclu en 2009, selon lequel ses combattants devaient être intégrés dans les forces armées nationales. 

Les rebelles ont commencé leur campagne en attaquant les positions de l’armée dans la région de Bunagana en novembre 2021, puis en mars de cette année.

Kinshasa a accusé le Rwanda de soutenir les rebelles du M23, une allégation que Kigali a démentie à plusieurs reprises.

Dans le même ordre d’idées, l’ancien président kenyan Uhuru Kenyatta a confirmé samedi dernier que le président rwandais Paul Kagame s’était joint aux appels lancés aux rebelles du M23 pour cesser les combats et leur retrait des territoires qu’ils ont capturés ces dernières semaines.

Kenyatta est le facilitateur de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Est (CEEAE) pour le processus de paix dans l’est de la RDC.

L’armée congolaise enquête sur une fusillade à la frontière rwandaise

Une enquête est ouverte pour découvrir dans quelles circonstances un soldat congolais a franchi illégalement la frontière avec le Rwanda.

Les Attachés de Défense accrédités au Rwanda se sont déplacés pour constater les circonstances d’un incident au cours duquel un soldat de la RD Congo a été abattu dans le district de Rubavu à « Petite Barrière », a révélé une source militaire mardi à Kigali.

Le soldat décédé a franchi illégalement la frontière avec le Rwanda et a ouvert le feu sur des soldats des Forces de défense rwandaises (FDR) qui montaient la garde à Mbugangari, avant d’être abattu.

L’incident s’est produit le samedi 19 novembre, à 1h00 heure locale (11h00 GMT).

Selon le chef de la coopération militaire internationale du Rwanda, le général de brigade Patrick Karuretwa, la visite a été organisée par les FDR à la suite d’une demande des attachés de défense qui souhaitaient témoigner et poser des questions sur l’incident.

A Rubavu, les Attachés de Défense ont été mis dans le secret de la manière dont le soldat congolais a traversé avec son arme et a ouvert le feu en visant les soldats rwandais qui étaient positionnés sur deux tours à quelques mètres de la frontière.

Les soldats rwandais ont répondu à l’attaque, en neutralisant l’intrus avant qu’il ne puisse tuer ou blesser qui que ce soit, a expliqué le Brigadier général, Nyamvumba.

« Les attachés de défense veulent comprendre quel type de situation fait que de tels incidents sont si fréquents de nos jours, car ce n’est malheureusement pas la première fois qu’ils viennent ici pour constater de tels incidents. Ils veulent savoir quel type d’ordre ou de contexte pousse les soldats de la RDC à traverser et à mener des attaques aussi insensées », a déclaré le général de brigade Karuretwa.

« Nous demandons à la RDC de s’abstenir de telles actions provocatrices », a-t-il ajouté, indiquant qu’au départ, la RDC avait affirmé qu’il ne s’agissait pas de son soldat, mais qu’elle avait fini par l’admettre après avoir produit des faits irréfutables prouvant la réalité.

Le Mécanisme conjoint de vérification élargi (MCVE) a été notifié pour enregistrer les faits, mener des vérifications indépendantes et organiser le rapatriement du corps en RDC.

Tchad : Des militaires tués dans une attaque jihadiste

L’incursion djihadiste intervient une semaine après une visite du président de la transition, Mahamat Idriss Deby Itno.Des militaires Tchadiens ont été tués mardi par des jihadistes qui ont attaqué un poste de l’armée dans l’ouest du pays, a rapporté le porte-parole de la présidence, dans un communiqué parvenu à APA.

Brah Mahamat a précisé que cette attaque a fait une « dizaine » de morts et « des blessés », « au petit matin » près de Ngouboua.

Le journaliste Wassin Nasr, spécialiste des questions djihadistes, a dressé, selon ses sources, un bilan d’au moins « 35 militaires dont commandant de la base tués et un nombre très important de blessés ».

L’attaque a été perpétrée dans la région du lac Tchad, aux confins du Tchad, du Niger, du Cameroun et du Nigeria, où les groupes jihadistes Boko Haram et sa branche dissidente Etat Islamique en Afrique l’Ouest (Iswap) s’en prennent régulièrement aux armées et aux civils dans les quatre pays.

« Cette énième attaque surprise vient confirmer la présence encore plus active de la nébuleuse de Boko Haram dans le bassin du Lac Tchad », a insisté le porte-parole de la Présidence.

L’unité des forces de défense, cible de l’attaque, avait été dépêchée en précurseur pour installer un poste avancé de l’armée dans l’île de Bouka-Toullorom entre Ngouboua et Kaïga, a déclaré Brah Mahamat. « Les jihadistes ont entamé l’attaque dans la nuit jusqu’à l’aube », a ajouté le journaliste de France24.

Cet incident contre l’armée tchadienne intervient seulement quelques jours après une visite du Général Mahamat Idriss Deby Itno dans la localité, afin de « galvaniser les troupes et réorganiser le dispositif sécuritaire », a indiqué la Présidence de la République.

Le Président de la Transition, Mahamat Idriss Déby Itno, a appelé la communauté internationale « à prendre la pleine mesure de cette menace réelle et à agir en conséquence ».

La France et le Mali à couteaux tirés autour de l’aide au développement

La France et le Mali jouent les prolongations dans leur crise diplomatique.La réponse du Mali n’a pas tardé suite à l’annonce de la suspension de l’aide française au développement destiné à ce pays d’Afrique de l’Ouest. Bamako a décidé d «interdire avec effet immédiat toutes les activités menées par les ONG opérant au Mali sur financement ou avec l’appui matériel ou technique de la France, y compris dans le domaine humanitaire ».

Selon le communiqué du 21 novembre signé du Premier ministre par intérim de la transition, le colonel Abdoulaye Maïga, cette décision du gouvernement respecte les « principes définis par le gouvernement » articulés autour « de la souveraineté du Mali », du « respect des choix des partenaires opérés par le Mali » et « la prise au compte des intérêts du peuple malien dans les décisions ».

Rappelant que la déclaration de Paris « n’est qu’un subterfuge destiné à tromper l’opinion publique nationale et internationale aux fins de déstabilisation et d’isolement du Mali », Bamako indique que « la France a notifié » depuis février 2022, « par voie diplomatique la suspension de sa coopération au développement en faveur du Mali ».

« Nous prenons note et regrettons la décision des autorités maliennes de la transition », a réagi au lendemain le ministre français des Affaires étrangers, regrettant « une décision qui intervient malheureusement au détriment de la population malienne ».

Selon l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), le Mali a reçu 121 millions de dollars d’aide publique au développement de la France en 2020. L’Organisation des nations unies estime que 7,5 millions de personnes au Mali ont besoin cette année de 4,5 millions de dollars.

Mais le gouvernement malien explique que sa décision « contribue à la restauration de notre dignité bafouée par une junte française spécialisée d’une part dans et dans l’octroi d’aide déshumanisante pour notre peuple et utilisée comme moyen de chantage des gouvernants et d’autre part dans le soutien actif aux groupes terroristes opérant sur le territoire malien ».

Cet épisode est le énième d’une série d’actes posés de part et d’autres depuis plusieurs mois entre la France et le Mali, dans un contexte de rapprochement entre la Russie et ce pays sahélien en proie à une crise sécuritaire depuis une dizaine d’années. Après que le président français a annoncé en juin 2021 la « réarticulation de l’opération Barkhane », au Sahel, la junte malienne a dénoncé « un abandon en plein vol » et a, dans la foulée, fait appel aux « mercenaires » de la compagnie militaire privée russe, Wagner, selon les chancelleries occidentales. Depuis, leur relation n’a cessé de se dégrader, accélérant le départ des soldats français et la « fin officielle » de Barkhane annoncée début novembre par Emmanuel Macron.

Sahel: Incertitudes autour de la mort d’un cadre de l’Etat islamique

Cadre de l’Etat islamique au Sahel, le Nigérien Iliassou Djibo, surnommé Petit Chaporé, aurait été tué fin octobre dans dans la guerre fratricide entre jihadistes sahéliens.Activement recherché par plusieurs services de renseignement sahéliens et occidentaux, Iliassou Djibo alias Petit Chaporé aurait été tué. Le jihadiste nigérien aurait trouvé la mort fin octobre dans des affrontements entre l’Etat islamique au Sahel et le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM), dans l’est du Mali, non loin de la frontière avec le Niger. 

Plusieurs médias nigériens ainsi que des spécialistes des groupes jihadistes ont confirmé la mort du jihadiste. Cependant des sources sécuritaires contactées par APA préfèrent jouer la carte de la prudence. “Selon mes informations, il n’a même pas pris part aux affrontements entre l’EIS et le GSIM”, soutient l’une d’elles.

En tout cas, sa mort serait un coup dur pour la branche sahélienne de l’Etat islamique. Ancien membre du le Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO), un groupe créé en 2011 par le jihadiste mauritanien Hamada Ould Mohamed Heirou, alors en rupture de ban avec Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et l’arabe malien Ahmed Tilemsi, Petit Chaporé a milité à Almurabitoune, né en 2013 d’une fusion du MUJAO et de la Brigade des Signataires par le Sang du jihadiste algérien, Mokhtar Belmokhtar.  

Recherché par les Etats-Unis

Lorsque Adnan Abou Sahraoui fait allégeance à l’Etat islamique en 2015, il a compté sur des hommes comme Iliassou Djibo pour constituer le noyau dur de la succursale du “Califat islamique” proclamé par Abou Bakr al Baghdadi en Irak. Le 4 octobre 2017, des forces spéciales américaines et des soldats nigériens tombent sur une embuscade des insurgés islamistes. Le bilan est lourd. Huit militaires sont tués, dont quatre Américains et quatre Nigériens. Le 12 janvier 2018, Adnan Abou Walid al Sahraoui (AWAS) revendique cette opération, relevant l’aura de son groupe auprès du commandement central de l’État islamique dont les provinces syro-irakiennes étaient en difficultés. 

Les Américains lancent à travers le programme “Reward for justice” la traque contre les auteurs de cette attaque et offrent jusqu’à 5 millions de dollars pour toute information facilitant leur capture. Mais Petit Chaporé échappe aux multiples opérations des militaires français visant le commandement de l’EIS en 2021 et qui ont permis de tuer en aout Adnan Abou Walid al Sahroui, avec l’aide des américains. Très actif à la frontière entre le Mali et le Niger, le jihadiste aurait joué un rôle important dans la montée en puissance de l’EIS dans l’est du Mali et les exactions contre les civils dans cette région.

