Affaire Bolloré: un silence des autorités françaises et du CSA?

Vincent Bolloré a été mis en examen mercredi soir pour « corruption d’agent public étranger et complicité d’abus de confiance et faux et usage de faux ».

Les juges français ont des soupçons sur la manière dont le groupe Bolloré s’est vu octroyer la concession des ports de Lomé au Togo et Conakry en Guinée. La justice cherche à déterminer si l’homme d’affaires français a utilisé ou non son agence de communication, Havas, pour favoriser l’arrivée au pouvoir des présidents Faure Gnassingbé et Alpha Condé afin de décrocher ces concessions portuaires.

Le groupe Bolloré, on le sait, est extrêmement présent sur le continent africain, et pas seulement par le biais l’agence de communication Havas. Bolloré est également présent en Afrique via son groupe de médias Canal+.

Un « instrument de propagande », estime l’un des rédacteurs en chef du groupe. Jean-Baptiste Rivoire dénonce la mainmise du milliardaire français sur les contenus éditoriaux diffusés par sa chaîne.

Affaire Bolloré: la Guinée coopérera avec la France (ministre)

La Guinée coopérera à l’enquête en France contre l’homme d’affaires français Vincent Bolloré, inculpé mercredi soir pour corruption, notamment dans l’attribution de la concession du port de Conakry, a affirmé le ministre guinéen de la Justice, Cheick Sako.

« En tant que ministre de la Justice, je dis que la Guinée va collaborer avec la France », a déclaré M. Sako mercredi soir à des journalistes à Conakry, dont un correspondant de l’AFP.

De son côté, le député Fodé Oussou Fofana, vice-président du principal parti d’opposition, l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), a réclamé l’ouverture d’une enquête parlementaire sur l’ensemble des marchés publics attribués depuis l’arrivée au pouvoir du président Alpha Condé en décembre 2010.

« Nous allons exiger la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire », a déclaré M. Fofana à des journalistes mercredi soir.

« Nous allons prendre tous les dossiers, à commencer par ce dernier, pour demander des explications au gouvernement afin que la situation soit très claire. Nous irons au fond de cette affaire pour savoir si effectivement il y a eu corruption ou pas », a-t-il dit, en référence au dossier Bolloré.

Selon l’opposant, « depuis que le président Alpha Condé est au pouvoir, tous les marchés qui ont été donnés l’ont été de de gré à gré ».

Le président Condé avait résilié le 8 mars 2011 par décret la convention de concession du terminal du port de Conakry octroyée en 2008 pour 25 ans à Getma, filiale de l’armateur français NCT Necotrans, pour la confier au groupe Bolloré, déclenchant une bataille judiciaire entre les deux rivaux.

Les magistrats français qui ont inculpé M. Bolloré notamment de « corruption d’agent étranger » tentent de déterminer si le groupe a utilisé les activités de conseil politique de sa filiale Havas pour obtenir la gestion des ports de Conakry et Lomé (Togo) via une autre de ses filiales, Bolloré Africa Logistics, anciennement appelée SDV.

SDV avait obtenu la gestion la concession à Lomé peu avant la réélection en 2010 du président togolais Faure Gnassingbé, conseillé dans sa campagne par Havas, tout comme Alpha Condé en Guinée.

Le groupe a démenti ces accusations dans un communiqué, faisant valoir que « les concessions obtenues au Togo l’ont été en 2001, bien avant l’entrée du groupe dans Havas, et en Guinée, en 2011, à la suite de la défaillance du n°1 (le groupe étant arrivé en seconde position lors de cet appel d’offres), défaillance constatée avant l’élection du président » Condé.

Ports africains: Vincent Bolloré mis en examen pour « corruption »

Après deux journées en garde à vue, le milliardaire français Vincent Bolloré est ressorti mercredi soir du bureau des juges financiers parisiens avec une mise en examen retentissante pour « corruption », dans une enquête sur les conditions d’attributions de ses concessions portuaires en Afrique de l’Ouest.

» qui reste présumé innocent pourra avoir enfin accès à ce dossier dont il n’a jamais eu connaissance et répondre à ces accusations infondées », a déclaré son porte-parole dans un communiqué annonçant la mise en examen.

L’homme d’ de 66 ans, qui avait été placé en garde à vue mardi matin dans les locaux de la police anticorruption à Nanterre, a été mis en examen pour « corruption d’agent étranger » et complicité d’ »abus de confiance » et de « faux et usage de faux », a-t-on appris de source judiciaire.

Cette mise en examen, rarissime pour un chef d’entreprise français d’une telle envergure, a été décidée par les juges Serge Tournaire et Aude Buresi, connus pour avoir récemment poursuivi Nicolas Sarkozy dans l’affaire du financement libyen de sa campagne de 2007.

