Elections en Guinée: Des partis engagés pour le respect de la date du 22 mars

Le collectif des Partis politiques engagés ( une vingtaine de formations politiques) dans le processus électoral-2020 demande au Président Alpha Condé de maintenir et de respecter la date du 22 mars, annoncée comme « date ultime » pour le double scrutin législatif et référendaire.

Et dans la foulée, la vingtaine de Partis Politiques engagés dans le processus et leur porte-parole ont tenu à exposer leur priorité non sans partager le contenu du décret du 13 mars fixant la date des élections au dimanche 22 mars 2020 « Nous, les vingt partis politiques engagés aux élections législative et référendaire, prenons acte du décret du chef de l’Etat fixant la date du 22 mars 2020 comme date ultime pour la tenue effective des deux scrutins en République de Guinée. Nous invitons humblement le président de la République, chef de I ‘État à maintenir la date du 22 Mars 2020, conformément aux dispositions de l’article 124 et suivants du code électoral révisé, adopté, promulgué et publié au journal officiel de la République ».

Opposé à un autre report de la date du double scrutin législatif et référendaire, le porte-parole du collectif des partis politiques engagés dans le processus électoral, Ibrahima Sory Condé a même lancé lundi, 16 mars, un avertissement aux pays frères et à la communauté internationale afin qu’ils optent pour le respect du droit et de la souveraineté du peuple de Guinée « les pays amis et frères, la communauté internationale sont invités à respecter le droit et la souveraineté du peuple de Guinée, en s’abstenant de s’immiscer dans la gestion des affaires électorales dont la résolution des contentieux relève du domaine de la loi électorale et non du politique »a indiqué Ibrahima Sory Condé qui a également invité les autorités guinéennes à assurer la sécurité du processus électoral, des candidats aux législatives, des citoyens et de leurs biens.

Et à propos du coronavirus, le leader du Parti- GDE, Aboubacar Soumah a souligné que « la France qui totalise près de 200 morts sur plus de 5.500 cas, a organisé dimanche les élections municipales ; nous en Guinée, on a un seul cas de COVID 19 ; pas de mort. On tiendra ces élections vaille que vaille » a-t-il soutenu.

Il faut dire qu’un report de la date du 22 mars ressemblerait un avis de décès pour le Parti au pouvoir et une implosion des structures du RPG, avant même la fin du mandat du président. Loin de l’extrémisme politique, le changement de la date du 22 mars pourrait sonner le glas de l’autorité de l’Etat, malmenée ces derniers temps par les décisions et contre-décisions au sein du gouvernement.

Guinée: Le double scrutin de nouveau reporté

Alors que le président Alpha Condé avait déclaré que les législatives se tiendraient le 15 mars 2020, plusieurs observateurs estimaient déjà que ce délai serait impossible à respecter.

Initialement prévus pour le 28 décembre 2019, puis reportés à plusieurs reprises, les législatives couplées au référendum constitutionnel avaient finalement été reportés au 15 du même mois. Cependant la question du fichier électorale fait toujours polémique.

En effet, les partis de l’opposition qui refusent de prendre part à ces élections avancent que le fichier électoral contiendrait plus de 2 millions 500 mille électeurs fictifs. L’OIF (Organisation internationale de la Francophonie) qui accompagne le processus électoral en Guinée a jugé «problématique» le cas des 2,5 millions de noms d’électeurs figurant sur les listes des doublons et des personnes décédées Une situation sur laquelle doivent statuer les experts de la CEDEAO.

« Nous n’avons pas encore le rapport des experts de la CEDEAO » a expliqué le président de la commission électorale nationale indépendante (Céni), Amadou Salifou Kébé, ce 10 mars. Par conséquent, ce double scrutin ne se tiendra pas ce 15 mars, a confirmé un haut responsable de la Céni.

Guinée : L’opposition veut intensifier les manifestations malgré le report du référendum

Après l’annonce du report du référendum constitutionnel, l’opposition guinéenne a lancé un énième appel. En effet le FNDC a appelé samedi à intensifier les manifestations pour réclamer le départ d’Alpha Condé.

Le report de ce référendum ne satisfait en rien l’opposition qui est plutôt favorable à une annulation de sa tenue.