Burkina : les forces spéciales françaises sur le départ ?

Après le Mali, les militaires français pourraient quitter le Burkina Faso.Les forces spéciales françaises présentes au Burkina Faso pourraient quitter ce pays d’Afrique de l’Ouest. Dans un entretien avec le Journal du Dimanche, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, n’écarte pas cette hypothèse. “Il est évident que notre stratégie générale en Afrique interroge toutes les composantes de notre présence, y compris les forces spéciales”, explique-t-il, notant que l’unité des forces spéciales déployées à Ouagadougou et connue sous le nom de “Sabre”, “a un role clé ces dernieres années dans la lutte contre le terrorisme au Sahel”.

Sébastien Lecornu évoque cette éventualité dans un contexte de réarticulation de la présence militaire française au Sahel. En novembre, Emmanuel Macron a annoncé la “fin officielle” de l’opération Barkhane dont la vocation était de combattre les groupes jihadistes au Mali et au Sahel. Le président français s’est donné 6 mois pour décider, avec ses partenaires de la région sahélienne, du nouveau format qu’il espère “plus léger”, répondant à “l’expression de besoins explicites des armées africaines”.

Cette nouvelle stratégie répond aussi à une vague de contestations de la présence militaire française au Sahel. Vendredi 18 novembre, des manifestants, parés de drapeaux russes, ont demandé le départ de l’ambassadeur de France de Ouagadogou. Dispersés à coups de lacrymogènes par des gendarmes burkinabè, ils se sont rendus à la base française de Kamboinsé, à la périphérie de la capitale pour remettre une lettre de protestation aux militaires français.

Le lendemain, devant l’Assemblée législative de transition, le Premier ministre du gouvernement de la transition, Me Apolinaire Jean Kyellem de Tambéla qui faisait sa déclaration de politique générale s’est interrogé sur la sincérité de certains partenaires du Burkina Faso dans la lutte contre le terrorisme.

Terrorisme au Burkina: certains partenaires mis en cause

Me Appolinaire Kyelem de Tembela s’en est pris à la France, sans la nommer.Le Premier ministre Burkinabè a livré, ce samedi 19 novembre 2022, un « discours d’orientation et d’engagement politique » devant les députés de la transition. Dans son adresse, Me Appolinaire Kyelem de Tembela a fustigé l’attitude de « certains partenaires » du pays dans la lutte contre le terrorisme qu’il a accusés de manquer de loyauté et d’être « complices » des djihadistes qui écument le Burkina depuis 2015.

« Certains partenaires n’ont pas toujours été loyaux (…). Comment comprendre que le terrorisme gangrène notre pays depuis 2015, dans l’indifférence, si ce n’est avec la complicité de certains de nos prétendus partenaires ? », s’est-il demandé.

Sans cette » complicité », le chef du gouvernement de la transition s’est demandé où les groupes armés terroristes trouvent-ils les armes, les munitions, le carburant, l’argent qu’ils ont à profusion ?

Le Premier ministre a aussi mis en doute la sincérité des « amis » du Burkina dans la lutte contre le terrorisme. Il a indiqué que ces derniers contrôlent l’espace avec des moyens modernes de détection, mais ne peuvent pas « nous donner les renseignements nécessaires sur les agissements et les mouvements de ces terroristes ». Comment est-ce possible « s’ils sont nos vrais amis ? », s’est-il interrogé.

Me Kyelem n’a pas nommé de pays mais plusieurs personnes accusent la France d’armer les djihadistes. En mi-novembre 2021, un convoi logistique de l’opération Barkhane assurant la liaison Abidjan-Gao a été bloqué à Kaya, à 100 kilomètres au nord-est de Ouagadougou, par des milliers de manifestants qui le soupçonnaient notamment de livrer des armes aux djihadistes et réclamaient son inspection. 

 « Nous essayerons autant que possible de diversifier nos relations de partenariat jusqu’à trouver la bonne formule pour les intérêts du Burkina Faso », a affirmé le chef du gouvernement burkinabé.

Ce n’est pas la première fois que des autorités du Faso évoquent les possibilités de diversifier les partenaires de la lutte contre le terrorisme. Sous le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba, le Premier ministre Albert Ouédraogo avait soutenu que « l’option est désormais de diversifier les partenariats » en matière de coopération militaire « afin d’optimiser les atouts spécifiques de chaque partenaire ». Il avait également insisté sur « le respect de notre indépendance territoriale et la sincérité » dans le nouveau partenariat. 

L’avènement du capitaine Ibrahim Traoré au pouvoir a entraîné une vague de manifestations pro-russes et multiplié les appels au départ de la France du pays. Sa visite officielle chez le colonel Assimi Goïta, président de la transitio du Mali, a fini par convaincre plus d’un de sa volonté de se rapprocher de la Russie. 

La sortie du Premier ministre laisse encore plus perplexe. « Dans la lutte contre le terrorisme, il revient aux Burkinabè, et à eux seuls, de défendre leur patrie en danger. Avec bien-sûr le soutien bienveillant de tous ceux qui voudront nous accompagner… Nous restons convaincus que les Burkinabè sont en mesure de défendre leur pays, pour peu qu’ils aient l’encadrement et les moyens nécessaires », a insisté Me Appolinaire Kyelem.

Depuis octobre 2015, le Burkina Faso est plongé dans une spirale de violences djihadistes, ayant fait plusieurs milliers de victimes et entraîné le déplacement d’environ deux millions de personnes.

Burkina : lancement d’un appel à l’effort de guerre

Près de deux millions de personnes sont déplacées du fait des attaques terroristes, selon le gouvernement.Le capitaine Ibrahim Traoré, président de la transition du Faso a annoncé, vendredi 18 novembre 2022, la mise en place d’un « comité de collecte des contributions de toutes les bonnes volontés pour accompagner l’effort national » dans la lutte contre le jihadisme.

Dans un communiqué transmis à APA, le chef de l’État burkinabé a précisé que le comité informera l’opinion des « besoins les plus urgents identifiés », recevra « tous les dons sous toutes les formes » et fera un bilan des aides collectées et de leur usage. 

 Les contributions financières sont recevables par paiement mobile et/ou virement bancaire à travers des comptes créés à cet effet, ajoute le document signé par le capitaine Traoré. Les contributions peuvent aussi être en nature et des lieux de stockage seront précisés pour les y transférer. 

Le Burkina Faso traverse une crise humanitaire sans précédent consécutive à la situation sécuritaire marquée par des attaques terroristes ayant fait des milliers de victimes, alertent plusieurs organisations humanitaires et de la société civile. Près de deux millions de personnes ont été forcées de fuir leur foyer à cause des exactions des groupes armés non étatiques. Selon l’Unicef, 3,4 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire et 700.000 enfants de moins de cinq ans menacés de malnutrition aiguë dans ce pays d’Afrique de l’Ouest. 

Le nouvel homme fort du Faso a indiqué que les contributions visent à sortir le pays des crises sécuritaire et humanitaire. « Par souci de transparence et de redevabilité, un point mensuel sera fait et un rapport d’exécution bimensuel sera rendu public sur l’état des ressources et leur utilisation », a promis le capitaine Ibrahim Traoré qui a renoncé, mercredi 16 novembre, à son salaire de Président pour ne garder que celui d’officier de l’armée afin de « montrer l’esprit de sacrifice » qui doit animer les Burkinabè. Ses ministres ont aussi cédé 50% de leur salaire de novembre à la Caisse nationale de solidarité au profit des personnes en difficulté.

Burkina : Des manifestants exigent le départ de l’ambassadeur de France

Les policiers ont fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants pro-russes.

De nombreux jeunes ont manifesté, une nouvelle fois, dans les rues de Ouagadougou, contre la présence française dans le pays.

Partis du Stade municipal de Ouagadougou, peu avant 9h, ils se sont dirigé vers l’Ambassade de France, scandant des slogans hostiles à l’Hexagone et affichant fièrement des drapeaux russe.

« Aujourd’hui, nous partons pour demander à l’ambassadeur de la France à Ouagadougou (Luc Hallade, ndlr) de rentrer dans son pays. En partant, qu’il n’oublie pas ses soldats », a expliqué un manifestant, portant un t-shirt à l’effigie du président de la Russie, Vladmir Poutine et paré des couleurs russes.

Devant la représentation diplomatique française, les manifestants ont trouvé des forces de l’ordre sur place. Des négociations ont été entamées.

Face au refus des pro-russes de rebrousser chemin, les gendarmes ont fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser les foules. Les manifestants ont répliqué en lançant de gros morceaux de cailloux dans la cour de l’ambassade.

« Cela fait la quatrième fois que les gendarmes ont jeté les gaz, mais on est toujours là. Quand ça va finir (le gaz lacrymogène, ndlr) on va voir ce qu’ils vont faire maintenant », ironise un contestataire.

Depuis plusieurs mois, les manifestations anti-françaises se sont multipliées dans le pays. L’arrivée du capitaine Ibrahim Traoré, soutenu par de nombreux pro-russes, a cristallisé les positions. Il y a environ un mois, les pro-russes manifestent chaque vendredi contre la présence francaise au Burkina.  

Coopération bilatérale: la France aux petits soins avec le Niger

Au bord de la rupture diplomatique avec le Mali, la France conforte sa présence au Niger.Entre le Niger et la France, c’est le parfait amour. Mercredi 16 novembre, Paris a offert deux hélicoptères de combat de type Gazelle et des pièces détachées à Niamey pour l’appuyer dans la lutte contre les groupes jihadistes actifs dans la région de Tillabéri.

Selon les autorités nigériennes, cet appui logistique s’inscrit dans le cadre d’une coopération plus large, de 16 milliards FCFA, qui a permis depuis 10 ans de former des pilotes au vol de combat et à l’usage de canons, leur action étant décisive dans l’appui de feu aux troupes au sol, les évacuations et les vols de reconnaissance.

« Les autorités estiment que cette coopération est nécessaire. La France est l’un des principaux partenaires du Niger tant sur le plan de l’aide au développement que sur des questions sécuritaires comme justement dans le cadre de la lutte contre le terrorisme », précise le journaliste Aboubacar Yacouba Barma.

En conflit avec les nouvelles autorités du Mali, après dix ans de présence dans ce pays sahélien en proie à une insurrection jihadiste, la France a décidé à repositionner au Niger près de 2000 de ses soldats de l’opération Barkhane. Sauf que ce redéploiement n’a pas été bien accueilli par une partie de l’opinion publique nigérienne. En novembre 2021, des heurts ont fait deux morts lorsqu’un convoi logistique de Barkhane a été bloqué à Tera, dans l’ouest du Niger par des manifestants hostiles à la présence française au Sahel.