Le chef d’entreprise, encore aux commandes du groupe Bolloré mais qui vient de céder à son fils Yannick les rênes du géant de la communication Vivendi, est ainsi rattrapé par cette vaste enquête qui cible également deux cadres de son groupe, placés avec lui en garde à vue à Nanterre.

Présenté à son tour aux juges, le directeur général de Bolloré, Gilles Alix, a été mis en examen pour les mêmes chefs que son patron. Jean-Philippe Dorent, responsable du pôle international d’Havas, filiale du groupe, est lui poursuivi pour « abus de confiance » et « faux et usage de faux » mais échappe aux poursuites pour « corruption », a annoncé à l’AFP son avocat Hervé Témime.

Un quatrième homme placé en garde à vue mardi à leurs côtés, l’entrepreneur Francis Perez, a, lui, été remis en liberté mercredi vers 14H00 sans qu’aucune charge ne soit retenue contre lui, a annoncé son avocat, Me Jean-Robert Phung.

– « Sans autre forme de procès » –

Les juges Serge Tournaire et Aude Buresi soupçonnent le groupe Bolloré d’avoir utilisé les activités de conseil politique de Havas afin de décrocher la gestion des ports de Lomé, au Togo, et de Conakry, en Guinée, via une autre de ses filiales, Bolloré Africa Logistics, anciennement appelée SDV.

SDV a obtenu la gestion du port de Conakry quelques mois après l’élection d’Alpha Condé fin 2010, et avait remporté la concession à Lomé peu avant la réélection en 2010 de Faure Gnassingbé, qui étaient alors tous deux conseillés par Havas.

S’appuyant en particulier sur les documents retrouvés lors des perquisitions de 2016 au siège du groupe Bolloré, les magistrats soupçonnent Havas d’avoir sous-facturé ses services rendus aux deux candidats victorieux pour obtenir, en contrepartie, la gestion des concessions portuaires, selon Le Monde.

A chaque fois, la désignation de SDV a entraîné à une bataille judiciaire avec les anciens gestionnaires. S’agissant de Conakry, le français Necotrans avait, dès mars 2011, déposé une plainte pour « corruption internationale », rapidement classée sans suite par le parquet de Paris.

Bolloré avait fini par être condamné en 2013 à Nanterre à verser plus de 2 millions d’euros à Necotrans. Le groupe avait toutefois été placé en redressement judiciaire en juin 2017 avant d’être racheté par Bolloré.

Les soupçons sur les activités africaines de Vincent Bolloré ont aussi été nourris par les plaintes d’un de ses anciens associés, le Franco-Espagnol Jacques Dupuydauby, évincé du port de Lomé en 2009.

Mardi, le groupe Bolloré avait déjà « formellement » démenti avoir commis des irrégularités en Afrique, où il gère 16 terminaux portuaires.

« Les concessions obtenues au Togo l’ont été en 2001, bien avant l’entrée du groupe dans Havas, et en Guinée, en 2011, à la suite de la défaillance du n°1 (le groupe étant arrivé en seconde position lors de cet appel d’offres), défaillance constatée avant l’élection du président », a fait valoir le groupe.

« Bolloré remplissait toutes les conditions d’appel d’offres. C’est un ami, je privilégie les amis. Et alors ? », s’était toutefois justifié Alpha Condé au journal Le Monde en 2016.

Vincent Bolloré en garde à vue pour des soupçons de corruption en Afrique

Selon une information rapportée par le journal « Le Monde », Vincent Bolloré a été placé en garde à vue ce mardi 24 avril. L’industriel français est entendu dans les locaux de la police judiciaire de Nanterre pour des soupçons de corruption en Guinée et au Togo. Les activités portuaires de son groupe à Lomé et à Conakry sont mises en cause.
Une question est au centre de cette affaire, pour laquelle une information judiciaire est ouverte : comment le groupe Bolloré a-t-il obtenu les concessions de deux terminaux à conteneurs sur les ports de Lomé et de Conakry ?

Fort soupçon de corruption

Un fort soupçon pèse, celui de corruption. L’affaire commence en 2010. Havas, une filiale du groupe Bolloré spécialisée en communication conseille Alpha Condé à l’occasion de la campagne présidentielle guinéenne. La même année, le groupe s’occupe également de la communication de Faure Gnassingbé, candidat à sa réélection au Togo.

Mais voilà, ces missions de conseil auraient été sous-facturées. Le but aurait été d’obtenir en échange de ce service des concessions portuaires très lucratives. Des concessions que le groupe Bolloré obtiendra par la suite.