Au lendemain de l’annonce du report d’un référendum constitutionnel contesté, l’opposition a appelé, dimanche 1er mars, à intensifier les manifestations pour demander le départ du dirigeant guinéen.

Le Front national de défense de la Constitution (FNDC), collectif de partis et de la société civile engagé contre un éventuel troisième mandat d’Alpha Condé, « prend acte du report des élections [référendum et législatives] illégalement et unilatéralement programmées par Alpha Condé« , a-t-il affirmé dans une déclaration, samedi.

Toutefois, « ce report ne répond nullement à la demande légitime du peuple de renoncer au troisième mandat et au référendum constitutionnel« . Il « ne résout pas les questions d’inclusion, de transparence et de crédibilité du processus électoral. Notre lutte est loin d’être achevée« , selon le FNDC.

Manifestations pacifiques intenses

Le Front appelle les Guinéens à « se préparer à des manifestions pacifiques intenses dès le jeudi 5 mars pour obtenir le départ » du pouvoir du président Alpha Condé, élu en 2010 puis réélu en 2015.

Samedi, à Conakry, les tensions persistaient. Des partisans de l’opposition ont dressé des barricades dans la banlieue et jeté des pierres aux forces de l’ordre qui ont riposté avec des gaz lacrymogènes, selon des journalistes de l’AFP.

Après l’annonce par Alpha Condé du report du référendum et des législatives, la commission électorale « va saisir la Cour constitutionnelle pour la fixation d’une nouvelle date dans la fourchette indiquée », a-t-il écrit dans une lettre écrite par le président à la Cédéao [Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest].

« Non au coup d’État constitutionnel »

Depuis mi-octobre, la mobilisation anti-Condé, sous la houlette du FNDC, donne lieu à des manifestations massives à travers le pays, à des journées villes mortes qui affectent l’économie de l’un des pays les plus pauvres de la planète, et à de graves épisodes de brutalité policière. Au moins 30 civils et un gendarme ont été tués depuis lors.

L’opposition considère le référendum comme une manœuvre du président Alpha Condé, bientôt 82 ans, pour briguer un troisième mandat à la fin de l’année.

Cellou Dalein Diallo, principal opposant guinéen, estime que « le discours d’Alpha Condé s’apparente plus à une déclaration de guerre à l’endroit de l’opposition et du FNDC qu’à une offre de paix et de dialogue », dénonce-t-il sur Twitter. « Non au coup d’État constitutionnel, non à la mascarade électorale ni le 1er mars, ni dans quinze jours », a-t-il poursuivi.

« Le report, c’est purement pour des raisons techniques »

Dans la capitale guinéenne, une source diplomatique occidentale a affiché son scepticisme sur la possibilité d’organiser un référendum et des législatives fiables dans deux semaines.

Ce report « ne va pas [faire] progresser plus la machine [électorale]. Le fichier électoral ne va pas évoluer en quinze jours », a-t-elle déclaré à l’AFP.

« Le report, c’est purement pour des raisons techniques », justifie le secrétaire permanent du parti présidentiel, Sékou Condé. « Les gens ont saccagé des matériels dans des bureaux de vote. Ca n’a rien à voir avec le fichier électoral » contesté par l’opposition, ajoute-t-il.

« Nous avons aujourd’hui le logiciel le plus performant qui existe en Afrique. Il élimine les doublons, les morts et les mineurs. S’il y a un doute qu’on veut voler, il faut qu’on montre à la face du monde qu’on ne vole pas et que nous voulons des élections transparentes », a déclaré samedi le président Condé, devant des militants, au siège de son parti.

Report du double scrutin en Guinée : La CEDEAO et l’UA appellent au dialogue

La CEDEAO et l’UA ont salué la décision des autorités guinéennes de reporter les élections législatives et le référendum constitutionnel, initialement prévus pour le 1er mars 2020.

Les deux instances à travers le communiqué qui suit, ont également souhaité l’apaisement en Guinée, en appelant les classes politiques et sociales au dialogue.

Guinée: l’opposition exige l’annulation du référendum constitutionnel reporté par le président Condé

L’opposition en Guinée refusait samedi de se contenter du report annoncé par le président Alpha Condé d’un référendum contesté et promet de poursuivre sa lutte pour annuler le scrutin, initialement prévu dimanche en même temps que les législatives.