« Dans ce contexte, ces dons et appuis de la France peuvent être interprétés comme une volonté de l’ancienne puissance coloniale de redorer son image au Niger et en Afrique », estime Aboubacar Y. Barma, rappelant que « la France ne jouit pas d’une bonne presse au sein de l’opinion et surtout de la société civile car elle est perçue comme une puissance dont les sociétés exploitent les ressources naturelles locales sans véritable retombées pour la population ».

De son côté, la juriste nigérienne, Souwaiba Ibrahim replace les choses dans un « cadre normatif ». « La France est ici depuis 2013. Il n’y a jamais eu de brouille entre elle et les autorités nigériennes. Au contraire, les liens se sont renforcés, en dépit de la friction avec le Mali », soutient-elle, reconnaissant par contre que les autorités nigériennes ont pris les devants pour « légaliser » l’installation des soldats français de l’opération Barkhane au Niger. « Pour vous dire que les autorités nigériennes et la France ont agi afin de donner une base légale solide à cette coopération. Ils ne se sont pas limités à la coopération bilatérale signée entre les deux gouvernements. Comme pour dire : regardez, c’est légal (loi) et légitime (approuvé par les représentants du peuple) », indique la juriste.

Selon Souwaiba Ibrahim, il faut ajouter à cela le fait que « les soldats français ne font des missions terrain seuls comme c’était le cas au Mali ». « Ici, ils opèrent conjointement avec les soldats nigériens. Les soldats français partent en mission toujours sous l’ordre d’un commandement nigérien. Et c’est une grande différence avec ce qu’ils faisaient au Mali », souligne-t-elle. De juillet à octobre, l’État-major des armées nigériennes a fait état d’une quinzaine d’opérations conjointes menées dans l’ouest avec les militaires français dans l’Ouest. Une trentaine de jihadistes auraient été arrêtés lors de ces opérations.

Cette proximité avec la France n’empêche pas au Niger de s’ouvrir à d’autres partenaires. Souwaiba Ibrahim rappelle que « le président Bazoum ne tarit pas d’éloges sur toutes les coopérations militaires étrangères », y compris la Russie avec laquelle « le Niger a une coopération pour la formation de l’armée de l’air et l’achat d’avions » même si pour le chef de l’Etat nigérien, il n’est pas question de travailler avec la compagnie militaire privée, Wagner.

Mali : la société civile fustige la décoration d’un juge islamique

Des organisations de la société civile malienne, ont montré leur hostilité à la décoration d’un juge islamique Houka Houka Ag Alhousseini.La décoration de Houka Houka par l’État malien pour « service rendu à la paix et au vivre ensemble » n’est pas du goût de 37 organisations de la société civile malienne. Elles ont manifesté leur désaccord dans un communiqué conjoint publié mercredi 16 novembre. « Nos 37 organisations condamnent avec énergie la distinction par le gouverneur de la région de Tombouctou de monsieur Houka Houka Ag Alhousseini, ancien commissaire islamique d’Ansar Dine à Tombouctou, toujours poursuivi par la justice malienne pour des faits de crimes de guerre, crimes contre l’humanité, perpétrés pendant la période d’occupation de Tombouctou », déplorent les organisations de la société civile qui appellent « à l’annulation de cette reconnaissance et à la mise à la disposition de l’intéressé à la justice malienne pour qu’il soit jugé ».

Pour ces organisations, parmi lesquelles le Cadre de concertation des ODDH de Tombouctou et Yermatoun, une association de défense des droits civils active dans la même région, l’ « acte du gouverneur est contraire au principe de l’Etat de droit et constitue une atteinte à la mémoire des victimes ».

« Cet acte est de nature à célébrer les bourreaux au moment où les victimes attendent désespérément que des procès soient organisés », dénonce la société civile malienne. Elle est d’autant plus remontée contre le gouverneur de Tombouctou qui « est censé savoir que Houka Houka est toujours poursuivi pour des crimes de droit international imprescriptibles », rappelant qu’en 2015, des organisations avaient déposé une plainte contre l’intéressé avec constitution de parties civiles « pour le compte de 33 victimes présumées de violences sexuelles commises à Tombouctou qualifiées de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre ».

Le 11 novembre dernier,Houka Houka Ag Alhousseini a été honoré en même temps qu’une trentaine de personnalités religieuses et coutumières lors de la journée des légitimées traditionnelles pour service rendu en faveur du retour de la paix et du vivre ensemble dans la région de Tombouctou.

Deux semaines plus tôt, en sa qualité de Cadi ((juge musulman remplissant des fonctions civiles, judiciaires et religieuses) de Zouérat, dans le cercle de Goundam, il a posé trois conditions au gouverneur de la région de Tombouctou pour la réouverture des écoles. La première consiste à « introduire l’arabe à l’école, dont le Coran et son interprétation en langue du milieu et dans tous les ordres d’enseignement ». Au sujet du second cycle, le religieux exige aussi que les « rangées des filles et des garçons soient séparées par une barrière lorsqu’il est impossible de séparer la classe ». « Il est souhaitable que les filles soient enseignées par les femmes et les garçons par des hommes lorsque les classes sont séparées », ajoute-t-il, souhaitant que les enseignants soient visibles par les élèves en fonction de leur genre.

En 2019, le Conseil de sécurité des Nations Unies a prononcé des sanctions contre Houka Houka Ag Alhousseini pour ses agissements faisant obstacle à la mise en œuvre de l’Accord d’Alger signé en 2014 entre l’État malien et des groupes rebelles nordistes.

Arrêté en janvier 2014 par les soldats français à la faveur de l’intervention Serval pour chasser les jihadistes du nord du Mali, Houka Houka a été libéré huit mois plus tard par les autorités maliennes. Depuis, il vit à Zouérat, un village situé à l’ouest de Tombouctou. Selon les Nations-Unies, il a été réintégré dans ses fonctions d’enseignant en septembre 2017 par le gouverneur de la région de Tombouctou de l’époque, Koina Ag Ahmadou, sous la pression du dirigeant de la Coalition du peuple de l’Azawad (CPA), Mohamed Ousmane Ag Mohamidoune.

Minusma: Ces pays africains sur le départ

D’ici neuf mois, la Côte d’Ivoire ne comptera plus de casque bleu au Mali.

En septembre 2021, à la tribune des Nations unies, le Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga, avait reproché à la France son « abandon en plein vol », déplorant le retrait partiel de la force Barkhane dans son pays confronté à la violence jihadiste depuis une décennie. Ces derniers mois, des pays africains ont annoncé également leur désengagement de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma).

Les derniers casques bleus ivoiriens quitteront le territoire malien en août 2023, sans être relevés. Les autorités ivoiriennes en ont fait l’annonce mardi 15 novembre sans expliquer les raisons du retrait de leurs 900 compatriotes déployés au Mali dans le cadre de la mission onusienne de stabilisation de ce pays sahélien. Mais avant la Côte d’Ivoire, le Bénin et l’Egypte étaient les deux autres pays africains à avoir annoncé leur retrait de la Minusma à la suite de plusieurs pays européens tels que le Royaume-Uni.

En mai dernier, le Bénin avait exprimé le besoin de rappeler ses troupes en vue de renforcer sa sécurité intérieure après des attaques à la frontière avec le Burkina Faso. Ce sont ainsi 456 éléments béninois de la Minusma qui rentreront progressivement dans leur pays avant novembre 2023, assure Cotonou.

« Ces derniers temps, le Bénin est confronté à une situation sécuritaire inquiétante du fait des actes de terrorisme orchestrés à ses frontières nord par des hommes armés non identifiés. De ce fait, le pays prévoit de mobiliser toutes les compétences humaines, matérielles et logistiques nécessaires pour renforcer sa sécurité », avait expliqué le ministère béninois des Affaires étrangères dans sa lettre adressée au secrétaire général des Nations unies.

A la suite du Bénin, l’Onu a reçu la lettre de désengagement de l’Egypte qui compte un millier de soldats dans la Minusma. Après avoir perdu sept soldats depuis le début de l’année, Le Caire a décidé de suspendre temporairement les activités de ses casques bleus présents au Mali à compter du 15 août 2022 pour une durée indéterminée. 

« La décision de l’Égypte de se retirer temporairement des forces des Nations Unies correspond d’abord aux attaques contre ces soldats. La force de la Minusma est une force défensive. Elle n’est pas une force qui a l’autorisation d’attaquer et d’éliminer. Et je pense que c’est aussi une faiblesse structurelle liée à cette présence », analysait pour la chaîne panafricaine Africa 24 Hichem Ben Yaïche, expert en géopolitique.

Quant à la Côte d’Ivoire, son retrait inexpliqué de la Minusma intervient alors que les relations diplomatiques avec Bamako se sont considérablement dégradées depuis l’affaire dite des « 49 militaires ». Ces soldats ivoiriens accusés de « mercenariat » sont arrêtés à Bamako le 10 juillet dernier et placés sous mandat de dépôt. Si trois d’entre eux ont été libérés, 46 sont toujours détenus au Mali, accusés par la justice malienne de « tentative d’atteinte à la sûreté de l’État ».

La Côte d’Ivoire a toujours réfuté ces accusations, assurant que ces soldats étaient appelés en opération de soutien logistique à la Minusma. Le Togo joue le rôle de médiateur entre Abidjan et Bamako depuis le 28 juillet, mais les négociations n’ont toujours pas permis d’aboutir à un règlement de cette affaire dans un contexte de lutte contre le terrorisme encore prégnant dans la région du Sahel, particulièrement au Mali.

A la date du 16 septembre, dix-neuf pays africains étaient contributeurs de militaires et de policiers à la Minusma. 

Le retrait annoncé de troupes africaines de la Minusma est diversement commenté et sonne chez certains analystes comme un mauvais signe quant à la longévité de cette mission dont l’efficacité est de plus en plus en remise en cause. Le mandat de la Minusma a été renouvelé le 30 juin dernier par le Conseil de sécurité des Nations Unies pour une année supplémentaire avec quelques changements majeurs comme la suppression de l’appui logistique de Barkhane aux forces onusiennes ainsi que la réduction par la junte malienne du champ d’action de la Division des Droits de l’Homme pour enquêter sur les allégations d’exactions qui lui sont rapportés.