Documents saisis

Selon les informations du journal Le Monde, cette piste est étayée par des documents saisis au siège du groupe lors d’une perquisition il y a deux ans en avril 2016. Il s’agit donc d’une enquête de longue haleine, dont la garde à vue de Vincent Bolloré dans les locaux de la police judicaire de Nanterre est le dernier épisode en date.

Par ailleurs, le directeur général du groupe Bolloré, Gilles Alix, et le responsable du pôle international de Havas, Jean-Philippe Dorent, ont également été placés en garde à vue mardi à Nanterre aux côtés de leur patron Vincent Bolloré, a appris l’AFP de source judiciaire. « Le groupe Bolloré dément formellement que sa filiale de l’époque SDV Afrique ait commis des irrégularités. Les prestations relatives à ces facturations ont été réalisées en toute transparence », a indiqué de son côté le groupe dans un communiqué.

L’Afrique, un continent stratégique pour le groupe Bolloré

Au niveau de la logistique portuaire, le groupe Bolloré a fait de l’Afrique sa terre d’élection. Il s’y est installé il y a plus de 30 ans. Bolloré Africa Logistics, la filiale du groupe sur le continent gère aujourd’hui, seule ou en partenariat, 16 ports maritimes et une vingtaine de ports secs. Des marchés que le groupe dit avoir gagné grâce à son expertise portuaire, son expérience et son réseau industriel.

Le groupe est également concessionnaire de la gestion d’un certain nombre de lignes ferroviaires en Afrique de l’Ouest, mais aussi au Cameroun. Des chemins de fer qui relient souvent les villes portuaires aux capitales des pays traversés.

Le groupe a investi deux milliards d’euros dans ces deux secteurs ces huit dernières années, et il a parfois des positions de monopole, comme en Côte d’Ivoire. Bolloré en Afrique, c’est aussi des plantations, notamment de palmiers à huile dans un certain nombre de pays d’Afrique occidentale et d’Afrique centrale

Vincent Bolloré bientôt devant les juges dans l’affaire de reprise de la concession du port de Conakry

C’est une information révélée par le magazine Challenges : Vincent Bolloré pourrait être bientôt convoqué par les juges d’instruction du pôle financier qui enquêtent notamment sur les conditions de reprise de la concession du port de Conakry, en Guinée, et d’un terminal à conteneurs du port de Lomé, au Togo. Une perquisition avait déjà été menée en avril 2016 au siège du groupe Bolloré dans le cadre de cette enquête. Le groupe Bolloré a indiqué n’avoir reçu aucune convocation visant les des membres de sa direction.
En 2010, alors qu’Alpha Condé est en campagne pour l’élection présidentielle guinéenne, il reçoit les conseils d’un dirigeant de l’agence de publicité Havas, Jean-Philippe Dorent. Une agence dans laquelle Bolloré détient des parts. Une fois élu en 2011, Alpha Condé va écarter Getma de la concession du terminal à conteneur du port de Conakry pour la confier au groupe Bolloré Africa Logistic.

A la même époque, Faure Gnassingbé candidat à sa propre succession au Togo fait appel au même Jean-Philippe Dorent pour une partie de sa communication. Quelques mois plus tard, Bolloré reçoit la concession du terminal à conteneur du port de Lomé au détriment de Jacques Dupuydauby.

La justice française qui a ouvert une enquête soupçonne le groupe Bolloré d’avoir utilisé les services rendus par le dirigeant de Havas pour obtenir des contreparties.

Depuis avril 2016 et la perquisition des juges au siège du groupe Bolloré, les enquêteurs cherchent à prouver qu’il y aurait eu « corruption d’agent public étranger ».

Bolloré se défend de toute action illégale et affirme que c’est sa seule expertise portuaire qui lui a valu de remporter ces contrats. Vincent Bolloré va-t-il devoir s’expliquer devant les juges français ? Pour l’instant, le groupe dit n’avoir reçu aucune convocation visant sa direction.

■ Le groupe Bolloré en Afrique

A la tête d’un conglomérat présent sur quatre continents dans la gestion portuaire, l’opérateur français a fait de l’Afrique sa terre d’élection.

Présente en Afrique depuis plus de trente ans, Bolloré Africa Logistics gère aujourd’hui, seule ou en partenariat, seize ports maritimes et une vingtaine de ports secs. Les conditions de l’obtention de la gestion logistique des ports de Conakry et de Lomé, au centre d’une enquête judiciaire, renforcent l’idée que Vincent Bolloré, l’homme qui murmure à l’oreille de certains chefs d’Etat, profiterait de cette proximité pour fructifier ses affaires. Ces huit dernières années, ses investissements se chiffreraient à deux milliards d’euros, lesquels, se défend-il, lui auraient permis d’acquérir les concessions portuaires incriminées.