« Nous avons entendu le report des législatives et du référendum. Nous félicitons le peuple de Guinée qui a vaillamment combattu contre ce coup d’Etat constitutionnel. Toutefois, nous ne nous satisfaisons pas de ce report », a déclaré à l’AFP Ibrahima Diallo, le chargé des opérations du FNDC, le collectif de partis et de la société civile engagé contre un éventuel troisième mandat de M. Condé, élu en 2010, puis réélu en 2015.

« Nous continuerons la lutte jusqu’au retrait complet de cette forfaiture de cette nouvelle Constitution. La lutte continue jusqu’à ce que Alpha Condé quitte le pouvoir en vertu de l’actuelle Constitution » qui limite le nombre de mandat présidentiel à deux, a ajouté M. Diallo.

Le président Condé a annoncé vendredi soir sur la télévision publique avoir « accepté un report, léger, de la date des élections (référendum et législatives). Ce n’est ni une capitulation, ni une reculade ». Il a assuré que « le peuple de Guinée exprimera librement son choix à travers le référendum et choisira librement ses députés ».

« Nous acceptons le report qui doit être de deux semaines », a-t-il ensuite précisé dans une lettre à la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), consultée par l’AFP.

La commission électorale « va saisir la cour constitutionnelle pour la fixation d’une nouvelle date dans la fourchette indiquée », a-t-il écrit dans ce courrier.

Depuis mi-octobre, la mobilisation anti-Condé sous la houlette du Front national de défense de la Constitution (FNDC) donne lieu à des manifestations massives à travers le pays, à des journées villes mortes qui affectent l’économie d’un des pays les plus pauvres de la planète, et à de graves épisodes de brutalité policière.

Au moins 30 civils et un gendarme ont été tués depuis lors.

– « Ni le 1er mars, ni dans 15 jours » –

L’opposition devait se réunir samedi. Elle a annoncé une poursuite des manifestations contre le pouvoir, ont indiqué à l’AFP plusieurs de ses responsables.

Elle considère le référendum comme une manœuvre du président Alpha Condé, bientôt 82 ans, pour briguer un troisième mandat à la fin de l’année.

Le principal opposant guinéen Cellou Dalein Diallo estime que « le discours d’Alpha Condé s’apparente plus à une déclaration de guerre à l’endroit de l’opposition et du FNDC qu’à une offre de paix et de dialogue », sur Twitter. « Non au coup d’Etat constitutionnel, non à la mascarade électorale ni le 1er mars, ni dans 15 jours », a-t-il poursuivi.

Une source diplomatique occidentale à Conakry a affiché son scepticisme sur la possibilité de tenir le pari d’organiser un référendum et des législatives fiables dans les nouveaux délais de deux semaines annoncés.

Ce report « ne va pas (faire) progresser plus la machine (électorale). Le fichier électoral ne va pas évoluer en quinze jours », a-t-elle déclaré à l’AFP.

« Le report, c’est purement pour des raisons techniques. Les gens ont saccagé des matériels dans des bureaux de vote. Ca n’a rien à voir avec le fichier électoral » contesté par l’opposition, a affirmé à l’AFP le secrétaire permanent du parti présidentiel, Sékou Condé.

– Listes électorales « problématiques » –

Avant le report surprise de vendredi soir, les Guinéens étaient appelés à se prononcer dimanche sur une nouvelle Constitution, défendue comme « moderne » par le chef de l’Etat. Elle codifierait l’égalité des sexes, interdirait l’excision et le mariage des mineurs. Elle veillerait à une plus juste répartition des richesses en faveur des jeunes et des pauvres, selon lui.

Les tensions qui ont persisté à la veille du référendum ont fait redouter une aggravation des violences meurtrières, dans un pays habitué aux brutales répressions.

Les doutes exprimés par la communauté internationale quant à la crédibilité du vote se sont succédé.

L’Organisation internationale de la francophonie (OIF), accompagnatrice du processus électoral en Guinée, a jugé « problématiques » près de 2,5 millions de noms d’électeurs figurant sur les listes, avec des doublons et la présence de personnes défuntes.

L’Union européenne s’est interrogée sur « la crédibilité des échéances électorales à venir », en raison notamment de « l’absence de transparence ».

La Cédéao avait annoncé qu’elle n’enverrait pas d’observateurs. L’Union africaine avait décidé de rappeler sa mission d’observation électorale en Guinée.