Mali : Londres justifie le retrait de ses soldats de la Minusma

Le gouvernement britannique accuse les autorités maliennes de ne pas être disposées à travailler pour assurer une stabilité et une sécurité durables.Le Royaume-Uni continuera de soutenir les missions de maintien de la paix de l’Onu au Sahel, mais plus à partir du Mali. Londres a en effet officialisé, lundi dernier, le retrait de ses troupes de ce pays ouest-africain confronté à la récurrence des attaques jihadistes.

« Aujourd’hui, […], je peux annoncer que le contingent britannique quittera également la Minusma (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali)
plus tôt que prévu. […], nous devons être clairs sur le fait que la responsabilité de tout ceci incombe à Bamako. Deux coups d’État en trois ans ont sapé les efforts internationaux pour faire avancer la paix », avait déclaré, lundi devant le parlement, le secrétaire d’État à la Défense, James Heappey.

Comme Paris, Londres va également redéployer ses troupes dans d’autres pays de la région afin de continuer sa lutte contre les groupes jihadistes. Lundi et mardi prochains, Accra, la capitale ghanéenne va accueillir une réunion qui va regrouper divers acteurs « pour coordonner notre réponse renouvelée à l’instabilité dans le Sahel », a informé M. Heappey.

« Il s’agira du premier grand rassemblement en faveur de l’initiative d’Accra – une solution dirigée par l’Afrique de l’Ouest, qui vise initialement à empêcher la contagion de l’insurrection en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Togo, au Bénin et au Niger et à s’attaquer aux niveaux croissants de violence au Burkina Faso et au Mali – ce qui rend cette conférence très opportune », a-t-il expliqué.

Le retrait des troupes anglaises de Gao sera coordonné avec les alliés. « L’armée va donner des ordres imminents pour reconfigurer le prochain déploiement afin de réduire notre présence. Nous quittons la Minusma plus tôt que prévu et nous sommes, bien sûr, attristés par la façon dont le gouvernement de Bamako a rendu si difficile la présence de nations bien intentionnées », a-t-il dit.

Selon le secrétaire d’État à la Défense, le Royaume-Uni travaillera rapidement avec ses alliés dans la région et en Europe pour soutenir l’initiative d’Accra afin d’assurer la sécurité, la stabilité et la prospérité en Afrique de l’Ouest. « Notre engagement envers cette région reste entier », a-t-il assuré.

Burkina : Le capitaine Traoré réorganise l’armée

Le capitaine Ibrahim Traoré a signé plusieurs décrets réorganisant les Forces armées nationales (FAN).

Le Burkina comprend désormais six régions militaires pour l’armée de terre, deux régions aériennes pour l’armée de l’air, six régions de gendarmerie et six groupements de force, selon un décret présidentiel, signé le 14 novembre 2022 par le capitaine Traoré. Cette disposition abroge de fait, celle de 1994 portant organisation du territoire national en zones de défense et en régions militaires.

Un autre décret crée six Bataillons d’intervention rapide (BIR). Basés à Ouagadougou, ils peuvent etre déployés sur l’ensemble du territoire national en fonction « des nécessités opérationnelles », précise la note officielle consultée par APA. « Les BIR vont intervenir le plus rapidement possible et le plus en avant, en privilégiant la mobilité et la puissance face à la menace contre l’intégrité du territoire », explique le décret présidentiel.

Le capitaine Ibrahim Traoré ajoute que ces Bataillons sont  mis à la disposition du Commandement des opérations du theatre national (COTN), lui-même désormais placé sous l’autorité administrative du Chef d’Etat-major général des armées (CEMGA) et du commandement opérationnel du CEMGA adjoint.

Le capitaine Farouk Azaria Sorgho a été nommé commandant du 4e Bataillon d’intervention rapide. Il est connu pour avoir lu le communiqué lors du putsch du 30 septembre 2022 contre le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba.

Le président Traoré a également procédé à plusieurs nominations. Le lieutenant-colonel Christian Ouattara a été nommé, dans la foulée, chef d’état-major de l’armée de l’air. Il remplace le colonel Vincent de Paul Ouédraogo, proche du président déchu, Paul-Henri Damiba.

Dans un autre décret, en date du 14 novembre, le chef de l’État burkinabè a nommé de nouveaux commandants de régions militaires. Une quarantaine d’officiers d’active ont été promus à des grades supérieurs pour compter du 1er octobre 2022.

L’ex-député de l’Assemblée législative de transition (ALT), Dr Arouna Louré, acteur de la société civile, a estimé que la promotion des capitaines met en évidence la « fracture entre les officiers subalternes et les officiers supérieurs et généraux ». Pour lui, le fait de les nommer à des rôles de commandant des régions militaires « est très courageux, et en même temps suicidaire ». Il a expliqué que ce sont des postes qui devraient être reversés à des Colonels ou des officiers généraux selon un certain organigramme.

« De même, nous n’aurons plus de lieutenant-colonel au front. J’imagine mal un lieutenant-colonel au front sous le commandement d’un capitaine ou d’un commandant. Ainsi ces nominations voudraient dire une chose : la non employabilité des officiers supérieurs et des officiers généraux », a insisté Dr Louré.

Le capitaine Traoré tente de prendre le contrôle de l’armée. En mi-octobre, il avait nommé le capitaine Oumarou Yabré, directeur général de l’Agence nationale de renseignement (ANR).

Au pouvoir depuis début octobre, le capitaine avait annoncé une réorganisation de l’armée pour la rendre plus opérationnelle et efficace sur le front. Il a lancé une vaste opération de recrutement de soldats de rang et de supplétifs de l’armée.

Mali : la Côte d’Ivoire retire son contingent de la Minusma

Face à l’intransigeance de Bamako de libérer ses soldats accusés de mercenariat, la Côte d’Ivoire a annoncé le « retrait » progressif de ses troupes de la Minusma.La crise politique qui perdure depuis cinq mois entre la Côte d’Ivoire et le Mali, prend un nouveau virage. Le ministre ivoirien délégué aux Affaires étrangères avait déjà donné le ton le 28 octobre lors de son entretien avec le secrétaire général des Opérations de paix, Jean Pierre Lacroix.

Le gouvernement ivoirien est passé à la vitesse supérieure le 11 novembre dernier en confirmant au bureau du secrétaire général adjoint aux opérations de paix des Nations Unies, le « retrait progressif » de ses troupes de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).

« La relève de la compagnie de protection basée à Mopti et le déploiement des officiers d’Etat-major (MSO) et des officiers de police prévus en octobre 2022 ne pourront plus être effectués », explique la mission permanente de la Côte d’Ivoire à l’Onu. « De même, poursuit la note consultée par APA, la Côte d’Ivoire n’envisage pas relever en août 2023 les militaires et autres éléments présents au sein de la Minusma ». A la date du 1er juillet 2020, la Côte d’Ivoire était le 7e contributeur de militaires à la Minusma, avec 816 soldats.

Tensions entre Abidjan et Bamako

Cette décision intervient dans un contexte de brouille diplomatique entre Bamako et Abidjan, suite à l’arrestation par les autorités de la transition malienne de 49 soldats ivoiriens, le 10 juillet à l’aéroport international Modibo Keita Bamako-Senou. Accusés de mercenariat, les militaires ivoiriens ont été inculpés vendredi 12 août pour « tentative d’atteinte à la sûreté de l’État » par le Procureur de la république près le tribunal de grande instance de Bamako VI au grand dam d’Abidjan.

La Côte d’Ivoire a immédiatement exigé leur libération sans conditions, indiquant que les soldats arrêtés sont inscrits au fichier de l’armée et sont déployés au Mali dans le cadre d’un mécanisme de soutien de troupes onusiennes connu sous le nom de NSE (éléments nationaux de soutien).

Une mission de médiation ouest-africaine, sous l’impulsion du Togo, engage des discussions entre les deux parties et parvient à faire libérer trois femmes parmi les 49 soldats, assurant que les pourparlers se poursuivraient pour la libération des 46 restants. Mais coup de théâtre, au lendemain de ce qui ressemblait à un début de dégel, le Colonel Assimi Goïta, recevant le ministre nigérian des Affaires étrangères, exige en contrepartie l’extradition de personnalités maliennes qui se sont réfugiées en Côte d’Ivoire.

Abidjan dénonce « un chantage » et une « prise d’otage » et saisit dans la foulée la Commission de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) pour arbitrer le différend avec son voisin du nord. À cet effet, une session extraordinaire est convoquée par le chef de l’État bissau-guinéen, Umaro Sissoco Embalo, président en exercice de l’institution à New York, en marge de la 77e Assemblée générale des Nations-Unies.

Au terme de leur réunion du 22 septembre, les chefs d’État ouest-africains exigent la libération des soldats ivoiriens et décident d’envoyer à Bamako « une mission de haut niveau » constituée de trois présidents dont les résultats de la visite au Mali le 29 septembre, ne sont toujours pas connus du grand public.

Mali : Londres va retirer ses troupes

Cette annonce fait suite au retrait définitif de l’armée française du territoire malien selon le quotidien anglais The Times.Londres emboîte le pas à Paris dans son désengagement militaire au Mali. Les 250 soldats britanniques jusqu’ici engagés dans la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) vont quitter le pays sahélien.

L’information a été donnée par le quotidien anglais The Times qui informe que le retrait du Royaume-Uni intervient à la suite de l’annonce, mercredi 9 novembre 2022, du président français Emmanuel Macron de la fin officielle de l’opération militaire Barkhane au Sahel qui combat depuis 2014 la présence jihadiste dans la région. Une décision consécutive au retrait des derniers soldats français du Mali voici trois mois.

Les forces britanniques, issues des Light Dragoons et des Royal Anglians, ont été déployées à Gao, dans l’est du pays, dans le cadre de l’opération Newcombe en 2020. Ils participaient à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), qui implique 11.700 soldats de 65 pays.

Burkina : le capitaine Ibrahim Traoré lâche ses « vérités »

Le président de la transition burkinabè a entamé une série de rencontres avec les forces vives de la nation pour, dit-il, dépeindre « la réalité du Burkina ».Dans une vidéo de 12mn45 rendant compte d’une rencontre avec les partis politiques et la société civile, tenue vendredi 11 novembre 2022 et diffusée sur la télévision nationale et la page Facebook de la présidence du Faso dimanche soir, le capitaine Ibrahim Traoré a dépeint une situation sécuritaire difficile.

Au pouvoir depuis début octobre 2022, le chef de l’Etat a rappelé les origines du terrorisme au Burkina, dû essentiellement à une mauvaise gouvernance. « J’ai marché pour traverser le Sahel (…). Il n’y a rien là-bas. Qu’avons-nous construit ? Qu’avons-nous fait de sérieux dans cette zone ? Qui en est responsable ? C’est nous », a décrit Ibrahim Traoré.

Malgré les alertes, rien n’a été fait en termes d’actions de développement en faveur de plusieurs régions, aujourd’hui sous le joug des groupes armés terroristes. « C’est nous qui avons créé cette situation. On a tout fait pour abandonner certains peuples (…) à cause de nos intérêts égoïstes (…). Nous sommes responsables du malheur qui nous arrive », a insisté le capitaine.   

Dans un franc-parler que les Burkinabè découvrent, il s’en est vivement pris aux hommes politiques qu’il a accusés d’avoir « infiltré » et « politisé » l’armée au point que chaque soldat « agit en fonction de certain bord politique ». Avec le coup d’Etat du 24 janvier 2022 qui avait porté le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba au pouvoir, il a un temps espérer que « ça va cesser, mais ça continue ».

Le capitaine Traoré a également fustigé l’attitude des citadins qui, selon lui, ne mesurent pas encore la gravité de la situation. « Je parie que les gens ignorent sérieusement la situation dans laquelle nous nous trouvons. Dans les grandes villes, la vie est tout autre. Hors de ces villes, vous n’imaginez même pas ce qui se passe. Est-ce que vous êtes conscients que le territoire est presque perdu ? », a-t-il demandé à l’assistance. 

Pour illustrer ses propos, il a pris l’exemple des attaques terroristes régulières sur la Route nationale N°1, reliant Ouagadougou à Bobo-Dioulasso. « C’est quand la route sera coupée que certaines personnes vont prendre conscience », a poursuivi le Chef de l’Etat du Burkina Faso.

Conséquence directe de la crise sécuritaire, le capitaine Traoré a dépeint une situation humanitaire des plus catastrophiques. Loin du folklore urbain, il a évoqué le cas de « ces enfants qui ont la peau sur les os, ces vieillards qui meurent de faim, ces femmes qui ne peuvent plus allaiter parce qu’elles n’ont plus rien dans leur sein (…), des gens qui mangent des herbes » dans les localités occupées par les jihadistes.

Dans un « langage de vérité », il a aussi dénoncé le manque de solidarité des Burkinabè dans ce contexte difficile. Des commerçants ont fait de la surenchère dans la location de camions pour ravitailler les zones sous blocus des groupes armés terroristes. « C’est quoi l’intégrité ? Burkina Faso, où est l’intégrité ? (…) Il n’y a aucune pitié (…). Le Burkinabè n’a pas pitié du Burkinabè (…) Les gens meurent ailleurs, mais à Ouagadougou on fait la fête », a déploré le capitaine.

Il a invité les acteurs politiques et de la société civile à faire leur « introspection » et leur « mea culpa ». « L’avenir de ce pays est entre vos mains. (…) Chacun [est] libre, à partir de cet instant de son action future, soit pour la patrie, soit contre la patrie », a tranché le capitaine Traoré.

Pour Fabé Mamadou Ouattara, journaliste au quotidien national Sidwaya, le capitaine Ibrahim Ouattara a dit ses « vérités » à la classe politique et à la société civile, parce qu’il estime que « ce sont eux qui ont mené le pays dans cette situation ». Comme le capitaine veut « asseoir son autorité, il surfe sur la vague de discrédit qui pèse sur ces acteurs », a dit l’observateur de la vie politique Burkinabè. 

« Le capitaine Ibrahim Traoré accuse l’armée, mais il semble dire qu’il se charge de mettre l’armée au pas et demande aux autres de faire profil bas s’ils ne veulent pas aller dans le sens de la transition », a analysé Fabé Mamadou Ouattara. 

La RDC au menu du tête à tête entre Kagamé et Embaló

Le président de la Guinée-Bissau Umaro Sissoco Embaló, effectue une visite au Rwanda pour évoquer la situation sécuritaire en RD Congo avec Paul Kagamé.Alors que la tension monte entre le M23 et l’armée rwandaise, le président de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest est en visite de travail depuis dimanche à Kigali pour évoquer la situation sécuritaire en RD Congo avec Paul Kagamé.

Il s’agit du deuxième voyage de M. Embaló dans la région des Grands Lacs après une visite similaire à Kinshasa au début du week-end où il s’est entretenu avec le président congolais Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo sur la même question.

« Cet après-midi, au village Urugwiro, le président Paul Kagamé a reçu le président Umaro Sissoco Embaló de Guinée-Bissau », a déclaré le bureau du président à Kigali dans un communiqué.

Les rapports indiquent que les deux dirigeants ont discuté des moyens de renforcer davantage les liens bilatéraux entre le Rwanda et la Guinée-Bissau. Ils ont échangé sur la situation sécuritaire dans la région.

C’est la deuxième visite d’un chef d’Etat au Rwanda, une semaine après que le président Kagamé a eu des entretiens avec son homologue angolais João Lourenço pour normaliser les relations entre Kigali et Kinshasa, qui s’étaient accusés mutuellement de soutenir les rebelles de l’autre.

En tant que président de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), M. Lourenço joue le rôle de facilitateur des efforts de paix entre le Rwanda et la RD Congo, par le biais de la feuille de route de Luanda.

La RD du Congo accuse le Rwanda de soutenir les rebelles du M23, qui ont progressé ces dernières semaines vers des villes clés de l’est du pays.

Le gouvernement de Félix Tshisekedi a récemment expulsé l’ambassadeur rwandais à Kinshasa, citant le rôle de Kigali dans l’aide et l’encouragement de la dernière campagne des rebelles contre l’armée congolaise.

Kigali a à son tour accusé à plusieurs reprises Kinshasa d’avoir intégré ce qu’il appelle les forces génocidaires des FDLR dans son armée FARDC et de les avoir habilitées à bombarder le territoire rwandais depuis leurs bases en RD Congo.

Le M23 a été vaincu par l’armée congolaise (FARDC) et les forces spéciales de la MONUSCO en 2013, mais il s’est depuis regroupé et a commencé son offensive dans l’est du pays en novembre 2021.

Burkina : l’armée accusée « d’exactions » contre des civils

Le gouvernement burkinabè a démenti les allégations de violation de droits humains, suite à des frappes aériennes dans le nord du pays.Le Haut-commissariat des Nations unies aux droits humains (HCDH) a saisi les autorités, le jeudi 10 novembre 2022, pour des allégations de violation de droits humains sur des civils dans la province du Soum, a rapporté le porte-parole du gouvernement, Jean Emmanuel Ouédraogo, ce samedi.

Le Bureau pays du HCDH a accusé les soldats du 14e Régiment interarmes de Djibo, d’avoir tiré des obus sur les villages de Holdé, Yaté, Mena et Dabere-Pogowel, dans le Soum, au nord du pays, le mercredi 09 novembre. L’agence onusienne n’a pas pu dresser un « bilan exact » mais a fait cas de « plusieurs personnes tuées y compris des femmes et des enfants ». Aussi, elle dit craindre que les tirs ne se poursuivent.

Très au fait des activités des groupes armés non étatiques, l’activiste Wendpouire Charles Sawadogo a fait cas de frappes aériennes et autres actions militaires visant des positions terroristes dans les mêmes localités. « En plus de plusieurs terroristes tués, nous déplorons malheureusement des victimes collatérales », a indiqué le lanceur d’alerte.

En milieu de semaine, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) a porté les mêmes accusations contre l’armée en précisant qu’elle avait tué « 42 civils, dont 40 femmes et enfants » à Yaté, le lundi 07 novembre 2022.

Le gouvernement a déclaré qu’il n’est pas surpris par lesdites allégations de violations des droits de l’Homme, à l’encontre des Forces de défense et de sécurité (FDS). « Elles interviennent à un moment où des actions offensives sont engagées par nos vaillantes forces combattantes contre des groupes armés terroristes qui opèrent dans la région du Sahel, suite à l’attaque du camp militaire du 14e Régiment Interarmes de Djibo le 24 octobre 2022 ».

Le porte-parole du gouvernement a précisé que les accusations d’exactions font partie d’une stratégie « de manipulation et de désinformation [des groupes armés terroristes] surtout lorsqu’ils sont mis en difficulté comme c’est le cas actuellement ».

M. Sawadogo a salué le professionnalisme des soldats Burkinabè. Toutefois, « ce qui s’est passé à Djibo, les victimes collatérales, c’est regrettable… Nous avons des FDS, très bien formés… Ils ne peuvent pas exécuter des civils. Ce sont des dommages collatéraux regrettables », a-t-il commenté.

Toutefois, le gouvernement de transition a rassuré qu’il est « soucieux du respect des droits humains » dans sa lutte contre le terrorisme. Il a indiqué que des enquêtes seront diligentées, « en vue de faire toute la lumière et sanctionner les auteurs de cas de violations établies. »

L’armée Burkinabè est plusieurs fois accusée d’exactions contre des civils. Des organisations de défense des droits de l’homme, telle que le Comité de lutte contre la stigmatisation des communautés (CISC) font régulièrement cas d’enlèvements et d’exécutions sommaires.

Le Mali dément la blessure par balle de l’aide de camp d’Assimi Goita

L’aide de camp du colonel Assimi Goïta n’est pas atteint par un tir, selon le gouvernement malien de la transition.Dans un article publié vendredi 11 novembre et réactualisé ce samedi, le quotidien français Libération fait savoir que le capitaine Souleymane Traoré, aide de camp du chef de la junte militaire au Mali, a été atteint par un tir au palais présidentiel de Koulouba, à Bamako, mercredi 2 novembre. « Une balle l’a atteint au niveau du thorax. Blessé, l’homme a survécu grâce à son gilet pare-balles, freinant l’impact du projectile », indique le journal, précisant que « l’incident a été confirmé par trois sources sécuritaires distinctes » avant de se demander s’il s’agit « d’un avertissement visant le président du Mali ou d’un règlement de compte entre militaires ».

Bamako n’est pas resté sans réaction après que cette information a fait le tour de la toile dans un contexte de guerre informationnelle entre Paris et Bamako. « Le gouvernement de la transition dément totalement les faits évoqués par le quotidien français Libération qui poursuit les activités subversives des médias +milles collines+ France 24 et Radio France internationale, interdits au Mali », a déclaré le Premier ministre intérimaire, le colonel Abdoulaye Maïga.

« En outre, il condamne cette manœuvre non professionnelle, désespérée, éhontée et immorale quotidien français Libération », a-t-il ajouté alors que le journal note que « la présidence n’a pas répondu à (ses) sollicitations ». Mais pour le gouvernement malien, « cet article est commandité et prémédité par les forces obscurantistes et rétrogrades ne visant qu’à créer la psychose et tenter désespérément à déstabiliser la transition, en décrivant un scénario macabre monté de toutes pièces ».

La junte au pouvoir à Bamako, suite à un double coup d’Etat en août 2020 contre le président Ibrahim Boubacar Keïta et en mai 2021 contre le président de la transition Bah N’daw, a renforcé sa coopération avec la Russie pour « combler le vide » laissé par la France, accusée d’« abandon en plein vol » dans la lutte contre l’insurrection menée par des groupes jihadistes depuis une décennie.

Les autorités maliennes qui ont fait appel à des « instructeurs russes » sont accusés par plusieurs médias et chancelleries occidentales de recourir aux services des « mercenaires » de la compagnie privée militaire russe controversée, Wagner.

En janvier dernier, le bras de fer entre Paris et Bamako a connu un tournant lorsque les autorités maliennes ont dénoncé les accords militaires qui liaient leur pays à la France depuis 2013, à la faveur de l’intervention Serval et ont demandé aux militaires français de quitter le territoire malien « sans délai ».

Le président français, Emmanuel Macron, avait indiqué alors que son pays se retirerait « en bon ordre » et ne transigerait pas sur la sécurité de ses soldats. Mercredi 9 novembre, il a annoncé la « fin officielle » de l’opération Barkhane même si l’armée française restera au Sahel sous un format « plus léger », répondant à « l’expression de besoins explicites venant des armées africaines ».

Aéroport d’Abidjan : NAS Ivoire devient Menzies aviation

Les pôles du géant koweïtien des services aéroportuaires NAS opéreront sous la bannière Menzies, plateforme britannique que Agility, la société mère de l’entreprise koweïtienne a rachetée.Agility, société de services de chaîne d’approvisionnement et d’infrastructure, a finalisé l’acquisition de la société Menzies Aviation, basée au Royaume-Uni, qu’elle a fusionnée avec sa société National Aviation Services (NAS) pour créer un leader mondial des services d’assistances aéroportuaire.  

Opérant sous le nouveau nom de Menzies Aviation, l’entreprise fusionnée (National Aviation Services) fournira désormais des services d’assistance au sol, la gestion de passagers, la maintenance en ligne, la gestion des salon VIP, le refuelling des avions.

Les revenus combinés de Menzies et NAS ont dépassé 1,5 milliard de dollars en 2021. La nouvelle société, présente dans plus de 254 aéroport répartis dans 58 pays, compte aujourd’hui environ 34 000 employés.

Elle assiste plus de 600 000 rotations d’avions, gère plus de 2 millions de tonnes de fret aérien, 2,5 millions de tonnes de carburant refueller dans les avions par an. Son ambition est de développer l’activité afin d’être le numéro 1 incontesté des services d’assistance aéroportuaire.

Les clients bénéficient désormais d’un service de classe mondiale, d’une offre de produits élargie et des meilleures pratiques de sécurité de l’industrie dans 254 aéroports sur six continents. La nouvelle société fournit en outre des solutions innovantes à des structures en pleine croissance.

Burkina : le GSIM revendique l’attaque près de la frontière avec le Togo

La région du Centre-est a été la cible d’une attaque jihadiste revendiquée par la filiale d’Al Qaïda au Sahel.En déplacement samedi 5 novembre à Djibo, à plus de 200 kilomètres au nord de Ouagadougou, le capitaine Ibrahim Traoré, président de la transition au Burkina Faso a demandé aux militaires de se tenir prêts pour les prochains combats contre les groupes jihadistes.

Le même jour, une patrouille mixte de Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP) et de soldats burkinabés sont tombés sur une embuscade jihadiste dans la localité de Soudougui, dans la province de Koulpélogo (Centre-est).

Cet incident rapporté par des comptes de veille sécuritaire sur Twitter a été confirmé par le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM) jeudi 10 novembre.

Le groupe jihadiste lié à Al Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) revendique cette attaque et affirme avoir tué 14 membres des forces de défense et de sécurité. La filiale sahélienne d’AQMI déplore en même temps deux morts dans ses rangs.

L’Etat-major général des armées burkinabè n’a pas encore fait de communication sur cette attaque menée par les insurgés islamistes près de la frontière avec le Togo. « Le groupe jihadiste démontre être en mesure de mener des attaques au-delà de sa « zone de confort qui est la région du Sahel », analyse une source sécuritaire contactée par APA.

Pour répondre à l’extension de l’insurrection jihadiste sur son territoire, Ouagadougou a lancé une vaste campagne de recrutement de militaires et de VDP.

Depuis 2015, le Burkina Faso est en proie à une crise sécuritaire en lien avec l’activité de groupes jihadistes affiliés à Al Qaïda ou à l’Etat l’Islamique, faisant plusieurs milliers de victimes parmi les Forces de défense et de sécurité et les civils. Cette insécurité a été à l’origine de deux coups d’État en moins d’une année.

Après avoir renversé Roch March Christian Kaboré en janvier dernier, le lieutenant-colonel Damiba qui avait promis d’inverser la tendance dans la lutte contre les jihadistes a été déposé à son tour le 30 septembre dernier par le capitaine Ibrahim Traoré, désigné depuis président de la transition.

« Notre partenariat n’a de sens que s’il répond à l’expression de besoins des armées africaines » (Emmanuel Macron)

Au Sahel, la présence de l’armée française doit cadrer avec les besoins exprimés des pays de la région.Comme annoncé, Emmanuel Macron a décrété la fin officielle de l’opération Barkhane qui avait vocation à combattre les jihadistes chassés du septentrion malien en 2013 par l’Intervention Serval. Le président français présentait mercredi 9 novembre, à Toulon, la Revue stratégique de défense et de sécurité nationale.

Pour le chef de l’Etat français, « les formes traditionnelles sur lesquelles se déclinait » la vocation de la France à être pourvoyeuse de sécurité en Afrique sub-saharienne, doivent être réinventées radicalement.

« Notre engagement aux côtés de nos partenaires en Afrique doit être désormais centré sur une logique d’appui et de coopération à leurs armées », réoriente Emmanuel Macron selon qui, « cela doit se traduire par un dispositif plus léger et plus intégré avec elles ». « C’est pourquoi, assure-t-il, nous lancerons dans les prochains jours une phase d’échange avec nos partenaires africain, nos alliés et les organisations régionales pour faire évoluer ce statut, le format et les missions actuelles des bases françaises au Sahel et en Afrique de l’Ouest, afin de bâtir avec les intéressés une organisation des instruments communs et partagés de soutien aux armées de la région ».

Dans cette perspective, le président français se donne six mois pour « finaliser » avec ses partenaires africains une stratégie centrée autour d’ « interventions bornées dans le temps ». Il s’agira surtout de « principes définis avec eux », déclinés « à l’échelle de chaque pays, selon les besoins qui seront exprimés » par chacun en termes d’ « équipements, de formations, de partenariats opérationnels, d’accompagnement dans la durée et d’intimité stratégique ».

Emmanuel Macron est convaincu que « notre partenariat n’a de sens que s’il est un partenariat véritable qui répond à l’expression de besoins explicites venant des armées africaines », s’inscrivant en « complémentarité des partenariats économiques, politique et administratif dans ces pays ».

De 5000, le dispositif militaire français a été réduit à 3000 soldats déployés au Niger, au Burkina Faso et au Tchad.

La décision de la France de sursoir à la forme actuelle du déploiement de ses forces armées en Afrique de l’Ouest intervient dans un contexte de dégradation de ses relations diplomatiques avec le Mali, sur fond de renforcement de la coopération entre ce pays et la Russie. Mais aussi d’une collaboration supposée de la compagnie militaire russe controversée, Wagner avec les décideurs de Bamako.

La junte au pouvoir depuis mai 2021 après un coup d’État contre le président de la transition qu’elle a même installé neuf mois plus tôt, nie la présence de mercenaires russes sur le sol malien et affirme qu’il s’agit plutôt d’ « instructeurs » appelés pour combler le vide laissé par la France accusée d’ « abandon en plein vol ».

« L’expertise en matière de fabrication d’explosifs change la donne sécuritaire au Sahel » (chercheure)

Les groupes jihadistes présents au Sahel n’engagent plus constamment leurs hommes en première ligne pour attaquer les ennemis, préférant recourir aux engins explosifs improvisés (EEI) afin de « poursuivre leur stratégie de terreur à moindre frais », soutient Solène Jomier, chargée de recherche au Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (Grip).1. Ces dernières années, de nombreuses attaques à l’engin explosif improvisé ont été notées au Sahel central (Mali, Burkina et Niger). Comment expliquez-vous cela ? 

Ces armes sont relativement faciles à fabriquer car les composants sont disponibles sur le marché régulier (souvent des biens dits “à double usage”). Ce sont des armes bon marché, avec un rapport qualité/prix avantageux, financièrement abordables pour les groupes terroristes susceptibles de les fabriquer.

Pour confectionner ces armes, il faut cependant avoir à sa disposition l’expertise technique nécessaire. Il y a une dizaine d’années, les groupes terroristes actifs dans le Sahel ne disposaient que de manière marginale de ce type de connaissance. C’est avec l’émergence du conflit libyen et la chute de l’État islamique en Syrie et au Levant (qui a provoqué un exil de combattants vers le continent africain) que cette compétence s’est diffusée au Sahel.

2. Du point de vue stratégique, que représentent les engins explosifs improvisés pour les groupes jihadistes ? 

Les engins explosifs improvisés (EEI) sont une façon très simple et abordable pour les groupes terroristes de causer des pertes à leurs ennemis sans pour autant risquer la vie de leurs propres hommes. On est clairement dans un schéma de conflit asymétrique. Ces engins, par leur discrétion et leur relative imprédictibilité, participent à nourrir la stratégie de peur de ces groupes, qui cherchent à instiller un sentiment profond d’insécurité parmi les populations civiles et les forces de sécurité de l’État.

3. Dans l’arsenal des jihadistes, quelle place occupent les engins explosifs improvisés ? 

L’introduction de l’expertise en matière de fabrication d’engins explosifs improvisés dans le Sahel a clairement changé la donne sécuritaire. Il y a une dizaine d’années, des groupes comme al-Mourabitoun menaient avant tout des attaques armées avec leurs hommes en première ligne. On citera entre autres la prise d’otages du Radisson Blu à Bamako, au Mali (2015) ou bien l’incident d’In Amenas dans le Sud-Est de l’Algérie (2013).

Aujourd’hui, les engins explosifs improvisés sont devenus le mode opératoire privilégié des groupes jihadistes au Sahel. Moins coûteux en hommes et en matériels que des attaques armées coordonnées, les EEI permettent à ces groupes de poursuivre leur stratégie de terreur à moindre frais. Cette méthode n’est pas exclusive aux groupes jihadistes du Sahel, on la retrouve aussi chez les groupes armés islamistes présents au Moyen-Orient, comme en Irak ou bien en Afghanistan.

Cela traduit aussi le changement d’objectif des groupes terroristes dans la région. Ils n’ont plus l’ambition de contrôler des territoires (comme cela avait été le cas avec le contrôle de Tombouctou en 2012 par exemple), mais de les déstabiliser. Un objectif plus réaliste au regard de leurs capacités, mais tout aussi inquiétant pour l’avenir de la région.

Il ne faut cependant pas mettre au second plan les massacres de civils également commis par les groupes terroristes, en particulier dans la zone du Mali centre et celle des trois frontières (Mali, Burkina et Niger). C’est un mode opératoire de plus en plus fréquent ces trois dernières années, et particulièrement préoccupant.

4. Quel est l’impact des engins explosifs improvisés dans la guerre contre les jihadistes ? 

Les engins explosifs improvisés ont mis la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) en difficulté. Depuis sa création en 2013, au moins 177 Casques Bleus (chiffre ONU juillet 2022) sont morts dans des actes malveillants (c’est-à-dire qu’on exclut les morts par accident ou maladie). Cela fait d’elle la mission de maintien de la paix la plus meurtrière pour ses soldats depuis la création des Nations Unies.

Parmi ces 177 morts, au moins 93 ont perdu la vie à cause des engins explosifs improvisés (chiffre de juin 2022). Ces attaques à l’explosif ont également blessé au moins 698 civils et 596 Casques bleus depuis 2013.

Les violences ont connu un pic en 2021 avec la mort de 28 soldats de la paix dans l’explosion d’EEI et autres attaques armées. La mission paie donc un lourd tribut sur le terrain, qu’elle s’attelle à diminuer par d’importants efforts en matière de déminage et de lutte anti-EEI.

En 2022, la mission rapporte de multiples incidents – mortels ou non – toutes les semaines. On peut donc parler d’une fréquence élevée. Pour donner une échelle de grandeur, de juillet 2021 à juin 2022 (soit une année de mandat de la mission onusienne), la Minusma a répertorié 213 attaques à l’EEI, contre 149 pour la période précédente (juillet 2020 à juin 2021).

6. De quels moyens disposent les pays du Sahel et les forces étrangères pour faire face à cette menace grandissante ?

Les capacités des pays du Sahel pour détecter et désactiver en masse les EEI restent limitées au regard des besoins croissants de la région. Le partage de compétences sera un enjeu crucial afin de faciliter le rattrapage nécessaire à cet égard.

Face à des incidents qui se multiplient, la Minusma a mis en place une série d’actions afin de minimiser les risques et de limiter le nombre de victimes. Elle s’est notamment dotée d’équipes spécialisées dans la détection d’engins explosifs improvisés. On citera notamment les contingents cambodgiens déployés actuellement au sein de la mission et qui sont des spécialistes de renommée internationale en la matière.

L’introduction d’équipes spécialisées en déminage et en détection d’engins explosifs improvisés a permis d’améliorer la détection et la neutralisation de ce type d’engin. En 2014, à l’orée de l’émergence de l’utilisation des EEI, la mission ne détectait en moyenne que 11 % d’engins avant leur explosion. Ce chiffre est monté à 50 % en 2020, alors même que les attaques de ce type étaient beaucoup plus fréquentes.

Pour autant, ce travail de fourmi, très fastidieux et difficile, complique la tâche de la mission au quotidien, en particulier ses patrouilles, dont la fréquence régulière aide à prévenir les attaques contre les civils.

Sahel : clap de fin pour l’opération française Barkhane

En 2014, cette opération militaire menée au Sahel et au Sahara par l’Armée française, avec une aide secondaire d’armées alliées, avait remplacé l’intervention Serval pour combattre les jihadistes.Après le retrait du dernier soldat français du Mali en août dernier, il était attendu que le président Emmanuel Macron déclare la fin de l’opération Barkhane. Le chef de l’État français va donc passer à l’acte ce mercredi 9 novembre à l’occasion d’un discours qu’il prononcera à Toulon, dans le Sud de la France.

Il s’agira pour le numéro 1 de l’Elysée de « marquer officiellement la fin de Barkhane et d’annoncer une adaptation significative de nos bases en Afrique ». De 5000, le dispositif français dans la région est passé à 3000 soldats déployés au Niger, au Burkina Faso et au Tchad.

L’objectif est de « réduire l’exposition et la visibilité » de leurs forces militaires en Afrique, privilégiant la coopération et l’appui en termes d’équipement, de formation, de renseignement et de partenariat opérationnel avec les pays qui le souhaitent.

Les soldats français se sont retirés du Mali sur fond de crise diplomatique entre Paris et Bamako. Les nouvelles autorités de la transition, issues du coup d’État de mai 2021 accusent la France « d’abandon en plein vol ». Ce, en réponse à l’annonce en juin 2021 par Emmanuel Macron de la « réarticulation » de l’opération Barkhane.

Pour combler le vide laissé par ce dispositif qui a pris le relai de l’intervention Serval depuis 2014 pour combattre les groupes jihadistes liés à Al-Qaïda ou à l’Etat islamique, Bamako a renforcé sa coopération avec la Russie, faisant appel à des « instructeurs » russes considérés comme des mercenaires de la compagnie militaire privée Wagner par plusieurs diplomates et médias occidentaux.

Depuis, les relations diplomatiques entre les deux pays se sont dégradées. Le Mali a dénoncé les accords militaires le liant à la France depuis 2013. En août dernier, Bamako a accusé Paris de collusion avec des groupes jihadistes et a dans la foulée réclamé une plénière aux Nations unies pour exposer ses « preuves ».

Une demande renouvelée lors du passage du ministre des Affaires étrangères malien au Conseil de sécurité, en marge de la réponse au rapport du Secrétaire général de l’Onu sur la situation politique et sécuritaire au Mali. Par la voix de son représentant permanent à l’Onu, la France a qualifié ces accusations de « diffamatoires et mensongères ».

Manifestations du 20 octobre au Tchad : vers une enquête internationale

Des enquêteurs internationaux arriveront bientôt au Tchad pour faire la lumière sur la répression meurtrière des manifestations du 20 octobre dernier.Les autorités de N’Djamena ont donné leur aval. Une mission d’enquête internationale sera déployée dans les prochains jours au Tchad pour tenter d’établir la vérité sur la violente répression de manifestants opposés au maintien au pouvoir de Mahamat Idriss Déby Itno, président de la transition et fils du défunt président Idriss Déby. Ces événements qui se sont passés, il y a trois semaines, ont occasionné la mort d’une cinquantaine de personnes et 300 blessés.

Sous le feu des critiques depuis lors, le gouvernement tchadien était pressé par la communauté internationale et des organisations de défense des droits humains à ouvrir une enquête internationale. Ces dernières estiment que rien ne peut justifier le recours abusif à la force sur des citoyens qui expriment leur opinion sur le fonctionnement démocratique de leur pays.

Déjà, une mission de facilitation de la Communauté économique des États d’Afrique centrale (CEEAC) est en cours depuis le 25 octobre. Elle sera renforcée dans les prochains jours par des enquêteurs de l’Union africaine (UA) et de l’Organisation des Nations unies (ONU). Le projet consiste ainsi en une mission d’enquête conjointe CEEAC-UA-ONU. Si N’Djamena l’a acceptée sur le principe, les détails ne sont pas encore précisés, faisant surgir des doutes sur l’indépendance des enquêteurs.

En réaction aux manifestations violemment réprimées, le général Mahamat Idriss Déby, président de la transition du Tchad, a pris la parole le 25 octobre pour les qualifier d’« insurrection minutieusement préparée » par l’opposition dirigée par le leader du parti Les Transformateurs, Succès Masra, avec le « soutien de puissances étrangères » qu’il n’a pas nommées. Selon des sources médiatiques, l’opposant a fui le territoire tchadien pour se réfugier au Cameroun voisin après le bain de sang du 20 octobre.

Ce jour en effet, l’opposition avait appelé à manifester contre le régime du fils du défunt Idriss Déby. Il venait de prolonger de deux ans la transition, sur proposition d’un dialogue national boycotté par une grande partie de l’opposition, de la société civile et de la rébellion armée. Proclamé président après la mort de son père tué au front par des rebelles, le jeune général venait de boucler 18 mois au pouvoir.

Les engins explosifs improvisés : l’autre arme des jihadistes au Sahel

Dans la guerre non conventionnelle que mènent les mouvements jihadistes au Sahel, leurs munitions explosives hantent les forces qui les combattent sans relâche.Il ne se passe pas un mois sans que les engins explosifs improvisés (EEI) ne fassent tristement parler d’eux au Sahel central couvrant le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Les convois des différentes forces qui y combattent les groupes jihadistes risquent à tout moment de rouler sur ces minutions dissimulées sur les routes ou encore les pistes.

Prohibées à l’échelle internationale, après l’entrée en vigueur de la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel, le 1er  mars 1999, ces armes sont à classifier en trois grandes catégories : les EEI déclenchés par la victime selon le mécanisme d’une mine terrestre, les engins à temporisation programmés pour exploser à un moment précis et les engins télécommandés dont la charge explosive est déclenchée par la pression délibérée ou non du commutateur.

« L’usage d’un type ou un autre dépend de la cible. Quand c’est par exemple pour frapper la force Barkhane, dont les patrouilles sont plus protégées contre cette menace avec le blindage des véhicules ou le brouillage électronique, les jihadistes ont recours à des techniques différentes de celles utilisées contre les Forces armées maliennes », explique Wassim Nasr, spécialiste des mouvements jihadistes.

Depuis le début de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) en 2013, les engins explosifs improvisés ont tué au moins 93 Casques bleus (chiffre de juin 2022).

Un rapport de la Minusma, arrêté au 31 août dernier, a recensé 245 attaques aux EEI en 2021 et 134 en 2022 pour 103 morts en 2021 contre 72 en 2022. « Presque les trois quarts des victimes se trouvent dans les rangs de l’armée malienne et des forces internationales, plus du quart parmi les civils », souligne le document.

« Le recours aux engins explosifs improvisés n’est pas un phénomène nouveau dans le Sahel. Cette pratique remonte à longtemps. Il y a de plus en plus d’EEI car ils sont désormais faciles à fabriquer », indique M. Nasr, journaliste à France 24.

En fait, le savoir-faire pour ce type d’armes s’est propagé comme une traînée de poudre. « Il y a une dizaine d’années, les groupes terroristes actifs dans le Sahel ne disposaient que de manière marginale de l’expertise technique nécessaire à la mise au point d’EEI. C’est avec l’émergence du conflit libyen et la chute de l’État islamique en Syrie et au Levant (qui a provoqué un exil de combattants vers le continent africain) que cette compétence s’est diffusée au Sahel », avance Solène Jomier, chargée de recherche au Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (Grip).

« Il faudra un jour aussi pointer les responsabilités de certains grands commerçants de toutes ethnies et de députés ou élus locaux dans la constitution des filières d’importation d’engrais et de matériels explosifs miniers dont une grande partie a été volée et vendue en connaissance de cause
aux groupes armés terroristes. Il est inconcevable de voir que les pays sahéliens sont négligents dans le suivi de ces matières alors que les gens meurent dans leurs usages », fustige une source à Amanar-Advisor, cabinet de conseil en intelligence stratégique installé à Strasbourg, en France.

« L’arme du pauvre »

Les groupes jihadistes opérant au Sahel s’adaptent à leurs moyens logistiques pour poursuivre leurs desseins. Dans cette partie de l’Afrique aride, couvrant une superficie de  5,4 millions km2, il y a « une relative facilité d’accès aux matières premières pour la confection d’engins explosifs improvisés, un transfert de compétences via d’abord des forums et messageries cryptées puis grâce à l’avènement des messageries comme WhatsApp », note notre interlocuteur à Amanar-Advisor.

Ce dernier assure que « le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (Gsim ou Jnim en arabe) a démocratisé la pratique en l’adaptant aux réalités sahéliennes, montrant une forme d’ingénierie sur le sujet grâce à des artificiers de talent. Le Gsim a importé au Sahel les savoir-faire des talibans (Afghanistan) ».

Le moindre coût des éléments qui entrent dans la préparation des engins explosifs improvisés en fait « l’arme du pauvre », soutient Wassim Nasr, avant d’ajouter que les jihadistes utilisent aussi « les explosifs de militaires capturés » au combat.

Toutes choses qui font que « les EEI sont une façon simple et abordable pour les groupes terroristes de causer des pertes à leurs ennemis sans pour autant risquer la vie de leurs propres hommes. On est clairement dans un schéma de conflit asymétrique. Ces engins, par leur discrétion et leur relative imprédictibilité, participent à nourrir la stratégie de peur de ces groupes, qui cherchent à instiller un sentiment profond d’insécurité parmi les populations civiles et les forces de sécurité de l’État », remarque la chercheure du Grip.

Les engins explosifs improvisés produisent donc un effet psychologique en ce sens qu’ils installent une crainte permanente chez les cibles potentielles en les maintenant sous pression. « Il suffit d’avoir un EEI sur une route pour la bloquer pendant un moment. Le soupçon seulement ralentit la progression de l’ennemi. S’il y a une attaque jihadiste dans un endroit, l’évolution du convoi des militaires sera beaucoup plus lente
avec la prise en compte du risque de rouler sur des EEI », analyse Wassim Nasr.

Quels moyens de lutte ?

Par la force des choses, « les engins explosifs improvisés sont devenus le mode opératoire privilégié des groupes jihadistes au Sahel. Moins coûteux en hommes et en matériels que des attaques armées coordonnées, les EEI permettent à ces groupes de poursuivre leur stratégie de terreur à moindre frais », constate Solène Jomier.

Face à la récurrence des incidents liés aux EEI, précise-t-elle, la Minusma met en œuvre « une série d’actions afin de minimiser les risques et de limiter le nombre de victimes. Elle s’est notamment dotée d’équipes spécialisées dans la détection d’EEI. On citera notamment les contingents cambodgiens, au sein de la mission, qui ont une renommée internationale en la matière ».

Pour cette chargée de recherche au Grip, « l’introduction d’équipes formées a amélioré la détection et la neutralisation de ce type d’engins. En 2014, à l’orée de l’émergence de l’utilisation des EEI, la mission ne trouvait en moyenne que 11 % d’engins avant leur explosion. Ce chiffre est monté à 50 % en 2020, alors même que les attaques de ce genre étaient beaucoup plus fréquentes ».

Toutefois, soutient-elle, « ce travail de fourmi, très fastidieux et difficile, complique la tâche de la mission au quotidien, en particulier ses patrouilles, dont la fréquence régulière aide à prévenir les attaques contre les civils ».

À l’évidence, les pays sahéliens en proie au jihadisme ont tous des capacités limitées pour atténuer la menace des engins explosifs improvisés. Pour autant, on ne peut pas encore qualifier cet espace de champ de mines. « Pour le dire, il faut avoir un territoire complètement inaccessible. Ce n’est pas actuellement le cas au Sahel. Il faudrait aussi avoir des engins qui résistent au temps », estime M. Nasr, auteur du livre État islamique, le fait accompli.

Burkina : Le Capitaine Ibrahim Traoré à Djibo

Pour sa première sortie officielle à l’intérieur du pays, le président Ibrahim Traoré a choisi Djibo, ville sous blocus des groupes jihadistes.

En tenue de guerre, le capitaine Ibrahim Traoré s’est rendu, samedi 05 novembre 2022, sur la ligne de front pour « porter du réconfort » aux soldats basés à Djibo (nord), qui ont subi une attaque jihadiste le 24 octobre dernier, rapporte la Présidence du Faso, ce lundi en début de soirée. L’attaque revendiquée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) avait coûté la vie à 10 soldats, selon l’armée qui avait affirmé avoir tué au moins 18 terroristes.

« Félicitations pour le travail abattu, beaucoup de courage pour la suite », a dit le capitaine Traoré au personnel du 14e Régiment interarmes de Djibo avec qui il a échangé sur les conditions de travail avant de leur demander de garder le cap. « Partout où le devoir va nous appeler, partout où les populations auront besoin de nous, nous irons. Nous allons reconquérir tout le territoire », a soutenu le Capitaine Ibrahim Traoré, kalachnikov en bandoulière.

Le président Traoré a promis que les soldats déployés depuis « plus de 2 ans » dans cette ville, constamment victime d’exactions des jihadistes, seront relevés afin de leurs « permettre d’aller se ressourcer pour être plus efficaces ».

Première destination officielle du président de la transition à l’intérieur du pays, Djibo est assiégé par des insurgés islamistes. Les populations ont été ravitaillées en vivres les 2 et 3 novembre dernier. Le 26 septembre, un convoi humanitaire en route pour cette ville de la région du Sahel avait été la cible d’une attaque à Gaskindé, revendiquée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al Qaida. Elle avait officiellement fait 37 victimes dont 27 militaires, 70 conducteurs de camions restent disparus, selon leur syndicat.

L’attaque de Gaskindé avait précipité chute du lieutenant-colonel Paul Henri Damiba, renversé par le capitaine Ibrahim Traoré alors qu’il venait de boucler huit de transition après avoir lui-meme déposé Roch Marc Christian Kaboré en janvier dernier.

Réflexions à Abidjan sur la technologie et la sécurité

Abidjan abrite du 7 au 11 novembre 2022 la 6e édition de la Session internationale de la réflexion stratégique (SIRS) avec 45 participants venus d’Afrique et d’Europe, dont 35 Ivoiriens.Cette conférence internationale qui réunit depuis 2015 des experts internationaux et nationaux sur la question de sécurité se déroulera durant cinq jours autour du thème « Technologie et sécurité-défense : quels enjeux pour l’Afrique ? ».

Les participants examineront le rapport entre technologie et sécurité lors de ces assises qui ont pour but le partage d’expériences afin de mettre en place des réflexions stratégiques, dont chaque pays pourra utiliser pour prévenir les menaces.

Dans un monde en pleine mutation, les États éprouvent le besoin d’innover sans cesse, pour être à la hauteur des enjeux sécuritaires du moment. Ce qui justifie cette rencontre qui des forces de sécurité et de défense de ces différents pays.

L’innovation, aujourd’hui, est un atout pour avoir une posture avant-gardiste face aux menaces sécuritaires multiformes. Elle permet également de développer des capacités d’anticipation de façon stratégique pour trouver des réponses aux enjeux de demain.

Conscientes de ces enjeux dans un développement d’une politique de défense et de sécurité en adéquation avec les menaces actuelles, les armées des pays africains accordent de plus en plus une attention particulière à cette question.

Plusieurs initiatives sont prises par les pays africains sur le plan politique, institutionnel, législatif et structurel. Cette session vise à permettre aux Etats de disposer de moyens technologiques innovants et des appareils sécuritaires performants et efficaces dans l’accomplissement de leurs missions régaliennes.

Cette 6e édition se veut, par ailleurs, un cadre d’analyse et de renforcement des capacités des hauts responsables de l’administration, du secteur privé et des forces armées africaines sur l’usage des technologies en matière de sécurité et de défense.  

Des experts mettront à la disposition des auditeurs, des outils de décryptage et des clés d’analyse relatifs au rôle joué par la technologie dans la construction d’un système de sécurité et de défense suffisamment solide pour assurer la stabilité d’un État.  

A l’ouverture des travaux, ; le directeur de Cabinet Jean-Paul Manlan, représentant le ministre d’Etat, ministre de la Défense, a souligné que ces assises sont d’une grande importance pour l’Afrique surtout pour la lutte contre le terrorisme.

La Côte d’Ivoire, dans ce contexte, a choisi de renforcer d’avantage l’une des fonctions stratégiques axées sur l’anticipation afin de permettre au pays dans certaines mesures de se mettre à l’abri des dangers potentiels.

Structure locale en charge de l’organisation de cet évènement, l’Institut d’études stratégiques et de défense (IESD), qui, depuis 2015 organise cette cession internationale, contribuera à éclairer les participants dans la prise des décisions stratégiques.

Cet institut qui ambitionne d’être une école nationale à vocation régionale, se positionne comme une structure de formation de haut niveau pour les cadres civils et militaires. Cette session est soutenue par partenaires notamment français depuis la première édition en 2015.